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La femme aixoise, en Provence, au milieu du XVIe siècle : sur la dignité de la femme mariée

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(1)

DEPARTEMENT D'HISTOIRE

D

IX

THESE

PRESENTEE

A L'ECOLE DES GRADUES

DE L'UNIVERSITE LAVAL

POUR L'OBTENTION

DU GRADE MAITRE ES ARTS (M.A.)

PAR

MICHELINE GAULIN

BACHELIERE EN HISTOIRE

DE L'UNIVERSITE DU QUEBEC A RIMOUSKI

LA_FEMME_A!XO!SE

a

_EN_PROVENÇE

a

^

SUR LA DIGNITE DE LA FEMME MARIEE.

(2)

ABREVIATION

A.D.B.R.P. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, dépôt d'Aix-en-Provence.

(3)

I I

TABLE DES MATIERES

CHAPITRE III. Les représentations: la domination.

Le pouvoir de l'objet

Page

ABREV I AT ION i

TABLE DES MAT I ERES i i

B I B L I O G R A P H I E iii

lNTRODUCTI ON

C H A P I T R E I. Le c o n t e x t e : s o l i d a r i t é s et inégalités 12

La source et le notaire dans leur espace-temps

12

Les futurs époux: habitation, occupation, qualité

et dots '8

CHAPITRE II. Les pratiques: la collaboration 32

Les règles sociales d'égalité: l'inceste et

l'endogamie - l'entraide de la famille et de

la parenté - l'§ge tardif au mariage 32

Les pratiques juridiques de réciprocité: la dot:

l'administration et la participation, la

constitu-tion, la restitution et le paiement - l'exclusion,

la légitime et 1'augment - la communauté et la

sé-paration de biens - le don " p r o p t e r n u p t i a s e t

post mortem* '

*»8

62

62

L'image de l'épouse au XVI siècle: une dés idéalisat ion °5

Le pouvoir éthique : le trousseau 68

Le pouvoir esthétique : les "robbes accoustrementz

et joyeaux" 70

CONCLUS I ON 77

TABLE DES TABLEAUX

8o

(4)

111

BIBLIOGRAPHIE

I. SOURCES

A. Manuscri tes

Archives départementales des Bouches-du-RhSne, dépôt d'Aix-en-Provence. 302E827 (1559,1560), 302E828 (1561) notaire Lois Autrany*.

309E7M (1559), 309E7J»3 (1560,1561) notaire Bernardin Borrilli. 306E6i»6 (I56I) notaire Joseph Borrilli.

309E914 (1560), 309E916 (1561) notaire Nicolas Borrilli. 307E645 (1559), 307E647 (1561) notaire Guillaume Brueys.

308E1109 (1559), 308E1110 (1560), 308E1112 (1561) notaire André Chabaud. 308E1199 (I56I) notaire Raymond Chavignot.

309E903 (1559) notaire Jacques Gauthier.

308E1138 (1559), 308E1139 (1559) notaire Pierre Latillis.

308E1157 (1559, 1560), 308E1159 (1560), 308E1160 (1561) notaire Olivier MelIon.

B. Imprimées

Calvin, Jean. Commentaires sur l'Ancien Testament, t.l, Chapitres 29 et 30. Livre de la Genèse. Genève, Labor et Fides, 1961, pp.427-Mr7.

L'Institution chrétienne. Livre II, Chapitre 8: Le septième commandement. Edition nouvelle publiée par la Société Calviniste de France. Genève, Labor et Fides, 1958. pp.112-165.

lonnis Calvini opera quae supersunt omnia. t.X: Les ordonnances ecclésiastiques. Projet d'ordonnances sur le mariage. Ediderunt Guilielmus Baum et alii. New York, Johnson Reprint Corporation, 196^. pp. 33~M.

N'apparaissent dans la bibliographie que les numéros des registres qui nous ont effectivement servi, c'est-à-dire, qui contenaient des contrats de mariage.

(5)

iv

Hefele, Charles-Joseph et Leclerc, Dom.C. Histoire des Conciles. t. X, 1ère partie : Les décrets du Concile de Trente par A.Michel. Paris, Librairie Letouzey et Axé, 1938. pp.506-565.

C. Figurées

tirées de : Sachs, Hannelore. La femme de la Renaissance. Trad. de l'allemand par Rodolphe Savoie. République démocratique allemande, édition Leipzig, 1970. 62p., 112 M l . , planches. (Coll. "L'image de la femme"). Bastiano, Mainardi. Portrait de femme-. Détrempe sur bois de peuplier.

14x33cm. Berlin-Dahlem, Musées d'Etat, Fondation Preussischer Kulturbesitz, Galerie de tableaux,

ill. 51.

Breu, Jbrg (?) La femme à l'oei1 let. Huile sur bois, 1521. 40x30, 5cm.

Innsbruck, Tiroler Landesmuseum Ferdinandeum. i11.87. Brueghel le Vieux, Pieter. Viei1 le paysanne. Bois de chêne. 22xl8cm.

Munich, Alte Pînakotek. ill.10.

Bruyn, Barthel. Demi-figure féminine. Bois de chêne. 1535_1536. 71x9» cm.

Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum. ill.112. Coello, Alonso Sanchez. L'infante Isabel Clara Eugénia. Toile.

1579-116x102cm. Madrid, Museo del Prado, ill.23. Cranach L'Ancien, Lucas. La duchesse Catherine de Mecklembourg. Transposé de bois de tilleul sur toile. 151^.

184x82, 5cm. Dresde, Slaatliche Kunstsammlungen, Galerie de tableaux, ill.6.

Credi, Lorenzo di. Catherine Sforza. Bois. Forli, Pinacoteca. il 1.79.

Les portraits ne sont pas toujours titrés; souvent le titre a été donné par l'auteur du volume à cause du sujet traité ou de la signa-ture qui apparaît derrière le cadre du tableau.

(6)

Eworth, Hans. Lady Dacre. Huile sur bois. 1554-1555. 73.66x57.58cm. Ottawa, National Gallery of Canada, il 1.9-Giorgione. La Vieille. Huile sur toile. 1506-1508. 68x59cm. Venise,

Galleria del 1'Accademia. ill.11.

Gossaert, Jan, appelé Mabuse. Jeune fille avec sphère armillaire. Bois. 37x28cm. Londres, National Gallery. 111*1.

Hemessen, Catherine van. Autoportrai t. Détrempe vernie sur bois de chêne. 1548. 31x25cm. Bâle, Offentliche Kunstsammlung. ill.83.

Hemessen, Jan van. La peseuse d'or. Bois de chêne. 44x31 cm. Berlin-Dahlem, Musées d'Etat, Fondation Preussischer Kulturbesitz, Galerie de tableaux, ill.104. Hemskerch, Maertan van. Anna Codde. Bois. 1529- 84.5x65cm. Amsterdam,

Rijksmuseum. il 1.42.

Inconnu (Ecole de Fontainebleau). Diane de Poi tiers (?).

Détrempe sur bois verni. Deuxième tiers du XVIe siècle. 115x98.5cm. Bâle, Offentliche

Kunstsammlung. ill.108.

Inconnu (Zacharias Wehme ?) Duchesse Anne de Saxe. Toi le.XVIe siècle.

