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CADRE CONCEPTUEL SUR LA MIGRATION, L’ENVIRONNEMENT ET LE

PARTIE I : DIAGNOSTIC NATIONAL : MIGRATION ENVIRONNEMENT ET

II. PARADIGME DES LIENS ENTRE MIGRATION, ENVIRONNEMENT ET

II.2 CADRE CONCEPTUEL SUR LA MIGRATION, L’ENVIRONNEMENT ET LE

CLIMATIQUE

La mobilité humaine dans le contexte du changement climatique et de la dégradation de l’environnement est un sujet de plus en plus important dans les débats publics et politiques. Les dernières années ont vu l’émergence d’une abondante littérature académique, de discussions politiques et de forums ainsi que des réponses opérationnelles à un phénomène qui recoupe de nombreux domaines thématiques et

politiques. Toutefois, les nouvelles études, les développements politiques et l’information demeurent dispersés.

Au niveau international, l’OIM en tant qu’agence des Nations Unies pour les migrations, a été à la pointe en matière des efforts opérationnels, politiques ainsi qu’en matière de recherche et de mobilisation, et a été parmi les premiers organismes à aborder la relation entre migration, les changements climatiques et l’environnement, à travers une première publication en 1992 sur le sujet, et une densification des efforts de recherches et de dialogue international pour ses Etats membres sur ce thème à partir de la moitié des années 2000, culminant en 2016 au niveau interne de l’Organisation à la création au siège, d’une Division dédiée à la migration, l’environnement et les changements climatiques. Les changements environnementaux et les catastrophes naturelles ont toujours été des principaux facteurs de migration. Cependant, les prédictions pour le 21ème siècle concernant le changement climatique indiquent qu’un plus grand nombre d’individus sont prévus de se déplacer alors que les catastrophes dues aux conditions météorologiques telles que les précipitations et températures extrêmes deviennent plus fréquentes et plus intenses (GIEC, 2014), et que les changements climatiques influent sur les moyens de subsistance.

Au regard de ce qui précède, le constat de départ est que les dégradations environnementales et les effets du changement climatique ont des impacts sur les flux migratoires – internationaux et nationaux –, de la même manière, les flux migratoires peuvent avoir des impacts sur l’environnement local. Cette relation d’interdépendance entre migration, environnement et changements climatiques s’exprime néanmoins toujours de manière très spécifique et propre à un contexte particulier, pouvant induire une grande diversité d’impacts et d’effets, pour les migrants, pour les communautés d’origine et de destination, et partant, une grande diversité d’enjeux de réponses en terme de politique publique ou de réponse opérationnelle selon les phénomènes rencontrés. L’OIM avec le soutien d’organismes de recherche de renommée internationale privés et publiques a contribué à développer un vaste corpus mettant en évidence la complexité de cette interdépendance entre migration, environnement et changements climatiques de par le monde ces dernières années.

Des évaluations11 pays devant servir de diagnostic sur le thème pour un contexte national particulier ont été conduites notamment au Vietnam, en Micronésie, au Kenya, à l’Ile Maurice, en Haïti, au Maroc, au Cambodge, en République Dominicaine, en République Démocratique du Congo, en Papouasie Nouvelle Guinée, et au Tadjikistan. Par ailleurs, des études plus focalisées sur des enjeux circonscrits environnementaux ou migratoires ont été réalisées et notamment sur les questions : du pastoralisme dans le contexte de dégradation environnementale en Mongolie ; de lutte contre la traite des personnes dans le contexte de catastrophes naturelles et des vulnérabilités environnementales d’accès aux ressources hydriques et de déplacements de population en Irak ; de migration induite par des catastrophes écologiques dans le cas de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl ; de changement des moyens traditionnels de subsistance dans le Sahel ; le rôle des politiques foncières et des lois sur la migration environnementale au Kenya ; ou encore de l’enjeu de la protection des océans dans le rapport à la mobilité humaine. L’OIM a également produit une série de bulletins politiques12, qui s’adressent aux responsables politiques et aux autres parties prenantes travaillant dans le domaine de la migration, l’environnement et des politiques d’adaptation au changement climatique. La série vise à contribuer aux connaissances globales en fournissant des informations fiables et précises sur le thème de la migration et des changements environnementaux, notamment le changement climatique. Son objectif est également de présenter des options politiques connexes et appropriées en identifiant des recommandations, des bonnes pratiques et des leçons apprises afin de répondre aux enjeux identifiés.

