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73 Dots payées entiè Comptant

69 ait "este rédige par escript faulte de notaire"

78. Barthes, Roland, Système de la mode, p.169-

79. Maertens, Jean-Thierry, Dans la peau des autres. Essai d'anthropologie des inscriptions vestimentaires. Paris, Aubier Montaigne, 1978, p.37.

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fin

Léonard de Vinci au début du XVI siècle . Une nouvelle forme, plus féminine que le cercle de la paysanne, moins rigide que les formes nobles et bourgeoises, apparaît: c'est l'ovale. Le tissu est fluide comme le vêtement antique et épouse le corps sans toute- fois l'ajuster comme c'était le cas au Moyen Age. Le décolleté est prononcé tel qu'on le voit chez la femme noble.

Le maquillage est bourgeois; dans les portraits étudiés, la femme noble se maquille beaucoup, la paysanne, pas du tout. La femme bourgeoise se maquille légèrement, mais laisse son "regard nu". Le regard nu de La Joconde révèle un pouvoir intérieur lié à la vue, une maturité à la fois éthique et esthétique, spirituelle et sensuel le.

Figure 2 : La Joconde: l'ovale.

La femme au XVI siècle accède, elle aussi, à la vue. Elle peut se voir dominante sur les plans éthique et esthétique sans pour cela être sainte ou déesse. L'image dégagée dans les sources que nous avons utilisées est celle d'une femme davantage réelle et humaine. Un père de famille en Provence au XVIII siècle dira à

80. Vinci, Léonard de, La Joconde dans Huygle, René, Léonard de Vinci, La Joconde: Musée du Louvre. Fribourg, Office du Livre,

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sa fille qui se mariait: "Retiens bien ceci toute ta vie tu seras d'autant plus heureuse, d'au

tu supporteras mieux la contradiction

tu seras d'autant plus heureuse, d'autant plus estimée, que .81

81. De Ribbe, Charles, La vie domestique, ses modèles et ses règles, Paris, 1877, p.82. L'auteur y avait recueilli les textes de plusieurs livres de raison.

CONCLUSION

Notre but était la recherche 3'une dignité, celle de la femme mariée. Cette dignité était pour nous question de distance et de

temps, d'où l'obligation de replacer les choses dans leur contexte. Ce contexte influence des représentations et des pratiques qui s'op- posent; la femme domine esthétiquement et moralement, l'homme profes- sionnellement et économiquement.

Il nous est apparu que la dignité consistait à se voir dominant et dominé à la fois, sujet et objet, actif et passif. Il se peut qu'avec le temps toutefois les champs de domination changent, que la femme domine par exemple dans des domaines nouveaux pour elle. La domination éthique et esthétique comporte toujours, malgré les garan- ties que nous avons décrites dans cette thèse, le danger de la pauvreté. L'indépendance économique toutefois peut faire perdre à la femme sa

liberté intérieure.

Nous sommes donc au coeur d'une contradiction, là où se trouve non seulement la dignité de la femme mais aussi de tout être humain, contra- diction entre l'image et la réalité, entre la foi et la raison, entre

l'admiration et la pitié.

L'égalité de conscience du couple marié, sa sexualité, sont des choses essentielles, cependant très difficiles à cerner à partir de docu- ments historiques. Pourtant nous n'aurions pu trouver meilleure source que le contrat de mariage pour traiter le sujet que nous avions choisi. L'acte notarié est un acte de vie; il marque un moment, un temps donné et futur, il fournit un contexte, il nous renseigne sur des faits d'ordre

religieux et juridique, social et économique. Les gens qui passent un "acte" chez le notaire appartiennent à toutes les classes de la société. Le tableau est vivant et global, il attire la sympathie, qualité exigée de l'historien.

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mariage chez tel habitant d'Aix, entouré de "ses parents et amis" en présence de "moy notaire" était facile à visualiser. L'on peut voir quelles attitudes ont été prises face à un contexte particulier.

Pour l'historien, une telle source non seulement renseigne, mais aussi enseigne; l'étude du contrat de mariage pratiqué à Aix-en-Provence au milieu du XVI siècle nous a permis de voir la femme en action dans un moment capital de son existence. D'autre part, l'apport des portraits analysés nous donnait une image passive de la femme, ce qui pour nous était essentiel à une étude voulant mettre en relief une représentation et une réalité.

Certaines questions cependant sont restées sans réponse. Car nous avons vu la femme au moment où elle contracte mariage, où elle dresse en quelque sorte un plan de vie. Que se passe-t-il par la suite ? Les versements de dot se font-ils tels que prévus ? Dans quelle mesure la femme participe-t-elle aux autres actes que le couple passera ? Que lui lègue-t-on par testament ? Quels sont ses rapports avec ses fils et ses filles ? Est-elle perçue davantage à la fin de sa vie comme ob- jet ou comme sujet ? Que savons-nous des femmes religieuses ?

Une réponse à toutes ces questions exigerait le dépouillement de d'autres types d'actes : testaments, ventes, achats, paiements de dots, contrats d'apprentissage des fils, etc. Les documents existent, ils sont imparfaits, ils le sont tous, mais pourtant riches en informations de toutes sortes.

Un effort pour étudier le passé exige d'essayer de comprendre, avec tout le respect possible, l'intimité d'une conscience collective appar- tenant à un lieu et un temps particulier. Il se peut que les choses changent; l'essence de la dignité restera, selon nous, toujours la même, à savoir une contradiction liée à la vue qui fait que je me vois à la fois et en même temps, sujet et objet. Nous avons pensé que

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l'interrogation sur la dignité n'était pas contemporaine, qu'elle avait existé déjà, et qu'on y avait répondu d'une manière particu-

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