63x50cm. Dresde, Staatliche Kunstsammlungen. Musée historique, i11.76.

Inconnu. La Reine Elisabeth 1ère d'Angleterre (The Cobham Portrait). Bois. Seconde moitié du XVI* siècle. 111.12x

102.62cm.Londres, National Portrait Gallery, ill.78.

Maître des demi-figures. Femme en train d'écrire. 1520-1530. Cracovie, Museum Marodowe, Collection Czartoryski.i11.72. Stimmer, Tobias. Elsbeth Lockmann. Détrempe sur bois de tilleul. 1564.

19.lx 66.5cm. Bâle, Offentliche Kunstsammlung, Musée d'Art, ill.7.

tiré de : Huyghe, René. Léonard de Vinci, La Joconde. Musée du Louvre. Fribourg, Office du Livre, 1974. 60p., ill. (Les chefs d'oeuvre absolus de la pei nture).

Vinci, Léonard de. La Joconde. Huile sur bois de peuplier. 1501-1505. 77x53cm. Paris, Musée du Louvre, p.11.

(7)

vi

tirées de : Terrasse, Charles. Les peintres français de la Renaissance. Musée du Louvre Paris, Ed. Albert Morancé. 27p., 40 pi. (Publications officielles des Musées nationaux de France). Clouet, François. Claude de Beaune, dame de Chateaubrun. Bois.

1563. 31x23cm. Paris, Musée du Louvre, pi.20. Corneille de Lyon. Louise de Rieux, marquise d'Elbeuf. Bois.

1550. 165x125cm. Paris, Musée du Louvre, pi.8. Inconnu (Ecole des Clouet). Abbesse agenouiliée devant son prie-dieu.

Bois. Début XVIe siècle. 8lx40cm. Paris, Musée

du Louvre, pi.25.

Inconnu (Ecole des Clouet). Catherine de Médicis, reine de France. Bois. 1580. 30x25cm. Paris, Musée du Louvre, pi.34. Inconnu (Ecole des Clouet). Charlotte de Roye. Bois. 1557- 30x23cm.

Paris, Musée du Louvre.pl.25.

Inconnu (Ecole des Clouet). Diane de France, duchesse d'Angoulême. Bois. 1568. 32x23cm. Paris, Musée du Louvre, pi.28. Inconnu (Ecole des Clouet). Elisabeth d'Autriche, reine de France.

Bois. 1571. 43.5x 30cm. Paris, Musée du Louvre, pi.30. Inconnu (Ecole des Clouet). Louise de Lorraine, reine de France. Bois.

1580-1585. 31x24cm. Paris, Musée du Louvre, pi.27.

» 7:*

Inconnu (Ecole des Clouet). Marie de Gaignon, dame de Saint-Bohaire. Bois. 1550-1560. Paris, Musée du Louvre, pi.32. II OUVRAGES GENERAUX

Comité français des sciences historiques. Bibliographie annuelle de l'histoire de France du cinquième siècle à 1939. Paris, Editions du Centre national de la recherche scientifique,

1953-1976.

Encyclopédie départementale, Les Bouches-du-Rhône. Marseille, 1920 (t. 111 L'es temps modernes; tome IV Dictionnaire

(8)

vi i

I I I ETUDES A. Générales

Abensour, Léon. La femme et le féminisme avant la Révolution. Paris, Ernest Leroux, 1923. 477p.

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Ariès, Philippe. L'enfant et la vie familiale sous l'Ancien Rég i me. Paris, P l o n C c 1 9 6 0 3 - 503p. ill.

(Civi1isation d'hier et d'aujourd'hui).

Armengaud, André. La famille et l'enfant en France et en Angle-terre du X V Ie au X V I I Ie siècle: aspects

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(9)

viii

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(10)

IX

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(11)

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(12)

xi

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Didier, Noël. "Le texte et la date du statut de Guillaume de Forcalquier sur les filles dotées", Mélanges A. Dumas, Annales de la Faculté de Droit d'Aix, 1950. pp.111-129.

Gouron, André. "Le rôle social des juristes dans les villes méri-dionales au Moyen Age", Annales de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Nice, nos 9~10,1969, pp.55-67.

"Pour une géographie de 1'augment de dot", Congrès franco-suisse. Hist. Droit Gens Mariés, Lausanne,

1966, Mémoire. Société Droit Pays Bourguignons, 1966, fasc.27, pp.113-121.

(13)

xii

Marbot, L'abbé. "La célébration du mariage à Aix aux XVe et

XVIe siècles", Mém. de 1'Académie des Se.

agr. et belles lettres d'Aix. t.17, 1897, p.269 et s.

Poussou, Jean-Pierre. "Expérience aquitaine et méthodologie des contrats de mariage au XVII siècle", Annales du Midi, t.76, (1964), no 66, p.61 et s.

Souverbie, Marie-Thérèse. "La femme de la Renaissance", Aesculape, 1970, a.53, no 4. pp.2-64.

Stouff, Louis. "Les registres de notaires d'Arles (début XIV -1460). Quelques problèmes posés par l'utili-sation des archives notariales", Provence histo-rique, t.XXV, fascicule 100, avril-juin 1975-Archives départementalesdes Bouches-du-Rhône, Marsei1 le.

Yver, Jean. "L'i na1î énabi1î té dotale", Mélange A.Dumas, Annales de la Faculté de Droit d'Aix, nouvelle série, no 43, 1950.

(14)

pp.341-363-xiii

Monnaie et mesures à Aix-en-Provence au XVIe siècle

Monnaie

10 florins = 6 livres tournois.

1 florin = 12 gros = 12 sols tournois = 12 sous Mesures de capacité

1 charge = 1 saumade ou saumée = 10 panaux = 5 émines = 40 civadiers = 1,6316 hl.

1 émine = 2 panaux = 8 civadiers

1 quarton = i de la saumée

Mesures agraires

éminée = espace de terre qu'on sème avec une émine de blé

(15)

INTRODUCTION

Par la "nouvelle histoire" des sentiments, du quotidien et de la vie privée, un privilège est retrouvé: celui de l'émotion. Un livre d'histoire peut être à la fois rigoureux et émouvant.

Cette "nouvelle histoire" s'avère très exigeante, tant par le choix du sujet que par le vocabulaire qui servira à l'exprimer; elle impose un ton, une attitude, elle rend la sympathie

essentiel-le. Aussi avons-nous choisi un sujet proche de nous: la femme. Aussi ne parlerons-nous pas de condition ou de situation de la fem-me, mais de dignité.

La femme au XVI siècle est très dépendante de son père, de son mari, de sa famille et même de ses enfants; tous sont cependant dépendants de quelqu'un. A cette époque difficile, traversée de guerres, de famines, de pestes, une dépendance réciproque devient condition de survie.

2

Cette dépendance nous est apparue se situer au coeur de notre argumentation. Tout se passe en effet comme si la femme ne pouvait plus, aujourd'hui, être aimée pour les valeurs de beauté, de bonté et de service qu'elle a traditionnellement représentées. Ces valeurs étant dépréciées, le féminisme propose à la femme de se valoriser par l'indépendance, de travailler, de gagner de l'argent, de trouver une dignité grâce à une action sur la vie économique.

