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architecture d'un modèle

1. De la basilique à l'église évolution

de l'usage et de la forme

a. L'assemblée des fidèles signification du culte chrétien.

L

’Église, c'est au sens premier

l'assemblée des fidèles, l'église étant, par extension, le lieu de leur réunion. Le terme, avec une majuscule, désigne l'institution divine, fondée par le Christ selon Matthieu 16-18 : « Tu es Petrus », « Pierre tu es pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église ». Durant sa vie publique, de trente à trente-trois ans, son enseignement rapporté dans les quatre évangiles canoniques (appelés synoptiques*) des disciples Matthieu, Marc, Luc et Jean

ainsi que par la Tradition*, constitue le dogme* que l’Église a charge de professer, protéger et défendre, pour le Salut des âmes. Le dogme donne à croire les Mystères*, éléments de la Vérité révélée, impossibles à saisir entièrement pour l'homme, tels que la Trinité (un Dieu trine composées de personnes distinctes, le Père, le Fils et l'Esprit saint et cependant consubstantielles, de même substance), l'Incarnation (Dieu le Fils, Verbe incarné, immortel et omnipotent, être infini qui s'est fait Homme sensible et mortel), la Rédemption (le rachat des péchés par le sacrifice de la Passion, un autre mystère), en sont les trois principaux. Les sacrements, tous institués également pendant la vie publique de Jésus de Nazareth,

* Du grec syn, « avec, ensemble » et du français optique, « vision, perception », soit « perception générale d'un ensemble ».

** La Tradition constitue sous l'action du Saint-Esprit l'enseignement continu de la Révélation à l’Église, par les apôtres (Tradition apostolique) ou par les Pères de l’Église.

*** Du grec dogma, « croyance, opinion ». Définition des articles de la Foi. **** Du latin mysterium, transparent en français, issu du grec mustêrion, « initié ».

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sont destinés à aider le chrétien dans sa vie sur Terre, à gagner le Ciel au moyen des grâces divines dispensées par ces rituels tangibles de l'action de la Grâce. Afin de les perpétuer après son Ascension (retour du Fils au Père après la Résurrection et la Pentecôte), le Christ donna à ses disciples des pouvoirs particuliers, les Sacrements.

« En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi dans le ciel : et tout ce que vous délierez sur la terre, sera

délié aussi dans le ciel. »

MaTThieu Xviii,18.

Au nombre de sept, les sacrements sont transmis par un, particulier, l'Ordre. Il imprime dans l'âme de la personne consacrée (le prêtre) la marque du Sacerdoce*. La continuité apostolique ainsi assurée forme la hiérarchie de l’Église. Elle a un rôle pastoral** pour maintenir la foi dans le peuple chrétien et garantir son Salut (la béatitude éternelle dans la contemplation de Dieu). La communauté rassemblée pratique le culte selon des formes, des rites spécifiques, que définit la liturgie***. L'élément central de la religion chrétienne et de la liturgie, qui en est donc l'expression sensible, c'est le sacrifice eucharistique****, autrement dit,

* Du latin sacer, sacré.

** Du latin pastor, « pasteur », berger, qui fait paître le troupeau. Par extension, celui qui le conduit. *** Du grec leitourgia, de laos « peuple » et ergon « œuvre », dans le sens d'offrir un « service au peuple ».

**** Du grec eukharistia, « action de grâce ». L'action de grâce est la louange de Dieu et l'expression pour le chrétien de sa gratitude envers Lui.

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la messe*. Il concentre toute la théologie catholique et il faut en comprendre les significations pour mieux appréhender les enjeux architecturaux, artistiques, car ils en déterminent, dans sa pratique ou son « exécution », l'environnement immédiat, lourd de conséquence dans sa compréhension symbolique.

Le Concile de Trente a défini la messe comme le « renouvellement non sanglant du sacrifice du Calvaire » (H.-J.Denziger, Enchiridion p.940, 1854)de la Passion du Christ. Elle perpétue de la sorte le renouvellement pour les croyants de toutes les grâces déversées pour l'humanité pécheresse sur le bois de la Croix. Le cœur de la messe, c'est le miracle eucharistique qui s'opère entre les mains du prêtre. Il correspond à la transsubstantiation

du pain et du vin en Jésus-Christ tout entier : corps, sang, âme et divinité. La transsubstantiation est le miracle à l'origine du changement de substance, soit la « substitution » du pain sans levain en corps du Christ, sans qu'il y ait transformation des accidents**, apparences physiques du pain et du vin. Cela signifie une présence réelle du Verbe incarné dans l'hostie consacrée, et donc présence réelle de Dieu au milieu des fidèles rassemblés, qui s'apprêtent à communier et le recevoir dans leur âme. Or c'est en 1215, au moment du quatrième concile du Latran que le dogme de la transsubstantiation est définit par le pape Innocent III1. Il acte ainsi la prise en compte dans la spiritualité de la société d'alors, de l'importance de l'Incarnation.

