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Bilan du fonctionnement du programme de sélection conduit par OVI-TEST

Comme nous l’avons vu, la coopérative mène depuis 1972 un programme de sélection visant à améliorer en premier lieu la prolificité des femelles. Dans cette partie, nous allons nous intéresser aux résultats obtenus par OVI-TEST sur leur troupeau en sélection, en s’intéressant particulièrement aux performances de reproduction des brebis.

I. L’échantillon et la provenance des informations

Le CTIG, basé au centre INRA de Jouy en Josas, gère les Systèmes Nationaux d’Information Génétique (SNIG) qui sont les bases de données nationales d’information génétique pour les ruminants (OVALL pour les ovins allaitants). Des interfaces accessibles pour les utilisateurs (IE, INRA) sont construites à partir de ces informations et constituent la Base de Données Indexation Recherche (BDIR). Les données utilisées lors de cette étude proviennent de la BDIR spécifique des ovins allaitants, notamment de la table zootechnique réduite, de la table des mises bas et de la table des index. L’échantillon retenu pour faire le bilan des résultats du programme a été constitué en fonction de deux critères :

 la plage de temps : il a été décidé d’étudier les performances des animaux du programme sur une période suffisamment large, 25 années.

 le nombre d’exploitations : compte tenu du fait que la base de sélection du programme conduit par la coopérative a connu de fortes variations depuis sa création (que ce soit en termes d’effectif de brebis ou d’élevages) il a été décidé de travailler à nombre de cheptels constant. Ainsi, n’ont été retenus que les animaux appartenant à des élevages ayant des enregistrements sur l’ensemble de la période considérée.

Ainsi, l’échantillon retenu se compose de 90500 brebis réparties sur 11 élevages en sélection depuis 1985.

II. La prolificité dans le schéma de sélection

La prolificité est un caractère fortement influencé par le milieu (h²=0,10 sur œstrus naturel et h²=0,06 sur œstrus induit) (BAELDEN, 2003). Aussi, de nombreuses variations de ce caractère ne sont pas explicables par la seule génétique.

La prolificité, critère de sélection le plus important pour la coopérative, a subi au cours de ces 25 dernières années des évolutions marquées (cf graphe 2). Après une augmentation quasi-continue entre 1985 et le milieu des années 90, ainsi que l’apparition de tailles de portées supérieures à 4 agneaux, les gestionnaires du schéma ont décidé d’appliquer la stratégie de limitation des index des reproducteurs présentée précédemment. Comme on peut le voir sur le graphique 2, cette stratégie a en effet permis de stopper la progression de ce critère. La prolificité qui était proche de 1,75 à la fin des années 80 a atteint son maximum en 1997 avec une valeur moyenne de 1,93. Elle s’est stabilisée entre 1,8 et 1,9 au cours des années 2000 pour être égale à 1,85 en 2010.

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Graphe 3 : Progrès génétique estimé pour la prolificité, calculé à partir de l’index prolificité des brebis

Graphe 4 : Écart type de la moyenne d'index de prolificité des brebis

Le graphique 3, qui présente le progrès génétique estimé pour la prolificité, c’est-à-dire la moyenne des index des brebis par millésime de naissance, nous permet de constater que l’index prolificité a lui aussi évoué durant la période . La stratégie de plafonnement a bien entendu eu un impact sur sa valeur moyenne au sein de la population. En effet, après avoir progressé de façon relativement continue, il a atteint un pic en 1996 puis a régressé pour atteindre une valeur stabilisée depuis quelques années à 0,08.

Cependant, comme nous l’avons déjà abordé, l’estimation de la valeur génétique associée à la prolificité est rendue difficile du fait de la présence de gènes à effets majeurs dans la population. La représentation graphique (graphe 4) de l’écart type de la moyenne de l’index de prolificité nous permet de conclure que sa valeur est effectivement biaisée. En effet, l’écart type de la moyenne suit la même tendance que la moyenne de l’index. Or, le modèle d’indexation est construit de telle façon que l’écart type de la moyenne doit rester stable. Les index sont donc effectivement faux.

III. Les tailles de portées

Au cours des 25 dernières années, la proportion de mises bas donnant naissance à 2 agneaux a augmenté progressivement, passant de 45% en 1985 à 52% en 2010 (cf graphe 5). Ce résultat est plutôt encourageant. En effet, comme nous le verrons ultérieurement, nombreux sont les éleveurs qui estiment que la taille de portée idéale d’une brebis est de 2 agneaux.

Parallèlement à cela, les mises-bas à un seul agneau ont quant à elles diminué, passant de 40% en 1986 à 34% en 2010.

Les portées triples ainsi que les portées qualifiées de surnuméraires (4 agneaux et plus) ont quant à elles évolué en deux temps. Durant la période de 1985 jusqu’au milieu des années 90, les proportions de ces deux tailles de portées ont augmenté, passant de 11% à 16% en 1997 pour les portées triples et de 2 à 5% pour les portées surnuméraires. Ensuite, ces valeurs ont régressé pour se retrouver en 2010 à 12 % et 3% respectivement.