1. Par "nouvelle histoire", nous entendons ici non l'histoire quanti-tative, mais l'histoire du quotidien, de la vie privée telle que

l'a fait par exemple, Guy Thuillier dans Pour une histoire du quoti-dien au XIXe siècle au Nivernais, Mouton, Ecole des hautes études en

sciences sociales, 1977, 490p. (Civi1isation et sociétés; 55). Notons que les chiffres donnés dans cette thèse doivent être considérés comme des échelles de grandeur sans prétention statistique.

2. Abensour, Léon, La femme et le féminisme avant la Révolution, Paris, E. Ernest Leroux, 1923, p.457. L'auteur écrit que : "Légalement,...

la femme n'est rîen..., qu'elle n'est maîtresse, ni de son corps, ni de ses biens, et toujours son droit s'éclipse devant le droit eminent de l'homme, père, frère ou mari, *.

(16)

Cette nouvelle dignité proposée par le féminisme, si elle présente des avantages, peut comporter aussi un danger: la femme pourrait y perdre sa liberté intérieure. Nous avons pensé que la dépendance au XVI siècle n'était pas nécessairement vue comme une aliénation, que la dignité féminine avait pu être possible d'une manière autre que celle proposée par le féminisme.

Nos recherches ont débuté par des lectures anthropologiques. Plus qu'une évolution ou un changement, l'anthropologue étudie une révolution, un mouvement, souvent à trois temps dans un cercle. Ce temps est circulaire, non linéaire comme chez l'historien. Cette notion du temps anthropologique convenait davantage à la source prin-cipale que nous avions choisie: le contrat de mariage en Provence, au milieu du XVI siècle. Pour déceler une évolution, il aurait fallu en analyser plusieurs centaines et davantage et ce, sur une longue durée. Or, outre qu'une telle étude n'entrait pas dans le cadre d'une maîtrise, ce que nous recherchions n'était pas l'évolution de la fem-me à travers tout le XVI siècle; nous nous demandions plutôt si les termes du contrat de mariage permettaient à la femme de survivre et d'évoluer durant sa vie.

Le temps biologique nous intéressait, le temps d'une vie de femme mariée. S'ajoutait, dans nos documents, un temps généalogique, portant sur trois générations, le père, la jeune femme et les enfants éventuels. Aussi un temps liturgique, temps du calendrier, marqué par des fêtes telles que Pâques, Noël et d'autres, qui constituent

les dates privilégiées par les gens du XVI siècle pour effectuer toutes sortes de paiements, y compris les versements de dot.

Diverses coutumes existaient en effet en Provence et ce, depuis l'Antiquité. Les écrits folkloriques de Seignolle et Bérenger-Féraud nous présentent des coutumes, non datées, qui semblent remonter, selon eux, à la nuit des temps et être communes à toutes les classes; leurs

(17)

descriptions nous font pénétrer dans un univers qui donne à l'his-torien des pistes pour comprendre. Ainsi, la jeune fille proven-çale devait attendre l'époux, se préparer à sa venue, travailler à son trousseau. Elle ne se fait pas une idée de celui qu'elle veut rencontrer mais va "prier à la pierre des épousées" pour qu'il se fasse connaître . Elle guette un signe. Si elle confectionne un gâteau, elle le place sur une des croisées de la maison; le garçon qui le prendra devra laisser en échange son écharpe qu'elle portera à la messe le dimanche suivant s'il est agréé . Enfin, elle dispose du regard pour faire comprendre à un jeune homme qu'il

lui plaît.

Ce dernier doit se faire une image de la femme qu'il aimerait épouser, de ses qualités physiques et morales. S'il la rencontre,

il demande à obtenir "l'entrée" chez ses parents. Des échanges de paroles et de regards sont alors permis durant les veillées. Les parents du jeune homme font ensuite solennellement la demande en

5 mariage .

Des lectures en psychologie, psychanalyse et philosophie nous paraissaient importantes pour éclairer ces pratiques, sans doute chargées de sens, mais que rien ne datait ni n'expliquait. Pour com-prendre de manière plus scientifique comment se faisaient la rencontre et la connaissance de l'autre, nous avons utilisé les travaux d'Edmée Mottini-Coulon. Selon elle, il existe trois modes de compréhension:

3. Seignolle, Claude, Le folklore de la Provence, Paris, Ed. Maisonneuve et Larose, 1963, (Contributions au folklore des Provinces de France, Tome VII), p.136.

4. Bérenger-Féraud, Laurent Jean-Baptiste, Réminiscences populaires de la Provence, Paris, Leroux, 1885, p.183.

(18)

la médiation, le transcendantal et le cogito. La médiation, c'est la connaissance d'un objet, d'une idée, d'un idéal, une connaissance objective, scientifique "par déduction, induction, calcul statistique, référence au modèle ou à la structure" . Or, l'autre est réel, il "n'est pas l'idée que je m'en fais" , d'où déceptions ou surprises. Différent, le mode transcendantal s'inscrit dans la durée, c'est-à-dire dans le partage d'un même espace et d'un même temps. Il s'avère toutefois inefficace à lui seul car l'expérience ainsi vécue n'affleure pas jusqu'à la cons-cience; l'on peut vivre toutesa vie à côté de quelqu'un sans ja-mais vraiment le connaître.

Le cogito procède par intuition; la vérité est au coeur de la personne, comme un enfant dans le ventre de sa mère. Autrui existe donc en moi, la contradiction est en moi. La dépendance est vitale. Or "si autrui est envisagé comme objet-objectif, ce qu'il est d'ailleurs pour la perception externe, quand je l'approche, il s'éloigne... s'il est recherché subjectivement, cette subjectivité chercheuse ne peut être que ce qu'elle est: saisie subjective

direc-o

te" . La mère, en effet, vit en simultanéité avec son enfant, elle guette des signes. Cette connaissance subjective même s'avère à la

longue illusoire car elle est constamment hantée, enceinte. Un terme doit se produire, elle doit s'apprêter à aimer un autre, à la fois semblable et différent, jamais étranger, car "séparé, je ne lui en

g suis que plus attaché" .

6. Mottini-Coulon, Edmée, Essai d'ontologie spécifiquement féminine: vers une philosophie différentielle, Paris: J.U.R.I.N., 1978, (Pro-blèmes et Controverses),

p.27-7. Ibid., p.29. 8. Ibid., p.72.

9- Ibid., p.80. Il est bien entendu que le mot objet utilisé souvent dans notre thèse le sera toujours tel que défini par Edmée Mottinî-Coulon et non au sens d'attrait sexuel comme on l'entend

communé-ment. Il n'y a donc rien de péjoratif attaché au mot objet dans toute notre étude.

(19)

Un lien s'établissait ici pour nous entre ces trois modes de compréhension, subjectif, objectif et transcendantal, et les coutu-mes décrites plus haut. Par ses traditions, la société au XVIe

siè-cle encourageait-elle la femme à une connaissance subjective de son futur époux, l'homme à une connaissance objective ? Le mariage était-il une affectivité partagée dans un même espace et un même temps, une connaissance donc transcendantale ?

