• Aucun résultat trouvé

Avantages des cavités spoke _____________________________________ La supraconductivité

ETUDE DE LA CAVITE SPOKE β0.35

1 Avantages des cavités spoke _____________________________________ La supraconductivité

Comme nous l’avons déjà évoqué, c’est le principal avantage par rapport aux structures chaudes. Les faibles pertes RF dans les parois des cavités supraconductrices permettent d’avoir un

rendement RF* quasiment égal à 100%. Comparé à cela, le rendement RF des structures chaudes

est de l’ordre de 15% à 25%. En tenant compte de l’efficacité des sources de puissance (entre 50 et 60% généralement) et de l’efficacité globale des systèmes cryogéniques alimentant les cavités supraconductrices (cf. chapitre III), on obtient un rendement global (défini comme étant le rapport de la puissance délivrée au faisceau sur la puissance consommée sur le réseau électrique) variant de 10 à 15% pour les structures chaudes et 40 à 50% pour les cavités froides. Les économies réalisées sont donc très importantes pour des machines supposées fonctionner pendant plusieurs dizaines d’années (surtout avec des faisceaux continus).

Basés sur les études de coûts des DTL et CCDTL des projets SNS [128] et SPL [129], les calculs effectués dans le cadre d’EURISOL sur la section 5-85 MeV du linac ont permis d’estimer à plus de 2 M€ l’économie réalisée chaque année, grâce à l’utilisation de cavités supraconductrices (cela représente environ 7 MW/an) [130].

La fiabilité et la flexibilité du linac ...

Ces deux points sont très importants quel que soit bien sûr le type d’accélérateur que l’on souhaite construire, et sont souvent intimement liés.

Concernant les ADS, la fiabilité est un sujet que l’on peut qualifier de prioritaire. A titre d’exemple,

le nombre d’arrêts* tolérés dans le projet XADS doit être inférieur à 5 par an [118] ! Toujours par

rapport aux structures chaudes, l’emploi de systèmes RF de plus faible puissance (généralement plus fiables car les charges thermiques sur les différentes pièces du coupleur sont plus faibles) et

l’utilisation de tubes faisceau de diamètre 2 à 3 fois plus grands (pour minimiser les risques

d’activation des structures dus aux pertes de particules) augmentent la fiabilité générale du linac. Ce dernier point est une conséquence directe liée à la supraconductivité. La minimisation des pertes RF dans les cavités chaudes, caractérisées par l’impédance shunt (r=Vacc²/Pc), représente un objectif majeur qui conduit à modéliser des structures avec des tubes faisceau dont le diamètre est le plus petit possible. On voit en effet sur la Figure 4.1 que r est maximum pour l’ouverture faisceau la plus petite et qu’il décroît au fur et à mesure qu’on augmente le diamètre de cette ouverture. Comme les puissances dissipées dans les DTL sont de l’ordre de plusieurs centaines de kW par cavité (environ 300 kW pour le DTL d’IPHI par exemple [131]), on se rend compte que des variations de l’ordre de 20 % sur r entraînent des augmentations de puissance non négligeables. A contrario, ce paramètre n’est pas aussi important pour les cavités supraconductrices puisque les pertes RF sont très faibles (de l’ordre de quelques Watts en général). Cela laisse la possibilité d’accroître sensiblement la largeur des tubes faisceau. Le coté négatif est que l’augmentation du diamètre des tubes s’accompagne d’une augmentation des rapports Es/Eacc et Bs/Eacc. On le voit parfaitement sur la Figure 4.2.

NB : Les résultats présentés sur les Figures 4.1 et 4.2 proviennent de simulations effectuées avec un modèle simple de cavité spoke, identique à celui qui a servi pour l’optimisation du prototype (voir §2 de l’étude RF).

* Un arrêt est défini pour une coupure faisceau supérieure à 1 seconde.

† Signalons à ce propos, que le DTL du projet IPHI a été conçu avec une ouverture faisceau de 1.3 cm ; ce qui est très faible comparé

1.0E+07 1.1E+07 1.2E+07 1.3E+07 1.4E+07 1.5E+07 1.6E+07 1.7E+07 1.8E+07 1.9E+07 2.0E+07 0 1 2 3 4 5 6 7

Diamètre des tubes faisceau (cm)

r (Ohm)

-20%

Figure 4.1 : Evolution de l’impédance shunt r en fonction de l’ouverture des tubes faisceau pour une cavité spoke prototype. 0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 1 2 3 4 5 6 7

Diamètre des tubes faisceau (cm)

Bs/Ea cc mT/MV /m) 0 1 2 3 4 5 6 Es /E ac c Bs/Eacc Es/Eacc +10% +35%

Figure 4.2 : Evolution des rapports Es/Eacc et Bs/Eacc en fonction de l’ouverture des tubes faisceau pour une cavité spoke prototype.

Dans le cadre du projet XADS, des premières études de pannes pouvant survenir dans un linac composé entièrement de cavités spoke montrent qu’il n’y a pas de perte de faisceau (en cas de rupture d’une source par exemple) si l’on est capable d’ajuster les phases des cavités adjacentes [132]. C’est pourquoi chaque cavité spoke est alimentée par une seule source de puissance. Le fait de pouvoir ajuster la phase et l’amplitude du champ accélérateur de façon individuelle pour chaque cavité, permet avant tout un meilleur contrôle du faisceau mais offre aussi la possibilité d’accélérer plusieurs types de particules avec le même linac. C’est un point positif par rapport aux structures multi-cellules telles que les DTL mais aussi les structures supraconductrices CH. A titre d’illustration, signalons que le premier DTL de SNS après le RFQ mesure 4.15 m de long et comporte 60 cellules et que les premiers modèles de cavités CH dessinées pour un ADS font 1 m de long et ont 16 cellules.

