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Chapitre 1 - Synthèse bibliographique

1.2 Le flétrissement bactérien

1.2.1 Biologie et répartition

1.2 Le flétrissement bactérien

1.2.1 Biologie et répartition

Le BW est une maladie qui affecte plus de 50 familles de plantes dont des cultures d’importance économique majeure (Hayward 1991). Parmi ces cultures, on compte de nombreuses espèces de la famille des Solanacées (tomate, pomme de terre, piment, aubergine), des espèces de légumineuses (cacahuète), des arbres (olivier, eucalyptus) et quelques Monocotylédones (bananier, gingembre) (Genin and Boucher 2002). Cette maladie est causée par une bactérie tellurique présente dans la rhizosphère et appartenant au RSSC. En l’absence d’hôte, la bactérie peut survivre de nombreuses années dans les sols humides ou dans l’eau où elle se nourrit de déchets organiques (stade saprophyte). En présence d’une plante hôte, la bactérie va pénétrer dans les racines, soit par les ouvertures naturelles (point d’émergence des racines latérales), soit par des blessures créées par des chocs mécaniques ou par d’autres pathogènes (nématodes à galles, piqûres et morsures d’insectes). Une fois entrée, la bactérie colonise le cortex racinaire, prolifère dans les vaisseaux du xylème, puis finalement se répand dans les parties aériennes de la plante. En se multipliant, la bactérie produit de grandes quantités d’exopolysaccharides (EPS) qui vont entraîner un dysfonctionnement des apports en eau. Le plant infecté commence alors à flétrir et meurt rapidement, libérant dans le sol de grandes quantités d’inoculum. Dans certains cas, le plant infecté reste asymptomatique malgré une très forte charge bactérienne dans son système vasculaire (mécanismes de tolérance) (Genin and Denny 2012). En libérant dans le sol d’importantes quantités d’inoculum, les espèces tolérantes participent à la multiplication du pathogène et favorisent son maintien dans le sol en période non favorable à sa survie (Hayward 1991). Le cycle infectieux du pathogène est résumé dans la Figure 6.

Les symptômes provoqués par la bactérie varient en fonction de l’agressivité de la souche et de la sensibilité de la plante hôte. Le symptôme le plus caractéristique est un flétrissement irréversible des feuilles (Figure 7). Ce flétrissement est souvent unilatéral dans un premier temps, puis se propage à l’ensemble de la plante, et enfin les feuilles flétries finissent par se nécroser. Dans les cas les plus graves, un brunissement de la tige et la présence d’exsudat bactérien au niveau de la gaine des feuilles sont observés.

19 Figure 6: Cycle infectieux du complexe d'espèces Ralstonia solanacearum.

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Lorsque l’infection est moins avancée, la présence de jaunissement et d’épinastie foliaire ainsi que l’apparition d’ébauches de racines adventices sur la tige sont observées (Ciampi and Sequeira 1980; Grimault and Prior 1993). Chez la pomme de terre, la maladie peut s’étendre aux tubercules, qui, une fois infectés, peuvent contenir d’importantes quantités d’exsudat bactérien les rendant impropres à la consommation, la maladie étant ainsi appelée pourriture brune. Les symptômes sont parfois difficiles à différencier d’autres maladies vasculaires (fusarium, verticillium). Une coupe transversale de la tige peut alors permettre de différencier les pathogènes. En effet, la présence de RSSC engendre un brunissement des tissus vasculaires. Une méthode simple appelée « test du verre d’eau » peut aussi être utilisée pour détecter la présence de la bactérie. Il suffit de plonger une section de la tige proche du collet et de l’immerger dans l’eau. Si le flétrissement est effectivement causé par une des souches du RSSC, un exsudat blanchâtre apparaît alors (Figure 8).

Figure 8: Test du "verre d'eau" permettant de vérifier la présence de RSSC dans la tige de la plante (photo : S. Salgon).

Les colonies bactériennes sont également observables sur milieu de culture. Elles sont caractérisées par leur forme irrégulière et lisse, ainsi que leur couleur blanchâtre et rosée au centre (Figure 9A). Par ailleurs, ces colonies sont fluides et muqueuses. Ce phénotype a été associé à la production d’exopolysaccharides (EPS), molécules indispensables à la virulence des bactéries. Parfois, on peut apercevoir des colonies plus atypiques, de forme plus arrondie et de couleur rouge vif (Figure 9B). Ces variants produisent peu d’EPS et sont appelés variants avirulents.

21 Figure 9: Colonies bactériennes sur milieu de culture Sequeira (photo : S. Salgon). (A) colonies d’aspect muqueux. (B) Colonies d’aspect rugueux.

Le BW est une maladie très répandue à travers le monde, mais qui reste néanmoins plus présente dans les zones tropicales et subtropicales (Figure 10). La bactérie se transmet de différentes façons. Une des plus communes est la transmission par des tubercules infectés mais asymptomatiques, notamment lors d’importation de pomme de terre. C’est ainsi que des souches adaptées à des températures fraîches se sont propagées à travers l’Europe dans les années 1990, causant de graves épidémies de pourriture brune (Janse 1996). La bactérie a pu subsister durant les conditions hivernales grâce à la présence d’adventices comme Solanum dulcamara ou Solanum nigrum (Elphinstone 1996). L’utilisation de matériel agricole infecté participe également à la dissémination de la maladie. L’eau d’irrigation est aussi une source importante de contamination et elle est considérée comme responsable de nouvelles apparitions de BW dans de nombreuses cultures (Coutinho T.A 2005). Plus rarement, Les bactéries ont été reportées dans les fruits et sur les graines des plants infectés qui peuvent donc aussi représenter des sources de dissémination sur de longues distances (Sanchez Perez et al. 2008). La dissémination de certaines souches du RSSC peut aussi s’effectuer par des insectes, causant notamment la maladie du sang du bananier ou la maladie de Sumatra sur giroflier (Remenant et al. 2011).

22 Figure 10: Distribution mondiale des souches du RSSC en 2016. D’après

https://gd.eppo.int/taxon/RALSSO/distribution.

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