La difficulté consisterait pour la femme à devenir capable de voir l'homme aussi comme un objet, et pour l'homme, de voir la fem-me aussi comfem-me un sujet; le couple disposerait alors d'une connais-sance à la fois objective et subjective de lui-même. Cette démarche rendant possible de se voir et de voir l'autre à la fois comme objet et sujet peut-elle se produire très vite, ou avec le temps, sur une

longue durée, par exemple, dans l'espace d'une vie ? L'autre peut-il nous saisir comme objet et sujet si soi-même on ne peut se définir comme tel, si en fait, on n'a pas atteint cette maturité ?

Ce que nous avons vu dans nos documents, c'est que la femme est perçue davantage comme objet, bien que toutes les conditions soient présentes pour qu'elle soit respectée aussi en tant que sujet. Le contrat de mariage en régime dotal est "protecteur et conservateur des droits de la femme, mais en lui aménageant une situation inerte

• ,,10 et passive"

Selon Janine Chasseguet-Smirgel, l'attitude passive de la femme dans ses rapports avec l'homme serait due

10. Lafon, Jacques, Les époux bordelais. Régimes matrimoniaux et muta-tions sociales. 1450-1550» Paris, S.E.V.P.E.N., 1972, (Ecole pratique des Hautes Etudes, VIe section. Centre de recherches historiques.

(20)

p.39-"...à une érotisation très intense, à l'investissement d'un certain "rôle" par rapport au rôle dévolu à l'autre qui se trouve maintenu grâce au plaisir qui lui est lié. Je crois qu'il faut distinguer

tout à fait cet investissement de la posi-tion de dépendance d'autres comportements avec lesquels on risque de les confondre. Ceux-là sont les fruits d'une inhibition, d'une régression, d'une culpabilité et ils reposent sur une défense ou une obligation et non pas sur une préférence en fonction du plaisir. Bien entendu 1'ïntricatïon des deux séries de raisons peut aussi se voir et créer des cas plus complexes, dont à priori, il est difficile de dire si la passivité s'inscrit dans un mouvement erotique libre ou dans une obligation né-vrotique"! 1.

Nous croyons que le féminisme, en affirmant que la femme est dominée, critique une convention, une image; il ne perçoit que

l'image de la souffrance sans la réalité du plaisir qui lui est

attaché. La vision féministe est celle de l'étranger ou de l'enfant qui regarderaient par le trou de la serrure en ayant peur d'être pris;

la peur, et le fait de se sentir exclus, ne leur permettraient pas de voir autre chose que la domination et la souffrance.

Plusieurs femmes aujourd'hui, féministes ou non, disposent de pouvoirs traditionnellement masculins: un statut professionnel, une indépendance financière. Il est possible que leur cheminement s'appa-rente plus à celui que suivent habituellement les hommes; elles peuvent

11. Chasseguet-Smirgel, Janine (et autres). Recherches psychanalytiques nouvelles sur la sexualité féminine, Pa ris, Payot, 1964, (Bibliothè-que scientifi(Bibliothè-que),

(21)

p.127-être capables de s'affirmer comme sujet, mais souffrir de ne pouvoir se révéler aussi comme objet. Cette attitude pourrait être due à un choc émotif; la personne qu'on aime revêt toujours, pour nous,

le visage de l'opprimé, pour dire la vérité, le visage du suaire. Quiconque a aimé a reçu ce choc de découvrir un jour son vrai visage et celui de l'autre. La femme disposant de pouvoirs traditionnelle-ment masculins, à cause de l'image très forte et très virile qu'elle projette, peut se sentir incapable de supporter ce visage, cette souffrance, et par là même, en arriver à nier le plaisir, à s'en couper complètement, si l'un ne semble pas aller sans l'autre.

Suite à ce choc, deux attitudes possibles: le rejet ou l'accep-tation. Ne pas pouvoir se considérer à la fois comme sujet et objet peut engendrer une attitude militante, une agressivité souvent verba-le chez la femme, physique chez l'homme. Nous croyons que l'accepta-tion conduit au plaisir. Si je m'apparais en même temps, au même moment, dominante et dominée, active et passive, sujet et objet, le

rapport de forces s'annule pour laisser place au rapport affectif, à 1'émotion.

Cette démarche exige un rythme, une distance; ma conscience devient pensante et agissante. L'extase, l'émotion est créée par

12

l'apparition: "Je vois que je m'apparais" . L'autre également m'ap-paraît, dans un espace flou, dans un moment hors du temps. Cette

appa-rition est discontinuée par la fatigue, les tracas ou la volonté de se couper de cette émotion, à cause même de sa gravité. Nous pensons

(22)

que cette conscience méditative, cette vision de soi-même comme actif et passif, sujet et objet, que nous définissons dans cette thèse comme étant la dignité, est à la portée de tous, quels que soient le sexe , la classe sociale, le lieu ou l'époque.

Nous sommes donc d'accord avec Edward Shorter lorsqu'il écrit que la crise contemporaine du couple et de la famille appartient au domaine de l'émotion et du sentiment. Toutefois, nous différons d'avis quant à la cause de cette crise. Pour M. Shorter, nous ai-mons maintenant quelqu'un pour lui-même et non pour ce qu'il

repré-13

sente . Pour nous, l'être et sa représentation sont liés, la réali-té ne peut vivre sans image. Le problème, c'est de concilier les deux, de surmonter la contradiction.

Etudier la réalité et l'image, la femme sujet et la femme objet sera notre but, le contrat de mariage au XVI siècle en Provence, notre source principale. Car tous ces emprunts à des disciplines connexes, la rareté des livres d'histoire susceptibles de nous aider dans notre recherche ne devaient pas nous empêcher de faire oeuvre d'hi storien.

Nous avons opté pour le contrat de mariage parce qu'il concréti-sait un rite de passage, celui de fille à femme; aussi, parce qu'il débutait une vie de femme mariée. Nous avons utilisé une série de

148 contrats provenant des minutiers de 10 notaires. Tous les contrats ont été rédigés en Provence, dans les années 1559,1560 et 1561.Le protocole de ces contrats étant à quelques détails près toujours le même, nous

avons pu nous servir d'une grille d'analyse identique pour tous. Les

13. Shorter, Edward, Naissance de la famille moderne, XVI I I-XX siècle, Paris, Seuil, 1977](L'univers historique), p.13.

(23)

faits particuliers n'entrant pas dans notre grille ont été aussi notés de manière à tenir compte du qualitatif autant que du quanti-tatif, des différences autant que des répétitions. Les protocoles nous ont fourni des renseignements d'ordre juridique et religieux, ce qui ne change pas ou très peu. Les faits, différents pour cha-que contrat, sont d'ordre socio-économicha-que. Il va sans dire cha-que

le pourcentage ou le degré de certitude des données sera toujours indiqué.

Il nous est apparu intéressant d'ajouter à l'étude des contrats de mariage l'analyse de quelques sources iconographiques, 28 portraits

e 14

de femmes exécutés au XVI siècle . Nous avons pu trouver trois portraits de jeunes femmes, dix-sept de femmes adultes, et huit de femmes plus âgées. Seize femmes sont nobles, cinq sont des "dames", cinq autres appartiennent à la bourgeoisie intellectuelle ou marchan-de, deux à la paysannerie. Les portraits ont été effectués par des peintres italiens, anglais, flamands, espagnols, allemands et fran-çais, ces derniers étant l'oeuvre des Clouet ou de l'Ecole de

Fontainebleau. Un seul portrait est signé par une femme: c'est un autoportrait. Enfin, nous avons lu également divers passages traitant de la femme et du mariage dans des oeuvres de Calvin et les Décrets du Concile de Trente.

