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Dans un travail précédent, Henry & Ben Hadid (2007a,b) ont déterminé le seuil de la première instabilité de l’écoulement stationnaire de base dans une cavité parallélépipé-dique chauffée de manière différentielle pour une large gamme de rapports d’aspect AX et AY et de nombres de Prandtl. Ils ont montré la forte variation de ces seuils, associés à des instabilités de différents types (stationnaire ou oscillatoire), brisant différentes symétries. Dans la présente étude, les dimensions de la cavité sont maintenues constantes (AX = 4 et AY = 2) et seul l’effet du nombre de Prandtl sera étudié. Cependant, nous ne nous concentrerons pas uniquement sur la première instabilité de l’écoulement de base, mais considérerons plus largement tous les points de bifurcation qui pourraient être impliqués dans la dynamique ultérieure de notre écoulement, sur la branche de l’écoulement de base (branche primaire) ainsi que sur les branches qui en bifurquent (branches secondaires, ter-tiaires, ...). Dans les différents diagrammes de bifurcation présentés dans toute cette étude, nous traçons u, la composante de vitesse longitudinale normalisée (u= u/√

Gr) en un point représentatif de la cavité (x = 0 , y = 0, 49391, z = −0, 36911), en fonction de Gr. Enfin, la stabilité des branches (états stationnaires et oscillatoires) sur ces diagrammes de bifurcation est indiquée par deux nombres entiers (n − m) où n est le nombre de valeurs

CHAPITRE3. ANALYSE DES BIFURCATIONS DÉCOULEMENTS TRIDIMENSIONNELS Pr= 0 Points Hc,0P PlP HaP HlS Hw,1S Hw,0S Grc 27893 28325 29341 30343 32139 32157 fc 2,70 — 34,6 34,7 28,6 2,25 Pr= 0, 005 Points PlP HaP Hc,0P HlS Hw,1S Grc 28957 30569 34849 33026 34644 fc — 35,2 2,66 36,1 29,9 Pr= 0, 015 Points PlP Hc,25P HaP Hw,25S HlS Hw,1S Grc 34966 37314 38482 37413 44114 45276 fc — 13,6 36,5 13,8 38,7 32,5 Pr= 0, 025 Points Hc,25P PlP HπP Hw,1S Grc 33055 61737 69950 67972 fc 13,8 — 35,7 35,1

TABLE3.2 – Seuils critiques Grcdes principaux points de bifurcation (P pour bifurcation fourche (pitchfork), H pour bifurcation de Hopf) sur les branches primaire (exposant P) et secondaire (exposant S) pour Pr = 0, 0, 005, 0, 015 et 0, 025. Les indices c, l, π, a et w indiquent les symétries conservées par le mode marginal à la bifurcation : respectivement les symétries Sc, Sl, Sπ, toutes les symétries Sa et aucune symétrie Sw. Dans le cas des points de bifurcation de Hopf, la fréquence critique au seuil fc est également donnée.

propres réelles instables, alors que m est le nombre de couples instables de valeurs propres complexes conjuguées. 0 − 0 est donc l’indication d’une solution stable.

Pour commencer, nous avons déterminé les diagrammes de bifurcation des solutions stationnaires pour plusieurs nombres de Prandtl allant de 0 à 0, 025 (voir Fig.3.3et la par-tie stationnaire des différents diagrammes de bifurcation sur les figures3.6a, 3.7a,3.8a, 3.10a). Dans tous ces diagrammes de bifurcation, nous avons trouvé un seul point de bi-furcation stationnaire PlP1(voir Tab.3.2). Comme le montre la figure3.3, cette bifurcation est de type fourche supercritique qui brise les symétries Sc et Sπ et conserve la symétrie Sl. La branche secondaire initiée en ce point correspond donc à un écoulement station-naire avec uniquement la symétrie Sl. Notez que deux branches secondaires apparaissent à la bifurcation fourche. Ces branches sont dynamiquement équivalentes car la solution d’une branche est la symétrique de la solution de l’autre branche par la symétrie brisée Sc ou Sπ. Pour cette raison, une seule de ces branches sera souvent considérée et tracée.

