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On a vu plus haut la fonction urbaine de la galerie couverte. La galerie peut être utilisée comme entrée du jardin et donne a celui- ci une échappée nécessaire dans un angle assez aigu. Hais le batiment de pointe, traité de façon différente des autres bâtiments, constitue une expérience du double point de vue du traitement de l'espace collec­ tif du logement social et du chauffage solaire passif de bâtiments collectifs d'habiFation.

Notre ambition était de manifester la valeur de l'espace collectif du logement social en lui donnant une dimension, une qualité architectu­

rale et une potentialité de pratique sociale. Cet espace collectif

est, en effet, presque toujours laissé pour compte et réduit à sa

fonction minimale d'accès au logement. Il est aussi, et ce n est pas un hasard, mal vécu par les habitants, fréquemment détérioré.

L'étude sociologique menée dans un autre immeuble collectif comportant une galerie couverte à Saulx-les-Chartreux, a montré que ce dispositif était très apprécié par les habitants et qu'il provoquait de leur part une forte identification au groupe et un fort développement des activités associatives ou collectives qui ne se déroulent pas nécessairement dans la galerie elle-même. La galerie est ici liée aux quelques fonctions collectives usuelles : le jardin, la loge du concierge et le local collectif (L.C.R.) qui s'ouvre dedans.

Les logements ont tous une double orientation. On s'est interdit d'ouvrir des pièces principales (chambres et séjours) uniquement sur la galerie. Certains séjours s'éclairent à la fois sur la galerie et la plupart des cuisines, des salles de bains et des dégagements ont leur fenêtre sur cet espace collectif.

Les logements à rez de galerie et du premier étage sont des simplex,

mais les deux derniers niveaux sont des duplex, leur accès est

ainsi rapproché du sol et autorise des surchauffes plus importantes du haut de la galerie en été.

A l'exception de l'accès aux loggias-jardin d'hiver du dernier niveau, toutes les fenêtres donnant sur la galerie sont fixes, certaines pouvant être ouvertes occasionnellement pour l'entretien.

L'utilisation de l'air de la galerie pour ventiler les logements exclut en effet qu'on puisse ouvrir sur elle des fenêtres de cuisines ou de sanitaires, génératrices d'odeurs.

Le traitement de la galerie doit tenir compte de l'ambiguité du statut de cet espace à la fois intérieur (comme un hall) et extérieur (comme une cour). Sa grande dimension et un système d'ouverture pneumatique de ventilations hautes très importantes pour le confort d'été, permet­ tent de le considérer comme un espace extérieur au regard des règlements des pompiers, le désenfumage étant largement assuré. De même, l'étude réalisée par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment a conclu qu'il suffisait de prévoir une isolation phonique des façades de 35 dB (A) aux bruits roses alors que cette isolation aurait dû être supérieure pour un couloir ou un hall d'entrée. Ces deux dérogations

aux règlements usuels permettent de créer des fenêtres entre les

logements et la galerie.

La conception thermique de cet espèce doit viser deux objectifs parfois contradictoires :

- assurer un bon confort d'hiver et d'été à l'intérieur de la galerie, - récupérer le maximum de chaleur au profit des logements (économies

d'énergie)

La forme de la galerie a été conçue pour atteindre au mieux ces deux objectifs.

Le rapport entre la hauteur (15 m au faîtage) et la largeur (variant de 3,50 à 7 m environ) accentue le gradient de température qui est renforcé par le débord de la verrière au-dessus du toit terrasse (largeur de la verrière : 9 m). L'air en haut de la galerie aura donc une température maximale favorisant la récupération de chaleur en hiver mais ne provoquant pas de gêne en été car les huit derniers mètres sont inaccessibles aux personnes. En bas de la galerie, du fait de l'inertie thermique des murs et des dalles, la température est beaucoup plus stable, en saison de chauffe elle ne descend jamais en dessous de 0°C et reste supérieure de 5°C en moyenne à la température extérieure ; en été, du fait d'une ventilation naturelle importante, la température au niveau du piéton reste pratiquement égale à la température extérieure.

La récupération de chaleur a lieu par soufflage de l'air de la galerie pris en partie haute en hiver dans chaque pièce des logements, chaque moitié du bâtiment, de part et d'autre de la galerie, disposant de sa propre installation (l). En été, l'air est pris à l'extérieur, côté Nord et en partie basse afin, au contraire, de rafraichir les logements.

L'économie d'énergie calculée après bilan thermique est d'environ 20 % des charges de chauffage des logements. Cette économie est très honorable pour un dispositif de chauffage solaire dont le coût de fonctionnement et de maintenance est très réduit. Elle ne suffit cependant pas à amortir le coût de l'installation (verriere et souffle­ rie) qui doit être également considéré du point de vue des avantages qu'on en retire au niveau du confort d'accès aux logements, de la qualité de l'espace et d'autres usages sociaux de la galerie.

(1) Le règlement de ventilation prévoit le renouvellement horaire du volume d'air des pièces habitables ; d'autre part, le calcul montre que le renouvellement d'air de la galerie ne doit pas dépasser 1 volume/heure pour un bon rendement. On en conclut que le volume de la galerie doit être, comme dans ce projet, sensiblement égal à celui des pièces principales des logements ventilés.