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Chapitre 3. Le festival comme fait religieux

3.2 Bouddhisme-Taoïsme, métissage

慈 Cí ,Sankrit(梵語):maitrya, la miséricorde, la bienveillance, la charité. 悲Bēi, Sankrit(梵語):karunâ,la compassion, la tristesse.

為 Wè : être.

懷 Huái : le sein, la poitrine; porter dans le sein.

b. Les trois enseignements(三教) ont des points en commun.

Les Trois enseignements (儒釋道) du Bouddhisme promeuvent « la société humaine et le monde naturel» et « la charité ». Ces idées correspondent aux croyances animistes des chinois, et le Pudu (普渡眾生pǔ dù zhòng shēng) signifie libérer toutes les créatures vivantes. Ainsi,

dans la fête des fantômes de Keelung Zhongyuanjie différents rituels sont mis en oeuvre pour s’adapter à tous les esprits. D’autre part, les Trois Enseignements mettent l’accent sur «L'harmonie entre l'Homme et la Nature »(天人合諧/一:Tiān rén héxié/yi). C’est pourquoi le but de la fête est que les humains, les fantômes et les Dieux puissent vivre ensemble en harmonie sans dispute.

3.2 Bouddhisme-Taoïsme, métissage

Toute les cultures, en d’autres termes, seraient peu ou prou métisses. Mais, une fois admise cette prémisse, reste à analyser les mécanismes de formation des métissages100.

La cérémonie de Zhongyuangjie est un composite du bouddhisme, du taoïsme et des coutumes locales. Ses composantes taoïstes se sont accentuées depuis 2001 lorsque le gouvernement a fait pression lors de la réunion de préparation de la fête de Zhongyuanjie pour que les différents éléments de la fête soient cohérents. C’est un prêtre taoïste qui a alors expliqué l’esprit et la signification de la fête de façon complète. À l’issue de ce changement, la cérémonie actuelle s’organise autour de trois composantes comme décrit dans

100

Marlène.Albert-Llorca , Gruzinski (Serge), La Pensée métisse. In: Archives de sciences sociales des

le tableau ci-dessous; elle s’inscrit dans les trois grands enseignements religieux chinois(Le confucianisme/儒 Rú , Le bouddhisme/釋 shì, Le taoïsme/道 dào). Le taoïsme(道 dào)est le plus laïc et le plus accepté par les habitants. Ainsi, avec l’évolution de la fête des fantômes de Keelung Zhongyuangjie, les cérémonies actuelles sont principalement des rituels taoïstes.

3.2.1 Evolution des cérémonies: du bouddhisme au

taoïsme

L’évolution des cérémonies du bouddhisme au taoïsme intervient à partir de l’année 200l (民國 90 年/année 90 de l’ére Minguo, calendrier de République de Chine/Taïwan ). Dans un entretien en 2017, le prêtre taoïste taïwanais Lee Wù Jǐ ( 李戊己), responsable des principales cérémonies de Keelung Zhongyuanjie, explique:

« En 2001, c’est le clan patronymique Zhèng(鄭) qui organisa la fête. À partir de cette année toutes les cérémonies principales ont été marquées par le taoïsme. Je suis bien au courant parce que c’est moi qui préside aux cérémonies principales de la fête des fantômes de Keelung Zhongyuanjie chaque année. Avant, nous pouvions voir des cérémonies parfois bouddhistes et parfois taoïstes dans la fête. L’évolution des cérémonies est liée à une réunion à l’initiative du gouvernement. Mais je ne me souviens pas en quelle année exactement. Tous les clans patronymiques, ainsi que l’association du culte taoïste, l’association des bouddhistes et le gouvernement de Keelung ont participé à cette réunion. Le gouvernement de Keelung a posé la question du but et de l’essence de la fête. La réponse du président de l’association de taoïsme a été jugée la plus convaincante. Il a parlé de la fête pas seulement du point de vue du taoïsme - le culte du Dieu de la Terre(地官大帝) - mais aussi du point de vue bouddhiste évoquant la notion: 普渡眾生 pǔ dù zhòng shēng, qui se réfère à la libération de tous les êtres vivants de ce monde de misère et à leur embarquement de l’autre côté pour trouver la paix. C’est le point culminant de ce festival. Donc à la fin de la réunion, les participants ont décidé que les cérémonies principales seraient d’inspiration taoïste pour la fête suivante. »

