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Une attirance pour les situations de conflit et de « stratégie »

Partie 3. Analyse thématique transversale des données

3.2 Des motivations pour regarder de la télé-réalité partagées et questionnées

3.2.2 Une attirance pour les situations de conflit et de « stratégie »

D'autres dimensions attractives de ces programmes ont été repérées dans les entretiens des enquêtés. Il a notamment plusieurs fois été question du côté attrayant et distrayant des situations de conflits entre les candidats. Ce type de situation est fortement récurrent dans les émissions de télé- réalité considérées dans notre étude, c'est-à-dire, les émissions dites de vie en communauté. Marylou retrouve justement le côté divertissant développé dans la partie précédente dans ces situations de conflits : « En fait, c'est tellement drôle quand tu les vois s'engueuler. Ils sont en train de crier comme ça, alors qu'il y a pas lieu d'être. Moi ça me fait rire, c'est pour ça que je regarde surtout. » (Marylou, 13 ans, 4ème). Il nous semble que pour elle, le côté assez extravagant des disputes rajoute de l'humour au programme. Nous retrouvons chez Gwenaelle le même ressenti :

« C'est drôle, y a beaucoup de disputes, des problèmes et voilà. » (Gwenaelle, 13 ans, 4ème). Julian aussi reconnaît que les disputes sont un élément important dans le plaisir qu'il prend à regarder des émissions de télé-réalité. Voici ce qu'il répond quand nous lui avons demandé ce qui lui plaisait dans ces programmes : « Les problèmes. [il rit] Quand ils s'embrouillent, quand ils se clashent. Voilà,

c'est ça. [il rit] Aussi, quand ils sont bêtes. Juste j'aime bien quand ils font les épreuves, quand ils s'embrouillent, enfin voilà des trucs comme ça. » (Julian, 13 ans, 4ème).

Ces situations de conflit sont parfois en lien étroit avec les histoires d'amour fortement mis en avant dans les programmes diffusés après les cours. Effectivement, pour Etienne ou Quentin, les histoires de couple sont en relation avec certains états de conflit. Lorsque nous avons demandé à Etienne si favoriser la mise en couple était un but de l'émission, il a acquiescé et a rajouté : « Parce qu'après ça fait des histoires. Ca permet de faire des séquences. Ca donne envie de regarder. » (Etienne, 13 ans, 4ème). Quentin, plutôt spectateur de l'émission Koh-Lanta, nous confie que ce qui l'intéresse dans les programmes afterschool, c'est à la fois les disputes et les histoires d'amour :

« Les trucs sympas, c'est les disputes, c'est marrant. [il rit] Dans toutes les émissions comme ça, il y a toujours des disputes où ça tourne mal entre les, les histoires d'amour aussi, c'est marrant. » (Quentin, 14 ans, 3ème). À la question posée pour savoir ce qui lui plaît dans ces émissions, Kylian nous répond : « Ben les embrouilles, les réconciliations. » (Kylian, 12 ans, 5ème). Il lie directement les deux faces de la situation : à la fois le conflit et la manière dont les candidats le résolvent.

Certains enquêtés font le lien entre l'attirance du public pour les clashs et les personnalités des candidats des émissions de télé-réalité. Pour Théo, les candidats à forte personnalité rendent ces émissions captivantes : « En même temps, il faut toujours quelqu'un qui gueule dans les télé- réalités pour que ce soit intéressant donc... » (Théo, 14 ans, 3ème). Agathe et Ilona reprennent cet aspect en ajoutant l'idée de la recherche de popularité pour le candidat : pour plaire au public, le candidat doit être impliqué dans les conflits :

Agathe : « Je pense, tu peux pas, si t'as pas un fort caractère à gueuler partout, tu peux pas faire de la télé-réalité je pense.

Ilona : Parce qu'en plus tu plais pas, enfin, l'image, elle plaît pas au public donc...

Agathe : Ouais voilà. Ça divertit les gens entre guillemets les clashs et tout. Donc si tu fais pas de clashs et que t'es pas quelqu'un qui gueule partout, je pense pas que... » (Agathe, 14 ans, 3ème et Ilona, 14 ans, 3ème)

Pour nos enquêtés, les conflits et leur gestion sont des éléments importants pour justifier leur attrait pour ces émissions.

Une autre composante qui semble attiser leur intérêt, c'est le côté « stratégique » de certains programmes. Tout particulièrement pour Quentin, qui adore l'émission Koh-Lanta, il décrit bien ce qu'il entend par stratégie :

parce que moi bon, j'adore cette émission, les épreuves qu'il faut qu'ils fassent pour [hésitation] gagner l'immunité où je sais pas quoi et voilà. [...] Ce que j'aime bien moi vraiment, c'est le côté stratégique. Ca arrive plus vers la moitié, fin de l'aventure que la moitié début parce qu'ils sont trop. Mais le côté stratégique, c'est les techniques qu'ils vont utiliser pour survivre, les mensonges qu'ils vont se dire, les promesses qu'ils vont se faire, les amitiés aussi. C'est marrant. » (Quentin, 14 ans, 3ème).

Cet extrait nous permet de relever une attirance particulière de notre enquêté pour la mise en scène d'un esprit de compétition exacerbé défendant l'idée que tous les coups sont permis pour gagner.

Enfin, deux dernières données ont été évoquées pour expliquer l'attraction de nos enquêtés pour ces émissions. Il y a d'une part, la curiosité d'observer la vie des candidats : « Ben ouais enfin genre, c'est de la curiosité, genre on a toujours envie de savoir ce qu'il se passe. C'est ça. » (Agathe, 14 ans, 3ème), « Pour voir ce qui se passait chez les autres et tout ça. C'est pour ça que je regarde l'émission en fait. » (Tiffany, 15 ans, 4ème). D'autre part, nous avons relevé dans les entretiens, un goût de nos enquêtés pour des programmes contenant du suspense : « Ben du coup maintenant, vu qu'à chaque épisode, y a un peu de suspense, ben j'ai envie de voir la suite quoi. » (Taylia, 12 ans 5ème), « Et quand tu commences, tu as envie de voir la suite. » (Kylian, 12 ans, 5ème.). Même s'ils n'expliquent pas forcément les causes de ce suspense, nos enquêtés ont repéré cet élément important que la production cherche à mettre en place.