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les atrectlons tuberculeuses trouvées dans les 2750 autopsies faites à l'Hôpital cantonal de Genève

Nous avons vu par ce qui pr~cède que le rôle joué par les altérations stomacales dans la tuberculose in-testinale est de la plus grand importance. Néanmoins, on peut se demander si, outre les lésions stomacales énumérées plus haut, il n'y a pas d'autres causes qui pourraient avoir une influence non moins considé-rable; tels par exemple que l'âge et le sexe du ma-lade, l'intensité et l'extension de l'affection pulmo-naire, la durée de la maladie.

Pour pouvoir déterminer les rapports entre ces différents facteurs, pris isolément ou ensemble, il ne suffit pas de juger seulement d'après mes 34 cas;

c'est pourquoi j'ai fait des recherches sur 800 autop-sies de tuberculose pulmonaire qui avaient été ren-contrées dans _2750 cas d'autopsies faites par et sous la direction de M. le professeur Zahn, dans l'espace

de 13 ans (ter novembre 1876 au 1er novembre 1889). J'ai lu en mème temps un grand nombre d'observations de tuberculeux, que M. le professeur Revilliod a bien voulu mettre à ma disposition.

Sur les 800 cas de tuberculose pulmonaire, avec ou sans lésions intestinales, on trouve 370 tubercu-loses pulmonaires avec lésions intestinales, c'est-à-dire 46,~5

°/o,

proportion, comme on le voit~ très considérable. Il vaut donc bien la peine de s'en préoccuper et de déterminer les causes de cette fré-quence. C'est pourquoi j'ai étudié la question sous les autres points de vue indiqués plus haut. Voici le résultat de mes recherches :

1. - Quant à l'âge, mes recherches se rapportent à des malades qui ont plus de 17 ans. Les autopsies d'enfants étant très peu nombreuses ne peuvent pas être prises _.en considération. Si on divise les cas en deux catégories, une première concernant les mala-des de 17 à 35 ans et une deuxième concernant ceux de 35 ans et au-delà, on constate que 40

°/o

appar-tiennent à la première et 60

°/o

à la dernière catégo~

rie. Il y a donc une différence manifeste, considéra-ble; mais elle n'a pas une grande valeur, parce qu'il s'agit ici d'une division où l'on tient compte de l'âge des individus, mais non de l'ancienneté de la mala-die. Et, outre cela, le nombre d'autopsies des gens au-dessus de 35 ans est beaucoup plus grand que celui d'autopsies des gens au-dessous de cet âge.

Il. - Quant au sexe, la statistique m'a donné 69,45

°/o

de tuberculoses pulmonaires et intestinales chez l:homme et 30,55

°/o

chel la feinme. La

diffé 3 9 diffé

-renee de proportion ici est très grande, et elle mérite d'attirer toute notre attention. Elle est surtout impor-tante pour nous, ainsi que nous le verrons tout à l'heure. Ajoutons, avant d'aller plus loin, que la pro-portionnalité entre les .. autopsies d'hommes et de femmes est de 58 hommes et 42 femmes. En sorte . que la différence entre les deux sexes, quant au nombrè des cadavres, est beaucoup plus petite que la différence dans la tuberculose intestinale.

Quelle est donc la cause de cette plus grande pro-portion de tuberculoses intestinales chez l'homme?

Je crois que l'on ne se trompera pas en l'attribuant à la fréquence beaucoup plus grande des affections stomacales chroniques chez l'homme. Bien que la femme, ordinairement anémique et par conséquent moins résistante aux agents nocifs, devrait, semble-t-il, présenter plus de tuberculoses intestinales, le fait ne se produit pas parce que les lésions gastriques de nature inflammatoire sont, grâce à la plus grande sobriété de la femme, beaucoup moins fréquentes chez elle. Les hommes, par contre, surtout les nom-mes qui arrivent aux hôpitaux, font souvent tout leur possible pour altérer la muqueuse stomaçale:

mentionnons seulement ici l'abus de l'alcool et du tabac. Si on ajoute à cela une alimentation plus irrégulière et une vie souvent plus tourmentée, on comprend facilement pourquoi l'homme est plus souvent que la fmnme atteint d'affections

intesti-/

nales dans le cours de la tuberculose pulmonaire.

