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CHAPITRE 2. Une approche cognitive du TOC

3. B IAIS COGNITIFS : MÉMOIRE ET ATTENTION

3.1. Biais mnésiques

Radomsky et Rachman (1999) ont été parmi les premiers à s’intéresser à l’existence des biais mnésiques dans le TOC. Les études précédentes s’étaient en effet principalement concentrées sur d’autres troubles anxieux (comme l’anxiété généralisée et la phobie sociale, Mathews & MacLeod, 1994). De plus, les études avaient pour la plupart utilisé comme stimuli des mots (positifs, neutres ou négatifs), matériel qui présente l’inconvénient d’être très éloigné des stimuli réels auxquels sont confrontés les patients.

Responsabilité élevée Perception d’un malheur possible Vérification préventive MECANISMES PERPETUATEURS

1) La certitude absolue n’est jamais atteinte

2) Vérifier altère la mémoire 3) Vérifier augmente la probabilité perçue du danger

4) Vérifier augmente responsabilité

Comportement hors contrôle / Mémoire altéreé SIGNIFIE : « je suis anormal » « je me détériore » « je suis un râté « Je dois être particulièrement attentif » Anxiété

Ainsi, en utilisant une tâche basée sur du matériel verbal7, Foa, Amir, Gershuny, Molnar

et Kozak (1997) n’avaient montré aucun biais mnésique chez des participants avec symptômes de lavage. Radomsky et Rachman ont donc tenté d’évaluer les biais mnésiques liés aux symptômes de lavage en utilisant une procédure se rapprochant de situations de la vie quotidienne. Ce paradigme a été présenté à 10 participants TOC laveurs, 10 participants souffrant d’un autre trouble anxieux et 20 étudiants. La tâche consistait tout d’abord à regarder l’examinateur frotter successivement 50 objets soit avec un tissu décrit comme sale (dont on précisait qu’il avait été retrouvé par terre quelque part dans l’hôpital), soit avec un tissu décrit comme propre. On donnait la consigne aux participants de regarder attentivement le comportement de l’examinateur car ils devraient ultérieurement toucher certains de ces objets. Après un délai de 50 minutes, pendant lequel les participants remplissaient l’échelle de mémoire de Wechsler-Révisée (WMS-R - Wechsler, 1987), on leur demandait de rappeler le plus d’objets possible. Ils devaient ensuite approcher chacun des objets et évaluer pour chacun d’eux leur niveau d’anxiété sur une échelle de 0 à 100. Enfin, ils devaient indiquer quels objets avaient été ou non « contaminés », c’est-à-dire frottés avec un chiffon sale. Les résultats ne révèlent pas de différence entre les groupes au niveau du rappel global d’objets, ni aux sous-tests de l’échelle WMS-R, ce qui indique l’absence de déficit mnésique chez les personnes avec symptômes de lavage. Il n’existe pas non plus de différence entre les groupes dans l’identification de la « contamination » (c’est-à-dire identifier quels objets étaient « contaminés »). En revanche, les personnes avec symptômes de lavage se rappellent mieux les objets perçus comme sales que les étudiants ou les patients anxieux. Par ailleurs, les résultats indiquent que tous les participants étaient plus anxieux quand ils devaient toucher les objets sales que lorsqu’ils devaient s’approcher des objets propres. Les individus présentant des symptômes de lavage étaient néanmoins plus anxieux que les participants de contrôle lorsqu’ils devaient toucher tous les objets en général (propres et sales), ce qui pourrait notamment s’expliquer par une sorte de propagation « magique » de la contamination des objets sales aux objets propres. En résumé, cette étude suggère l’existence d’un biais mnésique envers les objets « contaminés » chez des personnes avec symptômes de lavage. Par ailleurs, ce travail ne montre aucun déficit mnésique chez ces individus. Cela pourrait donc confirmer l’idée que les déficits mnésiques ne joueraient pas de rôle dans tous les types de symptômes, et seraient plus spécifiquement liés à la vérification, comme nous le verrons dans le chapitre 3. Les limites