* Du latin missa, « envoi », le terme est issu de la formule prononcée par le prêtre à la fin de l'office : « Ite, missa est », « Allez, c'est l'envoi », qui invite les fidèles à réaliser leur mission d'évangélisation.

** Chez Aristote, l'accident d'une entité est une de ses propriétés dont l'absence ne saurait constituer une dénaturation de l'être.

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Afin de marquer cette réalité, la liturgie entreprend dans le canon de la messe, soit au moment de la consécration, qui fait intervenir par les paroles du prêtre (voir encadré) le miracle eucharistique, l'élévation de l'hostie et du calice contenant le sang du Christ afin de les présenter à l'adoration des fidèles.

« Hoc est enim corpus meum » « Car ceci est mon corps », par ces paroles

que le prêtre prononce au moment de la consécration, la substance du pain se change

en corps du Christ. Puis, afin de consacrer le calice, il poursuit: « Hic est enim claix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti »,

« car ceci est le calice de mon sang, celui de l'alliance nouvelle et éternelle, qui sera

répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés. »

leMysTèredela rédeMpTiondanslaliTurGie.

Pour la communauté des chrétiens, la messe remplit quatre objectifs : la fin propitiatoire rend Dieu propice aux prières par l'apaisement du sacrifice de son Fils. La fin latreutique** satisfait à l'adoration de la Trinité. La fin eucharistique fait faire au chrétien son action de grâce. La fin imprétatoire* lui permet de présenter au Père sa demande pour qu'Il lui fasse don de ses grâces2. Nous tenterons d'en déceler, si elles existent, les implications architecturales. Ainsi, toute la Chrétienté, va se développer au sein des paroisses au niveau de la communauté. En effet, elles rythment la vie des pratiquants, sur tous les plans et à toute échelle de temps. Ils sont réunis au long de l'année, pour les grands temps liturgiques, notamment la Noël, nativité du Christ-Sauveur (le Messie*), et la

* Du latin latria, « adorer ». ** Du latin petere, « demander ».

*** De l'hébreu Mashia'h, « l'Oint », l'onction étant le rite des juifs de consécration.

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Pâques célébrant sa résurrection. Au cœur de la famille, l'église de la paroisse est le lieu où est conféré le sacrement du mariage, et le sacrement du baptême, qui marque l'entrée dans la communauté des chrétiens et autorise à prendre part à la célébration eucharistique. Au plus intime, la communion et la confession marquent l'union et la réconciliation de la créature avec le Créateur.

L'église abrite à l'intérieur de ses murs tous ces Mystères et tend, dans son architecture, à en donner le sens. Les Chrétiens qui se rassemblent pour le culte ont besoin d'un espace approprié. Comprendre les transformations successives de ce lieu comme lieu du culte chrétien, les adaptations de l'espace sacré aux évolutions liturgiques, c'est connaître l'origine de sa typologie initiale.

b. La basilique civile romaine, essence d'un modèle.

Ill. TiTre précision.

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L

e plan fondamental est issu de la basilique* civile romaine. La forme n'est pas l'objet de grandes modifications au départ, la signification est évidemment changée, mais le lieu s'y prête mieux que le modèle des temples romains. Après l'émission de l'édit de Milan de 313, l'empereur Constantin cherche à rééquilibrer les moyens donnés pour les célébrations cultuelles des religions et initie une grande campagne de construction de lieux de culte pour les Chrétiens, naturellement moins pourvus sur ce plan que tous les païens de l'Empire. Effectivement, jusqu'alors persécutés, les disciples de ce Jésus de Nazareth, évangélisés par les missions apostoliques, ne pouvaient se réunir que prudemment, dans des endroits discrets et privés. Lorsque les persécutions cessaient, il était possible laisser transparaître sa foi au grand jour, mais le lieu de culte des paléochrétiens restait domestique. La « maison des chrétiens » à Doura-Europos, en actuelle Syrie constitue un exemple

archéologique célèbre. Mise à jour en 1931, les fouilles de cette habitation révèlent au rez-de-chaussée ce qui était très probablement un baptistère et une salle destinée à l'accueil de l'assemblée, la vie domestique se développant à l'étage.

Cette nécessité de camouflage devient obsolète lorsque Constantin opère le revirement de Rome, initié par Dioclétien dès 311, à l'égard de la nouvelle religion. Les progrès du Christianisme dans la population, s'effectuant par un phénomène trans-courant, dépassant les frontières sociales des différentes classes, forment le facteur déterminant de cette politique nouvelle. Ce sont même les élites qui sont les plus sensibles et qui comptent le plus de convertis malgré la forte résistance du sénat3.

