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Pour mener cette étude, nous avons choisi l’enquête par entretien semi-directif. Ces entretiens sont réalisés à partir de questions introductives et de relances afin de laisser la liberté d’approfondir ou réorienter certains sujets. Cet entretien prend la forme de conversation dirigée (dans notre cas à l’aide du questionnaire) lors duquel il est possible d’adapter la forme, l’ordre ou encore le contenu des questions en fonction des réponses des patients. Cette méthode nous a semblé la plus appropriée pour récolter des témoignages détaillés de la part des patients afin de mieux comprendre leurs pratiques quotidiennes et leurs raisons d’agir. Cependant, la liberté offerte par ce type d’entretien implique inévitablement certains biais.

2.1. Biais de sélection

L’échantillon est constitué principalement de patients fidélisés de l’officine, venant tous les mois renouveler leurs ordonnances et donc bien connus par l’équipe officinale. Nous n’avons pas inclus les personnes de passage, ou celles se présentant rarement à l’officine.

d’incommoder certains patients et donc de nuire à l’activité commerciale de l’officine. C’est pourquoi nous nous en sommes remis à notre jugement personnel et à celui du reste de l’équipe officinale pour inviter les patients à participer à notre étude. Cette approche favorise donc la sélection de personnes volontaires, disposant de temps et ouvertes au dialogue. Ceci explique aussi que la grande majorité des patients interrogés étaient des retraités.

Plusieurs patients ont tout de même refusé de participer à l’étude. Les principales raisons avancées étaient un manque de temps, un manque d’intérêt et dans une moindre mesure la crainte d’être jugés. Nous avons aussi constaté que les refus étaient plus nombreux lorsque le recrutement était réalisé par l’étudiant plutôt que le titulaire. En effet, l’enquêteur stagiaire n’a pas toujours été perçu comme un professionnel de santé équivalent au pharmacien car les patients ne le connaissaient pas forcément. C’est pourquoi pour de nombreux entretiens, le recrutement a été réalisé par le titulaire ou l’équipe officinale. Ceci montre l’intérêt de demander un bilan de médication par le médecin. D’une part pour limiter les refus et favoriser le recrutement des patients en difficulté qui échapperaient à la vigilance du pharmacien et d’autre part, pour que le recrutement soit indépendant de la relation que le patient entretient avec le pharmacien.

2.2. Biais liés aux déclarations des patients

Chaque patient, en fonction de sa personnalité et de sa relation avec l’enquêteur, a développé des réponses inégales. Certains étaient très bavards tandis que d’autres avaient des difficultés à se confier. La quantité et la qualité d’informations récoltées dépendaient donc des patients interrogés. Ceci confirme aussi qu’une analyse quantitative des résultats était difficilement réalisable dans notre étude.

De plus, concernant les déclarations des patients, il existe un biais de désirabilité sociale qui consiste à se montrer sous une facette positive lorsque l’on est interrogé. Nous pouvons donc imaginer que certains patients n’ont pas réellement fait part de leurs difficultés lors des entretiens. L’un des moyens d’échapper à ce biais serait de multiplier les entretiens avec des personnes différentes (proches du malade mais aussi personnel soigant amené à observer les pratiques du patient) afin d’avoir des points de vue variés.

2.3. Biais liés aux enquêteurs

L’étude a été menée par deux enquêteurs avec un statut différent : un étudiant ayant validé sa 6ème année officine et ayant déjà travaillé dans cette pharmacie (il était donc connu par les patients) et une étudiante de 6ème année effectuant son stage de fin d’étude, nouvellement arrivée (donc inconnue de la majorité des patients). Le fait d’avoir deux statuts différents a pu influencer le regard du patient envers l’enquêteur.

La technique de l’entretien semi-directif semble la plus appropriée mais elle laisse une place non négligeable à la subjectivité de l’enquêteur qui peut être à l’origine de différents biais. Il peut influencer le patient par ses propres opinions et par son expérience des entretiens précédents. En effet, lorsque l’enquêteur soupçonne un problème spécifique, il peut inconsciemment suggérer au patient des réponses qui vont dans le sens de ses convictions. De même, la formulation des questions ou l’insistance plus ou moins prononcée dans la recherche d’explications peuvent induire des réponses qui vont dans le sens souhaité par l’enquêteur. Il y a aussi le biais de préjugés qui consiste à porter un jugement sur autrui pouvant être le fruit de stéréotypes. Bien que nous ayons essayé de rester neutres et objectifs lors des entretiens, il est fort probable que ces différents biais aient influencé notre interprétation des réponses des patients. De plus, la technique d’entretien sélectionnée oblige une retranscription des dires du patient. Cette dernière a été réalisée après les entretiens, ce qui nécessite une prise de notes rigoureuse lors des entrevues. Or, il est possible que certaines informations aient été perdues lors de la retranscription du fait d’une prise de notes lacunaire et d’un biais de mémorisation. Pour limiter cet effet, il est préférable d’enregistrer les entretiens. C’était notre idée de départ mais lors des essais du questionnaire, la prise de notes nous a semblé suffisante au regard du temps nécessaire à la réécoute des enregistrements.

2.4. Biais liés au lieu de l’étude

Les entretiens se sont déroulés dans deux emplacements différents : au comptoir et dans un espace de confidentialité (bureau fermé). Les entretiens au comptoir ont semblé moins appropriés au dialogue car parfois perturbés par l’activité officinale et par le manque de confidentialité. Dans ce cas, les patients étaient sans doute moins enclins à se confier et à parler librement. L’entretien dans l’espace de confidentialité a semblé plus approprié et plus apprécié par les patients.

3. Analyse des résultats des entretiens