7 Dans la première partie de la tâche, on présente auditivement aux participants des phrases qu’ils doivent

répéter. Dans une deuxième partie, on présente ces mêmes phrases mélangées à d’autres. Toutes les phrases sont accompagnées par un bruit plus ou moins fort. Il a été montré que les participants évaluaient le bruit accompagnant les phrases déjà présentées comme moins fort que les phrases nouvelles, ce qui indiquait une mémorisation des phrases présentées dans la première partie (la compréhension de ces phrases étant moins perturbée par le bruit l’accompagnant). L’hypothèse des auteurs était que les patients avec symptômes de contamination présenteraient un biais envers le matériel lié à la contamination qui se traduirait par le fait que ces individus évalueraient le bruit accompagnant les phrases concernant la contamination comme moins fort que le bruit accompagnant les autres phrases.

de cette étude résident toutefois dans le nombre restreint de participants et dans le choix des groupes de contrôle de participants « anxieux » dont la nature du trouble anxieux n’est pas spécifiée.

Afin de dépasser ces limites méthodologiques, Ceschi, Van der Linden, Dunker, Perroud et Brédart (2003) ont proposé la même procédure à 16 patients TOC avec symptômes de lavage, 16 patients TOC avec symptômes de vérification, 16 phobiques sociaux et 16 individus non anxieux. Contrairement à l’étude de Radomsky et Rachman (1999), les résultats révèlent que les personnes présentant des symptômes de lavage ne se rappellent pas davantage les objets sales que les objets propres. Par contre, en accord avec l’étude de Radomsky et Rachman (1999), ces personnes sont plus anxieuses lorsqu’elles doivent approcher les objets, qu’ils soient propres ou sales, résultat suggérant à nouveau une propagation « magique » de la contamination des objets sales aux objets propres. De plus, les données révèlent que les patients avec symptômes de lavage se rappellent mieux si un objet « contaminé » a été touché par le tissu sale ou le tissu propre. Enfin, les résultats ne mettent pas en évidence de déficit mnésique verbal chez les personnes avec symptômes de lavage, comme suggéré par leurs scores à une tâche de mémoire verbale (« California Verbal Learning Test » - Delis, Kramer, Kaplan, & Ober, 1987). En bref, ces données ne confirment pas le biais mnésique pour les objets « contaminés » décrit par Radomsky et Rachman (1999). Dans l’étude de Ceschi et al., ce biais pourrait cependant s’exprimer d’une manière différente. En effet, le fait que les personnes avec symptômes de lavage rappellent mieux par quel chiffon les objets « contaminés » ont été touchés, semble indiquer un meilleur rappel des informations contextuelles concernant les objets contaminés, même si les objets eux-mêmes ne sont pas mieux rappelés. Pour comprendre les résultats quelque peu contrastés entre les deux études, Ceschi et al. évoquent des différences possibles au niveau des consignes données. Ainsi, ils soulignent que dans la consigne qu’ils ont utilisée (dans laquelle on informait les participants qu’ils devaient être attentifs car on pourrait leur demander par la suite de toucher certains objets), un encodage incident aurait pu être favorisé, alors que les consignes de Radomsky et Rachman, informant les participants qu’on leur demanderait de toucher certains objets par la suite, auraient plutôt encouragé un encodage intentionnel. Si cette hypothèse s’avère correcte, le fait que les participants utilisent des stratégies d’encodage incident pourrait expliquer en partie pourquoi ils parviennent à attribuer l’origine d’un objet « sale » plus facilement que celle d’un objet « propre », sans toutefois se rappeler davantage les objets « sales » que les objets « propres ». En effet, Ceschi et al. postulent que les patients encoderaient de façon incidente les informations contextuelles affectives (« certains objets sont sales ») sans relier cette information avec les autres caractéristiques de l’objet (« cet objet en particulier est sale »), lequel lien nécessiterait un encodage plus approfondi, rendu possible par un encodage intentionnel. D’autres études seront néanmoins nécessaires pour confirmer cette hypothèse. En résumé, l’étude de Ceschi et al. confirme à nouveau l’absence de déficit mnésique chez des individus avec symptômes de lavage et l’existence d’un biais mnésique chez ces individus, qui

s’exprimerait cependant de manière différente que dans l’étude de Radomsky et Rachman.

