même,dansquelques cas, du tissu
conjonctif fascicule. C'est,
ensomme, un commencement d'organisation, mais
qui s'effectue
sans la moindre réaction inflammatoire, sans production du
liséré tuméfié et rouge qui ne manque pas dans
le début
del'ulcération athrepsique. De plus, lorsqu'elle tombe, que ce soit après deux, quatre, six jours, qu'elle
s'élimine
en masseou par petits fragments, rien au-dessous ne
rappelle la lésion
athrepsique: la surface mise à nu est lisse,elle
estde niveau
avecla muqueuse qui l'entoure et n'en diffère que par sa cou¬
leur à peine un peu rosée. » (Fieux.)
CHAPITRE
IV
Observation (4).
(Sabrazès et IIoupert.)
G.N..., né le 3 septembre 1900, est conduit le
24 septembre 1900 à
la consultation de M. Sabrazès; cet enfant est porteur de deux
petites
tumeurs situées de chaque côté du frein de la langue, tumeurs cons¬
tatées àsa naissance.
Antécédents héréditaires : Le père a eu la rougeole à
trois
ans,la
coqueluche à cinq ans,le croupàhuitans, une
blennorragie à dix-sept
ans, la fièvre typhoïde pendant son service militaire;
il tousse tous les
hivers etapris pendant longtemps de l'huile de
foie de
morue.Il n'est
pasbuveur. Il n'apas eu la syphilis.
La mère est très nerveuse,elle a toujours étémaladive,
elle
tousse;elle a eu pendant son enfance des crises nerveuses
accompagnées de
bégaiement. Elle présentait au niveau du tragus
gauche
unepetite
production blanchâtre, qui a été enlevée quelques jours
après
sanais¬
sance et qui n'a plus actuellement que le volume d'un
petit grain de
blé. Réglée à quinze ans, les menstrues ont
toujours été très doulou¬
reuses, irrégulières, peu abondantes; quelques pertes
blanches dans
l'intervalle. Mariée à vingt-trois ans,elle n'a pasfait de
fausse couche;
troisenfants sont nés à terme; une fille, âgée de neufanset
demi, est
très chétive; le deuxième enfant est mort d'une
gastro-entérite à l'âge
de vingt-quatre jours; le troisième est venu au
monde normalement;
d'après la sage-femme, au moment de la naissance,
c'était
unbel
enfant.
La mère avait, dit-elle, le pressentiment que son
enfant allait naître
avec quelque chose au frein de la langue; son
premier soin, quand
on(l) Cette observation fera l'objet d'un travail en collaboration avec M.
Sabrazès,
travail—auquelnous avonsfaitquelquesemprunts—qui paraîtradansle
Bulletin
médical.
— 24 —
le lui présenta, fut de regarder le filet du plancher buccal: elle y vit deux petites grosseurs blanc grisâtre; la sage-femme constata égale¬
mentleur présencesurles côtés dufrein :c'étaient deux petitestumeurs
d'un blanc nacré: la droite avait le volume d'un grain de chanvre; la gauche, d'un grain de mil. Ces deux tumeurs ont manifestement augmentéde volumejusqu'au 24 septembre, jour où l'enfant fut amené à la consultation; depuis sa naissance jusqu'à cette époque, il avait beaucoup maigri,et c'est parce qu'il refusait deprendre le seinetqu'il pleurait quand on lui mettait le mamelon dans la bouche, éprouvant des difficultés à sucer le lait, que la mère se décida à le montrer àun médecin.
Au moment de notre examen (24 septembre1900), nous voyonsqu'il existe, en effet, deux tumeurs appendues latéralement au frein de la langue, à sajonction avec le plancher buccal. La tumeur de droitea le
volume d'un gros pois, celle de gauche d'une lentille. Elles sont mo¬
biles,pédiculées, etparaissaient en rapport plutôt avec le frein qu'avec
leplancherde la bouche.
Cespetites productions sontglobuleuses, deconsistance mollasse.
Lorsqu'on examine le plancher buccal, il est intact. Le frein a des
dimensionsanormales, etprésente de plus la forme d'un V à concavité dirigéeenbas.
Ces deuxtumeurs laissent l'impressionde kystes perlés.