Les principaux points de bifurcation sur ces branches primaires et secondaires sont également déterminés. A l’exception du point PlP, ce sont tous des points de bifurcation de Hopf (voir Fig.3.3) et leurs caractéristiques critiques (seuil critique Grc et fréquence fc) sont données dans le tableau 3.2. Afin d’identifier tous les différents points de bifur-cation, nous leur avons donné des noms spécifiques en fonction de leurs propriétés. Ces points de bifurcation sont soit de type fourche (P), soit de type Hopf (H). La nature de la branche sur laquelle ils apparaissent est indiqué par un exposant (P pour la branche primaire et S pour la branche secondaire), tandis que la symétrie conservée par le mode

SECTION 3.3. BIFURCATIONS DES SOLUTIONS STATIONNAIRES

3 3.5 4 4.5 5

Gr 10

4

1.1

1.15

1.2

1.25

u*

HP HP a HP c,25 0-0 HS w,1 0-0 1-0 1-1 1-2 0-1 0-2 0-3 1-4 1-3 HP c,0 HS w,25 HS w,1 HS l HS l 0-1 0-2 0-3 HS w,25 0-0 PP l

FIGURE 3.3 – Diagramme de bifurcation stationnaire (u en fonction de Gr) pour Pr =

0, 015 montrant tous les points de bifurcation dans l’intervalle 3.0 × 1046 Gr 6 5.1×104. Les solutions stables sont représentées par des lignes continues, tandis que les lignes pointillées représentent des solutions instables.

critique au niveau de la bifurcation est mentionnée en indice. Plus précisément, les indices c, l et π correspondent respectivement à la symétrie par rapport au centre Sc, à la symétrie gauche/droite Sl et à la symétrie par rapport à l’axe Sπ, alors que l’indice a (w) indique des modes critiques conservant (brisant) toutes les symétries. Par exemple, les points HaP et HlSsont respectivement le point de bifurcation de Hopf sur la branche primaire pour le-quel toutes les symétries sont conservées et le point de bifurcation de Hopf sur la branche secondaire qui ne conserve que la symétrie gauche/droite Sl. Le même type de notations sera utilisé ultérieurement pour les bifurcations se produisant sur les cycles limites : l’ex-posant P ou S sera remplacé par C pour indiquer que la bifurcation se produit sur un cycle, mais avec une indication supplémentaire sur la symétrie du cycle. Par exemple, l’exposant Caindiquera que la bifurcation se produit sur un cycle avec toutes les symétries. L’indice indiquera toujours la symétrie préservée par le mode critique.

A partir de la figure3.3 et du tableau3.2, on constate que cinq points de bifurcation principaux existent sur la branche primaire (PlP, Hc,0P , Hc,25P , HaP et HπP) et quatre autres (HlS, Hw,0S , Hw,1S et Hw,25S ) sur la branche secondaire initiée au point stationnaire PlP. Tous ces points de bifurcation ont été suivis avec précision en fonction de Pr dans toute la gamme 06 Pr 6 0, 025. L’évolution de ces points dans l’espace des paramètres (Pr, Grc) est indiquée sur la figure3.4 et les contours de la composante longitudinale des modes critiques correspondants dans le plan transversal Vt, u0(y, z), sont représentés sur la figure 3.5. Notez que, dans certains cas, nous avons introduit une indication supplémentaire dans l’indice afin de distinguer les points de bifurcation correspondant aux modes ayant

CHAPITRE3. ANALYSE DES BIFURCATIONS DÉCOULEMENTS TRIDIMENSIONNELS

(a)

(b) (c)

FIGURE 3.4 – Suivi des principaux points de bifurcation dans l’espace de paramètre

(Pr, Grc). (a) Vue globale dans l’intervalle 0 6 Pr 6 0, 025. (b) Zoom sur la région Pr6 6 × 10−4 afin de mettre en évidence le croisement des points de bifurcation pri-maires PlP et Hc,0P à Pr = 8, 83 × 10−5 avec la création du point de bifurcation secondaire Hw,0S à ce point de co-dimension 2. (c) Zoom autour du croisement des points de bifurca-tion primaires PlP et Hc,25P à Pr = 1, 63 × 10−2 indiquant la création du point secondaire Hw,25S à ce point de co-dimension 2.

la même symétrie. L’indice 0 a été choisi pour le point de bifurcation Hc,0P qui est le premier à apparaître à Pr = 0 et pour le point Hw,0S issu de Hc,0P . De même, l’indice 25 a été choisi pour le point Hc,25P qui est le premier à apparaître à Pr = 0, 025 et pour le point

SECTION 3.3. BIFURCATIONS DES SOLUTIONS STATIONNAIRES (a) -1 -0.5 0 0.5 1 y -0.5 0 0.5 z (b) -1 -0.5 0 0.5 1 y -0.5 0 0.5 z (c) -1 -0.5 0 0.5 1 y -0.5 0 0.5 z (d) -1 -0.5 0 0.5 1 y -0.5 0 0.5 z (e) -1 -0.5 0 0.5 1 y -0.5 0 0.5 z (f) -1 -0.5 0 0.5 1 y -0.5 0 0.5 z

FIGURE 3.5 – Contours de la composante longitudinale u0(y, z) de la perturbation dans

la section transversale Vt pour les modes critiques (partie réelle) associés à différents points de bifurcation. Les figures (a)-(f) correspondent respectivement aux points Hc,25P à Pr= 0, 025, Hw,25S à Pr = 0, 015, PlP, HlSet HaPà Pr = 0, 005 et finalement Hc,0P à Pr = 0.