L’existence de biais mnésique n’a pas été uniquement explorée dans le lavage. Radomsky, Rachman et Hammond (2001) ont en effet étudié l’existence de tels biais chez des patients présentant des symptômes de vérification. Dans cette étude, 11 participants avec symptômes de vérification devaient procéder à une vérification censée provoquer de l’inconfort (vérifier que la cuisinière est bien éteinte). Ils étaient ensuite soumis successivement à deux conditions : dans la condition de haute responsabilité, les participants signaient un contrat dans lequel ils s’engageaient à prendre toutes les responsabilités de la vérification et des conséquences négatives possibles (c’est-à-dire les conséquences négatives qui pourraient survenir dans le cas où les participants oublieraient d’éteindre la cuisinière). Dans la condition de basse responsabilité, au contraire, ils signaient un contrat dans lequel il était certifié que toute la responsabilité incombait à l’expérimentateur, lequel procédait ensuite lui-même à la vérification. Les auteurs étaient par ailleurs intéressés à évaluer le rappel d’informations neutres (ou contextuelles). Pour ce faire, pendant chacune des vérifications, l’examinateur plaçait un stylo de couleur (vert ou violet) sur son col, toussait (ou ne toussait pas), et lisait une liste de quatre chiffres. Après chaque vérification, les participants évaluaient leur sentiment de responsabilité et d’anxiété et complétaient un questionnaire de mémoire et de confiance. Ce questionnaire visait à évaluer le souvenir des aspects menaçants (« combien de fois ai- je touché la cuisinière ? ») et des aspects neutres (« quels étaient les quatre chiffres prononcés par l’expérimentateur ? ») de la vérification. Il permettait également d’évaluer la confiance des participants dans leurs souvenirs sur une échelle de 0 à 100. Une semaine plus tard, les participants visionnaient un enregistrement vidéo des deux vérifications qu’ils avaient réalisées précédemment et complétaient à ce moment-là une nouvelle fois le questionnaire de mémoire et de confiance décrit plus haut. Cette dernière condition était considérée comme une condition sans responsabilité (étant donné que les participants ne faisaient que visionner des vérifications déjà réalisées, dont les éventuelles conséquences négatives auraient déjà dû avoir lieu). Les résultats suggèrent que les participants ont tendance à se rappeler plus d’informations relatives aux aspects menaçants de la vérification que d’informations contextuelles dans la condition de responsabilité élevée. Cet effet est plus faible, mais également présent dans la condition de responsabilité basse. Par contre, ce biais ne se retrouve pas dans la condition sans responsabilité (i.e. le visionnement de la vidéo). Par ailleurs, participants sont moins confiants en condition de responsabilité élevée que dans la condition de responsabilité basse. En somme, c’est lorsqu’ils se sentiraient responsables que les personnes avec symptômes de vérification présenteraient un biais envers les informations menaçantes. Pour expliquer en quoi les biais mnésiques pourraient aider à comprendre les compulsions de vérification, les auteurs postulent que les personnes avec ce type de symptômes se rappelleraient moins des éléments non menaçants, c’est-à-dire des informations contextuelles non émotionnelles (par exemple la couleur du stylo porté par

l’expérimentateur), ce qui induirait un souvenir moins vivace et moins détaillé de la vérification. Leur confiance dans leur souvenir serait alors diminuée, ils commenceraient à douter de leurs actions, ce qui les amènerait à vérifier une nouvelle fois. Par rapport à cette interprétation, une sérieuse limite de l’étude doit cependant être soulevée. Les auteurs comparent en effet le rappel des informations neutres au rappel des informations menaçantes sur un petit groupe de patients TOC uniquement (N=11) sans groupe de contrôle. Or, il se pourrait que, si l’on inclut un groupe contrôle, non seulement le rappel des informations contextuelles mais également le rappel des informations menaçantes soit en réalité inférieur chez les patients TOC que chez des participants tout-venant. Dans ce cas, on pourrait parler de déficit mnésique (voir chapitre 3) plutôt que de biais mnésique. En accord avec l’existence de biais mnésiques dans la vérification, il faut pourtant mentionner qu’une étude réalisée par Constans, Foa, Franklin et Mathews (1995), que nous présenterons plus en détails dans le chapitre 3, a permis de révéler un biais mnésique pour des actions anxiogènes chez des patients avec symptômes de vérification. L’échantillon utilisé dans cette étude était cependant particulièrement restreint. En effet, 12 patients avec symptômes de vérification ont participé à l’étude. De plus, parmi ces 12 patients, 5 patients n’ont pas été pris en compte pour les analyses concernant le caractère anxiogène des actions, car ils avaient évalué toutes les actions comme non anxiogènes. La mise en évidence d’un biais pour les actions anxiogènes s’est donc basée dans cette étude sur les résultats de 7 patients seulement. En somme, alors que la présence d’un biais mnésique chez les personnes avec symptômes de lavage paraît confirmée par plusieurs études, l’existence de ces biais dans la vérification paraît moins certaine, et d’autres travaux menés sur des groupes de patients plus importants et sélectionnant des groupes de contrôle sont nécessaires.