Les cérémonies de la fête des fantômes de Keelung Zhongyuanjie ont lieu pendant le septième mois lunaire. À l’heure actuelle on constate que « L’ouverture des portes aux fantômes (kāi guǐmén, 開鬼門) au temple Laoda » a lieu au premier jour du septième mois lunaire, « L ’érection des hampes à lanterne (shù dēnggāo, 豎燈篙 ) » et « L’allumage des lanternes à l’Autel principal (Zhǔpǔ tán, 主普壇 ) » au deuxième jour, « La parade des

lanternes de Bénédiction (yíng dòudēng, 迎斗燈) » au treizième jour,« Le lancement des lanternes sur l’eau (fàng shuǐdēng, 放水燈)» au quatorzième jour, et ce sont toutes des cérémonies taoïstes.

Seul« Le Grand Pudu (中元普渡) sur l’autel Zhupu » au quinzième jour du septième mois lunaire est une cérémonie bouddhiste.

« La grande parade de lanternes (燈車遊行 ) flottant sur l’eau » au quatorzième jour, « les clans se transmettant le Shoulu (Jiāojiē shǒulú, 交接手爐 ) » au premier jour du huitième mois lunaire sont, elles, des cérémonies laïques ( voir tableau ci-dessous, Les activités rituelles traditionnelles sont principalement basées sur le calendrier lunaire.).

Spécificités des cérémonies taoïstes

Spécificités de la cérémonie bouddhiste

Spécificités des cérémonies laïques

« Ouverture des portes aux fantômes (kāi guǐmén, 開

鬼門) » au temple Laoda. 1er jour du 7e mois

Le Grand Pudu sur l’autel Zhupu

15e jour du 7e mois

Parade de lanternes (燈車遊 行 ) 14e jour du 7e mois

« Érection des hampes à lanterne (shù dēnggāo, 豎 燈篙 ) 11e

jour du 7e mois

Les clans se transmettant le Shoulu (Jiāojiē shǒulú, 交

接手爐 ) , 1er

jour du 8e mois

Les lanternes sont allumées(開燈放彩) à l’Autel principal (Zhǔpǔ tán, 主普壇 ) 12e jour du

7e mois

la parade des lanternes de Bénédiction (yíng dòudēng,

迎斗燈 ) 13e

jour du 7e mois

Chaque clan lance des lanternes sur l’eau (fàng

shuǐdēng, 放水燈 ). 14e jour du 7e mois Le Grand Pudu sur l’autel Zhupu, 15e jour du 7e mois

La Danse de Zhong Kui (Tiào Zhōng Kuí, 跳鍾魁 )

15e jour du 7e mois « Fermer la porte aux fantômes » au temple Laoda , 1er jour du

3.2.2 Signes et symboles

Le champ d’observation privilégié de ces substances et objets singuliers est bien sûr celui des rites, dont ils sont en quelque façon les protagonistes. Or, l’approche des contextes rituels conduit à élargir encore la gamme des réalités dignes d’intérêt : lieux marqués par quelque singularité naturelle, édifices dédiés à des cultes, accessoires fonctionnels des pratiques101.

Les textes réunis ici traitent pour la plupart d’objets et de substances présents dans le banquet rituel Zhongyuan Pudu , saisis le plus souvent en contexte rituel afin de comprendre ce que, dans leur matérialité même, ils apportent aux situations religieuses et aux significations cachées derrière les objets religieux. Il n’est pas inutile de les envisager dans la

perspective des problématiques actuelles concernant l’enracinement matériel des activités humaines, qui témoignent d’un « retour de l’objet sur le devant de la scène anthropologique » (Joulian, 2012 : 7). Certes, l’intérêt pour ce que l’on a longtemps appelé « culture matérielle » n’est pas nouveau, non plus que le souci de comprendre l’articulation, au sein d’une culture, des aspects techniques ou pragmatiques des pratiques avec ce qu’on a désigné comme « symbolique102 ». Nous allons envisager les signes et symboles des cérémonies du

festival à travers le temps, le lieu et les objets. Symbole de fertilité, la magnificence est présente dans tous les mythes, les croyances, les cérémonies et les articles autour du festival .