La langue est recouverte d'un dépôt blanchâtre qui paraît être du muguet.
L'enfant est très amaigri, il n'augmente pas de poids et, depuissa naissance, il va en déclinant, bien que la mère ait les seins gorgés d'un
bon lait. Il a l'aspectd'un athrepsique; il a un peu d'érythème fessier;
il ne présente aucune autre malformation. Il est manifestement gêné pourtéter d'autant plusque les bouts desein sont unpeu courts. On ne trouve pasd'autres kystes semblablesdans la bouche.
Nous pratiquons l'extirpation de ces petites tumeurs à l'aide des
ciseauxcourbes, après avoir nettoyéle plancher buccal avecdestampons boriqués.
L'un deceskystesestextirpé en totalité. Les paroisde l'autre étaient
si minces quenous nepûmes l'enleversans faireévacuerlecontenu,qui
avaitunaspectblanc laiteux,très consistant, ressemblant à unegoutte
debouillie.
Après l'opération, qui s'accompagna d'un écoulement de sang assez abondant, la mèreemporta son enfant chez elle et lui donna le sein à
sonarrivée. Il le pritmieux qu'il ne l'avaitfait jusqu'alors; il éprouva
néanmoins un peu de gêne pendant deux jours; mais, au bout de ce temps, du matin au soir, suivantl'expression de la mère, il fit des pro¬
grès pour téter. Une rapide amélioration dans la santé générale de
l'enfant s'est produite; il a augmenté de poids
régulièrement. Mais,
deux moisaprès, cetenfant, quise développaitnormalement,acontracté
unegastro-entérite, àlaquelle il succomba le4
novembre 1900.
Examen histologique dukyste extirpé en totalité, sans déchirure
delapoche.— A la périphérie de ce kyste, on trouve, de dehors en dedans, un revêtement onduleux d'épithélium pavimenteux stratifié,
dont les prolongements interpapillaires sont plus ou
moins longs. Ce
revêtement mesure, dans ses parties minces suspapillaires 50à60 p.;
auniveau des prolongements interpapillaires, 80 à 160 p..
Les cellules
plates, superficielles, de ce revêtement sont en voie de
desquamation.
Cerevêtementépithélial est séparé du kyste en avantpar une
bande
de chorion épaisse de 115 à 250 p..
Sur les bords du kyste, le tissuconjonctif de séparation s'étend sur
une épaisseur beaucoup plus grande, 700 à 1,300 p.
Puis, lorsqu'onse rapprochede la région du pédicule,
l'épaisseur du
chorion diminueet seréduit à 30 à40 p.
En ce point, le revêtement de la muqueuse buccale
s'amincit
etdevient moins papillaire qu'au point culminant de la tumeur.
Ce chorionest constitué par un tissu conjonctif adulte fasciculé; aux
faisceaux sont accolées des cellules fixes fusiformes en assez grand
nombre.
Des capillaires remplis de sang parsèment ce chorion ainsi que
des
lymphatiques. La lumière de ces vaisseaux mesure parfois 66 p.
On trouve, de plus, des éléments glandulaires disséminés dans ce
tissu à la jonction du point culminant et des faces latérales.
On est frappé surtout par la dissociation des éléments
glandulaires
danscechorion. Sur une face du kysteet en dehors de lui sont éche¬
lonnés, d'avant en arrière, cinq petits conduits excréteurs dont la
lumière centrale est très apparente. Le diamètre de ces
conduits
me¬sure400penviron. Les unssont coupéstransversalement, les autres en long. Sur l'autre face latérale et dans les parties qui correspondent
àl'épaisseur maxima du chorion,on trouve unepetite glande en grappe
dont les lobulessonttassés.
Cetteglandeatout à fait la structuredesglandessalivaires. Au milieu
deslobules, ontrouve un vaisseau béant rempli de sang. Cette glande
est disposéeen long, à l'angle de la face libre et d'uneface
latérale de
latumeur; elle mesuredans sa plus grande longueur 2,816 pet dans
sonépaisseur maxima500p.
Un conduit excréteur estsitué à165 pen arrièrede cette glande.
Il
s des contours profondément sinueux et à dimensions énormes;
il
mesured'avantenarrière2,651 pettransversalement 1,078 p.