Un dernier type de symptômes, les compulsions et les obsessions d’ordre et de symétrie, a été spécifiquement étudié en lien avec la présence de biais mnésique. Radomsky et Rachman (2004a) ont ainsi sélectionné 25 étudiants présentant un score élevé sur l’échelle de symétrie, ordre et rangement (Radomsky & Rachman, 2004b) et 24 étudiants présentant un score bas sur cette échelle. L’hypothèse des auteurs était que les participants avec un score élevé de symétrie et d’ordre se rappelleraient mieux des objets mal rangés que les autres participants, étant donné que ces objets seraient pertinents par rapport à leurs préoccupations. Dans le paradigme proposé, on informait les participants qu’ils allaient devoir préparer un petit discours de 5 minutes sur un sujet de leur choix, qu’ils devraient ensuite présenter à trois membres de la faculté qui les évalueraient à la fois sur le contenu et le style de leur discours. L’examinateur donnait ensuite 3 minutes de préparation aux participants qui étaient assignés à l’une des deux conditions suivantes : dans la condition « espace organisé », ils étaient conduits dans une pièce qui avait été rangée et mise en ordre, alors que dans la condition « espace désorganisé », la pièce était en désordre. De plus, indépendamment de la condition, quatre groupes d’objets étaient posés sur le rebord de la fenêtre en face du bureau : deux groupes étaient organisés (par exemple des livres rangés par taille ou des crayons classés par couleur dans des boîtes) et

deux étaient désorganisés (des livres empilés au hasard ou des crayons mis au hasard hors des boîtes). Après les 3 minutes de préparation, on demandait aux participants d’écrire la liste de tous les objets qui se trouvaient sur le rebord de la fenêtre. Les données n’indiquent pas de biais pour l’information menaçante, c’est-à-dire que les participants avec un score élevé de symétrie et d’ordre ne rapportent pas plus d’objets « désorganisés » que les autres participants. De plus, l’organisation de l’espace (condition « espace organisé » ou « espace désorganisé ») n’a aucun effet sur le rappel des objets. Les auteurs soulignent que ce résultat pourrait être dû à un effet plancher, vu que le nombre d’objets rappelés était très faible pour tous les participants. Il est également possible que l’attention des participants ait été principalement dirigée vers la préparation du discours et que la procédure mise en place n’ait pas été optimale pour évaluer les biais mnésiques dans la symétrie/ordre. D’autres procédures devront être élaborées pour réexaminer la question.