Ces deux sources secondaires, associées à notre source principale, nous ont servi pour l'étude de l'image de la femme seulement. Il semble

14. Les portraits sont des reproductions tirées de volumes cités en bibliographie; ils ne constituent pas une série comme les contrats de mariage. Toutefois, ils ont aussi été étudiés à partir d'une grille d'analyse identique pour les 28 portraits.

(24)

10

qu'il soit difficile d'étudier une image, une représentation, sans ouvrir une porte sur le monde du XVI siècle, particulièrement sur le monde artistique et religieux et sa manière de voir les femmes et le mariage. La vogue du portrait au XVI siècle, toute l'icono-graphie du miroir, la remise en question du mariage par le protes-tantisme aussi, nous ont fait penser qu'il s'était passé au XVI siècle, en Provence et ailleurs, durant ce que l'on a appelé la Renaissance, quelque chose d'important, une démarche existentielle que pour notre part nous lions à la dignité. Les choses n'ont pas tant changé depuis le Moyen Age; pourtant l'on se voit autrement. La vue se développe; nous pensons même qu'elle joue un rôle moins

15 "subalterne" que l'ont pensé certains auteurs, notamment M. Mandrou

Se voir autrement, ce pouvait être, à la Renaissance, ne plus se voir uniquement comme souffrant, comme dominé, mais aussi comme do-minant; c'est pouvoir idéaliser. C'est,pour les riches, regarder un portrait de soi sans rides, sans faiblesses, dans ses plus beaux habits; pour les moins nantis, c'est être au milieu d'un public

nouveau, des gens venus d'Italie, d'Espagne, d'Allemagne, voir quelqu'un dans une glace ou une vitre, quelqu'un que d'abord on ne reconnaît pas tout de suite; puis, se reconnaître enfin, pour se dire que, pour les autres, toutes les souffrances vécues ne sont pas nécessairement visi-bles. Les gens au XVI siècle s'aperçoivent qu'on peut s'évader de la réalité en faisant image.

15- Mandrou, Robert, Introduction à la France moderne, 1500-1640. Essai de psychologie historique, Paris, Albin-Michel, 1961, p.73.

(25)

11

Ces deux façons de se voir, les artistes en témoignent dans leurs oeuvres. Tandis que Pieter Brueghel le Vieux s'attache à peindre toute la détérioration de la beauté humaine défigurée par trop de privations dans Viei1 le paysanne , l'Ecole de Fontainebleau nous présente l'image d'une Diane de Poitiers que le temps n'atteint

17 pas

Durant toute notre thèse, nous nous sommes donc donné un double but: étudier la femme aixoise en Provence au milieu du XVI siècle, mais aussi trouver en quoi consistait la dignité pour

les femmes de ce temps, femmes si souvent citées encore aujourd'hui; La Joconde et Louise Labbé par exemple, sont toujours considérées comme des modèles. Il s'était passé quelque chose; pour comprendre,

il fallait analyser l'image et la réalité de la femme, mais d'abord situer ces représentations et ces pratiques dans leur contexte.

16. Brueghel le Vieux, Pieter, Vieille paysanne dans Sachs, Hannelore, La femme de la Renaissance, République démocratique allemande, Ed. Leipzig, 1970, ill.10.

17- Inconnu (Ecole de Fontainebleau), Diane de Poitiers dans Sachs, Hannelore, La femme de la Renaissance, i11.108.

(26)

CHAPITRE

Le contexte : solidarités et inégalités

Par le contrat de mariage, un contexte nous est révélé; celui du contrat bien sûr, mais aussi le contexte plus large dans

lequel la femme évolue. Nous pouvons voir où et quand se fait le contrat, en quoi il consiste et quel est le rôle du notaire qui rédige l'acte. De plus, les mariés ainsi que leurs "parentz et amis" nous sont présentés.

Cette scène du contrat de mariage est donc facile à visuali­ ser; nous croyons utile d'en parler car la femme aixoise devra vivre dans certaines conditions, conditions dues à tel contexte : " M ne faut pas séparer arbitrairement les institutions d'une pé­

riode; on doit envisager non seulement ce qui se passe dans une 18 famille, mais la situation de la femme sous ces divers aspects" Notons que nous ne décrirons ici que le contexte, et que nous ré­ servons pour le Chapitre II les analyses plus fines des pratiques sociales, économiques et juridiques du contrat provençal.

La source et le notaire dans leur espace­temps

La majorité des contrats, si l'on en excepte que quelques­uns, sont passés à Aix. Les gens qui habitent un autre village ou Un

autre diocèse se déplacent donc pour rencontrer le notaire. Pourtant, pour autant que le notaire l'a indiqué, trois contrats seulement ont été rédigés dans la boutique du notaire consulté.

18. Bonnecorse de Lubières, G.de, La condition des gens mariés en

(27)

13

Habituellement, le contrat se passe dans la salle de la maison d'habitation du père de la future épousée, ou dans une chambre où

le père fait son habitation, c'est-à-dire, qu'il loue, ce qui arri-ve fréquemment chez les travailleurs. On se rassemblera aussi chez un parent, par exemple, un frère, un oncle, un parrain, aussi à

l'Hôtel-Dieu ou dans un couvent ou chez une personne d'un même métier. Deux familles de travailleurs peuvent également se réunir chez un notable de l'endroit, un médecin, un homme de loi ou un seigneur, sans qu'un lien de parenté ne soit évident. Ainsi, Allies Florence, fille de laboureur,et Jacques Rovier, tisserand, se retrouvent avec leur notaire maître Bernardin Borrilli dans la salle de la maison

19

de maître Honoré Moreti, procureur au siège d'Aix . Dans les actes que nous avons étudiés, on ne demande pas ce service, puisque nous croyons que c'est de cela qu'il s'agit, à un "bourgeois" ou à un marchand.

Tous les contrats de mariage sans exception portent une date comprenant le jour, le mois et l'année. Un nombre plus élevé de con-trats de mariage se sont faits en janvier, en mai et en novembre, ce quij si les conseils de l'Eglise catholique de ne pas faire durer

les fiançailles plus de quarante jours étaient respectés, supposerait que les mariages étaient célébrés surtout en "février, décembre et

20

aussi juin" . Précisons que les mariés passent leur contrat de ma-riage après ou en même temps que les "paroles a 1'advenir", c'est-à-dire, les fiançailles. De plus, l'Eglise n'aimait pas que l'on se marie durant le Carême ou l'Avent, considérés comme des mois de

19. A.D.B.R.P., 309E743, 18 février 1561, folio 103 , notaire Bernardin Borri11i.

20. Armengaud, André, La famille et l'enfant en France et en Angleterre du XVI au XVIII siècle: aspects démographiques, Paris, Société

d'édition d'enseignement supérieur," cl9753,(Regards sur l'histoire; 24;M. Histoire générale), p.34.