Surl'unedes facelatérales, onvoit, dansce chorion, un faisceau
de
fibresmusculaires striées toutàfait normales. Ce faisceau,qui mesure
d'avanten arrière 910 p., se dirige perpendiculairement vers laparoidu kystesans l'atteindre. Ces fibres musculaires en sont séparées par un
pont de chorion qui mesure 1,650 p.. On trouve ensuite la paroi du kyste, qui double profondément le chorion. Cette paroi est beaucoup
moins onduleuse quele revêtementpériphérique ci-dessus décrit. Les
ondulations sont moins profondes et lespapilles à peine indiquées.Les
cellules cubiques malpighiennes sont disposées en rang serré à la péri¬
phérie dece revêtement; puis, d'avanten arrière, ontrouve des cellules polyédriques, etenfin des cellulesplates en voie de desquamation, tom¬
bées dans la cavité du kyste et ayant conservé leur noyau. Elles sont
tassées sans ordre et non imbriquées. L'épaisseur de l'épithélium de
revêtement dukyste estde 90 à240 p..
En aucun point de cette paroiépithéliale on ne trouve deglandes sébacées, de folliculespileux, ni d'autres éléments glandulaires.
Le petites papilles qui bordent extérieurement ce revêtement sont centrées par uncapillairegorgéde sang. Onnevoitpasde conduit excré¬
teurdes glandesdécrites plus haut sedirigeant vers lekyste.
La cavité dukyste estremplie de lamelles cornées nuscléées; sur des préparations fraîches, nous avons noté la présence de quelques cristaux
de cholestérine etde quelques vésicules adipeuses.
En somme, il s'agitd'un kysteépidermique pur.
La cavité dukysteest plus longue d'avant en arrière que transversa¬
lement. Elle a, dans l'ensemble, un aspect trapézoïde à angles curvi¬
ligneset à large baseen avant.
Ce quifrappe àl'examen de cette tumeur, c'est la double poche épi¬
thélialequ'ontrouve à la périphérie,et cela,jusqu'au pédicule. Cesdeux poches, séparées en avant et surtoutlatéralement par un chorion épais
arrivent en arrière presque au contact au niveau du pédicule. En ce point, on trouve descapillairesvolumineux et remplisde sang.
Cet enfant présentait, au moment de sanaissance, tous les attributs
d'une bonne santé; son poids, au dire de la sage-femme, devait être plutôt au-dessus de la moyenne. Or, bien que la mère eût du lait en abondance, loind'augmenter de poids régulièrement, il s'amaigrissait et
devenaitathrepsique: il refusait le sein, éprouvant une gêne manifeste
pour téter. Ces troubles étaient occasionnés par la présence de deux
kystesépidermiques, l'undu volume d'un gros pois, l'autre du volume
d'une lentille, appendus latéralement sur l'angle rentrant limité, de
chaque côtépar le frein, etpar le plancher de la bouche dans la région sublinguale. Ces kystes pédiculés, coiffés par lamuqueusebuccalequ'ils
avaient soulevéeetentraînée pourainsi dire au-devantd'eux, occupaient
dans le chorion de cette muqueuse unesituation relativementprofonde, puisqu'il existait autour d'eux des glandes salivaires, des faisceaux de
fibres musculaires striées, des vaisseaux sanguins gorgés de sang;
i's
avaient,depuis lanaissance,augmentéde
volume,
aupoint d'acquérir le
double de leur grosseur primitive au bout de quinze
jours. Dans
cesconditions,il eût été imprudentde compter sur
leur tendance à
l'énu-cléation spontanée. Leur ablation
s'imposait
avec urgence enraison de
l'état cachectique de l'enfant, qui éprouvait de
grandes difficultés à
s'allaiter.
Aprèsleur ablation, il s'est produit en
effet
uneamélioration rapide
dans la santé générale de l'enfant, qui a pu dès
lors
trèsfacilement
prendre lesein et téteret qui a augmenté
de poids régulièrement. Mais,
deuxmois après, cetenfant,quise développait
normalement,
acontracté
unegastro-entérite à laquelle ilasuccombé.
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CONCLUSIONS