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Chapitre II : Biologie de la conservation

I. La biologie de la conservation

I.2. Les stratégies de la conservation « ex situ »

I.2.2. Les banques des graines et des semences

En plus de la culture de plantes, les jardins botaniques et les instituts de recherche ont développé des collections de graines, parfois connues sous le nom de banques de graines ou des semences. Ces graines sont recueillies dans la nature ou à partir de plantes cultivées et constituent une contribution essentielle aux collections vivantes (Johnson, 2008). Les graines de près de 10 % de la flore mondiale et de 70 % des espèces de plantes en Europe, sont conservées dans des banques de graines (Godefroid et al., 2011). Des efforts sont mis en œuvre pour étendre la couverture de ces banques de graines, notamment pour inclure du pollen de plante à graines et des spores de fougères, de mousses, de champignons et de micro-organismes.

Lorsque les graines sont récoltées, des efforts sont alloués à l’échantillonnage de populations représentatives de la distribution de cette espèce afin d’accéder à la gamme de sa variabilité génétique (Guerrant et al., 2004). Les graines de la plupart des espèces végétales peuvent être stockées dans des conditions froides et sèches dans ces banques pour de longues périodes de temps et ensuite mises à germer. La capacité des graines à rester en dormance est extrêmement précieuse pour la conservation ex situ car elle permet aux graines d’un grand

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nombre d’espèces rares d’être congelées et conservées dans un petit espace, avec un minimum de supervision et à faible coût (fig. 10).

Figure 10. Schéma des opérations de constitution des banques de semences d'espèces

végétales sauvages (Gomez-Campo, 1985)

Plus de 50 banques de graines importantes existent dans le monde, beaucoup d’entre elles dans les pays en développement, et leurs activités sont coordonnées par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale. Toutefois, si ces installations subissent des pannes, notamment d’alimentation énergétique, ou si les fonds de fonctionnement sont épuisés, toute une collection congelée peut être endommagée ou détruite. La Norvège a mis en place dans l’archipel de Svalbard, la banque de semences la plus récente, dans laquelle du matériel congelé est conservé en dessous du pergélisol. Cette banque a la capacité de conserver 4,5 millions d’échantillons de semences. Les banques de semences ont été adoptées par la communauté internationale agricole comme un moyen efficace de préserver la variabilité génétique qui existe dans les cultures agricoles comme le riz, le blé et le maïs. Cette variabilité génétique est souvent cruciale pour l’industrie agricole dans ses efforts pour maintenir et accroitre les rendements des cultures modernes et pour répondre aux

STOCKAGE DES ECHANTILLONS DANS DES CAPSULES EN VERRE

Partie I Chapitre II : Biologie de la conservation

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changements des conditions environnementales, comme les pluies acides, la sécheresse et la salinité des sols (Primack et al., 2012).

Les chercheurs sont engagés dans une course contre la montre pour préserver cette variabilité génétique au sein des principales cultures vivrières. En effet, les agriculteurs traditionnels à travers le monde sont en train d’abandonner les variétés locales en faveur des variétés à haut rendement (Altieri, 2004) et de variétés transgéniques. En outre, les parents sauvages des plantes cultivées ne sont pas suffisamment représentés dans les banques de semences, bien que ces espèces soient extrêmement utiles aux programmes d’amélioration des cultures. Le bien-fondé de ces banques de graines et de semences fait néanmoins l’objet de controverses (Gouyon, 2010). En effet, la capacité de germination des graines diminue avec le temps et il s’avère nécessaire de mettre en culture ces individus régulièrement pour en obtenir de nouvelles graines. Cela constitue une forte contrainte pour les grandes collections et notamment pour les espèces très longévives de certains arbres. Par ailleurs, environ 10 % des espèces végétales de la planète, la plupart issues des forêts tropicales, présentent des graines «récalcitrantes» qui soit ne présentent pas de dormance soit ne tolèrent pas les conditions de stockage à basse température et ne peuvent donc être stockées dans des banques de graines. Certaines de ces espèces peuvent être maintenues dans les cultures de tissus dans des conditions contrôlées ou cultivées dans des jardins par bouturage de plantes mères, bien que ces processus soient actuellement plus coûteux que la culture de plantes à partir de graines. Une autre controverse majeure impliquant les banques de semences concerne la propriété et le contrôle des ressources génétiques des plantes cultivées (Guerrant et al., 2004). Par le passé, des chercheurs associés aux banques de semences internationales, souvent originaires de pays développés, recueillaient librement des graines et des tissus végétaux en provenance des pays en développement et les donnaient à des stations de recherche et aux entreprises semencières. Cependant, les entreprises semencières ont utilisé ces graines pour développer de nouvelles variétés «élite» par le biais des programmes de sélection sophistiqués et d’essais en plein champ puis ont vendu ces semences à des prix élevés aux pays en développement afin de maximiser leurs profits. Ces pays se demandent maintenant pourquoi ils devraient partager leurs ressources génétiques librement pour ensuite devoir acheter ces nouvelles variétés de pointe développées à partir de ces ressources génétiques. Une solution de dilemme consiste à négocier des accords dans le cadre de la convention sur la diversité biologique, dans laquelle les pays s’engagent à partager leurs ressources génétiques, en échange de la réception de nouveaux produits et d’un partage des bénéfices (Primack et al., 2012).

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