Outre les différents paradigmes que nous venons de présenter, l’existence de biais mnésiques dans le TOC a également pu être observée à l’aide d’une procédure d’« oubli dirigé ». Par exemple, Wilhelm, McNally, Baer et Florin (1996) ont présenté à 36 patients souffrant de TOC et à 24 participants de contrôle des mots négatifs (par ex. torture, fatal, solitude), positifs (par ex. joie, intelligent, rire) et neutres (mots désignant des objets de la maison, par ex. tapis, table, rideau). Immédiatement après la présentation de chacun des mots, les participants recevaient la consigne soit de mémoriser, soit d’oublier le mot qu’ils venaient de voir. Après l’encodage, les participants étaient soumis à un test de rappel libre et à un test de reconnaissance. Ils devaient également évaluer pour chacun des mots s’il leur semblait positif ou négatif sur une échelle de -3 (très négatif) à +3 (très positif). Les auteurs observent un effet classique d’oubli dirigé, qui amène tous les participants à rappeler davantage de mots « à mémoriser » que de mots « à oublier ». Par ailleurs, le fait de présenter les mots « à oublier » lors de la phase de reconnaissance ne supprime pas l’effet d’ « oubli dirigé », ce qui suggère que cet effet n’est pas la conséquence d’un processus d’inhibition affectant spécifiquement les mots « à oublier » lors de la phase de récupération, mais qu’il serait plutôt lié à un moins bon encodage des mots « à oublier ». De plus, les patients souffrant de TOC ont davantage de difficultés à « oublier » les mots négatifs que les mots positifs ou neutres. Enfin, les patients TOC évaluent plus négativement les mots « à oublier » qu’ils ont néanmoins récupérés que les mots « à oublier » qu’ils ont réellement oubliés. En d’autres termes, plus ils évaluent un mot comme étant négatif, plus les patients TOC ont tendance à le rappeler en dépit de la consigne « à oublier », ce qui indique un biais envers les informations négatives. En résumé, cette étude suggère que les patients TOC ont des difficultés à oublier des informations négatives principalement parce qu’ils encodent ces informations plus profondément que les informations neutres ou positives.

Une étude ultérieure a permis de répliquer les effets trouvés par Wilhelm et ses collaborateurs. Tolin, Hamlin et Foa (2002) ont en effet administré une procédure d’oubli dirigé à 12 patients TOC, 12 patient anxieux et 12 contrôles non anxieux. Ils ont cependant

introduit deux améliorations méthodologiques à la procédure initiale. Ils ont ainsi ajouté un groupe de contrôle de patients anxieux et ont utilisé des mots directement reliés à la problématique du TOC en sélectionnant les mots individuellement pour chaque participant. On demandait ainsi à chaque participant de générer des mots (4 listes de 20 mots) qu’ils considéraient soit comme négatifs et reliés à leur TOC (c’est-à-dire relié à leurs obsessions ou compulsions), soit comme positifs et reliés à leur TOC, soit comme négatifs et non reliés à leur TOC soit enfin, comme positifs et non reliés à leur TOC. Pour aider les participants à générer ces listes de mots, on leur donnait une liste de 466 mots qui avaient été générés par des participants d’une étude pilote. Les données indiquent que les patients TOC ont des difficultés à oublier les mots qui sont reliés à la problématique du TOC et personnellement pertinents, que ces mots soient positifs ou négatifs. Selon les auteurs, ces résultats suggèrent que c’est la pertinence des mots par rapport aux préoccupations personnelles des patients TOC plutôt que leur valence qui importerait. Une limite de cette étude réside toutefois dans le fait que les mots utilisés avaient été sélectionnés par les patients TOC et il n’existait donc pas de mots pertinents par rapport aux préoccupations du groupe d’anxieux. Il n’est donc pas possible de conclure à partir de ces données que la difficulté d’inhibition est spécifique au TOC comparé à des patients anxieux. Une recherche récente entreprise par Bohne, Keuthen, Tuschen-Caffier et Wilhelm (2005) semble néanmoins indiquer que les biais mnésiques pourraient toucher plus spécifiquement le TOC par rapport à d’autres états psychopathologiques comme la trichotillomanie. Ces auteurs ont présenté une procédure d’oubli dirigé à 21 patients avec trichotillomanie, 21 patients TOC et 26 participants contrôles ne présentant aucun trouble. Les stimuli sélectionnés pour la tâche étaient constitués de mots neutres (catégorie de mots concernant la cuisine) et de mots reliés à la trichotillomanie mais évalués par tous les participants comme négatifs (par ex. chauve, incontrôlable). Les auteurs observent un effet d’oubli dirigé, avec un moins bon rappel des mots « à oublier » chez tous les participants. Ils constatent par ailleurs que les patients TOC ne présentent pas l’effet d’oubli dirigé pour les mots négatifs, résultat qui indique un biais mnésique, ce

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