• Aucun résultat trouvé

AXE 6 : APPLICATIONS AU MOBILIER ARCHÉOLOGIQUE

2.6.1 Baume-Vallée (Haute-Loire)

(e. V

aissié

, P. F

ernandes

, V. d

elVigne

, j.P. r

aynal

)

L’étude du matériel lithique du gisement moustérien de Baume-Vallée est réalisée dans le cadre du travail doctoral de l’un d’entre nous (EV). Localisé à 870m d’altitude, ce site s’inscrit dans le paysage caractéristique du Velay : vastes plateaux de moyennes montagnes, entre 800 et 1000m d’altitude en moyenne, entrecoupées de profondes vallées où circulent les réseaux hydrographique (principalement affluents de la Loire). Découvert par A. Laborde au cours de l’hiver 1963-1964, le gisement fit l’objet d’une première campagne de sondage en 1965 (Bayle Des Hermens et Laborde, 1965) qui fut suivi d’opération de fouilles organisées par A. Laborde de 1966 à 1973, puis par J.-P. Raynal de 1974 à 1996 (Daugas et Raynal, 1977 ; Laborde, 1972 ; Raynal, 1975, 1981, 1983a, 1983b, 1988, 1989, 1992 ; Raynal et al., 2005). Ces différentes campagnes livrèrent de nombreux vestiges répartis sur une puissante archéo-séquence de 7m. L’étude réalisée a porté sur un total de 11033 pièces en matériaux lithiques dont 9457 objets en silicite issus de l’ensemble de la séquence stratigraphique. Une grande diversité de matériaux a pu être identifiée pour un total de 112 types de silicites différentes dont une grande partie (environ 70 types) ont pu faire l’objet d’une attribution gîtologique et géographique. Les données livrent un comportement de collecte exceptionnel pour le paléolithique moyen : si l’essentiel des matériaux (environ 80 % du matériel) proviennent d’un espace majoritairement proche (entre 10 et 30 km en moyenne), le domaine local (inférieur à 5 km) est très peu représenté (< 10% du matériel). Les matériaux témoignant de la connaissance et des liens avec des espaces régionaux ou lointains sont quant à eux bien représentés (entre 5 et 15% du matériel selon les unités archéo-stratigraphiques) et dessinent un litho-espace extrêmement vaste. Des liens forts avec les géotopes du Bassin d’Aurillac, de la Vallée du Rhône, des vallées de la Loire et de l’Allier, du Mâconnais et du Bassin parisien ont ainsi pu être identifiés avec des distances d’acquisition parfois supérieures à 300 km.

Ces résultats tendent à renouveler la vision que nous portons sur les espaces et les schémas de mobilité des groupes humains du Paléolithique moyen.

2.6.2 Saint-Paul-Trois-Chateaux (Drôme)

(P. F

ernandes

, V. l

éa

, j.-l. b

roChier

, a. b

eeChing

)

Nous avons travaillé sur une série représentative de la variabilité des matières premières en silex retrouvées sur le site (280 pièces). Cette collection nous a été confiée par A. Beeching. Ce travail commencé en décembre 2017 en binôme avec V. Léa n’a repris qu’en décembre 2019. Nous avons à ce jour distingué au moins une vingtaine de types. Un grand nombre provient de la zone vauclusienne, d’autres de Forcalquier mais les microfaciès appartenant à la vallée du Rhône - qu’ils soient issus de l’environnement stricto-local (les silex verdis des molasses de Saint-Restitut) ou de secteurs plus éloignés - représentent une entité que l’on ne pourra plus sous-estimer. On retrouve

régulièrement le F33 issu des calcaires du secteur de Saint-Thomé et plusieurs faciès du F14 (Rochemaure, Cruas), à différents degrés d’altération, encore présents dans les conglomérats de Rochemaure.

2.6.3. Le Mas Aguilhon

(V. d

elVigne

, P. g

uillerMin

, h. d

jeMa

)

Les données acquises cette année vont dans le sens des observations préliminaires de l’an passé, en confirmant l’existence de deux géotopes distincts : la vallée du Rhône et les bassins cénozoïques du sud de l’Ardèche.

