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CHAPITRE 1 ÉTAT DE L‟ART SUR LA PRÉSENTATION DES EXPRESSIONS

1.3 Les besoins des utilisateurs

La réalisation d‟un logiciel ou d‟un système informatique doit généralement être centrée sur l‟utilisateur. Elle doit répondre à ses besoins, avoir une bonne connaissance de ses attentes et prendre en considération ses critiques. Cependant, l‟évaluation des besoins des utilisateurs n‟est pas une phase facile. En effet, celle-ci dépend directement du questionnaire, et de la

méthode suivie pour récolter les informations et les interpréter. Dans notre cas, plusieurs variables sont prises en compte pour établir des questions homogènes, classifiées, couvrant la totalité du sujet et tous les cas possibles. Les réponses à ces questions doivent être récoltées dans un cadre statistique qui facilite l‟interprétation des résultats. Ainsi, les questionnaires doivent être bien identifiés et bien clairs afin d‟éviter les questions non pertinentes. Mis à part, les questions posées durant l‟évaluation des besoins des utilisateurs, nous tenons compte de l‟utilité de l‟observation de l‟utilisateur dans son milieu de travail ou bien à l‟école (la façon dont il réagit devant un système informatique, un document braille, une équation mathématique, etc.).

Dans cette section, nous présentons et analysons les résultats obtenus dans des études précédentes (Archambault et Burger, 2002; Casson, 2005; Garlini et Fogarolo, 2003; Podevin, 2002). Dans ces études, les observations des étudiants et personnes non-voyantes se centraient sur les habitudes, les difficultés et la manière dont ils agissaient pour accéder aux données.

Dans Lambda13 (Linear Access to Mathematic for Braille Device and Audio-synthesis) l‟évaluation a été menée dans six pays : Italie, Royaume Unis, France, Espagne, Grèce et Russie. Les questionnaires ont été adressés aux étudiants aveugles (niveau universitaire dans la plupart des cas) et leurs enseignants (Garlini et Fogarolo, 2003). Au sein du projet MICOLE14 (Multimodal Collaboration Environment for inclusion of Visually Impaired

Children), les évaluations des besoins sont réalisées par le biais d‟entretiens et d‟observations

des élèves ayant des déficiences visuelles et de leurs professeurs de mathématiques (Casson, 2005). Cependant dans VICKIE15 (Visually Impaired Children Kit for Inclusive Education), les systèmes existants ont été tout d‟abord analysés, ensuite trois types d‟utilisateurs ont été observés : les étudiants non-voyants qui étaient dans leurs classes utilisaient leurs matériels spécialisés, les professeurs qui préparaient les documents adaptés aux non-voyants ainsi que les utilisateurs professionnels qui préparent les matériels éducatifs pour les déficients visuels.

13 Le projet Lambda : http://www.lambdaproject.org/. Consulté le 4/4/2009. 14 Le projet MICOLE : http://micole.cs.uta.fi/. Consulté le 4/4/2009.

L‟objectif principal de ces études était de collecter des informations précises sur les utilisateurs, leurs environnements, les expériences des enseignants ainsi que les besoins des étudiants selon eux-mêmes et selon les évaluateurs qui les observaient en train de manipuler les expressions mathématiques. Les observations et les tests ont été réalisés sur la base de deux hypothèses principales:

chez les étudiants déficients visuels, étudier les mathématiques est plus difficile que chez les voyants, mais cela n‟est pas impossible;

les avantages des nouvelles technologies peuvent amener l‟étudiant non-voyant à une autonomie presque complète même si les résultats actuels sont trop modestes.

Les participants confirmaient que le calcul mental n‟est pas un problème pour les opérations simples ni pour les opérations qui ne demandent pas de précisions. Dans tous les cas, les non- voyants ne considèrent pas le calcul comme un problème majeur. D‟ailleurs, les observateurs ont noté que la calculatrice parlante était l‟outil le plus utilisé pour aider les aveugles à effectuer leurs calculs. Cependant, le braille était le plus populaire et le plus adapté pour les aveugles, mais il n‟était pas adopté partout : la plupart des Italiens et des Français questionnés utilisaient principalement l‟ordinateur (synthèse vocale et clavier traditionnel). Pour l‟écriture, plus que la moitié des étudiants utilisent des outils électroniques pour rédiger des documents mathématiques.

L‟analyse des données récoltées a relevé un problème sérieux : la plupart des répondants ne connaissait pas le braille à 8 picots (braille informatique). La majorité des étudiants avait l‟opportunité d‟utiliser l‟ordinateur pour faire des travaux scolaires. Mais un nombre minimal d‟étudiants utilisait ce moyen pour accéder aux mathématiques à cause des limitations des méthodes développées. En effet, juste 7% des utilisateurs questionnés étaient satisfaits du logiciel utilisé pour accéder aux mathématiques.

Les utilisateurs ont spécifié des caractéristiques majeures pour ce genre de logiciel à considérer lors de la conception d‟un futur projet. Les besoins des utilisateurs et les caractéristiques du système peuvent être résumés par :

la simplicité (le système utilise seulement des commandes adaptées aux utilisateurs non- voyants et faciles à mémoriser);

le système n‟exige pas une longue phase d‟apprentissage (un système simple n‟exige pas une phase d‟apprentissage compliquée);

le logiciel doit permettre la lecture et l‟écriture facilement et rapidement (les utilisateurs désirent un logiciel permettant de lire et éditer les expressions mathématiques et surtout un logiciel permettant la réduction du temps pour comprendre ou manipuler une expression mathématique);

la compatibilité (le système doit accepter les formats des fichiers manipulés par les voyants tels que MathML, LaTeX, etc.);

l‟utilisation du braille et de la parole (la plupart des participants aux études sont des étudiants qui fréquentaient des écoles spécialisées pour aveugles et qui connaissaient le braille);

l‟utilisation des messages « feedback » (pour corriger et diriger l‟utilisateur durant la réalisation de sa tâche);

la navigation au sein d‟un document mathématique et de l‟expression elle-même (l‟utilisateur a besoin de manipuler l‟expression et de pouvoir accéder aux termes voulus facilement);

la conversion automatique des expressions mathématiques entre les différentes formes de présentations (les étudiants et les professeurs ont manifesté un intérêt pour les outils qui leur permettent de s‟échanger les données sans difficulté);

le système doit accepter les nouvelles technologies (médias, techniques, etc.) pour développer des mécanismes intelligents adaptés aux non-voyants ainsi que réduire la complexité de l‟interaction de l‟utilisateur avec la machine;

la nécessité des médias spéciaux pour la lecture et l‟écriture (c.-à-d. des imprimantes TIGER, des médias d‟affichage rafraîchissable, etc.);

le système doit réduire le temps de la manipulation des expressions mathématiques et simplifier la tâche de l‟utilisateur;

et finalement, le logiciel doit s‟adapter aux besoins de l‟utilisateur (il se configure selon les préférences et le contexte de l‟utilisateur) pour éviter à l‟utilisateur de s‟adapter à un outil non conçu pour lui (actuellement, c‟est lui qui s‟adapte aux outils).

L‟analyse de ces études nous a permis de mettre en évidence les attentes et les besoins des utilisateurs visuellement déficients et, de ce fait, les fonctionnalités qui leur seraient utiles pour un futur logiciel permettant un accès aux mathématiques.

Après avoir exploré les besoins des utilisateurs, nous présentons les approches utilisées pour présenter les expressions mathématiques aux non-voyants. Nous décrivons, également, les avantages et les inconvénients de chaque approche et le contexte de leur utilisation.

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