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Les biofims buccaux s'accumulent progressivement dans nos bouches et une bonne hygiène bucco-dentaire est fondamentale pour empêcher leur établissement et leur progression. Il est bien évident que l'environnement buccal fournit les nutriments essentiels qui favorisent la croissance et la maturité de la communauté bactérienne et leur association entraîne certainement des problèmes de santé, telles que les caries dentaires, la gingivite, la parodontite et la candidose buccale (Metwalli et al., 2013).

3.1.1 La carie

La carie dentaire est l'une des maladies infectieuses buccales les plus fréquentes provoquée par le biofilm buccal, elle est considérée comme l'une des pathologies les plus répandues dans le monde (Bowen et al., 2018).

Certaines études ont mis en évidence l'importance d'une variété de facteurs comme la constitution génétique de l'organisme, les aspects immunologiques et ses aspects comportementaux avec l'environnement hôte. L’infection carieuse est répondue chez tout les types d’âges, cependant, elle est plus courante chez les enfants où un niveau élevé de caries a été constaté et ceci en partie à cause de leur forte consommation de sucres, qui ont une relation positive avec les caries dentaires (WHO, 2015 ; Vasudevan., 2017).

Le développement de la carie dentaire implique une prédominance par des bactéries aciduriques, notamment les Actinomyces, Streptococcus et Lactobacillus qui ont été pendant longtemps considérés comme les agents étiologiques de la carie. Cependant, récemment une forte symbiose a été constatée entre Streptococcus mutans et Candida albicans, conduisant à un accroissement de la masse du biofilm et de la densité cellulaire, ainsi qu'à une virulence accrue. D’autres travaux, ont démontré que la colonisation de C. albicans améliorait probablement la cariogénicité du biofilm buccal, en augmentant le rapport Streptococcus

mutans / Streptococcus sanguinis (Falsetta et al., 2014 ; Dame-Teixeira et al., 2016; Hwang et al., 2017).

Chapitre III : Le Biofilm Buccal

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Les Streptocoques, les organismes les plus abondants dans les biofilms oraux, fermentent les glucides de faible poids moléculaire en acides. Après les repas, les glucides sont abondants, le métabolisme bactérien atteint des pics, le pH peut chuter à 5, ce qui provoque la dissolution de l’émail. Au fur et à mesure de l’abaissement du pH, les bactéries tolérantes aux acides dépassent les autres bactéries et constituent ainsi une proportion plus élevée de la communauté ce qui conduit à des lésions carieuses (Kolenbrander et al., 2010) (Figure 11). Lorsque les glucides alimentaires sont épuisés, le pH augmente et la dissolution de l'émail cesse, et le processus de reminéralisation peut être activé. Un point important de l'hypothèse de la plaque écologique est que chez une personne en bonne santé, ces deux processus de déminéralisation et de reminéralisation s'équilibrent, cependant chez un individu avec des caries actives, cet équilibre est déplacé vers la déminéralisation (Ilie, 2014).

Figure 11. Déclenchement de la lésion carieuse (Kahouadji et al., 2018).

3.1.2 La gingivite

Plusieurs types de gingivites sont observées, dont la plus courante est la gingivite induite par la présence de plaque dentaire. C’est une infection du tissu gingival, où la bactérie est responsable de l'inflammation du tissu. Les symptômes comprennent une rougeur, une apparence enflée et des saignements des gencives (Figure 12). Ici, aucune perte d'attache n'est observée, ni aucune atteinte osseuse n'est mise en évidence. En revanche, si cette infection n’est pas traitée au début quand elle est au stade réversible, elle s’aggrave en maladie parodontale appelée parodontite (Chandrasoma et Taylor, 2005; Noble, 2012 ; Arveux, 2016).

42 3.1.3 La parodontite

La parodontite est une maladie infectieuse buccale initiée par des agents pathogènes parodontaux et influencée par la réponse inflammatoire et immunitaire de l'hôte, qui entraîne une destruction progressive des tissus parodontaux, comme la gencive, le ligament parodontal et l'os alvéolaire (Figure 12) (Hajishengallis, 2015; Kinane et al., 2017).

A l’issu de la formation des biofilms microbiens initiateurs de la parodontite, une réponse du système immunitaire de l’hôte est déclenchée. L’ampleur et le type de la réponse de l'hôte dépendent de l'hôte et des bactéries. Ainsi, une compréhension de l'interaction des cellules hôtes structurelles et défensives avec le biofilm de la plaque microbienne est essentielle pour découvrir l'étiologie des maladies parodontales et pour développer des thérapies adaptées. Ces dernières années, le concept selon lequel les bactéries peuvent être associées au développement d'un cancer a été bien documenté (Inaba et al., 2014 ; Sztukowska et al., 2016). Des études ont révélé que P. gingivalis était positivement corrélé aux stades cliniques, au degré de différenciation et aux métastases lymphatiques du cancer buccal. De plus, P. gingivalis a pu activer les voies classiques impliquées dans la tumorigenèse associée à l'inflammation, en induisant des gènes liés à la tumeur tels que NNMT, FLI1, GAS6, lncRNACCAT1, PDCD1LG2 et CD274. Tous ces résultats suggèrent que P. gingivalis pourrait être un facteur de risque pour le développement précoce et la progression du cancer buccal (Könönen et al., 2019 ; Xu et al., 2018).

Chapitre III : Le Biofilm Buccal

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Figure 12. Développement de la gingivite et de la parodontite (Kriebel et al., 2018).

3.1.4 Candidose buccal

La candidose buccale causée dans 95% des cas par C. albicans est l'une des pathologies buccales opportunistes les plus courantes, d'autres espèces, comme Candida

glabrata, Candida tropicalis, Candida parapsilosis, Candida krusei, Candida dubliniensis ou Candida guilliermondii peuvent également provoquer cette infection. La candidose est une

maladie bénigne des muqueuses buccales, mais peut parfois être résistante au traitement ou devenir récurrente (Quindós et al., 2019). La colonisation de Candida spp. des muqueuses se fait généralement dés la naissance (Waggoner-Fountain et al., 1996). Cette levure fait partie du microbiote buccal chez environs 75% des individus sains. Dans des conditions particulières, candida peut passer de la forme inoffensive à la forme pathogène, provoquant par la suite une infection. Plusieurs types de candidoses ont été enregistrés, allant d’une forme asymptomatique à une forme très sévère comme la sensation de brulure, douleur et saignements. La candidose est le résultat d’un déséquilibre au sein du microbiote buccal, provoqué par une mauvaise hygiène bucco-dentaire, des prothèses mal entretenue, le diabète, l’infection par le VIH et la consommation de médicaments tels que les antibiotiques, corticoïdes et immunodépresseurs (Mundula et al., 2019) (Figure 13).

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Figure 13. Facteurs impliqués dans la pathogenèse de la candidose buccale (Quindós et al., 2019)