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Notre volonté de départ était de déterminer comment les patients prennent leurs traitements chroniques et de comparer leurs pratiques à un référentiel sur le moment de prise. Pour comprendre la relation qu’entretiennent les patients avec leurs traitements, nous avons réalisé avec eux des entretiens individuels en pharmacie. Pour mesurer l’impact de l’organisation des prises des médicaments, il nous a aussi semblé intéressant d’évaluer les connaissances des patients sur leurs traitements, le degré d’observance, leurs tolérances aux traitements, le respect des règles hygiéno-diététiques relatives à leurs pathologies, leur

surveillance médicale et biologique ainsi que l’existence d’une automédication. Nous avons

évalué tous ces paramètres pour essayer de comprendre les raisons d’un comportement inadéquat du patient et ainsi lui apporter des solutions personnalisées.

Finalement, bien que cela n’ait pas été notre objectif au départ, nos entretiens avec les patients se sont révélés proches des bilans de médication réalisés dans certains pays et proposés dans la loi HPST de Juin 2009.(8) Ces bilans, tels que décrits dans cette loi, consistent en un rendez-vous individuel durant lequel le patient et le pharmacien identifient l’ensemble des médicaments pris par le patient, discutent de la meilleure façon de les prendre ainsi que des problèmes liés à la médication. Le pharmacien évalue l'observance et la tolérance du traitement ainsi que tous les éléments prévus avec le médecin. A l’issue du bilan et en s’appuyant sur les données recueillies au cours de cet entretien, le pharmacien procède à une analyse de prescription et adresse au médecin un avis d’adaptation de la prescription. Ces bilans seraient réalisés par le pharmacien sur prescription médicale rédigée dans le cadre d’un protocole.

Bien qu’attirante, la complexité de cette démarche telle que décrite dans cette loi explique sans doute que peu de pharmaciens et médecins s’y intéressent et rares sont les expériences menées sur le sujet. Pourtant les bilans de médications ont fait leurs preuves à l’étranger, tant sur les bénéfices pour la santé des patients que pour les économies réalisées.(18)(36)(37)

En simplifiant cette démarche, nous avons facilement pu mettre en place des entretiens qui ont permis de décrire un état de connaissance ou un comportement inadéquat pour près de trente-deux patients sur les quarante interrogés. Afin de répondre à ces inadéquations dans leur prise en charge, nous avons proposé à chaque patient de réaliser un

Pour réaliser cette étude, deux outils nous ont semblé indispensables : un questionnaire pour guider les entretiens avec les patients et un référentiel pour déterminer les moments de prise optimaux des médicaments afin de nous aider lors de la construction des plans de prise. Or, nous n’avons trouvé dans la littérature aucun équivalent satisfaisant pour répondre à nos besoins. Nous avons donc décidé de construire ces deux outils.

Concernant le questionnaire, il s’est révélé très pratique et utile lors de nos entretiens avec les patients. En effet, il a permis de mener des entretiens fluides, de n’omettre aucun paramètre à évaluer et de reprendre facilement les informations obtenues sur les patients pour les compiler dans la synthèse des entretiens présentée en annexe III. Cependant, nous nous sommes rendus compte, à la fin de l’étude, que la question des antécédents n’avait pas été traitée directement et qu’elle avait été abordée uniquement lorsque nous demandions aux patients de citer les indications de chacun de leurs traitements. Ceci nous a surtout fait défaut lorsque les traitements étaient mal connus par les patients ou que leurs indications confuses. Il serait donc intéressant d’ajouter une question spécifique sur les antécédents des patients.

Un autre point d’amélioration que nous pourrions apporter au questionnaire, concerne les questions « Est-ce qu’il vous arrive de ne pas prendre vos médicaments ? » et « si “oui“,

pourquoi ? ». Elles devaient permettre d’explorer les différentes causes d’inobservance mais

elles ont souvent été interprétées par les patients comme « Est-ce qu’il vous arrive d’oublier

de prendre vos médicaments ? ». Pour remédier à cela, il suffirait de poser la question sur les

oublis de prise en premier.

En dehors de ces points, le questionnaire s’est révélé simple d’utilisation et nous pensons qu’il pourrait être utilisé par n’importe quel pharmacien souhaitant se lancer dans des entretiens pharmaceutiques –quelle que soit la pathologie du patient-.

L’autre outil nécessaire à notre étude était le référentiel sur les moments de prise. Il devait nous permettre de répondre, à la question « A quel moment de la journée dois-je

prendre ce médicament ? ». Pour cela, le pharmacien n’a généralement que ses connaissances

en pharmacologie et des ouvrages ou sites de référence tels que le VIDAL ou la Banque Claude Bernard. Mais, l’information sur le moment de prise n’est pas toujours disponible.

Nous avons donc cherché un ouvrage synthétique permettant d’obtenir le moment de prise optimal d’un médicament pour la pratique courante à l’officine. Mais nous n’avons trouvé que peu d’ouvrages complets sur le sujet. Le dictionnaire de dispensation des

médicaments (DDM) du moniteur,(38) conçu pour le comptoir, reprend de façon synthétique pour chaque spécialité des éléments visant à faciliter la dispensation.Il nous a paru incomplet principalement du fait du manque de références citées pour justifier les informations écrites.

Nous avons donc décidé de réaliser notre propre répertoire dédié aux moments de prise des médicaments. Un répertoire qui référencerait à la fois les données des RCP et celles de la littérature scientifique pour plus de crédibilité par rapport au DDM (qui ne cite pas de source) et pour permettre au lecteur intéressé d’approfondir ses recherches.

Nous avons aussi estimé que pour être utile, ce répertoire devait contenir suffisamment de références de médicaments et être présenté sous forme de tableaux organisés par classe médicamenteuse pour une lecture rapide. Nous avons ainsi proposé un moment de prise pour près de trois cents DCI en nous appuyant sur plus de quatre-vingts références bibliographiques.