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Bref état des lieux de la situation guyanaise

Une situation sociale et géographique complexe

La population guyanaise est jeune : en 2014, 50 % des habitants avaient moins de 26 ans3.

Le taux de chômage y est plus élevé qu’en métropole (environ 23 % de la population active)

1. Cet article a été rédigé grâce aux contributions de François Dumora (directeur de la stratégie et des relations extérieures de Pôle emploi Guyane), de Frédérique Loumeto (présidente de l’association Perspectives Femmes et Avenir de la Guyane [PerFa-973]), de Raphaël Wintrebert (ex-directeur de la mission locale), de Flora Youan (DJSCS Guyane), et de Xavier, ancien volontaire en SVE.

2. INSEE, 2011.

3. INSEE, 2014, Recensement de la population.

PRATIQUES • ANALYSES ENJEUX, FREINS ET MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES DE MOBILITÉ EN GUYANE

et concerne principalement les femmes et les jeunes : en 2016, 44 % des actifs de moins de 25 ans étaient au chômage. L’activité économique y est faible, en comparaison avec celle de l’Hexagone, et reste concentrée dans trois bassins d’emplois (Cayenne, Kourou, Saint-Laurent-du-Maroni). L’offre de formation y est limitée et les équipements publics sont souvent insuffisants ; trop peu d’établissements scolaires au regard de la croissance démo- graphique ; des hôpitaux regroupés dans les seules grandes communes, des centres admi- nistratifs essentiellement concentrés sur l’île de Cayenne… L’insécurité y est également importante avec un taux d’homicides plus fort que dans tous les autres départements fran- çais. Pour Flora Youan, de la DJSCS, le département manque de structures d’hébergement et de restauration collectifs. Il en découle un isolement des jeunes, particulièrement dans les communes reculées, et un taux élevé de suicide chez les jeunes Amérindiens.

À cette situation sociale s’ajoute une géographie contraignante. La Guyane s’étale sur 85 000 kilomètres, couverts à 95 % par la forêt équatoriale. Cet immense territoire, inscrit dans le continent sud-américain, partage des frontières fluviales avec le Brésil et le Suriname, ce qui rend les déplacements terrestres et routiers difficiles. Certaines communes ou certains villages ne sont accessibles que par avion et d’autres uniquement par voie fluviale. Hormis dans la communauté d’agglomération du centre-littoral, le réseau de transports publics est peu développé. Ainsi, de Cayenne, chef-lieu, il faut parfois, et selon les conditions météo- rologiques, jusqu’à quatre jours pour rejoindre certains villages. Les transports publics et collectifs sont peu développés et les routes peuvent être en très mauvais état. De plus, la température souvent très élevée et une saison des pluies parfois diluviennes compliquent la mobilité. Les acteurs des politiques de jeunesse sont nombreux à déplorer l’isolement d’une partie de la jeunesse, notamment dans les communes peu accessibles, qui va de pair avec un manque d’information sur les dispositifs existants, malgré le fort dynamisme associatif.

Un tissu associatif dynamique, mais peu actif dans le champ de la mobilité

Toutes les communes guyanaises, même les plus isolées géographiquement, comptent des associations, comme en atteste l’annuaire de 20164 : entre 3 800 et 4 500 associations sont

actives, animées par 37 000 à 43 000 bénévoles. Ce dynamisme est également notable à tra- vers le nombre de créations d’associations annuellement, supérieur à la moyenne nationale avec 14,1 associations créées pour 10 000 habitants (contre 11 pour 10 000 habitants au niveau national)5. La culture est un secteur particulièrement investi par les associations (envi-

ron 22 % des structures, ce qui correspond à la moyenne nationale) et les créations d’asso- ciations sont proportionnellement plus nombreuses qu’ailleurs dans les champs du sport, des loisirs et de l’économie sociale et solidaire. Si les associations assurent souvent des mis- sions de service public (santé, éducation…) notamment dans le domaine social qui repré- sente 40 % des emplois associatifs, elles sont peu dotées financièrement par les collectivités territoriales et subissent la fracture numérique qui complique les démarches administratives. Sur le territoire guyanais, ce sont ces associations qui organisent la mobilité des jeunes et font la promotion des dispositifs. La Guyane était très impliquée dans le programme européen de mobilité des jeunes jusqu’en 2010-2012, mais le manque de moyens et d’en ga gement politique a contribué à éteindre cette dynamique. Depuis peu, les services dé concen trés de l’État se sont remobilisés en définissant un plan d’action en la matière de 2017 à 2019. Désormais, il s’agit de réunir les acteurs pour identifier le contexte et le rôle de chacun, et formaliser une mise en réseau dans un comité régional de la mobilité internationale (COREMOB). Comme pour d’autres plateformes de ce type créées en métropole, l’ambition

4. Annuaire des associations guyanaises, créé en septembre 2016 par la DJSCS (http://guyane.drjscs.gouv.fr/spip.php?article603). 5. Source : L’essentiel de la vie associative en Guyane, décembre 2016 (www.associations.gouv.fr/IMG/pdf/guyane-essentiel.pdf).

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est de collecter de l’information sur les besoins des jeunes et sur le fonctionnement des dispositifs, de s’assurer que cette information circule vers les territoires et les jeunes les plus éloignés ; d’identifier les demandes et de former les experts de la mobilité, et enfin, d’évaluer et de valoriser les programmes mis en place. En parallèle, la DJSCS prévoit d’organiser des ateliers d’information mutualisés sur les problématiques de jeunesse à destination des associations.

Néanmoins, l’absence de soutien à la mobilité internationale des jeunes pendant plusieurs années se répercute aujourd’hui sur le secteur associatif. Ainsi, seules deux associations sont agréées pour accueillir ou envoyer des volontaires en service volontaire européen (SVE) dans le cadre du programme Erasmus + : l’association Perspectives Femmes et Avenir Guyane (Perfa-973) et Peupl’en harmonie6.