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Associations entre l’activité physique, la sédentarité et l’alimentation

Chapitre 1 : Etat de la question

3. Associations entre l’activité physique, la sédentarité et l’alimentation

Afin d’expliquer le déséquilibre de la balance énergétique, la compréhension des interrelations entre les comportements liés à celle-ci est nécessaire. L’une des principales hypothèses expliquant l’association entre le Spds-Ob et les activités sédentaires, en particulier le temps passé devant les écrans, est que ces activités favorisent une surconsommation alimentaire dans l’environnement actuel où l’accès aux aliments est très aisé. Chaput et al. insistent sur le fait que dans les deux dernières décennies, les tendances sociétales ont radicalement modifié la façon dont les enfants jouent et interagissent avec leur environnement. Ces tendances comprennent une diminution importante des loisirs de plein air et de la durée du sommeil, ainsi qu'une dépendance accrue à l'égard des médias électroniques (J.-P. Chaput et al. 2011). Chez les enfants entre 2 et 5 ans, De Craemer et al. observent que le temps passé devant la télévision est associé positivement avec la consommation de boissons sucrées et le grignotage, tandis qu’il est inversement associé à la consommation de fruits et légumes (M. De Craemer et al. 2012). Plus récemment, Avery et al. observent que, chez les enfants, et ceux dès l'âge préscolaire, le fait de manger en regardant la télévision réduit la

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qualité de leur alimentation, avec une consommation plus importante de boissons sucrées et d'aliments riches en matières grasses et en glucides simples ; ainsi qu’une consommation moindre de fruits et légumes par rapport aux enfants non exposés à la télévision pendant les repas. Bien que ces différences de consommation aient tendance à être faibles, l'effet cumulatif dans le temps peut contribuer à expliquer le lien positif entre les consommations alimentaires prises devant les écrans et plus particulièrement la télévision et la prévalence du Spds-Ob (Avery, Anderson, et McCullough 2017 ; Gebremariam et al. 2015). Les activités sédentaires modernes liées aux écrans favorisent également la surconsommation alimentaire, via par exemple l’influence, immédiate ou différée, de la publicité lors des programmes télévisuels sur le choix d’aliments plus gras et plus sucrés (Dalton et al. 2017). Les enfants de moins de 5 ans de par leur immaturité intellectuelle sont plus sensibles aux messages publicitaires pour les aliments obésogènes, les enfants influençant ensuite les choix alimentaires que leurs parents font pour eux (Mazarello Paes, Ong, et Lakshman 2015 ; Dalton et al. 2017). En outre, les pratiques parentales axées sur la récompense et le plaisir favorisent l'apport alimentaire en l'absence de faim, ce qui perturbe les mécanismes de régulation homéostatiques impliqués dans le comportement alimentaire, qui sont également déréglés par l’importante distractibilité liée à l’exposition aux écrans et en particulier à la télévision (J.-P. Chaput et al. 2011 ; M. De Craemer et al. 2012 ; Avery, Anderson, et McCullough 2017 ; Miguel-Berges, M L et al. 2017).

L’autre hypothèse expliquant l’association entre le comportement sédentaire et le Spds-Ob est le fait que le temps passé sédentaire, et en particulier devant les écrans, empièterait sur le temps dédié à l’activité physique. Dans leur méta-analyse, Marshall et al. observent globalement une association négative entre le temps passé devant la télévision et l'activité physique chez les enfants entre 3 et 18 ans (Marshall et al. 2004). Une analyse complémentaire par sous-groupe d’âge suggère que cette association est nulle chez les enfants

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de 0 à 6 ans et faible chez les enfants de 7 à 18 ans. Cette association ne varie pas selon le sexe, mais diffère selon l'intensité de l'activité physique : seule l'activité physique vigoureuse était associée de façon significative et inverse au temps passé devant la télévision. Une explication possible est que le temps passé devant la télévision ne déplace que l'activité physique vigoureuse. Cependant, comme l'activité physique vigoureuse semble plus facile à remémorer que l'activité physique modérée, cela peut également provenir d’un biais de mémoire différentiel. Par ailleurs, il est important de noter que lorsqu'une variable composite ‘écrans’ était utilisée (intégrant par exemple la télévision, les vidéos et les jeux vidéo), l’association entre le temps passé devant les écrans et l’activité physique disparaissait, ce qui suggère que les mécanismes sous-jacents sont spécifiques au temps passé devant la télévision. D’autres auteurs observent des résultats contradictoires entre l’activité physique et le temps passé devant les écrans chez les enfants de moins de 5 ans (Hinkley et al. 2008). Chez les enfants entre 2 et 5 ans, Hinkley et al observent globalement des associations contradictoires entre le temps passé devant la télévision ou en activités sédentaires et l'activité physique, car près de la moitié des études incluses ont révélé une association négative alors que les autres n'ont révélé aucune association. Enfin, en 2016, Bingham et al. concluent également que l’association entre l’activité physique et le temps passé devant la télévision est indéterminée en raison de résultats contradictoires durant les premières années de la vie (de 0 à 6 ans) (Bingham et al. 2016). Ces résultats chez l’enfant contrastent avec les résultats des études menées chez les adolescents qui rapportent de façon constante que les comportements sédentaires après l’école et pendant le week-end sont inversement associés avec l’activité physique (Sallis, Prochaska, et Taylor 2000 ; Marshall et al. 2004).

Enfin les associations entre l’activité physique et l’alimentation chez le jeune enfant ont été moins étudiées. Les études portant sur les profils multi-comportementaux rapportent fréquemment des profils associant une alimentation proche des recommandations

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nutritionnelles et des niveaux élevés d’activité physique (Gubbels, van Assema, et Kremers 2013 ; Lioret et al. 2008 ; Cameron et al. 2011 ; Sabbe et al. 2007).

4. Associations entre le sommeil et les comportements impliqués dans la