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4.4 Le chaos d´ eterministe

4.4.1 Bifurcations vers le chaos dans le mod` ele de Lorenz

Le contenu de cette sous-section ne repose pas sur des preuves math´ematiques. C’est plutˆot d’une interpr´etation plausible d’exp´eriences num´eriques simples `a r´ealiser. Il est instructif de bien comprendre la m´ethode qui permet d’approximer et d’interpr´eter ces exp´eriences. Tout consiste `a se ramener `a une simple application continue par mor-ceau d’un intervalle de R dans lui mˆeme, i.e. un sorte de mod`ele r´eduit o`u l’essentiel de la dynamique est repr´esent´e. Sans un tel sch´ema r´educteur et explicatif, les simula-tions num´eriques perdent quasi totalement de leur interˆet. Pour r 10 : les simulations montrent que, si la condition initiale n’appartient pas `a la surface rentrante dans 0,Ws(0), (cf. chapitre 1), la trajectoire converge, soit vers q+, soit versq. Pour rproche de 10, les points q+ et q sont en fait des foyers attracteurs (deux exposants complexes conjugu´es avec une partie r´eelle n´egative et un exposant r´eel n´egatif).

2Lev Landau a propos´e de d´ecrire la turbulence hydrodynamique comme r´esultant d’une cascade de tr`es nombreuses bifurcations de Hopf, cascade qui conduit `a un mouvement pseudo-p´eriodique comportant un grand nombre de fr´equences. Dans ce sc´enario, `a chaque bifurcation de Hopf, apparait une nouvelle fr´equence. Pour qu’un tel s´enario soit r´ealisable, il faut que la dimension de l’espace des phases soit au moins sup´erieure au nombre de fr´equences plus 1. Ce qui n’est pas g´enant pour les syst`emes fluides qui ont un espace des phases de dimension infinie.

Σ =

#

(x1, x2, r−1)| −

b(r−1)< x1, x2 <

b(r−1)

$

car on constate num´eriquement que toutes les orbites (except´ees celles qui sont contenues dans Ws(0)) qui d´emarrent dans ce carr´e recoupent ce carr´e apr`es avoir effectu´e un tour autour de q+ ouq.

Application de Lorenz

A priori, on doit s’attendre `a ce que les orbites de cette application de Poincar´e, restreinte au carr´e Σ, soient dispos´ees selon deux directions. En fait, comme le montre la figure 4.4, page 140, on observe num´eriquement une contraction tr`es forte selon une direction approximativement parall`ele `a l’antidiagonale du carr´e Σ. Ce qui conduit `a avoir, quitte `a oublier les premi`eres it´erations de l’application de Poincar´e, des orbites qui semblent se disposer selon une courbe contenue dans Σ. Il est donc naturel d’´eliminer cette direction fortement contractante du flot et d’essayer de repr´esenter cette application de Poincar´e de dimension 2, par une application de dimension 1, que l’on appelle application de Lorenz [7]. Pourr = 10, une application de Lorenz plausible est donn´ee par la figure 4.4, page 140. Noter que l’application n’est pas d´efinie en 0 (aux orbites appartenant `aWs(0)).

Noter aussi que, contrairement `a l’application de Poincar´e qui est inversible, l’application de Lorenz ne l’est plus. Ceci est dˆu `a la r´eduction `a la dimension 1. En fait, les orbites ne sont sur une courbe qu’en premi`ere approximation, elles sont en fait contenues, `a terme, dans un ensemble ayant une l´eg`ere ´epaisseur, de dimension non enti`ere un peu plus grande que 1 (cf. ce qui suit). Cette perte d’inversibilit´e n’est pas tr`es g´enante puisque que l’on consid`ere des temps positifs.

Naissance de l’attracteur ´etrange

A partir de simulations num´eriques, nous allons donner, pour des valeurs croissantes der l’allure de cette application de Lorenz en fonction de r.

4.4. LE CHAOS D´ETERMINISTE 127 r = 10, figure 4.4, page 140 −a q et +a q+ attirent toutes les trajectoires `a l’exception de celles contenues dans Ws(0).

r 13.926, figure 4.5, page 141 L’espace sortant de 0, Wi(0) intercepte l’espace rentrantWs(0). C’est une bifurcation homocline. Elle se traduit sur l’application de Lorenz par une inflexion verticale en 0. Elle donne vraisemblablement naissance aux deux cycles limites instables qui disparaissent, pour r = rH, dans les deux points d’´equilibre q et q+. Toutes les orbites convergent encore de fa¸con monotone, soit vers −a q, soit vers +a∼q+.

r = 15, figure 4.6, page 142 Les deux cycles limites instables apparaissent clairement en −cet +c. Si on d´emarre `a l’int´erieur de [−c,+c], les premi`eres it´erations ne sont plus monotones. Cependant, apr`es des transitoires compliqu´es, l’orbite sort, en g´en´eral, de [−c,+c] par la zone pr`es de 0, et reprend sa convergence monotone vers l’un des deux points −a ou +a.

r = 20., figure 4.7, page 143 La plage de comportements irr´eguliers [−c,+c] s’agran-dit. Toutes les orbites finissent, en g´en´eral, par converger vers−aou +amais pendant un temps assez long le comportement est tr`es irr´egulier. On a affaire `a un chaos transitoire (pr´eturbulence) qui ne persiste pas `a terme.

r 24.06, figure 4.8, page 144 La plage de comportements irr´eguliers [−c,+c] de-vient positivement invariante : toutes les orbites qui d´emarrent dans [−c,+c] y restent.

Les domaines d’attraction de −a ou +a diminuent de fa¸con significative. Les deux cycles instables, −c et +c, se rapprochent de −a et +a, respectivement. Il y a coexistence de trois attracteurs :q+, qet un attracteur vraisemblablement une structure plus complexe, associe la plage [−c,+c].

r = 470/19 = 24.7, figure 4.9, page 145 C’est la bifurcation de Hopf pr´ec´edente : les deux cycles limites instables disparaissent dans q+ et q. Il ne reste plus qu’un seul attracteur de structure assez complexe et que D. Ruelle qualifie d’´etrange (cf. dfini-tion 19, 132).

r = 28, figure 4.10, page 146 On est en plein r´egime chaotique. Les trajectoires ont tendance `a s’enchevˆetrer (m´elange turbulent). Deux trajectoires initialement voisines se s´eparent exponentiellement car la pente de l’application de Lorenz est toujours sup´erieure

` a 1.

devient tr`es compr´ehensible.