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4.1. Les questions à nous poser

- Quels objectifs nous fixer lors de la prise en charge du patient ?

- Quel « contrat » réaliser avec le malade ?

4.2. Les vieux principes médicaux

- « Sedare dolorem, divum opus » (Apaiser la douleur est œuvre divine) : cette douleur et surtout son abolition sont au centre des intérêts du praticien depuis toujours. Nous verrons qu’elle est intimement liée au sentiment de « QDV ». Cette douleur est le plus souvent associée au « mal » physique mais la souffrance psychique peut être aussi considérée dans ce concept.

- « Primum non nocere » (Avant tout ne pas nuire) : cette question est souvent au cœur du débat en cancérologie de la tête et du cou. En effet, les effets secondaires de nos traitements sont souvent importants et ne peuvent être niés.

Nuisons-nous au patient quand nous lui proposons ce genre de prises en charge ?

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4.3. Le serment d’Hippocrate

Ce serment, chacun d’entre nous l’a prononcé en début de carrière. Qui se souvient encore de son contenu et qui l’a même analysé de façon convenable ? Pourtant ceci est très riche d’enseignements quant aux buts que doit se fixer chaque médecin lors de la prise en charge du malade.

« Au moment d'être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions.

J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité. J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera.

Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admis dans

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l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés.

Reçu à l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés. J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité. Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j'y manque ».

Les phrases soulignées sont à mon sens celles qui méritent le plus d’être relevées dans le contexte qui nous occupe :

- Remarquons que, jamais, n’est introduite dans ce serment la notion de « guérison ». Il nous est donné comme objectif de

« soulager » les souffrances et même de ne pas prolonger de manière abusive la vie du patient !

- Sont introduites les notions de santé mentale et psychique, de rapports sociaux et de dignité humaine.

- Il nous est proposé de porter nos soins à « la personne » avec ses différences en termes d’autonomie, de volonté et de convictions.

Sans nous en rendre compte, ce serment reprend, en bonne part, tout ou en partie les différents éléments constituant la définition de la qualité de vie. Face à cette réflexion, nous pouvons donc affirmer que l’un des principaux objectifs que nous nous donnons en prenant en charge notre patient est la préservation de cette qualité de vie. La guérison à proprement parler ne semble donc pas être le but ultime au traitement proposé.

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4.4. Le code de déontologie médicale

C’est en 1975 que fut instauré pour la première fois le code de déontologie médicale en Belgique sous la houlette du Conseil National de l’Ordre des Médecins. (11) Ce code ne fait pas force de loi mais impose,à tout médecin, des règles dont l’application donne lieu à une jurisprudence au sein de l’Ordre des Médecins.

Le chapitre des « Devoirs généraux des médecins » est intéressant dans le contexte qui nous occupe. Une fois de plus, comme dans le serment d’Hippocrate, il n’est fait mention nulle part de la nécessité de guérir le patient. L’article 3 résume parfaitement le devoir premier du médecin : « L’exercice de l’art médical est une mission éminemment humanitaire ; le médecin veille, en toutes circonstances, à la santé des personnes et de la collectivité. Pour accomplir cette mission, le médecin doit , quelle que soit la branche de l‘art médical qu’il pratique, être pleinement qualifié et demeurer toujours respectueux de la personne humaine. »

« Veiller à la santé » du malade est donc la mission recommandée par la déontologie médicale. Comme nous l’avons vu dans les définitions, celle de la santé et celle de la QDV sont assez proches. Nous pouvons donc affirmer par rapprochement que le maintien de la QDV fait partie de nos prérogatives médicales.

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