Différents travaux de synthèses et d’analyse transversale sur ces sujets sont également disponibles, et sans entrer dans trop de détail, il peut être opportun de renvoyer le lecteur notamment aux publications « Atlas

des migrations environnementales »13, et le « IOM Outlook on Migration,

Environnment and Climate Change »14, cette dernière publication appuyée par l’OIM présentant les dernières tendances sur le thème, et les derniers développements en terme d’approche et de paradigme au

11 Organisation internationale pour les migrations, Portail sur la migration environnementale, disponible au https:// environmentalmigration.iom.int/fr/iom-publications

12 Organisation internationale pour les migrations, Portail sur la migration environnementale, disponible au https:// environmentalmigration.iom.int/fr/policy-briefs.

13 Organisation internationale pour les migrations, Atlas des Migrations environnementales, disponible au: https:// environmentalmigration.iom.int/projects/atlas-environmental-migration.

niveau du débat publique international.

D’autres acteurs internationaux normatifs et non-normatifs contribuent à façonner et enrichir le débat sur l’interdépendance entre migration, environnement et changements climatiques, notamment dans le cadre des travaux centrés sur l’enjeu du climat. Sans prétention à l’exhaustivité, nous pouvons mentionner le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies d’adaptation. Le GIEC a introduit une reconnaissance très explicite des mouvements de populations comme étant intrinsèquement liées aux évolutions du climat dans son 5ème rapport d’évaluation15 publié en 2014, un aspect repris dans l’Accord de Paris de décembre 201516.

Il faut également mentionner les réflexions et travaux de recherche scientifiques portés au niveau international par des démographes, lesquels ont mis en relation les migrations et l’environnement, en particulier Richard E. Bilsborrow. Cependant les travaux empiriques détaillés comme ceux réalisés en Equateur (Gray and Bilsborrow, 2013) ou au Burkina Faso (Henry et al., 2004) sont difficiles car ils sont confrontés à des limitations liées au manque de données comparables (Bilsborrow & Henry, 2012), à l’hétérogénéité des méthodologies adoptées (Piguet, 2010) et à des insuffisances conceptuelles (Gemenne, 2011 ; Stojanov et al., 2014).

Des liens ont été clairement mis en évidence entre des évènements catastrophiques soudains, en particulier d’origine climatique, et des déplacements de population. Par exemple, l’impact des changements climatiques a été documenté pour la sécheresse (Dietz et al, 2004) et l’élévation du niveau de la mer (Nicholls et al., 2011).

Toujours aux fins de cohérence et de comparabilité de cette Evaluation nationale avec d’autres études de méthodologie similaire menées dans le cadre de ce projet régional et au-delà, une série de terme portant sur l’environnement et sur le climat sont cadrés par le Glossaire de l’OIM sur

15 International panel on climate change, disponible au www.ipcc.ch/report/ar5/.

16 Nations Unies, Convention- cadre sur les changements climatiques, (Paris, 2015) disponible au http://unfccc.int/ resource/docs/2015/cop21/fre/l09r01f.pdf.

la migration, l’environnement et le changement climatique17, notamment pour décrire, qualifier, et analyser les réalités locales à Madagascar par rapport à l’ « adaptation », au « déboisement », à la « dégradation de l’environnement » ou encore à la « résilience ».

17 Organisation internationale pour les migrations, Glossaire Migration, environnement et changement climatique : données à l’usage des politiques, (Genève, 2014), disponible au: http://publications.iom.int/system/files/pdf/ meclep_glossary_fr.pdf

III. MIGRATIONS, ENVIRONNEMENT