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Analyse des productions au niveau lexical

II) ANALYSE DES RESULTATS

2.1. Analyse des productions au niveau lexical

Nous avons d’abord mis en relation la fréquence moyenne de chaque mot avec les performances obtenues par l’ensemble des élèves dans la production orthographique de ces mêmes mots.

La fréquence moyenne de ces 40 mots (MR40) est de 6042.

 8/40 soit 20% des mots ont une fréquence située entre 5000 et 7000. Par rapport à l’ensemble des mots, ils ont donc une fréquence située autour de la moyenne (MF).

 16/40 soit 40% ont une fréquence supérieure à 7000. Ces mots ont donc, par rapport aux autres, une fréquence plutôt élevée (HF).

 16/40 soit 40% ont une fréquence moyenne inférieure à 5000. Ces mots ont donc plutôt une basse fréquence (BF) par rapport aux autres.

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En 1ère production le taux de réussite moyen des mots se situe autour de 57%. On aurait pu s’attendre, en comparant entre eux les taux de réussite des mots en 1ère

production, à ce que les mots de haute fréquence soient mieux orthographiés que les mots de basse fréquence. Or, il n’en est rien. Les mots BF ne sont pas toujours moins bien transcrits. En effet, 56% des mots BF sont caractérisés par un taux de réussite supérieur à la moyenne tandis que seulement 44% des mots HF sont orthographiés avec un taux de réussite supérieur à la moyenne. Cela signifie que, dans notre étude qui porte sur l’apprentissage de mots très particuliers (essentiellement des noms propres d’origines diverses), la fréquence moyenne du mot n’influe pas de manière déterminante sur la production orthographique.

2.1.2. L’effet de longueur

Nous avons ensuite cherché à comparer la longueur des mots (en comparant le nombre de bigrammes de chacun) avec ces mêmes taux de réussite. Les résultats sont alors très différents. Les performances obtenues dans l’orthographe des mots contenant jusqu’à 5 bigrammes sont toutes supérieures à la moyenne, quelle que soit la fréquence du mot (BF, MF ou HF). Au-delà de 6 bigrammes, en revanche, les résultats obtenus sont répartis de manière plus variable de part et d’autre de la moyenne. En effet, une majorité (66%) se situe en deçà de la moyenne du taux de réussite contre 34% au niveau ou au-delà de cette même moyenne.

La longueur du mot semble donc être un déterminant significatif de la difficulté à orthographier. Ces données concordent avec celles de la littérature. Foulin (1997) observe une diminution des

56% 63%

44% 44%

37%

56%

TR mots BF TR mots MF TR mots HF

Taux de réussite selon fréquence des mots

> ou =M < M

66% de mots courts 34% de mots

longs

Répartition mots courts/mots longs dont le taux de réussite est supérieur à la moyenne

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performances avec l’augmentation du nombre des phonèmes. Lété, Peereman et coll. (2008) formulent l’hypothèse selon laquelle la longueur du mot influencerait la procédure utilisée par l’individu pour orthographier. La procédure lexicale de récupération de la forme orthographique serait appliquée aux mots courts tandis que la procédure infra-lexicale serait plus souvent appliquée aux mots plurisyllabiques.

2.1.3. L’effet du nombre d’expositions

Au sein de notre protocole, certains mots ont fait l’objet d’une seconde présentation (également évaluée) dans des ensembles documentaires différents. Nous avons nommé « 2ème PROD » cette seconde évaluation, réalisée à distance de la première. Les 12 mots repris (composés de 4 à 8 bigrammes, appartenant aux différentes fréquences et évalués dans cette 2ème PROD) ont alors été, à 92%, mieux transcrits que lors de la « 1ère PROD ».

Dans la production orthographique de ces mots, toutes les configurations existent :

 5 continuent d’être correctement orthographiés, avec un taux de réussite supérieur à la moyenne dans les deux situations, 1ère et 2ème PROD (Pékin, Belzec, Dachau, Himmler et Nuremberg). Ces mots sont assez réguliers, la correspondance phonie-graphie domine. Pékin représente un cas particulier avec 100% d’orthographe correcte, et ce de manière stable quelles que soient les productions. Dans ce cas précis, il semblerait que la connaissance antérieure du mot ait influencé largement sa production orthographique.

 3 ont particulièrement bénéficié d’une exposition redoublée ; alors que leur taux de réussite était inférieur à la moyenne lors de la 1ère production, il est devenu supérieur, marquant ainsi une forte influence du nombre de présentations (Chelmno, Beijing et Guangzhou). Leur traitement

0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% tau x d e r é u ssi te 12 mots repris

Taux de réussite pour les 12 mots repris

TR 1ère prod TR 2ème prod

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phonologique est au début plutôt difficile, mais leur présentation répétée facilite leur mémorisation.

 3 sont échoués dans les deux situations, leur taux de réussite est toujours inférieur à la moyenne (Shanghaï, Auschwitz, Reichstag). Ces mots sont longs et opaques. Notons cependant un progrès entre la 1ère et la 2ème production. Ces mots auraient sans doute besoin d’un apprentissage explicite, centré sur les difficultés qu’ils comportent. Nous développerons ce point ultérieurement lorsque nous analyserons précisément les bigrammes qui posent problème.

 1 seul mot présente un taux de réussite atypique, d’abord supérieur à la moyenne puis inférieur (Yangzi). La diminution de la performance orthographique est d’ailleurs persistante quelle que soit la modalité d’apprentissage, il s’agirait d’un mot « résistant ». Une explication serait l’absence de correspondance phonème-graphème, « yangzi » se prononçant /jãgse/.

Les résultats de cette étude confirment donc l’effet, développé dans la littérature, du nombre d’expositions sur l’orthographe des mots.

2.1.4. L’utilité de l’apprentissage explicite

Les participants ont ensuite réalisé une épreuve finale de dictée. Ils avaient été avertis qu’ils seraient évalués sur leur connaissance orthographique des noms propres étudiés. Ils ont donc été placés en position de les apprendre explicitement. Cet apprentissage a entraîné des progrès, comme l’attestent le pourcentage de réussite (64%) supérieur à celui qui avait été obtenu en condition implicite (57%), ou encore le nombre de participants ayant un score au moins égal au score en implicite (n = 30, soit 70%).

2.2. Analyse des productions au niveau infra-lexical