Hw,25S issu de Hc,25P . Finalement, l’indice 1 a été choisi pour l’autre point de bifurcation de Hopf sans symétrie Hw,1S .

Sur la base des points de croisement des premiers points de bifurcation situés sur la branche primaire et observés sur la figure3.4, trois régions principales peuvent être identifiées :

• pour Pr 6 8, 83 × 10−5, le point de Hopf Hc,0P (Fig.3.5f) déstabilise la branche pri-maire et donne naissance à un cycle limite avec la symétrie Scet une basse fréquence ( fc≈ 2, 70 à Pr = 0),

• Pour des valeurs plus grandes du nombre de Prandtl (8, 83 × 10−56 Pr 6 1, 63 × 10−2), la branche primaire est d’abord déstabilisée par le point stationnaire PlP(Fig. 3.5c), ce qui donnera naissance à une solution stationnaire stable avec la symétrie gauche/droite Sl.

• Enfin, pour 1, 63 × 10−2 6 Pr 6 2, 5 × 10−2, c’est le point de Hopf Hc,25P (Fig. 3.5a) qui déstabilise la branche primaire. Un cycle limite avec la symétrie Sc est également créé en ce point, mais sa fréquence est plus grande ( fc≈ 13, 8 à Pr = 0, 025).

Notons que les points d’intersection situés à Pr = 8, 83 × 10−5 et Pr = 1, 63 × 10−2 sont des points de bifurcation de codimension-2 (fourche-Hopf). Ils sont à l’origine de la création de deux points de bifurcation de Hopf sur la branche secondaire, respectivement Hw,0S (à partir de Hc,0P et PlP) et Hw,25S (à partir de Hc,25P et PlP) (voir Figs. 3.4b et 3.4c). Nous verrons plus tard que le point de codimension-2 à Pr = 1, 63 × 10−2est également à

CHAPITRE3. ANALYSE DES BIFURCATIONS DÉCOULEMENTS TRIDIMENSIONNELS

l’origine de la création d’une bifurcation fourche de cycles sur la branche de solutions pé-riodiques qui émerge de Hc,25P . Le point Hw,25S évolue ensuite vers des nombres de Prandtl plus petits avec un seuil Grc(Pr) croissant, alors que Hw,0S a également un seuil Grc(Pr) en augmentation, mais évolue légèrement vers des nombres de Prandtl plus élevés avant de changer de sens à Pr ≈ 1, 1 × 10−4 pour rejoindre Pr = 0. Ce dernier comportement implique que dans la gamme 8, 83 × 10−56 Pr 6 1, 1×10−4, la branche secondaire stable est successivement déstabilisée puis restabilisée par Hw,0S , avant d’être définitivement dé-stabilisée par le point de Hopf HlS(voir par exemple Fig.3.15pour Pr = 1 × 10−4).

De plus, lorsque la première bifurcation est stationnaire (8, 83 × 10−56 Pr 6 1, 63 × 10−2), la branche secondaire qui bifurque est déstabilisée soit par le point de Hopf HlS (Fig. 3.5d) donnant un cycle limite qui conserve la symétrie Sl de la branche (Pr 6 1, 21 × 10−2) ou par le mode Hopf Hw,25S (Fig. 3.5b) qui brise cette symétrie Sl et ini-tie un cycle sans symétries (Pr> 1, 21 × 10−2). Enfin, deux autres croisements des points de bifurcation se produisant sur la branche primaire peuvent influer sur la dynamique des transitions dans la plage intermédiaire de Pr :

• Croisement des points de Hopf HP

c,0et HaPà Pr = 3, 28 × 10−4.

• Croisement des points de Hopf HP

a et Hc,25P à Pr = 1, 44 × 10−2.

Pour conclure, l’analyse de bifurcation des écoulements stationnaires présentée dans cette section a montré qu’il n’y a que deux solutions stationnaires dans le cas de la cavité considérée ici et dans la gamme de Pr étudiée. Il existe cependant de nombreux points de bifurcation de Hopf différents sur ces branches primaires et secondaires, qui peuvent générer différentes solutions oscillatoires (cycles limites). L’étude de ces écoulements oscillatoires sera présentée dans la section suivante.

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