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Bilan de la mission britannique à Helmand

Chapitre 1. Bilans de la mission canadienne et du Royaume-Uni

1.3 Bilan de la mission britannique à Helmand

Depuis 2006, la mission britannique en Afghanistan dans la province de Helmand est, à plusieurs égards, tout à fait comparable à la mission canadienne à Kandahar. Ces deux missions relèvent de la FIAS et évoluent dans un environnement similaire avec des défis sécuritaires et opérationnels semblables. En effet, en 2007 les deux provinces voisines que sont Kandahar et Helmand étaient identifiées comme les régions les plus dangereuses de l'Afghanistan notamment à cause d'une augmentation de 20% de la violence due au retour en force des talibans dans le sud de pays (Ghufran 2008, 155). De plus, Kandahar et Helmand étaient considérées comme les deux provinces ayant le plus haut niveau d'activités des talibans puisqu'il s'agit des deux régions produisant près 80% de la culture d'opium du pays (Ghufran 2008, 159). Alex D. Barker corrobore également le fait que ces deux provinces font face à des enjeux sécuritaires semblables puisque Kandahar et Helmand sont les deux régions ayant subi le plus de victimes au pays notamment à cause des engins explosifs improvisés et de la forte présence talibane dans les deux régions (Barker 2011, 601, 5-8). Toutefois, bien que la mission britannique ait également connu des difficultés importantes notamment en ce qui a trait au projet de construction des écoles dont l'héritage reste incertain (Joshi 2015, 425), il s'avère que cette mission présente un bilan beaucoup plus positif que la mission canadienne. Cette section présentera d'abord en quoi consistaient les priorités de la mission britannique. Puis, différentes évaluations des succès de cette mission seront exposées.

1.3.1 Priorités du Royaume-Uni à Helmand

La mission britannique à Helmand était très large et englobait plusieurs aspects semblables à la mission canadienne et aux étiquettes de mesures identifiées plus haut qui visaient notamment à renforcer la sécurité de la province, à y assurer un développement politique et à

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contribuer à la reconstruction et à différents projets de développement. Dans le domaine de la sécurité, la mission visait également à renforcer les Forces nationales de sécurité afghane notamment via l'entraînement et le mentorat de l'Armée et de la Police nationale afghane (Cabinet Office 2014, 11 et 25). En ce qui concerne le développement politique, la mission britannique dans la province avait pour objectif de développer les District Community Council afin de renforcer la gouvernance locale (Cabinet Office 2014, 22). Finalement en terme de reconstruction et de développement, la mission avait pour objectif d'améliorer l'accès à l'éducation, aux soin de santé, en plus de développer l'économie et les infrastructures tout en améliorant le système de justice (Cabinet Office 2014, 23-6). Face à ces différentes priorités, le bilan du rapport The UK's

Work in Afghanistan présente que la mission britannique a connu des succès importants

notamment car le projet des District Community Council « [...] has helped to build confidence in local governement and is bolstering political stability » (Cabinet Office 2014, 22). Un bilan positif semblable est également mentionné en ce qui concerne le renforcement du système de justice puisque « today, access to formal justice in Helmand is greater than it has ever been » (Cabinet Office 2014, 24). Enfin, le même type de bilan positif est également présenté pour le renforcement de la PNA car « the police are now frontline in providing security directly to the population » (Cabinet Office 2014, 25).

1.3.2 Bilan appréciable de la mission britannique à Helmand

Contrairement au bilan largement déficitaire de la mission canadienne à Kandahar que la littérature spécialisée a présenté plus haut, il s'avère que les différentes critiques présentent un bilan beaucoup plus appréciable de la mission britannique à Helmand. Certes, bien que tout ne peut être pris de façon positive, particulièrement en ce qui a trait à la problématique liée à la pérennité des écoles de la région, plusieurs auteurs tels que Egnell (2011, 302) notent que dès le

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printemps 2009 la « [...] Task Force Helmand came close to dealing effectively with the deteriorating situation in the province ».

Certains auteurs mentionnent également que plusieurs statistiques témoignent des progrès réalisés dans la province de Helmand notamment puisque près de 80% de la population vit aujourd'hui à moins de dix kilomètres d'un centre de soins de santé, plus de 30 000 filles vont à l'école et des centaines de kilomètres de routes ont été construites (Bunkal 2013, 13). De plus, Chaudhuri et Farrell (2011, 271) corroborent le fait que les Forces nationales de sécurité afghane ont connu des améliorations significatives dans la province notamment en ce qui concerne les capacités de la police (2011, 279) et il affirme que « [...] by mid-2010 it was clear that the tide had turned in Helmand. In most districts the trends looked encouraging in terms of improved governance, services and security » (2011, 280). Plus récemment en 2013, Stevens reconnaissait également que la formation de la police de la province de Helmand avait connu des succès importants puisque « [...]over the summer of 2012, southern Nad-e Ali [vaste région de Helmand] was quiet in a way that could barely have been imagined by those who cleared it from the insurgent control in 2010 – a clear testament to the success of a well implemented Local Police force » (Stevens 2013, 66). Au-delà de l'amélioration des Forces nationales de sécurité, d'autres auteurs ont noté des progrès importants du système de justice et de la gouvernance locale notamment grâce aux succès de l'initiative des District Community Council (Connor 2012, 210- 1).

Conclusion

Afin de pouvoir démontrer notre hypothèse qui stipule que le Canada n'a pas respecté l'approche de sécurité humaine de façon significative au sein de sa mission à Kandahar, une

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présentation des bilans de la mission canadienne et britannique était nécessaire. Ce premier chapitre a permis de présenter ces bilans et on constate donc que la mission britannique à Helmand a connu des succès plus appréciables que la mission canadienne à Kandahar. En effet, la mission canadienne a connu des échecs majeurs au sein de plusieurs projets de premier plan que sont la construction d'écoles, la réfection du barrage de Dahla, l'armée et la police ainsi que le gouvernement local de Kandahar. Bien que certains aspects restent à nuancer en ce qui a trait à la mission du Royaume-Uni puisque celle-ci a également connu des échecs notables, il s'avère que cette intervention à Helmand a connu des succès substantiels plus importants notamment au niveau de la sécurité, des services essentiels et de la gouvernance locale. Ces bilans rendent encore plus évidente la nécessité de comparer ces deux missions afin de comprendre pourquoi ces bilans divergent. On peut aussi se demander si cette différence de bilan pourrait correspondre à une différence de respect face à l'approche de sécurité humaine de la part de chacune des missions? Pour ce faire, le prochain chapitre présente l'approche théorique de sécurité humaine qui sera utilisée afin d'effectuer la comparaison entre les deux missions.