III. - Est-ce que le degré de la tuberculose pul-monaire a une influence sur la production de la

lé-sion intestinale? La réponse à cette question, don-née par les recherches anatomiques sur un grand nombre de cas, est négative. J'ai rencontré plusieurs cas où la tuberculose intestinale était assez forte et la lésion pulmonaire très faible (X, Xl, XVII et XXV).

Mais l'estomac, dans ces cas, présentait une forte gastrite chronique. Et, au contraire, j'ai trouvé des tuberculoses pulmonaires très fortes, sans aucune lésion intestinale (1, IX, XII, XV, etc.); mais l'esto-mac, dans tous ces cas, était normal.

IV. - La durée de la tuberculose pulmonaire n'est pas, non plus, dans un rapport étroit avec la tuber-culose intestinale. Parce que j'ai, en effet, des cas où la tuberculose pulmonaire a duré 1.1 mois (IX), une année (XVI), treize mois (XXVII) et même fi ans (XV), sans aucune lésion intestinale; tandis que, d'autre part, j'ai trouvé une durée de la tuberculose pulmonaire qui ne dépassait pas 4-8 mois (IV, XXIX, XXX et XXXII), alors que la. tuberculose irrtestinale _ existait plus ou moins forte.

Résumant les résultats que j'ai obtenus sur 800 autopsies de tuberculoses pulmonaires, accompagnées ou non de lésions intestinales, je peux donc dire que: Dans la tubercu.lose pulmonaire, ni l'âge du ma-lade, ni le degré de la maladie, ni la durée de celle-ci n'ont une influence sur la production de la tuberculose intestinale.

Le sexe, comme tel, n'en a probablement pas non plus; les différences qu'on observe entre hommes et femmes tiennent à la vie plus anormale de l'homme et aux troubles gastriques qui en sont la consé-quence.

- 4 l

-La statistique ci-dessous nous 1nontre, en outre de ce qui a été signalé plus haut, encore quelques faits·

très intéressants :

f. - Elle nous apprend que presque la moitié (46,25 °/o) des malades atteints de tuberculose pul-monaire chronique sont affectés en même temps d'une tuberculose intestinale.

2. - Elle nous montre que la tuberculose intesti~

nale, dans le cours de la tuberculose pulmonaire, est plus que 2 fois (69,4.5

°/o)

plus fréquente chez l'homme que chez la femme (30,55

°/o ).

3. - Elle nous enseigne, enfin, que la tuberculose intestinale seule est relativement très rare : sur 800 autopsies de tuberculose on a trouvé seulement f5 cas de tuberculose intestinale primitive.

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CONCLUSIONS

t. - Dans la tuberculose pulmonaire chronique la tuberculose intestinale dépend de l'état de l'esto-mac. Celui-ci modifié dans sa structure, soit par une inflammation parenchymateuse ou interstitielle, soit par la dégénérescence amyloïde et ne pouvant, par conséquent, plus fonctionner normalement, ne peut plus former une barrière ·contre l'invasion bacillaire.

2. - La tuberculose intestinale est toujours précé-dée ou accompagnée d'un état pathologique de l'es-tomac. Un point capital dans le traitement de la tuberculose sera donc l'attention qui devra être por-tée sur l'état de l'estomac, soit en évitant les modifi-cations dont il peut être atteint, soit en traitant et guérissant ces modifications : car la tuberculose intestinale s'ajoutant à la tuberculose pulmonaire accélère la marche de la maladie.

3. - L'homme, grâce à sa vie plus anormale et aux troubles gastriques qui en sont la conséquence,

4 5

-est beaucoup plus souvent atteint que la femme par la tuberculose intestinale (dans le cours de la tuber·-culose pulmonaire).

4. - L'âge du malade, le degré de la lésion pul-monaire et la durée de celle-ci n'ont pas une grande influence sur la production de la tuberculose intesti-nale.

5. - La tuberculose pulmonaire, par elle-même, ne peut pas produire directement une gastrite, qui puisse permettre la tuberculisation de l'intestin.

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