(28)

14

pénitence. Enfin la Provence est pays d'agriculture et de vignobles, ce qui pourrait expliquer que moins de contrats de mariage se soient faits en juillet et en août durant la moisson ou en septembre et en octobre, au moment des vendanges.

Mo

Tableau 1 Les dates

Mo

is de 1'année Nombre de contrats/mois

janvier

17

février

12

mars

14

avri 1

8

mai

20

juin

13

jui 1 let

8

août

9

septembre

8

octobre

11

novembre

18

décembre Total

10

décembre Total

148

décembre Total

La date choisie pourrait aussi dépendre de la conception du temps de la société étudiée. Les contrats de mariage se font moins en période de travail intense. C'est donc le quotidien qui décide de la pertinence de faire tel acte ou tel versement à tel moment. Contrairement à M. Mandrou qui écrit que les hommes de ce temps

21

n'essaient pas de calculer le quotidien , nous pensons que ces gens

21. Mandrou, Robert, Introduction à la France moderne, 1500-1640. Essai de psychologie historique, Paris, Albin Michel, 1961, p.98.

(29)

15

calculent le temps justement à partir du quotidien, de la journée de l'homme; le temps passé n'existe plus, le temps futur est loin, seul le présent est calculé.

Cela est vrai tant pour la mesure de l'espace que du temps. Ainsi les terres de nos documents ont une superficie de quelques"quarteyrades ou éminées",c'est-à-dire, un espace que l'on peut ensemencer avec un quarton ou une émine de blé, ou bien d'un ou deux "homes" ou "journals", c'est-à-dire, un champ à quelques jours de charruage. Egalement, les échéances prévues pour les versements de dots sont toujours courtes, marquées par les saisons; les paiements se font à l'occasion de la fête, surtout à la Saint-Michel le 29 septembre et à la Madeleine le 22 juillet, donc aux récoltes ou à la fin de la moisson. Noël, Pâques et la Toussaint sont aussi utilisées. Le temps donc se calcule au présent, à partir de ce que l'homme peut faire dans une journée, tout au plus, dans une saison; le temps ici est à la mesure de l'être hu-main et d'un travail artisanal.

Cette conception du temps et de l'espace expliquerait aussi pour-quoi l'âge n'est jamais mentionné dans nos documents; tout au plus avons-nous rencontré, dans le cas par exemple d'une jeune fille ou d'un jeune homme renonçant au bénéfice de minorité pour doter sa soeur, qu'il était "plus de quinze ans et moindre de vingt cinq comme son

as-22

pect le démontre" . L'âge couvrant un espace de temps trop long en empiétant à la fois sur le passé et le futur, il n'est pas mesuré.

22. A.P.B.R.P., 309E741, 8 novembre 1559, folio 529 , notaire Bernardin Borri11i.

(30)

16

Outre la date et le lieu du contrat de mariage, le notaire nous donne l'identification des mariés, c'est-à-dire, leur qualité,

leur métier ou profession et leur habitation. Certains ajoutent même l'origine des futurs époux, le lieu d'habitation des parents,

le métier du père, le nom et l'occupation du premier mari d'une femme si elle est veuve. Les montants des dots sont également mi-nutieusement consignés. Quand le notaire n'a indiqué aucune quali-té, occupation ou dot, c'est peut-être, non une négligence de sa part, mais plutôt que cette personne ne possédait rien. Car les notaires ont des clientèles à l'image même de la société; on y trouve des gens de tous niveaux. Nous n'avons pas vu de "classes" de notaires. Tout au plus avons-nous pu constater chez certains, notamment chez Bernardin Borrilli, Olivier Mellon, Antoine Chabaud et Guillaume Brueys, une plus grande activité.

Rappelons que c'est le notaire qui se déplace et va voir son client et non le contraire. Nous croyons qu'il faut faire une dis-tinction entre le notaire et le juriste, c'est-à-dire, l'avocat et le juge. Alors que ces derniers étaient considérés par le peuple

23

comme de "mauvais chrétiens" , des hommes d'argent sans trop de scrupules, nous croyons que le notaire était davantage estimé parce que plus près des personnes, nobles ou "discretes", qu'il avait l'a-vantage de visiter chez eux. "Ce qu'est le prêtre dans l'ordre

spi-24 rituel, le notaire l'est dans l'ordre temporel"

23. Gouron, André, "Le rôle social des juristes dans les villes méri-dionales au Moyen Age", Annales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Nice, nos 9_10, 1969, p.66.

24. Ribbe, Charles de, La société provençale à la fin du Moyen Age d'après des documents inédits, Marseille, Laffitte Reprints, 1975, p.87.

(31)

17

Ce dont nous pouvons parler surtout, c'est de la manière de travailler de cet homme qui gagne sa vie grâce à sa plume. Depuis l'ordonnance de Vi1lers-Cotterets en 1539, l'usage du

25

français est prescrit pour tous les actes notariés . Seuls les mots désignant les vêtements, la lingerie, les meubles et la vaisselle, le trousseau donc, appartiennent à une époque et un pays particulier. Les autres mots s'emploient encore aujourd'-hui bien que leur syntaxe et leur graphie soient différentes. Nous en verrons de nombreux exemples au cours de notre étude. L'acte notarié passe par trois états : le brouillard, la minute et la grosse ou l'étendue, cette dernière étant copiée

26

dans un registre appelé extensoî re . Le brouillard ne comporte que le fond du texte, tandis que la minute contient en plus l'amor-ce de toutes les clauses de style. Les grosses, que nous avons analysées, sont des copies des minutes, avec en plus, le protocole entier.

Nous sommes en pays de droit écrit et non en pays de coutume, donc un pays à fondement juridique romain. L'écriture est cursive, c'est-à-dire, tracée rapidement, très chargée d'abréviations, de signes spéciaux, de contractions et de sigles. La ponctuation

est absente et les corrections sont indiquées au moyen d'un astérisque de différentes formes (#i) au-dessus d'une lettre, qui nous renvoie au bas du folio. Les cahiers sont en effet paginés ou foliotés avec des chiffres romains.

25. Aubenas, R., Cours d'histoire du droit privé. Anciens pays de droit écrit (Xllème - XVIème siècles), tome I I, Aix-en-Provence, La pensée universitaire, 1954, p.23.

.e

(32)

18

Le notaire utilise une langue concrète et redondante, dépour-vue de termes abstraits ou philosophiques. Il fait référence à

la religion "ainsi qu'il est accoustume faire entre chrestiens", aux traditions "une robe de la couleur qu'elle voudra honeste selon son estât", et à la loi "la dicte espouse renonçant aux droicts et faicts en faveur des femmes". Le notaire doit donc con-naître le droit appliqué à la Provence et les traditions provençales et chrétiennes, ce qui en fait un intermédiaire important.

Nous percevons les notaires d'Aix comme des témoins de leur temps plutôt que des hommes de pouvoir, justement parce qu'ils cô-toient humbles et grands et qu'ils doivent assimiler une pensée à la fois juridique, religieuse et ethnique. Le notaire doit tenir compte du point de vue de son client qu'il visite chez lui ou chez des parents et amis, et non à sa boutique, ce qui ne peut favoriser une influence outrepassant ses fonctions. Le notaire nous est appa-ru comme l'homme moyen, instappa-ruit mais non déraciné, possédant une facilité d'adaptation lui permettant de vivre de sa plume. Quant au contrat de mariage, sa couleur locale et ses effets de style ne doivent pas tromper; c'est une oeuvre d'intelligence, un partage de l'espace, des biens et des pouvoirs.

