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Allocution du Premier ministre du Canada

En prenant la parole, le Premier ministre du Canada, le très Honorable Stephen Harper, exprime sa joie d’accueillir le Sommet de la Francophonie à Québec, ville où l’aventure de la francophonie en Amérique a commencé il y a 400 ans. Il souligne que Samuel de Champlain est non seulement le fondateur de la ville mais aussi le premier de la lignée des gouverneurs du Canada. Il se réjouit de voir que la langue française reste vivante partout au Canada, qui continuera de contribuer à son renforcement en investissant plus d’un milliard de dollars pour promouvoir les minorités linguistiques.

Pour le Canada, l’appartenance à la Francophonie internationale est primordiale et l’appui de son gouvernement aux objectifs de l’OIF indéfectible. Le Premier ministre relève le moyen privilégié de communication que constitue TV5 Monde dont le Canada assume cette année la présidence de la conférence ministérielle, comptant apporter une contribution supplémentaire de 25 millions de dollars à la chaîne francophone au cours des cinq prochaines années. Il souligne l’attachement de son pays au renforcement de la démocratie, de la paix et de la sécurité internationale, en mentionnant que cette année marque aussi le 250e anniversaire de la naissance de la démocratie parlementaire canadienne, en Nouvelle-Écosse. Il évoque le rôle que la Francophonie doit jouer dans la crise financière mondiale et annonce l’intention du Canada de prendre des mesures pour stabiliser les marchés. En attirant l’attention sur l’impact de cette crise sur les pays en développement, il appelle à garder l’économie mondiale ouverte. Il considère que les actions de la Francophonie doivent être ciblées et efficaces, et être réalisées en synergie avec les autres organisations internationales et régionales, en recherchant, dans le cas de certains pays, des solutions correctives et réalistes.

À cet égard, il remarque que la Francophonie a pris les décisions qui s’imposaient dans plusieurs dossiers, comme récemment s’agissant de la Mauritanie. En appelant au maintien essentiel de la solidarité de la Francophonie avec Haïti, il signale que ce pays est le plus important bénéficiaire de l’aide canadienne à long terme en Amérique ; le Canada est également présent en Afghanistan et participe financièrement et humainement aux activités de maintien de la paix au Darfour.

Il annonce que les mesures nécessaires sont prises pour que le Sommet de Québec, qui va se pencher sur des enjeux cruciaux, soit neutre en émissions de carbone. Le Canada s’est doté d’un cadre réglementaire rigoureux sur les émissions à effet de serre et s’est engagé dans le processus de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. En indiquant que son pays fera sa part pour appuyer les pays francophones sur ce dossier, il invite les États membres à être attentifs ensemble non seulement à la question de l’émission de gaz à effet de serre mais aussi à une

gestion responsable des réserves naturelles. Les organisations multilatérales doivent également être efficaces, responsables et imputables.

Enfin, tout en espérant des résultats concrets de ce sommet, qui coïncide avec la célébration de l’anniversaire de la fondation de la ville qui a donné naissance au Canada, le Premier ministre Harper répète l’adage qu’il avait déjà cité à Bucarest à l’effet que chaque personne qui est venu à Québec garde deux villes dans son cœur : la sienne et Québec. Il exprime le vœu que le séjour des délégations du Sommet à Québec ne fasse pas mentir cet adage.

Allocution du Premier ministre du Québec

Au nom de la population québécoise, le Premier ministre du Québec, S.E. M. Jean Charest, se réjouit de la présence des chefs d’État et de gouvernement francophones, qui témoigne de leur engagement envers l’organisation et de leur amitié envers son pays. Il note que ce XIIe Sommet sera l’occasion de se prononcer sur plusieurs enjeux pour la Francophonie dont la voix, lorsque forte et solidaire, porte au-delà du monde francophone. Il évoque les épreuves qui touchent directement les membres de l’organisation et qui l’interpellent : qu’il s’agisse de la crise au Moyen-Orient, des drames humanitaires qui secouent Haïti et le Darfour, ou encore des conflits dans la région des Grands lacs, la paix, la démocratie et la sécurité sont parfois mis à rude épreuve dans l’espace francophone ou dans ses contours géopolitiques.

Appelant la Francophonie à participer activement au combat pour la démocratie et l’État de droit, il souligne que, dans un monde libre qui commande l’universalité des droits, ce combat est aussi un combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

Par ailleurs, et bien que la lucidité commande de constater l’affaiblissement de la voix du français sur la scène mondiale, la situation de la langue française demeure pour la nation québécoise l’insistante question de la Francophonie. Il souligne que cet enjeu est, depuis 400 ans, un enjeu quotidien pour le Québec francophone, qui ne représente que 2% de la population nord-américaine mais dont la langue et la culture rayonnent partout dans le monde : chaque génération de Québécois est en effet l’héritière d’un combat pour maintenir sa langue et sa culture vivantes.

