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La BELEC, une épreuve fortement corrélée

II) ANALYSE DES RESULTATS

1.2. La BELEC, une épreuve fortement corrélée

La BELEC est l’épreuve la plus corrélée aux autres. Elle apparaît particulièrement corrélée à l’épreuve ORG (orthographe grammaticale). Comme nous le verrons par la suite, les capacités qu’elle évalue interviennent aussi significativement sur l’apprentissage implicite que sur l’apprentissage explicite de noms propres. Il nous a donc paru important de nous arrêter plus en détail sur l’analyse de cette épreuve et d’essayer d’en cerner les spécificités par rapport aux autres épreuves évaluant l’orthographe, que ce soit MOTS, LOBROT ou ORG.

La Batterie d’Evaluation du Langage Ecrit (BELEC) se compose, d’une part, d’épreuves concernant le langage écrit et, d’autre part, d’épreuves destinées à évaluer les habiletés métalinguistiques. Dans notre étude, nous nous sommes intéressées uniquement à l’épreuve ORTHO 3. Cette dernière évalue l’orthographe d’usage et la maîtrise du code phono-graphémique au moyen de 36 phrases à trous qu’il faut compléter lors d’une dictée. Les participants doivent produire le mot énoncé en tenant compte du contexte, lié aux autres mots de la phrase.

Cette épreuve de la BELEC présente plusieurs similitudes mais aussi des différences avec les autres épreuves d’orthographe (LOBROT, MOTS et ORG).

1.2.1. ORG (épreuve d’orthographe grammaticale)

Il s’agit d’orthographier correctement des noms, des verbes ou encore des adjectifs en complétant des phrases par la reconnaissance parmi 2 ou 3 items proposés, de la forme normée. Cette épreuve, qui évalue le niveau des connaissances en morphologie flexionnelle, est complexe car elle cible les difficultés orthographiques qui sont à l’origine des fautes les plus courantes, y compris, parfois, chez les scripteurs habiles. La particularité de la morphologie flexionnelle est qu’elle a rarement de correspondants phonologiques (Fayol, 2003b).

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Dans cette épreuve, les difficultés sont inégalement réparties et présentées de manière non aléatoire (par exemple, les accords de participes passés sont plutôt concentrés sur la fin de l’épreuve). Par conséquent, compte tenu du fait que nous avons imposé un temps de réalisation (ce qui signifie que tous les items n’ont pu être produits par l’ensemble des élèves), nous n’avons pas pu réaliser d’analyse quantitative de cette épreuve. Nous pouvons, en revanche, faire plusieurs remarques concernant l’analyse qualitative des résultats.

Les erreurs relevées chez nos participants consistent en des omissions (absence de la marque du pluriel) ou des substitutions (confusion dans la marque du pluriel selon la nature du mot). Celles-ci ont plusieurs causes. Elles peuvent être dues à l’homophonie. Elles concernent alors essentiellement les verbes avec homophone nominal ou adjectival, (item 18 : les enfants « timbrent » vs « timbres » leurs lettres) ainsi que les adjectifs avec homophone verbal. Les erreurs ont également trait à l’accord du participe passé (item 31 : ils ont « installé » vs « installés »). La fonction épithète de l’adjectif, le sujet postposé et la présence d’un pronom pluriel devant le verbe sont également sources d’erreurs (item 23 : il les « porte » vs « portes/ portent »). Enfin, elles peuvent être relatives au temps des verbes (futur, conditionnel) ou à leur mode (infinitif, impératif). L’accord des noms (avec ou sans homophone) est, en revanche, plutôt bien réussi.

Cette épreuve apparaît fortement corrélée à celle de la BELEC. Elle présente d’ailleurs avec elle un certain nombre de points communs :

 Dans les deux épreuves, le contexte est pris en compte : en effet, dans les deux cas, il s’agit de phrases à compléter. L’observation de la position du mot dans la phrase, sa nature, sa fonction et son acception sont nécessaires pour orthographier correctement le mot ou pour choisir la forme correcte.

 Bien que la BELEC soit une épreuve destinée à évaluer l’orthographe d’usage, elle comporte quelques items dont la maîtrise exige également des compétences morphologiques. Comme dans ORG, certains items font ainsi référence à des homophones (« comprimés », « étain ») et d’autres obligent à un accord en nombre.

En revanche, les deux épreuves présentent des dissemblances en ce qui concerne le mode opératoire. Ainsi, dans la BELEC, il s’agit d’une dictée de mots au sein de phrases lacunaires. Les mots sont activés par le biais d’une entrée auditive. Dans ORG, néanmoins, la modalité d’entrée est visuelle et la réponse relève de la décision grammaticale.

1.2.2. L’épreuve MOTS

L’épreuve « MOTS», extraite de l’ODEDYS, est constituée d’une dictée de mots réguliers, irréguliers et de logatomes, destinée à tester les différentes voies utilisées dans le processus de transcription. La transcription des mots réguliers ainsi que des logatomes n’a posé aucun problème aux participants. Les taux de réussite respectifs de 98% et 96% révèlent la saturation de ces épreuves, trop simples, pour des élèves de 1ère. Nous n’avons, pour cette raison, gardé dans notre étude que le score de

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90% concernant les mots irréguliers. Ce score est, lui aussi, proche de la saturation. Les mots irréguliers relativement fréquents n’ont pas vraiment posé de problèmes aux participants. Seul le mot « galop », peut-être moins connu, a représenté une difficulté. Cette épreuve révèle donc que les différentes voies d’assemblage et d’adressage sont maîtrisées. En revanche, elle ne permet pas vraiment de tester le stock orthographique, contrairement à la BELEC.

1.2.3. L’épreuve du LOBROT

C’est une épreuve de décision lexicale. Elle comporte 36 phrases à lire et à compléter avec le mot le plus plausible, parmi une liste de 5 mots proposés pour chaque item. Cette épreuve, comme l’épreuve d’orthographe grammaticale (ORG), teste le décodage et la compréhension écrite. Certains items comportent des homophones (item 4 : « mer vs mère ») et des mots phonologiquement proches (item 28 : « grade vs garde »). Cependant, contrairement à cette dernière épreuve, le participant n’a pas à produire d’accords. Il ne s’agit pas non plus, contrairement à l’épreuve de la BELEC, d’une épreuve de production qui testerait le stock orthographique du participant. C’est plutôt le stock passif de vocabulaire qui est testé. Cette épreuve n’a occasionné aucune difficulté particulière aux participants. Le seul item pour lequel des erreurs sont apparues est l’item 24 pour lequel il fallait choisir entre « godasse, tanche, perche, carpe et truite ». Les noms des divers poissons n’étant pas toujours bien connus, le caractère intrusif du mot « godasse », parmi cette série, n’a peut être pas toujours été bien repéré. De plus, le sens général de la phrase n’a peut être pas non plus été bien perçu. Nous avons chronométré cette épreuve. Le faible taux de réussite de certains items s’explique parfois par leur absence de traitement par certains participants, faute de temps suffisant. D’autres, enfin, comportent plus d’erreurs du fait de leur situation en fin de liste. On relève également quelques erreurs concernant les mots sémantiquement proches (« cris/bruits », « rails/routes », « jonquilles/feuilles ») ainsi qu’une méconnaissance de certains mots (exemple : « vanité, bonté » confondus avec « curiosité »). Cela révèle des lacunes et une certaine approximation en ce qui concerne le vocabulaire. On note enfin des erreurs concernant les mots phonologiquement proches (« garde/grade », « flacon/flocon ») Cela peut aussi traduire des erreurs de lecture et/ou d’attention (« paravent/parasol »).