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Chapitre 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

1.2 Les Bruchidae ravageurs du niébé

1.2 Les Bruchidae ravageurs du niébé

1.2.1 Importance économique et dégâts des bruches

Les pertes occasionnées par les bruches sont estimées à plusieurs milliers de dollars par an (Huignard, 1985). Au moment de l’entreposage des récoltes, le taux d’infestation par les bruches est faible, généralement inférieur à 5% (Ouédraogo, 1991

; Sanon et al., 2005). En absence de protection efficace, après 1 mois de conservation, ce taux atteint 30%, puis 80 à 100% en 5 mois de stockage (Nuto et Glitho, 1990 ; Seck et al., 1991 ; Ouédraogo et al., 1996 ; Van Alebeek, 1996). Les dégâts causés par les bruches sont variées et incluent des pertes quantitatives (perte de poids) et qualitatives (perforations des grains, présence de déjections d’insectes sur les grains et réduction du pouvoir germinatif des graines). L’ampleur des dégâts varie selon le niveau de l’infestation initiale, la durée et les techniques de stockage. Au Nigeria, les pertes de grains de niébé en stock avoisinent 2900 T/an (Caswell, 1973). Au Niger, C.

maculatus entraîne la perte de 30% de la production nationale annuelle (Alzouma, 1995). Au Sénégal, 90% des graines peuvent être endommagées après 6 mois de stockage (Seck, 1992). L’infestation des graines affecte leur valeur nutritive et leur qualité organoleptique et peut finalement rendre le stock inconsommable.

En raison de sa présence permanente dans les stocks contrairement à l’espèce sympatrique Bruchidius atrolineatus, Callosobruchus maculatus est le principal déprédateur du niébé en stockage dans toute l’Afrique de l’Ouest L’intérêt économique de cet insecte justifie donc son choix pour nos investigations.

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Figure 2: Dégâts occasionnés par les bruches sur le niébé après 4 mois de stockage (Source : Ilboudo, 2008)

1.2.2 Description morphologique et position systématique de Callosobruchus.

maculatus

1.2.2.1 Description morphologique

C. maculatus est un petit Coléoptère de 2,8 à 3,5 millimètres de long. Le corps, de forme oblongue, est généralement rougeâtre et recouvert de poils blancs à jaunâtre (Ouédraogo, 1991). A l’émergence de l’adulte des graines, l’extrémité postérieure de l’abdomen dépasse légèrement les élytres (Ouédraogo, 1978). Une coloration différente des élytres et du pygidium permet de distinguer le mâle de la femelle. Il existe chez Callosobruchus maculatus un polymorphisme imaginal. Ce polymorphisme imaginal est induit pendant le développement embryonnaire et /ou post embryonnaire. Il dépend des conditions de température et de teneur en eau des graines dans lesquelles a lieu le développement (Ouédraogo, 1991 ; Ouédraogo et al., 1991). Deux formes d’adultes ont été décrites et caractérisées par Utida (1954 ; 1972)

; Caswell (1960) et Ouédraogo (1978 ; 1991). Ces deux formes diffèrent par des caractères morphologiques, physiologiques et comportementaux. Les adultes de la forme non voilière ont généralement un corps brun rougeâtre et ne se déplacent que par la marche. Les antennes des adultes de la forme non voilière sont plus longues que celles des adultes voiliers (Ouédraogo, 1991). Chez la femelle, les élytres portent quatre (4) taches noires caractéristiques dont deux (2) grandes au milieu et deux (2) petites à leurs extrémités postérieures. Le pygidium présente deux (2) taches noires séparées par une ligne pubescente recouverte de poils blancs. Chez le mâle, le prothorax, les élytres et le pygidium sont généralement recouverts de poils blancs. Le pygidium ne porte aucune tache noire. Pendant toute la saison sèche, les adultes de cette forme se maintiennent et se reproduisent sur les gousses et les graines stockées.

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Les adultes de la forme voilière émergeant des graines sont aptes au vol. Le corps a une coloration générale brun noir à gris noir. Chez la femelle, les élytres portent 4 grosses taches noires tandis que le prothorax et le pygidium sont recouverts de poils (Ouédraogo, 1991). Chez le mâle, les taches noires portées par les élytres sont en forme de faucille. Les taches situées vers les extrémités des élytres sont petites et diffuses. Les adultes voiliers sont en quiescence reproductrice à l’émergence des graines (à l’émergence, 1% des femelles de forme voilière sont reproductrices et sexuellement actives ; 3% sont en quiescence reproductrice et 96% sont en diapause reproductrice (Zannou, 2000)). La quiescence est une adaptation à des variations irrégulières de l’environnement entraînant des modifications physiologiques peu profondes (Tauber et al., 1981 ; 1984). Des travaux antérieurs ont montré que les adultes voiliers présentaient une véritable diapause reproductrice identique à celle observée chez B. atrolineatus (Glitho et al., 1996). Cette forme quitte les stocks à l’approche et pendant la saison des pluies et est à l’origine de l’infestation des cultures de niébé (Sano-Fujii, 1984 ; Huignard et al., 1985).