L’histoire du Québec est une invitation quant à la manière de défendre et de promouvoir la langue française, qui est au cœur même de l’identité québécoise et qui, plus qu’un moyen de communication, est la langue du Siècle des Lumières dont les mots ont forgé l’idée des droits de l’Homme et ouvert les voies du monde moderne. Il s’agit, par définition, d’un combat politique en faveur de sa promotion et de son rayonnement que le Premier ministre du Québec invite la Francophonie à mener au nom de ses deux cent millions de citoyens.

Pour lui, le caractère unique de la Francophonie, qui est l’un des rares forums Nord-Sud de la planète, permet d’envisager des coopérations nouvelles pour traiter de l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur l’humanité : c’est pourquoi il exhorte la Francophonie à donner son appui sans réserve aux négociations internationales menées sous l’égide de l’ONU et à participer à la signature d’un accord mondial, d’ici 2009, dans le cadre des discussions engagées par la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Il souligne la nécessité d’être attentifs aux besoins pressants des pays du Sud dont l’économie et les capacités de développement sont fragilisés par l’impact des changements climatiques, ce qui constitue une réelle occasion de mettre en relief la dimension Nord-Sud de

la Francophonie. Les tables rondes proposées sur ce thème pour dynamiser les échanges et favoriser l’émergence d’idées nouvelles permettront pour la première fois un contact direct et informel pour dégager des solutions concrètes.

Le Premier ministre se dit également convaincu que le Sommet de la Francophonie peut apporter une contribution unique à la solution de crises globales, à commencer par la crise alimentaire ; le hasard ayant par ailleurs voulu que la Francophonie soit le premier forum Nord-Sud à se réunir dans la foulée de la crise financière internationale, l’ordre du jour du sommet a été adapté pour pouvoir aborder cette question et montrer, là encore, la voie d’une coopération porteuse d’avenir. Il tient à remercier, au nom de tous, le Secrétaire général Abdou Diouf pour son « leadership ». En signalant que le texte de la déclaration témoignera des progrès de l’organisation, de la force des actions et de la visibilité du message francophone, il souligne le travail accompli par la CMF et spécialement par son amie et collègue, la Ministre Gagnon-Tremblay. Il invite, enfin, les chefs d’État et de gouvernement à faire des choix qui devront être en prise sur le réel et à faire en sorte d’ajouter le geste à la parole.

Message du Président de la Roumanie

Le ministre des Affaires étrangères de la Roumanie, S.E. M. Lazar Comanescu, remercie les hôtes canadiens pour leur accueil dans la ville de Québec, foyer de la francophonie dans les Amériques. Il transmet les vœux du Président Basescu, empêché, et lit son message par lequel le président roumain salue l’initiative novatrice des co-hôtes de faire porter les débats sur non pas un mais quatre enjeux ayant une portée mondiale.

Pour le Président Basescu, la langue française constitue la raison d’être de l’organisation et la source de la solidarité francophone tandis que la démocratie, le respect des droits de l’Homme et la consolidation de l’État de droit sont des valeurs fondamentales de la Francophonie. Il note aussi que l’efficacité de la gouvernance économique fait la richesse des pays et que l’intérêt porté à l’environnement est celui que chacun porte à sa maison : le but final est le développement durable, qui implique à la fois le respect de la diversité et des principes démocratiques, l’efficacité économique et la protection de l’environnement. À ses yeux, le Sommet a la tâche d’apporter des réponses concrètes à la hauteur des besoins ainsi que des solutions à la crise financière que le monde est en train de traverser. S’inspirant des mots du poète québécois Gilles Vigneault, il estime que la francophonie est un vaste pays, sans frontières, celui de la langue française, un pays intérieur, invisible, spirituel et moral que les États et gouvernements membres ont le devoir de protéger pour éviter l’uniformisation culturelle et linguistique.