A. Le temps de la fête: un calendrier luni-solaire et vingt-quatre périodes solaires (陰陽曆,

二十四節氣)

Les dates des cérémonies de la fête de Zhongyuangji sont fixées selon le calendrier chinois. Ce dernier est un calendrier luni-solaire (chinois simplifié : 阴阳历 ; chinois traditionnel : 陰陽曆 ; pinyin : yīn-yáng lì). Les fêtes chinoises des quatre saisons sont étroitement liées aux changements naturels et sont associées à la vie quotidenne (voir chapitre 1). Les ancêtres chinois ont établi vingt-quatre périodes solaires (24 Jieqi 二十四節氣en chinois), la vie

101

Albert Jean-Pierre, “ Des objet-signes aux objets-sujets”, La force des objets- Matières à expériences, Archives de Science sociales des religions, EHESS, 2016/2 (n° 174), p13.

quotidienne est rythmée par le mouvement annuel du soleil selon un système fixé103. Les

vingt-quatre périodes solaires, la connaissance en Chine du temps et les pratiques développées à travers l’observation du mouvement annuel du soleil104. Chaque période solaire

porte un nom (voir Illustration 3.1 Table des vingt-quatre périodes solaires) évoquant les changements de la nature ou les activités agricoles du moment appartenant à la tradition culturelle du peuple chinois, ce calendrier reflète les changements de la nature, guide les activités agricoles et a une influence sur la vie quotidienne des Chinois. Les vingt-quatre périodes de l'année solaire représentent le respect de la nature, ainsi que l'harmonie entre l'homme et la nature.

Illustration 3.1 Table des vingt-quatre périodes solaires

Source:

http://ventdamont.blog50.com/archive/2016/12/07/24-periodes-solaires-en-chine-193329.html, consulté le 18 novembre 2017.

Les anciens Chinois divisaient le cycle du mouvement annuel du soleil en 24 segments. Chacun de ces segments portait le nom d’une période solaire spécifique. L’élément des vingt-quatre périodes solaires trouvait son origine dans les cours d’eau du Fleuve jaune de Chine. Les critères pour sa formulation ont été développés à travers

103

http://www.chinatimes.com/realtimenews/20161130005462-260409, E-journal Chinatimes, consulté le 8 novembre 2017. texte original en chinois:中國人通過觀察太陽周年運動而形成的時間知識體系及其實踐。

104

https://ich.unesco.org/fr/RL/les-vingt-quatre-periodes-solaires-la-connaissance-en-chine-du-temps-et-les-pratiqu es-developpees-a-travers-lobservation-du-mouvement-annuel-du-soleil-00647, consulté le 18 novembre 2017.

l’observation des changements de saisons, l’astronomie et d’autres phénomènes naturels dans cette région et ont été progressivement appliqués à l’échelle nationale. Il commence dès le Début du Printemps et finit avec le Grand Froid, en suivant des cycles. L’élément a été transmis de génération en génération et est traditionnellement utilisé comme un calendrier qui guide la production agricole et la vie quotidienne. Il continue de revêtir une importance particulière pour les agriculteurs, car il oriente leurs pratiques. Ayant été intégré au calendrier grégorien, il est largement utilisé par les communautés et partagé par de nombreux groupes ethniques en Chine. Plusieurs rituels et festivités en Chine sont étroitement liés aux périodes solaires105.

Dans les vieux mythes cosmogoniques chinois, on part de l’idée que, dès les premiers temps, le Ciel et la Terre s’étaient entendus pour faire de l’homme, c’est-à-dire du Chinois, le possesseur du sol. Le soleil, la lune et les étoiles ont été disposés tout exprès pour que les Chinois puissent diviser le temps, savoir quand il convenait de travailler, quand il fallait se reposer. Les Chinois pensent que le Ciel et la Terre sont des Dieux et vingt-quatre périodes solaires dans le calendrier luni-solaire chinois indiquent la naissance des Dieux et les informationsrégulières pour la vie agricole. Le culte du Dieu de la Terre inspire des fêtes et des cérémonies qui dépendent de ces périodes.