1.2.2.2 Position systématique

Callosobruchus maculatus fut décrit pour la première fois par Fabricius (1775) sous le nom de Bruchus maculatus. Il fut également répertorié sous plusieurs noms : Bruchus quadrimaculatus (Fabricius, 1792), Laria quadrimaculatus (Bedel, 1901), Pachymerus quadimaculatus (Schilsky, 1905). Des études phylogénétiques récentes ont tendance à placer les bruches dans la famille des Chrysomelidae et dans la sous famille des Bruchinae (Sembène, 2009).

Ordre : Coléoptères Super famille : Phytophagoïdae Famille : Chrysomelidae Sous famille : Bruchinae Genre : Callosobruchus

Espèce : Callosobruchus maculatus

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A: forme voilière femelle B : forme voilière male C : forme voilière mâle et femelle

Figure 3: Photo des adultes de C. maculatus (Source : Sanon, 2009)

1.2.3 Biologie et stades de développements 1.2.3.1 Biologie

Callosobruchus maculatus est une espèce cosmopolite, polyvoltine, bien adaptée aux conditions de l’environnement et à celles des structures de stockage. Après l’accouplement, la femelle pond sur les gousses, de préférence mûres ou directement sur les graines dans les cultures ou dans les stocks. En dehors du niébé, principale plante hôte (Weidner et Rack, 1984 ; Decelle, 1987), C. maculatus peut également se développer aux dépens de plusieurs espèces de légumineuses cultivées ou sauvages. La durée de développement est fonction des conditions climatiques prévalant au cours du stockage. L’éclosion de la larve a lieu 3 à 5 jours après le dépôt de l’œuf (Ouédraogo, 1978). La larve néonate, du type chrysomélien, perfore le tégument et pénètre dans la graine. La suite du développement passe par trois (3) autres stades larvaires tous du type rynchophorien et par un stade nymphal duquel sortira la bruche adulte. La durée du cycle de l’œuf à l’adulte est variable en fonction des conditions climatiques et est comprise entre 30 et 35 jours (Singh et Allen, 1979) et même au-dessous de 20 jours en conditions de haute température et de faible humidité relative (Ouédraogo et al., 1996 ; Sanon et Ouédraogo, 1998). A la fin de la saison sèche, lorsque les graines sont fortement dégradées et que les variations climatiques annoncent le début de la saison

12 correspondant au pôle postérieur. On note à ce niveau la présence d’une protubérance appelée « respiratory tube » ou « funnel » (Wightman et Southgate, 1982 ; Credland, 1992) qui joue un rôle dans les échanges entre le milieu extérieur et l’intérieur de l’œuf. L’autre extrémité subconique correspondant au pôle antérieur. L’œuf est de couleur blanchâtre et adhère à la graine grâce à un liquide émis par la femelle au moment de l’expulsion de l’œuf.

- La larve de stade 1 (larve néonate ou L1) : c’est une larve de type chrysomélien apparaissant toujours à l’endroit de dépôt de l’œuf. Elle possède trois fines paires de pattes non fonctionnelles et une plaque pro thoracique. Elle reste protégée à l’intérieur du chorion pendant 24 ou 48 heures, puis perfore le tégument de la graine en creusant une galerie dans l’épaisseur du cotylédon. Dès qu’elle pénètre dans la graine, elle mue.

- La larve de stade 2 (ou L2) : elle est de type rhynchophorien à corps blanchâtre. La tête sclérifiée porte une paire d’antennes articulées. Elle ne possède ni pattes, ni plaque pro thoracique. En grossissant, elle continue de creuser la galerie et l’élargit en une la taille. Elle continue à grossir en creusant une troisième logette à laquelle elle donne une taille et une forme définitives. Cette logette est arquée et tapissée d’acide urique.

Elle n’est séparée de l’extérieur que par une fine membrane tégumentaire de la graine.

C’est le lieu de la nymphose.

- La nymphe (ou N) : la nymphe est logée dans la logette nymphale aménagée par la L4. Elle est d’abord blanchâtre et non sclérifiée. Par la suite, les organes se sclérifient progressivement pour aboutir à l’imago. Ce dernier reste à l’intérieur de cette logette pendant 24 ou 48 heures avant d’émerger. L’œuf de bruche est tout d’abord translucide (1) puis devient blanc (2) lorsque la larve néonate pénètre dans la graine. A la fin du développement larvaire, le pré nymphe aménage une loge près de la surface, visible

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