La Roumanie est prête à continuer d’agir et à démontrer son engagement francophone. Lors du Sommet de Bucarest, il y a deux ans, elle s’était engagée à œuvrer en faveur de l’éducation au sein de la Francophonie et a tenu parole en créant le système de bourses « Eugen Ionescu », qui est entré dans sa deuxième année de vie. Ce programme, qui privilégie les étudiants et chercheurs des pays francophones du Sud, a pour but de contribuer à la formation des élites, éléments de base de tout développement durable. Le Président Basescu remercie l’AUF pour son implication dans la gestion de ce projet. Il salue par ailleurs les efforts de la Francophonie en matière de diplomatie préventive, de médiation et d’accompagnement des processus de transition et de sortie de

crise. Il relève également que l’avenir politique se construit sur la capacité de gérer efficacement le domaine économique face aux défis posés par la mondialisation. Enfin, l’avenir tout entier se construit sur la protection de l’environnement, qui s’inscrit sur un double plan : celui des mesures concrètes politiques concernant les changements climatiques et celui de l’éducation dans l’esprit de l’écologie. En effet, le respect de l’environnement est un problème culturel qui passe par des changements comportementaux qu’il importe de se demander à soi-même avant de les demander aux autres.

En conclusion, le Président Basescu, qui considère que les enjeux qui feront l’objet des débats du Sommet de Québec réclament non seulement des solutions à court terme mais aussi à moyen et long terme, assure que la Roumanie est prête à apporter sa contribution à cette réflexion et à œuvrer pour l’avenir au sein de la famille francophone.

Allocution du Président de la République française

En prenant la parole, le président de la République française, S.E. M. Nicolas Sarkozy, salue la présence historique au Sommet de la Francophonie du secrétaire général de l’ONU. Il témoigne non seulement de l’appréciation mais encore de la détermination de la communauté francophone à soutenir son action.

Il remercie ensuite le Premier ministre du Canada et celui du Québec pour la qualité de leur accueil dans la magnifique ville de Québec. S’interrogeant sur ce que signifie la Francophonie, il conclut qu’il ne s’agit pas seulement de l’attachement à une langue, ce qui serait déjà beaucoup, mais que la Francophonie doit être vécue comme un engagement politique en réaction contre un monde uniforme et en faveur de la diversité.

Il joint sa voix à celle du Premier ministre Charest, affirmant qu’il faut se battre pour porter les combats qui sont ceux de la Francophonie, à commencer par la préservation de la planète, Il prend le président de la Commission européenne à témoin pour souligner qu’il s’agit aussi d’un combat de l’Europe, qui doit être encore plus exigeante pour défendre l’environnement, malgré et peut-être même à cause de la crise financière. En effet, la crise ne doit pas entraîner le renoncement aux grands équilibres de la planète. Elle offre, au contraire, une opportunité de réfléchir à une croissance durable impliquant le développement d’une agriculture vivrière partout dans le monde.

Pour le Président Sarkozy, la gravité de la crise économique et financière, la plus importante au niveau mondial depuis celle des années 30, est une invitation à réfléchir aux enjeux, à poser le bon diagnostic et à tirer les conséquences qui s’imposent. Il faut refuser de traiter cette crise comme une simple parenthèse et de laisser ceux qui ont conduit le monde au bord du gouffre reproduire le même comportement néfaste. La Francophonie doit porter le changement du monde et ce changement doit porter avant tout sur la gouvernance mondiale quitte à bousculer les habitudes. Le Président Sarkozy souligne l’incongruité d’une situation où le règlement des problèmes du monde est confié à un conseil de sécurité où ne siège aucun membre permanent africain ou sud-américain. À ses yeux, une crise qui est mondiale doit avoir une solution également mondiale et c’est ensemble que la communauté internationale doit trouver la réponse aux grands défis du XXIe siècle. C’est pourquoi il a proposé au G8 qu’une réunion ne saurait se tenir

sans que la Chine et l’Inde ne soient présents à la table dès le début des discussions car le monde est désormais multipolaire. Il estime en outre que la Francophonie doit avoir son mot à dire dans ce nouveau monde. Il souhaite, pour sa part, un capitalisme qui fasse sa place aux entrepreneurs et non aux spéculateurs, et une liberté qui ne soit pas dissociée du principe de responsabilité. Il exprime la volonté d’en finir avec les « hedge funds » qui, sans être soumis à aucune régulation, sont, à l’arrivée, complices de la catastrophe. Il est temps, selon lui, de repenser le système monétaire, le rôle des organisations mondiales et, singulièrement, les objectifs et le mode de fonctionnement du FMI.