Pour autant, si nous avions identifié une grande variété de silex du Barrémo- aptien, nous n’avons retrouvé cette année qu’un seul type (groupe 1.03 – cf. F0014) de cette variabilité. D’autres types collectés dans les terrasses du Rhône sont toutefois attesté, notamment le groupe 1.09 – silex sénonien du Vercors. Il en va de même de nos observations concernant les bassins de Barjac-Issirac- Orgnac, où les hommes ont semble-t-il collecté dans les dépôts de pentes. Nous retrouvons ainsi une part de la variabilité identifiée l’an passé (groupes 2.01, 2.02, 2.04, 2.09) à laquelle deux nouveaux groupes se rattachent (2.10 et 2.11). Notons toutefois, que faute de temps nous n’avions pas eu le temps l’an dernier de documenter correctement les différents types identifiés et il est possible que les deux groupes inédits du Cénozoïques soient à réattribuer à des groupes de l’an dernier.

Ce travail de compilation devra être entrepris en 2020 afin de clarifier les groupes de matériaux en présence. Pareillement, il s’agira de bien identifier la variabilité géologique des silicites cénozoïques des bassins du sud Ardèche, ainsi que celle des terrasses du Rhône (travail en cours dans le cadre du PCR « Réseau de lithothèque en Auvergne-Rhône-Alpes », notamment par P.A. Beauvais et A. Kherdouche).

2.6.4 Champs Chalatras

(a. g

ibaud

, V. d

elVigne

, j.P. b

raCCo

, j.F. P

asTy

)

L’objectif de ce travail qui s’inscrit dans le cadre de la thèse de l’un d’entre nous (AG) est de préciser les comportements techno-économiques des groupes de chasseurs-collecteurs du Laborien, sur les marges des deux grandes entités géographiques que sont le Massif central et le Bassin parisien. Cette zone correspond à la marge septentrionale des traditions laboriennes et à la zone d’influence la plus méridionale des traditions ahrensbourgiennes. Afin de répondre à cette problématique, nous avons fait le choix de mener différentes analyses sur le matériel lithique. D’une part, l’étude pétro-archéologique a pour but de retracer les lieux de collecte des géomatériaux. D’autre part, il convient de mener une étude typo-technologique vouée à la compréhension des chaines opératoires, depuis le ramassage du bloc jusqu’à la fabrication du produit fini. Ces analyses permettent de développer des réflexions sur la paléogéographie des groupes humains et la gestion des géoressources, au sein des parcours de nomadisme

Fin 2019, il reste à finir l’étude pétroarchéologique du locus 2 et plus particulièrement les pièces regroupées sous l’appellation : «silex marin

crétacé». Il faudra aussi poursuivre l’étude des locus 1 et 3, pour ensuite, mener une analyse techno-économique du silex. Nous proposerons également une carte de l’origine des matières premières siliceuses ramenées et abandonnées sur le site. Suite à ce travail de détermination, un travail de recherche des remontages sera effectué, afin de compléter l’étude spatiale.

Dans un second temps, la question des différentes traditions culturelles et/ ou fonction de site pourra être débattue grâce à la comparaison avec le site des Varennes (Pérignat-sur-Allier, Puy-de-Dôme) et le site cantalien des Baraquettes 4 (Velzic), rapproché du faciès « Belloisien », et pourtant plus méridional.

Enfin, nous nous intéresserons aux sites plus septentrionaux en Val de Loire, à des fins de comparaison et observation des schémas de débitage dits « Belloisiens ». Ils pourraient en effet être les sites fournisseurs en silex du Turonien inférieur, des sites laboriens. Nous serons également attentifs aux rares matériaux exogènes retrouvés sur ces sites réputés « fournisseurs en géomatériaux » car ils pourraient nous fournir des indices sur la provenance des tailleurs. Ainsi, à la fin de ce travail nous espérons pouvoir apporter de nouvelles données et interprétations sur les fonctions de site, les modes d’occupations de l’espace et d’appréhender les modèles territoriaux des derniers groupes de chasseurs-collecteurs nomades du Paléolithique.

2.7 AXE 7 : VERS UNE MUTUALISATION DES BASES DE