Les futurs époux : habitation, occupation, qualité et dots

La société dont nous parlons est bien davantage aixoise que provençale. Le notaire indique habituellement le lieu d'habitation de la femme et de l'homme qui se marient, ou de leurs parents. A partir de ces données (habitation de l'homme, de la femme ou des

pa-rents si rien d'autre n'est indiqué), nous constatons qu'au moment du contrat de mariage, 77 jeunes femmes et 88 jeunes hommes demeure-raient dans la ville d'Aix, 34 femmes et 41 hommes habitedemeure-raient une autre paroisse du diocèse d'Aix et enfin, 27 femmes et 14 hommes ré-sideraient en dehors du diocèse surtout à Gap, Sisteron, Marseille

(33)

19

et Embrun, mais aussi à Senez, Digne,Cavai11on, au Comtat Venaissin et en Auvergne.

Tableau 2 : Orig

îne des

mariés

Origine \ Femme i Homme Ville d'Aix

77

;

88

Diocèse d'Aix

34

41

Autres diocèses ; de Provence

26

:

14

Hors Provence

1

i ™" 1nconnue

10

1 i

5

Total

148

148

La coutume voulait que généralement la jeune femme aille vivre dans la maison de la famille de son époux; nous n'avons pu vérifier cela car l'habitation future des mariés est rarement dite dans nos documents. Toutefois, dans 12 cas explicites, nous savons que les futurs époux vivront à proximité de la parenté de l'un ou de l'autre, cette dernière acceptant de partager avec eux leur espace. Nous disposons

de deux cas de partage chez des laboureurs, d'un chez un artisan et de neuf chez des marchands ou des parlementaires.

Ainsi, Monsieur maître Honoré Arbaud, docteur en droit, fait

donation à son fils d'une maison située sur la rue dite "carrière droite" du bourg Saint-Sauveur à Aix. Le père se garde l'usage de la maison

tout en y logeant son fils Jehan et sa future épouse; deux frères de 27

Jehan, prêtres, demeurent aussi à la maison .

27. A.P.B.R.P., 309E741, 22 octobre 1559, folio 505 , notaire Bernardin Borrilli.

(34)

20

Certaines maisons, divisées dans le sens de la longueur ou de la largeur, vont aussi faciliter l'établissement des nouveaux mariés. Ainsi, une jeune fille de Saint-Maximin , diocèse d'Aix,

28 reçoit en dot le dessous d'une maison, soit le premier étage Une mère et son fils de Saint-Canat à Marseille donnent en dot à Anthonete Vigue et à son futur mari, Anthoine Payan, un laboureur,

une partie "de hault en hault" de leur maison; on s'engage à faire deux entrées à partir de la cheminée, à entretenir la muraille et

29 la couverture aux "communs dépens" .

Nous trouvons ces cas de partage importants non seulement parce qu'ils révèlent un contexte où une parenté solidaire est condition de survie, mais aussi parce qu'un échantillon plus grand pourrait nu-ancer les thèses de MM. Flandrin et Shorter. Pour eux, l'amour est

impossible au XVI siècle parce que les gens vivent entassés les uns sur les autres dans la promiscuité, allant même jusqu'à coucher à plusieurs dans le même lit . I1 se peut que des gens aient vécu ainsi; cependant, d'après nos documents, il apparaît que certains essayaient, quand cela était possible, de donner au nouveau couple

l'intimité dont il avait besoin tout en restant proche de lui.

Notre interprétation différente des choses pourrait être due au fait que nous étudions une société globale, non une classe particuliè-re de gens. Des personnes de toutes classes en effet, "particuliè-recouparticuliè-rent au notaire dans une bonne proportion pour se marier car ils le font aussi

28. A.P.B.R.P., 308E1112, 22 juin 1561, pas de folio , notaire André Chabaud.

29. Ibid., 309E741, 6 janvier 1559, folio 35 , notaire Bernardin Borrilli 30. Selon ces auteurs, les gens du XVI siècle vivent toujours en

repré-sentation, ils n'ont pas d'intimité. Notons que ces auteurs se sont intéressés surtout aux moeurs des paysans et des artisans,moins à celles des bourgeois et des riches. Voir Shorter, Edward, Op.ci t., p.63 et Flandrin, Jean-Louis, Familles, parenté, maison, sexualité dans l'ancienne société, Paris, Hachette, 1976, p.95.

(35)

21

"31

pour des actes plus courants . Seuls les errants et les invalides et, bien sûr, les ecclésiastiques, ne sont pas représentés dans nos documents. La compilation des occupations des époux nous donne une

idée plus précise de la société étudiée.

(voir Tableau 3 sur page suivante)

31. Lafon, Jacques, Les époux bordelais. Régimes matrimoniaux et mutations sociales. 1450-1550, Paris, S.E.V.P.E. N. , 1972, p.19.

(36)

22

Noble Tableau 3 1 ecuyer Métiers et professions Profession adminis-tratives et libérales (médecine, droîtl 2 notaires 2 conseillers au Parlement 1 avocat au Parlement 1 1icencié es lois 1 apothicaire 1 bai lie 8

Bourgeois et marchands 1 bourgeois

1 bourgeois marchand 6 marchands 4 marchands en textile 1 revendeur

13

Artisans Terre 1 maçon 2 gipiers Textile 3 tisserands 3 cardeurs 2 tondeurs 5 couturiers Cui r 3 cordonniers 1 curatier ~ 4 ~ Métal 1 éperonnier 1 mart inaire 2 fourbisseurs 3 serruriers 1 monnier 8 Alimentation 3 boulangers 1 fournier 4

13

Transporteur 2 mulatiers

Y"

34

Gens de service publi c

1 gardien privé 1 serviteur (aussi jardinier) Ruraux 2 ménagers 3 meuniers 3 j a r d i n i e r s 23 laboureurs 28 t r a v a i 1 leurs

59

Occupation inconnue

31

TOTAL

148

(37)

23

Comme nous n'avons pas de chiffres sur le nombre de paysans, d'artisans, de gens de professions libérales ou de nobles dans la société aixoise de cette époque, nous ne pouvons disposer de ce ta-bleau que pour ce qu'il est : une répartition professionnelle des hommes qui ont passé un contrat de mariage avec un des dix notaires d'Aix que nous avons étudiés dans les années 1559,1560,et 1561.

Il est possible cependant que les proportions, sinon les chiffres, soient près de la réalité, c'est-à-dire, que la distribution de la profession des époux par rapport à l'ensemble des contrats correspon-de à la distribution correspon-de la population aixoise. Dans l'état actuel des recherches, nous ne pouvons vérifier cela.