En témoignant sa reconnaissance pour le travail remarquable du Secrétaire général Abdou Diouf, il exprime le vœu que la Francophonie devienne un lieu de confrontation, au bon sens du terme, et qu’elle affiche ses ambitions politiques. Il remercie le Premier ministre Charest d’avoir prévu des tables rondes informelles sur le thème de l’environnement, qui permettront d’avancer plutôt que de décliner des discours, en affirmant cette volonté politique. En terminant, il donne l’assurance que la France fera de la Francophonie, comme toujours, une priorité, et se réjouit d’avoir donné au secrétaire général une Maison de la Francophonie, qui sera inaugurée à Paris en 2010. Il signale de plus qu’il a fait inscrire la Francophonie comme élément essentiel dans la constitution. Enfin, il affirme que pour la France, il n’y a que des partenaires égaux, des pays fiers de leur indépendance, de leurs cultures et de leurs traditions, qui ont tous le droit à la parole mais qui ont tous aussi le devoir d’adresser au monde un message fort, celui d’une Francophonie qui, sans être arrogante, n’a pas l’intention de s’excuser de porter le français comme langue de l’avenir.

Allocution du Président de la République libanaise

Le président de la République libanaise, S.E. M. Michel Sleiman, se réjouit de la tenue de ce XIIe Sommet au Canada, qui accueille une importante communauté libanaise, et qu’il ait lieu précisément dans la ville de Québec, à un moment symbolique qui témoigne de la vitalité de la famille francophone. Il remercie les co-hôtes pour leur hospitalité et la qualité de l’organisation du sommet. Le Liban, fier de sa dimension plurielle, entend jouer pleinement son rôle dans les institutions régionales et internationales dont la Francophonie, à laquelle l’unit le partage d’une langue et l’adhésion à des valeurs communes. À l’heure où le monde est secoué par une très grave crise financière, il estime que la Francophonie a le devoir de maintenir la flamme de l’espoir en réaffirmant les principes de solidarité, de responsabilité et de bonne gouvernance. Des guerres aux exclusions, des destructions apparentes au rejet de l’autre, la communauté francophone est appelée à réaffirmer les droits fondamentaux de tout être humain, sans distinction. Tel est le moteur fondamental de la démocratie dont le renforcement passe notamment par l’adoption et l’application à tous les niveaux des règles de la bonne gouvernance. Le Liban, qui se prépare à organiser de nouvelles élections législatives au printemps 2009, garde un bon souvenir de la mission francophone d’observation des élections de 2005. Par ailleurs, Beyrouth, qui a été désignée par l’Unesco capitale mondiale du livre en 2009, souhaite que la Francophonie soit présente et visible durant les manifestations relatives à cet événement.

Le Président Sleiman souligne ensuite le caractère d’urgence de la crise alimentaire, qui confine à la misère tant d’êtres humains, et de la lutte contre le

réchauffement climatique pour sauver l’espace écologique de l’humanité. En effet, les questions relatives à la protection de l’environnement ne sont plus une question de mieux être mais bien une exigence de survie. Il signale à ce sujet que le Liban a besoin de l’expertise des partenaires internationaux pour faire face aux périls qui le menacent, en particulier la déforestation chronique due à des incendies successifs et à l’insuffisance des moyens pour les maîtriser.

Considérant qu’en décidant de consacrer les travaux à l’environnement, à la démocratie et à la bonne gouvernance, les organisateurs du Sommet de Québec ont voulu parler d’avenir, le président libanais fait valoir que les peuples du monde attendent qu’il soit répondu à leurs aspirations et que leurs dirigeants œuvrent pour la paix et le dialogue. Le Liban aspire à s’ériger comme un centre internationalement reconnu pour le dialogue des cultures et des religions mais, comme tous les pays, le Liban, pour s’épanouir et se développer, a besoin de paix. à cet égard, le Président Sleiman se dit convaincu que la Francophonie ne manquera pas de soutenir la cause d’un Liban indépendant, stable et prospère.

En saluant la présence du Secrétaire général Ban Ki-Moon, il relève qu’une participation plus active des pays francophones dans les actions de maintien de la paix, comme c’est le cas au sein de la Finul au Sud-Liban, de même que dans le processus de paix au Moyen-Orient, ne peut qu’être encouragée par les Nations unies. Notant par ailleurs que l’Organisation internationale de la Francophonie a prouvé son efficacité dans les moments difficiles qui ont affecté un grand nombre de ses pays membres, il rend hommage au Secrétaire général Abdou Diouf qui n’a cessé d’user de sagesse pour désamorcer les crises et œuvrer pour la paix et la démocratie.

Il le remercie également pour ses efforts visant la promotion de la langue française et pour l’organisation des VIes Jeux de la Francophonie, qui auront lieu en

Il le remercie également pour ses efforts visant la promotion de la langue française et pour l’organisation des VIes Jeux de la Francophonie, qui auront lieu en