Les évolutions constatées pour ces différentes catégories de tailles de portées permettent de comprendre les évolutions constatées sur la prolificité brute. D’une part, la sélection sur l’ensemble de la période a conduit à faire progresser les portées doubles au détriment des portées simples. D’autre part, la mise en place de la stratégie de plafonnement des index a entraîné après 1996 une réduction de la proportion des tailles de portées supérieures à 3.

Au cours de la carrière des brebis, la taille des portées a tendance à évoluer. En effet, comme on le constate sur le graphe 6, une augmentation de ce paramètre intervient jusqu’à la 6ème mise-bas pour laquelle les tailles de portées sont en moyenne proche de 1,9. Durand la seconde partie de la vie reproductive des brebis, les performances diminuent. Ces résultats ne tiennent pas compte du mélange des deux populations ++ et L+. On verra en page 85 que l’on retrouve intra-génotype l’évolution classique de la prolificité des brebis.

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Graphe 7 : Distribution des tailles de portées de 4 agneaux et plus par année sur la période 1985-2010

Tableau 3 : Distribution moyenne des tailles de portées

IV. Zoom sur les portées supérieures à 4 agneaux

Les portées de quatre à cinq agneaux sont apparues dans les élevages en sélection dès le début des années 80. Par la suite, certaines brebis ont mis bas à des portées de taille encore plus importante, allant jusqu’à 8 agneaux.

Sur l’ensemble de la période étudiée, ces portées représentent environ 3% des mises-bas totales, soit près de 7% des agneaux nés, mais notons qu’elles ont représenté quasiment 5% des mises bas en 1997 et 1998 (cf graphe 7). C’est d’ailleurs à cette période que le nombre de portées de 6 à 8 agneaux a été le plus important. Dans les années qui ont suivi la mise en place de la stratégie de plafonnement des index des reproducteurs, on peut noter que la fréquence d’apparition des portées de 4 et plus a diminué pour revenir à un niveau proche de celui de la fin des années 80.

Notons de plus que les mises-bas de portées les plus extrêmes (6 à 8 agneaux) sont restées des événements exceptionnels, ne représentant que 1,71% des mises bas surnuméraires et moins de 1‰ des mises bas totales (cf tableau 3).

Si ces chiffres montrent que ces portées surnuméraires sont minoritaires au sein de la base de sélection, leur impact sur les ateliers d’élevage n’en est tout de même pas négligeable. En effet, l’apparition de portées nombreuses entraîne une surcharge de travail pour les éleveurs du fait de l’obligation de procéder à de l’allaitement artificiel. Rappelons aussi que l’apparition de ces portées a obligé la coopérative à modifier son programme de sélection, décision qui a eu un impact négatif sur la partie polygénique du caractère prolificité.

V. La mortalité

Sur l’ensemble de la période considérée, le pourcentage d’agneaux morts nés est de 9,05%. Mais notons que ce résultat a sensiblement évolué (cf graphe 8). Dans les 80, la mortalité était proche de 5 à 6% et a augmenté pour atteindre son maximum de 11% sur la fin des années 90. Là encore, on peut penser que la stratégie de plafonnement des index a permis, via son effet de limitation des tailles de portées, de stopper la progression de ce paramètre aujourd’hui stabilisé aux alentours de 10%. En effet, il existe un lien étroit (corrélation phénotypique de 0,42) entre la taille de la portée et le pourcentage d’agneaux morts.

Comme on peut le constater sur le graphique 9, plus la portée est de taille important et plus le pourcentage d’agneaux morts nés est important. Aussi, quand on atteint 5 agneaux par portée, 30% des agneaux sont morts à la naissance et on dépasse même les 50% d’agneaux morts nés pour des portées de 7 ou 8 agneaux. À l’inverse, on constate qu’il n’y a pas de différence de mortalité à la naissance entre les portées simples et doubles. Les portées de trois agneaux entraînant quant à elles en moyenne 10% de mortalité à la naissance.

VI. La reproduction

Le graphe 10 présente l’évolution des modes de reproduction utilisés au sein de l’échantillon. Les œstrus induits regroupent l’utilisation de l’insémination artificielle pour 97% des cas et des luttes pour 3% des cas.

Graphe 10 : Évolution de l'utilisation de l'induction des chaleurs sur la période 1985-2010

L’induction des chaleurs associée à l’insémination artificielle était déjà très élevée en 1985 et a augmenté tout de long de la période étudiée pour atteindre aujourd’hui environ 80% des mises bas. Pour comparaison, 3,9% du troupeau ovin allaitant national était inséminé en 2008 (RAOUL et al, 2009).

VII. Bilan sur le programme de sélection

L’objectif premier du programme de sélection mené par OVI-TEST, qui était l’amélioration de la prolificité des femelles, a été atteint depuis de nombreuses années. La coopérative tente à présent de gérer les deux mutations qui ségrègent dans sa population afin de bénéficier du potentiel intéressant de l’une d’entre elle, la mutation Lacaune, en évitant la procréation de femelles dont la prolificité est trop élevée.

Par la suite, nous allons étudier l’impact de cette mutation sur le phénotype des femelles avant de nous intéresser à la façon dont pourraient être gérés les accouplements raisonnés pour pouvoir bénéficier des avantages apportés par cette mutation, tout en évitant l’hyper-prolificité dans le schéma.

L’impact de la mutation Lacaune sur les performances des brebis