Par exemple, avant l’année 1952, la cérémonie du “lancer des lanternes sur l’eau (fàng shuǐdēng, 放水燈 )” était fixée à la fin de juillet lunaire (le 25 juillet) en raison de la marée basse. De cette façon, les lanternes sur l’eau pouvaient flotter plus loin et apporter plus de bonheur. Mais une intervention du gouvernement a eu lieu en 1952. L’´Etat a changé la date du lancer des lanternes sur l’eau et l’a fixé au 14 juillet lunaire pour économiser des ressources et limiter le gaspillage et les extravagances. (Nous avons déjà parlé de la raison du changement des dates des cérémonies dans le chapitre 2.) Ce moment correspond à la marée haute et il n’est pas facile pour les lanternes de flotter très loin sur l’eau. Or si les lanternes ne bougent pas ou ne flottent pas au loin, cela signifie symboliquement la malchance. Les clans doivent donc demander que les pompiers prennent la mer pour pousser les lanternes sur l’eau

105

https://ich.unesco.org/fr/RL/les-vingt-quatre-periodes-solaires-la-connaissance-en-chine-du-temps-et-les-pratiqu es-developpees-a-travers-lobservation-du-mouvement-annuel-du-soleil-00647, consulté le 18 novembre 2017. Les “vingt-quatre jieqi (二十四節氣) ou les périodes solaires” sont inscrits en novembre 2016 au Patrimoine culturel immatériel, texte original sur le site de l’Unesco cité: Il arrive également que les périodes solaires soient mentionnées dans des comptines enfantines, des ballades et des proverbes. Ces différentes fonctions de l’élément ont renforcé et amélioré sa viabilité en tant que forme du patrimoine culturel immatériel et renforcent sa contribution à l’identité culturelle de la communauté. Les connaissances associées à l’élément sont transmises à travers des moyens d’éducation formelle et informelle.

vers minuit. Ce changement soulève beaucoup de controverses. L’un des arguments évoqués est qu’il est dangereux pour les pompiers de prendre la mer vers minuit (voir photo3.1); d’un autre côté, il y a déjà plus de soixante ans que l’on lance des lanternes sur l’eau au 14 juillet lunaire. Ce n’est pas facile de changer la date106. On discerne ici une tension entre le respect du calendrier religieux traditionnel et une certaine forme de modernité.

Photo 3.1 La cérémonie du “lancer des lanternes sur l’eau (fàng shuǐdēng, 放水燈 )” au port

wànghǎi xiàng(望海巷), en même temps, les pompiers habillés en rouge sont priés de prendre la mer pour pousser les lanternes sur l’eau vers minuit.

Source: auteur , enquête sur le terrain, vers minuit le 19 août 2005.

B. Le lieu: Le temple Laoda Gong

Que se passe-t-il lorsque nos visitons un monument? Comment ce dernier prend-il sens à nos yeux? Quel message est délivré? Que signifie, au sens propre, l’édifice que nous côtoyons? Que le monument soit un signe, qu’il véhicule un message et transmette des valeurs aussi bien que des informations, nul n’en doute. Mais la façon dont s’opère cette transmission du sens n’est pas facile à cerner107.

106

Référence, http://news.ltn.com.tw/news/life/breakingnews/2032133. Journal Libert Times, consulté le 8 novembre 2017.

107 Catherine Bertho Lavenir, La visite du monument, Presses Universitaires Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand,

L’histoire des mots nous montre le monument oscillant entre la vie et la mort, érôs et thanatos, la fierté de l’érection et le repos du gisant. Dans les deux cas, le monument enrichit la mémoire, qu’il visualise le triomphe ou pétrifie le malheur. Le français, le roumain et l’anglais monument, l’italien, l’espagnol et le portugais monumento viennent du latin monumentum qui désignait un monument commémoratif108....

On ne peut parler de ce festival sans évoquer le temple Laoda Gong car la cérémonie du premier jour du festival, « l'ouverture de la niche/ l’ouverture de la porte des fantômes » a lieu dans ce temple, ainsi que la cérémonie de clôture «la fermeture de la niche des fantômes ». Cet édifice joue un rôle indispensable et décisif. Aussi les transformations du temple du cimetière Laoda Gong sont aussi significatives. C’est un monument commémoratif aux morts de la ville Keelung. À travers sa commémoration rituelle religieuse pour Keelung Zhongyaunjie, il rappelle la mémoire des résidents locaux et aujourd’hui attire des chercheurs locaux et étrangers et des touristes. Sa valeur historique est incontournable. Il est une

typologie des monuments en fonction des messages qu’ils véhiculaient et de la façon dont ils

étaient perçus109. C’est à la fois un “ monument message” et un “ monument signe.”

[ Catherine Bertho Lavenir, 2004], le lieu où s’incarne la relation étroite qui relie dans la societé taïwanaise ancêtres, ancêtres déifiés et esprits ou fantômes.

108

http://www.cairn.info.janus.biu.sorbonne.fr/revue-les-cahiers-de-mediologie-1999-1-page-21.htm , consulté le 23 mai 2017.