Le Christianisme offrait à la société romaine les réponses aux aspirations spirituelles de ses membres, dans le contexte crépusculaire de l'Empire. Cependant, la Rome éternelle jouissait

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encore de son prestige pluriséculaire et par l'apostolat bien ciblé de saint Pierre et saint Paul, capitale impériale, elle constituait un « choix » de premier ordre « comme centre du nouveau culte4 ». La

religion nouvelle a favorisé son expansion par une organisation efficace et une cohérence assurée par la « succession sans discontinuité des papes ».

Une fois le Christianisme protégé, l’Église implantée, Constantin fut ce maître d'ouvrage très investi pour l'architecture religieuse. Dirigeant son administration, il programma donc ce développement des lieux de culte chrétien, par rapport aux païens, à Rome et en Palestine – où les hauts lieux de la vie du Christ devaient être sacralisés –,

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suivant les principes architecturaux élaborés par ses architectes. De ses édifices de l'antiquité, le christianisme distingue principalement le baptistère, la basilique et le mausolée5. L'importance

du baptême nécessitait une construction à part – notamment et symboliquement parce que les catéchumènes n'assistent alors pas encore à la célébration eucharistique –, calquée sur les temples et mausolées pour son plan centré, généralement surmonté d'une coupole surélevée par un tambour ajouré par des ouvertures.

Ce sont même parfois à l'origine des mausolées changés de destination. Ceux-ci, accueillant traditionnellement les sépultures des empereurs et hauts dignitaires vont conserver leur usage funéraire, dans une signification devenue chrétienne. En effet, ces édifices mortuaires, désormais reliés à des basiliques, vont être remodelés afin de les doter d'un double jeu de colonnades, deux fois douze colonnes,

comme il y a les douze prophètes de l'Ancien Testament et les douze apôtres du Second6.

Pour l'édifice majeur, rassemblant les fidèles, la basilique civile sera ainsi réadaptée. Dans les cultes du paganisme latin, seuls les prêtres ont accès au sanctuaire qui leur est réservé et la foule célébrante reste à l'extérieur. Le christianisme associe à l'inverse activement les fidèles qui communient par le Sacrement eucharistique. C'est donc là que la révolution s'opère, par l'accueil des croyants dans le sanctuaire. La basilique civile est un édifice central dans cette société. Elle abrite les activités commerciales, financières et judiciaires et doit recevoir grand nombre d'individus. La typologie est donc appropriée à la fonction de l'église, de simples aménagements suffisaient à rendre la basilique propre aux cérémonies du culte. L'abside, devenue circulaire et à cul-de-four au cours du Ier siècle, après avoir reçu le siège de la justice,

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recevait l'autel*, en s'agrémentant nécessairement d'un décor – matériaux de qualité, marbre des colonnes et chapiteaux, mosaïques – propice au déroulement liturgique7,tandis que les

nefs conservaient leur fonction d'accueil des civils devenus fidèles. La couverture en charpente de bois maintenait une épaisseur de murs porteurs raisonnable et impliquait un faible coût, notamment par la facilité de mise en œuvre8. Ainsi,

la construction de nouvelles basiliques à des fins religieuses pouvait se développer sans trop de complexité. Il ne faut pas néanmoins se méprendre quant au terme basilique. Nous l'employons ici dans son sens de typologie architecturale. Effectivement, plus tard, une basilique, en tant qu'édifice religieux propre, aura une fonction reliquaire ou mortuaire, sans destination à célébration eucharistique et donc généralement sans autel. Elle sera construite hors

les murs d'enceinte de la ville antique, la tradition chrétienne d'enterrer les morts auprès de l'église, du sanctuaire n'ayant pas encore succédé à la tradition antique de garder les sépultures en dehors de la cité. L'opposition du sénat romain au christianisme a pu jouer un rôle dans le cantonnement de ses constructions nouvelles à l'extérieur9. Pour l'exemple, Saint-Pierre de Rome est très probablement la première basilique chrétienne (314-329), abritant les reliques du premier pape, apôtre martyr. Les pèlerinages se développèrent assez tôt et les fidèles entreprirent de longs voyages pour aller vénérer les reliques des saints conservées dans ces basiliques.

* Du latin altar, « élévation ».

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c. Le plan basilical, le sens chrétien.

L

'histoire de l'architecture des

églises, dans un sens plus général englobant les abbatiales, chapelles, oratoires, suit par principe l'évolution du type basilical, adapté selon l'esprit des temps et les pratiques liturgiques. Les constructeurs des églises n'ont pas procédé à de simples modifications du modèle initial, ils en ont christianisé la portée, sacralisé le sens.