La rigidité mécanique ...

Tout le monde s’accorde à dire aujourd’hui que la limite d’utilisation des cavités elliptiques se situe autour de βg=0.5*. A fréquence constante, la réduction de leur longueur accélératrice pour atteindre cette valeur de bêta géométrique contribue à dégrader leur rigidité (à cause de la forme aplatie) et rend leur fabrication plus coûteuse (voir exemples en Figure 4.3). Il faut non seulement augmenter leur épaisseur mais également leur adjoindre des systèmes de rigidification permettant de rester en

dessous de la limite élastique (soit une contrainte maximale d’environ 50 MPa). Ces trois familles

de cavités elliptiques ont fait l’objet de plusieurs études mécaniques qui ont permis d’établir les épaisseurs nécessaires à une bonne tenue mécanique et mis en exergue le besoin d’une rigidification pour la cavité β0.47 (Tableau 4.1) [133-134]. A titre de comparaison, les cavités spoke sont fabriquées avec des tôles d’épaisseur ne dépassant pas 3.5 mm (3.2 mm pour les cavités β0.3, β0.4 d’Argonne et β0.175 de Los Alamos et 3 mm pour la spoke β0.35 de l’IPN).

Tableau 4.1 : Caractéristiques mécaniques de plusieurs cavités 700 MHz.

β géométrique Epaisseur Système de rigidification

0.85 3 mm Non

0.65 4 mm Non

0.47 Entre 4 et 5 mm Oui, au moyen d’anneaux

* Cavité elliptique construite et testée de plus faible bêta : monocellule, 700 MHz, βg=0.47.

† La limite maximale au-delà de laquelle le niobium a un comportement plastique varie suivant sa pureté (RRR) et son « histoire ».

Pour un niobium de RRR250, n’ayant subit aucun recuit, elle tourne autour de 70 MPa à 300 K. Pour les calculs de mécanique, on se fixe généralement une limite à 50 MPa pour garder une marge de sécurité sur la précision des calculs et les valeurs de RRR mesurées. Nous reviendrons évidemment sur toutes ces notions dans le paragraphe dédié à l’étude mécanique de la cavité spoke.

Figure 4.3 : Trois types de cavité 700 MHz, a) β0.47, b) β0.65 et c) β0.85.

Les cavités spoke sont également plus rigides que les cavités réentrantes qui ont besoin nécessairement du tank d’hélium comme système de rigidification. Elles ne nécessitent pas non plus l’emploi de système d’atténuation des vibrations (« dampers ») comme dans certaines cavités quart-d’onde (système qui est placé à l’intérieur de l’âme centrale). Nous ne pouvons rien dire sur les cavités ladder car leur analyse mécanique n’a pas été réalisée.

Le couplage inter-cellules ...

Le couplage entre les cellules d’une cavité spoke se fait via le champ magnétique qui est concentré comme nous le verrons, autour de la barre centrale (couplage inductif). Ce fort couplage (entre 20 et 30% contre 10 fois moins pour les cavités elliptiques et 20 fois moins pour les cavités ladder entre autres) permet d’avoir un profil de champ accélérateur quasiment insensible aux variations de géométrie. Il n’est donc pas nécessaire d’accorder à chaud la cavité, comme c’est toujours le cas pour les elliptiques afin d’obtenir un plat de champ.

Steering et multipacting...

Contrairement aux cavités quart-d’onde, l’absence de composante magnétique sur l’axe faisceau ne provoque pas (ou peu) de déviation du faisceau. Le phénomène de steering ne semble donc pas poser de problème pour les cavités spoke.

Lacc=10 cm Lacc=14 cm Lacc=18 cm a) b) c)

Jusqu’à présent, même si des phénomènes de multipacting ont été observés durant les tests (surtout à très bas champ autour de 1 à 2 MV/m), ils ne se sont jamais révélés être des facteurs limitatifs. Il semblerait donc qu’il y ait moins de précautions à prendre pour le design d’une cavité spoke de ce point de vue là que pour des cavités elliptiques ou réentrantes. Ceci est à prendre au conditionnel car aucune étude poussée n’a encore été faite sur le multipacting dans les cavités spoke (principalement car elle nécessite l’utilisation de codes de simulation en 3D qui ne se trouvent encore qu’en phase de développement).

La fabrication...

Le nombre de cavités spoke fabriquées à ce jour ne représente pas une très grande statistique (rappel : 7 prototypes) surtout si on le compare aux centaines de cavités elliptiques réalisées. La seule chose qu’il est possible de dire est qu’il n’y a eu jusqu’à présent aucun problème majeur. On peut même ajouter, qu’étant moins sensibles aux défauts géométriques et donc aux erreurs de fabrication, les prototypes de cavités spoke ont tous eu des fréquences très proches de celles calculées (les différences sont souvent inférieures au MHz). Leur grande rigidité permet donc de fixer des tolérances moins sévères sur leurs cotes de fabrication, ce qui a une incidente directe sur le coût de fabrication.