On peut resumer la mutation du temple Laoda Gong dans le schéma suivant.  La mutation du temple Laoda Gong :

Si on analyse les relations decrites ci-dessus on constate que le temple Laoda Gong(老大 公廟/Lǎodà gōngmiào)est le symbole sacré des esprits, des ancêtres jusqu’à devenir un Dieu et montre la relation parmi les Esprits (fantômes, 鬼Guǐ), les Dieux (神 Shén), les ancêtres (祖先Zǔxiān) et la religion, profondément ancrée dans la société taïwanaise. Nous pouvons discerner la déification du lieu Laoda Gong qui, d’un cimetière public (公墓 / Gōngmù) est devenu un temple des ancêtres (祠堂 / cí táng) et aussi un temple yin (陰廟/ Yīn miào) et enfin un temple yang (陽廟/Yáng miào). (Voir le symbole de la dualité du Yin et du Yang ci-dessous.) Au début, c’était un lieu pour ensevelir les immigrants morts au cours des combats. En même temps, on enterrait symboliquement le chagrin de ces morts. Les résidents locaux l’appelaient cimetière public.

Symbole de la dualité du Yin(noir/la lune) et du Yang(blanc/le soleil).

charnier (tombe) cimetière public temple privé) temple yin(

temple yang( temple public) controverse entre

yin et yang

Atrocités commises et combats dans le passe (bandit/canaille

流氓)

“義民Yìmín” les gens qui sont moraux et les héros de combats

pour des révoltes.

Bons frères好兄弟

Laoda Gong 老大公 (Le titre des défunts/ immigrants

Dans la société chinoise ancienne, on croit généralement que les gens deviennent des fantômes après la mort, vivant dans un autre monde. Les fantômes ont des émotions et des sensations comme les vivants. Ils ont aussi besoin de toutes sortes de biens matériels dans la vie quotidienne. Leur monde est presque une réplique de celui des vivants. Les deux mondes (celui des vivants et celui des morts) ont également une interaction étroite entre eux. Dans l'Univers, les fantômes et les humains sont symbiotiques. Les gens dépendent de la bénédiction et de l'aide des fantômes, et les fantômes dépendent du soutien des gens, par des prières et des offrandes110. Si personne n’accomplit le culte pour les fantômes et les esprits, ils vont devenir des diables ou des esprits mauvais. Les diables vont venir dans le monde humain le hanter et terroriser les gens afin d’obtenir ce qu’ils désirent. Si nous voulons prevenir ces catastrophes causées par ces esprits mauvais, il faut respecter divers rites et les honorer. Dans le Zuo Zhuan( zuǒchuán, 昭公七年Zhào gōng qī nián, 535 B.C.), ou Commentaire de Zuo, (nom originel Zuoshi Chunjiu 左氏春秋), qui est le principal commentaire des Annales des Printemps et des Automnes, (春秋左傳, Chūnqiū zuǒchuán), l’auteur dit «鬼有所歸,乃不 為厲 Guǐ yǒu suǒ guī, nǎi bù wéi lì111

», autrement dit, « Si les fantômes ont le soutien (des habitants des maisons) , ils ne deviendront pas méchants”. C’est pour cette raison que le cimetière Laoda Gong (lǎodà gōngmù, 老大公墓) où étaient au début enterrées les victimes des combats entre les premiers immigrants de Zhangzhou et de Quanzhou par les habitants locaux a une telle importance. Les habitants locaux ont peur que les esprits qui n’avaient pas de soutien puissent devenir des esprits méchants. Ils ont donc construit le cimetière Laoda Gong pour eux en 1853 (Xianfeng troisième année de la Dynastie Qing 咸豐三年立墓112). En 1918 les habitants et les notables locaux pensaient qu’il s’agissait là deleurs ancêtres. Ils ont donc

110

Lín fùshì (林富士),Monde des fantômes et esprits: Croyance des fantômes au nord de Taïwan(孤魂與鬼雄 的世界:北台灣的厲鬼信仰), Taipei County Cultural Center, Taipei,1995,p12, texte original en chinois: 在 中國古代社會來說,一般認為,人死後會變成鬼,存活在另一個世界。鬼和人一樣,有喜怒哀樂,有知 覺,在日常生活有種種的物質需求,他們的世界幾乎就是活人的翻版,兩個世界之間也有緊密的互動關

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