Ainsi, dès la fin de l'Antiquité tardive et de son développement du programme bâtisseur de Constantin, ont eu lieu les premières transformations significatives. Les catéchumènes qui se préparent au baptême ne peuvent participer à la synaxe* eucharistique et n'assistent qu'à la première partie de la messe, liturgie de la parole, où est fait lecture

des Évangiles. L'adaptation constructive de cette réalité est une réinterprétation d'autres éléments de l'architecture romaine. L'atrium redéfinit la pièce d'habitation des Romains, développée autour du pluvium ouvert, et présente le modèle d'une cour formée d'un carré (souvent double) de portiques. Il s'accole à l'entrée de la basilique-église et préfigure le narthex**, qui aura la fonction d'accueil des catéchumènes. Aux édifices de plus en plus vastes, un autre vaisseau coupe perpendiculairement la nef centrale, juste avant l'abside. Cette croisée de vaisseaux opère un contreventement (stabilisation statique) de la basilique et renforce son équilibre constructif, mais surtout, elle donne au plan la forme d'une croix. Sur le plan technique, afin

* Du grec ancien, « assemblée », culte communautaire des chrétien primitifs.

** Du latin, « baguette », désignant plus tard son étui et par extension, prenant le sens de « boîte ».

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de consolider la structure, les antiques architraves* deviennent des arches et créent des travées dont l'unité servira de système modulaire à toute la structure. L'arche romane en sera une première expression aboutie10.

L'opération des volumes de la nef et du transept, dessine également à l'intersection, de la nef des fidèles d'un côté puis du chœur et de l'abside de l'autre, et de la croisée du transept, un arc triomphal11

dont le sens, hérité des Romains mais désormais appliqué au Seigneur Tout- Puissant, est des plus éloquent. Sous cette arche viendra se placer la trabes doxalis*, tref en français, surmontée le plus souvent d'une figuration du Calvaire : le Christ en Croix, sa Sainte Mère à sa droite et l'« apôtre bien-aimé*» à sa gauche. La

poutre en elle-même est entièrement sculptée de frises contant des scènes vétero- et néo-testamentaires.

L'espace propre des cérémonies religieuses se démarque spatialement. Le long vaisseau s'organise en parties distinctes. Le chœur*, où s'installent sur des stalles de pierre ou de bois les moines, chanoines et choristes, est le lieu de la parole, du chant liturgiques. Placé dans un premier temps sous la croisée du transept, il s'établira plus tardivement dans le chevet, avant l'abside. Celle-ci constitue avec le maître- autel le sanctuaire* véritable. Une clôture protège et abrite ce dernier, en continuité du chœur. Concernant cette partie de l'abside, la présence des reliquaires imposeront encore des ajouts, dont le roman saura entreprendre la remarquable réalisation. Avant cette évolution, la

* Linteaux (épistyle) supportés une colonnade. ** En latin, « poutre de gloire ».

*** Saint Jean, car non marié, il était vierge.

**** Du latin chorus, « chant », du grec khoros, « choeur [de la tragédie] ». ***** Du latin sanctuarium.

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formule de deux absides orientées de part et d'autre du transept, est adoptée pour permettre la disposition d'autres autels. Mais d'abord, progressivement depuis le IVe siècle, la croix du plan s'oriente, c'est-à-dire, se tourne vers l'Est, d'où, d'après l'Apocalypse de saint Jean, le Christ reviendra triomphant au moment de la Parousie*. La conception architecturale est attentive aux impératifs de la religion.

« Je vis ensuite le ciel ouvert ; et voilà un cheval blanc ; celui qui le montait s'appelait

le Fidèle et le Véritable qui juge et combat avec justice […] Il était vêtu d'une robe teinte de sang, et le nom dont on l'appelle est

le Verbe de Dieu. »

apocalypse XiX,11-13.

* Nom biblique donné à la seconde venue glorieuse du Christ Jésus. Du grec ancien parousia, « présence, venue », s'applique à l'origine à propos d'une visite officielle d'un prince.

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d. L'espace de la liturgie, implications architecturales.

L

'aménagement liturgique est

naturellement capital pour la compréhension de l'architecture de l'église. La première des cérémonies liturgiques, la Sainte messe, nécessite l'élément majeur du culte, l'autel. Le christianisme marque la rupture avec le paganisme polythéiste puisque la pierre sacrificielle se déplace à l'intérieur du temple. Les premiers sont en bois, parfois recouverts de plaques d'argent mais très vite on reconnaît au marbre sa noblesse adéquate. Il ne contient initialement aucune relique, se place dans la partie avant de l'abside, et dans le fond, la cathèdre de l'évêque lui fait face. Vraisemblablement, à l'origine, un seul autel occupait le lieu de culte. Cependant aucune prescription

rigoureuse ne l'imposait et les évêques disposaient d'une certaine liberté, ainsi le principe n'est plus respecté dès le VIe siècle. « Il n'y a qu'une eucharistie, qu'un évêque comme il n'y a qu'un autel » est une formule de saint Ignace d'Antioche qui fit longtemps autorité12. L'autel, sur la pierre duquel