Notons seulement que le peu de nobles par rapport à l'ensemble ne surprend pas; il est confirmé par tous les auteurs et cela, pour toute la France. Les hommes de loi et les marchands constituent à Aix à cette époque, deux groupes en voie d'ascension sociale; la fonction de passage et de carrefour commercial d'Aix-en-Provence ainsi

32

que le Parlement d'Aix expliquent leur importance . Enfin, ce que nous trouvons sur l'industrie textile, pour laquelle nous remarquons un nombre plus élevé d'artisans, appuie ce qui a été dit : cette industrie se serait particulièrement développée au XVIe siècle en

33 Provence; on y travaillait la soie, le velours, le coton et le drap

34

Si nous comparons maintenant le métier et "l'habitation actuelle"

32. Bernos, Marcel, Coulet, Noël, Dolan-Leclerc, Claire et al, Histoi re d'A i x-en-P rovence, Aix-en-Provence, Edisud, 1977, PP-97 et 107. 33. Baratier, Edouard, Histoire de la Provence, Toulouse, Privât éd.,

1969, p.240.

34. Le notaire a noté l'habitation actuelle de l'homme, de la femme et des parents, quelquefois aussi leur origine. Ici, nous ne nous in-téressons qu'à l'habitation actuelle du mari, non à celle de ses pa-rents.

(38)

24

du futur marié, nous constatons que les travailleurs qui sont des ouvriers agricoles et les artisans résident en très grande

majo-rité dans la ville d'Aix. Seuls les laboureurs vivent également dans les paroisses d'Aix et les autres paroisses du diocèse. Les autres groupes suivent la tendance générale et se révèlent plus nombreux à Aix qu'ailleurs. Notons que ceux dont nous n'avons pas

l'occupation ne sont pas nécessairement des ruraux; ils peuvent être des gens désignés uniquement par leur qualité ou encore des personnes dont nous n'avons pas la profession, qu'ils en aient une ou non.

(39)

25

Tableau 4 : Lieux et métiers

Occupation

Aix (ville)

Habi tation

Aix(diocèse) Provence (autres Total diocèses) Noble Professions admi ni stratives et libérales (médecine,droî t) Bourgeois et marchands

12

Artisans

26

32

Gens de service x 3 tO m. CL. Ménagers et laboureurs

12

26

59

Meuniers jardiniers et travai1 leurs

23

33

Occupation i nconnue TOTAL

11

87

19

45

16

34

148

(40)

26

En plus du métier et de l'habitation, le notaire note aussi la "qualité" des futurs époux, épithète d'honneur placée avant ou après le nom de famille des personnes. Pour les femmes, il existe dans nos documents, deux qualités: la damoiselle, fille d'un homme qui exerce une profession libérale ou une fonction de marchand et

l'honnête fille, fille de paysan, d'artisan, aussi de marchand ou d'avocat non noble. On emploie honnête femme s'il s'agit d'une veuve.

Pour les hommes, les appellations sont beaucoup moins indiquées, les époux étant davantage identifiés par leur métier que par leur qua-lité. Un paysan et un artisan sont des discrets hommes ou des prud'hom-mes. Il semble que le mot maître soit appliqué à quelqu'un qui est maître de son métier, qu'il soit avocat, marchand ou cordonnier. Les

conseillers au Parlement portent la qualité de monsieur maître. Le mot noble avant le nom désigne des hommes qui ne sont pas nobles mais dans une situation intermédiaire; c'est le cas de bourgeois, de mar-chands, d'hommes de loi. Un seul des époux, ecuyer, appartient véri-tablement à la noblesse. Il se peut que le mot bourgeois désigne, tel que dit Mousnier, celui "qui vit d'un travail où l'effort de

35 l'esprit l'emporte sur celui des mains" .

Remarquons que les mots maître et seigneur, placés ensemble ainsi que dame et maîtresse sont, dans nos documents, des termes spécifiques;

ils désignent quelqu'un qui possède un bien, terre ou maison par

exem-ple, en bien propre. Ainsi, Anne Bony reçoit de son père, un travailleur,

35- Mousnier, Roland, Les institutions de la France sous la monarchie absolue, 1598-1789, tome I: Société et Etat, Paris, P.U.F., 1974,

(41)

p.189-27

t.

à l'occasion de son mariage, une "sienne vigne de trois homes ou environ du terroir d'Aix"; cette vigne devient pour la jeune

femme un bien propre, c'est-à-dire, qu'elle peut en user ou tester 36 sans autorisation "la constituant par ce moyen dame et maîtresse"

Tableau 5 : (voir page suivante)

36. A.P.B.R.P., 308E1157, 19 mai 1560, folio 650 , notaire 01ivïer Me 1 Ion.

(42)

28

Tableau 5 : Les quaii tés

Femmes 81 honestes fi 1 les

13 honestes femmes

11 damoiselles 2 filles de notaires

2 filles de conseillers au Parlement

3 filles d'avocats, secrétaires ou greffiers 1 fi 1 le de noble

1 fi 1 le de bourgeoi s 1 fi 1 le de marchand 1 fille de seigneur

Total des qualifiées 105

Sans mention 43 Total 148

Hommes 26 discrets hommes

7 maîtres 1 avocat au Parlement 2 marchands

1 cordonnier 1 meunier 1 couturier 1 bai lie

2 nobles 1 bourgeois marchand 1 bourgeois

1 noble maître (licencié es lois) 1 honorable homme maître (notaire)

2 monsîeurs maîtres (conseillers au Parlement) l sire seigneur

1 ecuyer noble

Total des qualifiés 41 Sans mention 107

Total 148 \

(43)

29

On le voit, le fait qu'il existe entraide et partage n'exclut pas une grande diversité d'appellations. Charles de Ribbe écrit : "Du reste, cette communauté dans les habitudes, cette familiarité dans les moeurs, loin de ne point se concilier avec l'inégalité profonde des conditions, en était au contraire le résultat. C'est

là seulement où une ligne de démarcation bien nette ne sépare pas les diverses classes qu'elles affectent d'ordinaire de se tenir à distance les unes des autres"

Sur le plan économique, des inégalités apparaissent lorsqu'on compare les dots. Nous avons fait la compilation des dots reçues par les époux classés selon leurs groupes professionnels. Ces dots sont calculées en florins, qui n'est pas une monnaie réelle, mais une unité de mesure utilisée dans nos contrats. La hiérarchie éco-nomique ainsi trouvée pourrait être possible et même plausible.

Les plus grosses dots se retrouvent dans le groupe des

pro-fessions libérales et administratives, des bourgeois et des marchands; une personne dont l'occupation nous est inconnue, un artisan du tex-tile et un laboureur reçoivent aussi une dot de 1 000 florins et plus. Les travailleurs et les artisans reçoivent de petites dots ou des dots

38 de 100 à 300 florins; 36 maris ne reçoivent pas de dot en argent

37- Ribbe, Charles de, La société provençale..., Marseille, Laffitte Reprints, 1975, p.229.

38. Nous verrons au Chapitre II que l'époux peut recevoir soit une dot en argent, soit une terre, une maison, une chambre; la parenté peut également ajouter un augment. L'épouse apporte souvent aussi des vêtements, des joyaux, un trousseau. Certaines jeunes femmes toutefois ne possèdent rien, mais passent tout de même un contrat.

Figure

Tableau 1  Les dates
Tableau 2  : Orig  îne des  mariés
Tableau 4 : Lieux et métiers
Tableau 5 : Les quaii tés
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