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4 Bilan évaluation des méthodes de contrôle

4.7 Assecs en saison sèche

Concernant l’assèchement, on peut considérer plusieurs scénarios de méthodes à appliquer, toutes en contre saison, ponctuellement pour des travaux d’infrastructures, ou régulièrement pour de la maintenance :

• Assèchement du lit endigué du fleuve (retenue de Diama) dans le delta aval et médian couplé par exemple avec un maintien de la prise du Gorom amont à Ronkh et un doublement (sécurisation) de la prise d’Alimentation en Eau potable (AEP) de Nouakchott (1 m³/s) actuellement sur l’ouvrage de l’Aftout-Es-Sahel. Ceci supposerait la création d'un seuil à l’amont du secteur de Ronkh, nécessitant des nouveaux endiguements jusqu'à Dagana. Si l’on n’inclut pas de projet de seuil pour permettre la permanence de ces usages, les coûts d’investissements seront très lourds pour alimenter le delta en AEP (conduites) et pour isoler le lac de Guiers (AEP de Dakar 3 m³/s), la réserve d’eau dans le lac de Guiers étant a priori suffisante pour quelques mois.

• Asséchement temporaire d’une section de canaux primaires, tout en maintenant le flux d’alimentation en AEP.

Assecs annuels au niveau de la retenue de Diama

Actuellement, la cote maximale de gestion à l’amont du barrage de Diama est de 2,50 m IGN, maintenue en toutes saisons sauf pendant la crue : entre le 1er et le 15 août, la côte est abaissée progressivement à 1,50 m IGN ; elle est ensuite maintenue pendant le passage de la crue et finalement relevée progressivement pour la contre-saison froide du 1er novembre au 28 février.

L’« Etude pour la restauration du réseau hydraulique du bassin du fleuve Sénégal », réalisée pour la SOGED en 2005 avait proposé l’adoption de nouvelles règles de gestion du réservoir de Diama, avec un assèchement temporaire du lit majeur du fleuve en contre-saison chaude dans la retenue.

Il s’agissait de réduire de 50 fois le coût du nettoyage des typhaies, actuellement estimé entre 270 et 630 milliards de F CFA par faucardage classique.

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L’ouverture du barrage avec un débit de vidange de 500 m³/s était envisagée sur 10 jours au cours de la première quinzaine de mars, avec une diminution du plan d’eau jusqu’à la cote 1,00 m IGN. Cet abaissement permettrait alors une récolte mécanique du typha sur 1,5 mois à partir du 15 avril jusqu’au 31 mai. Puis le barrage serait fermé et se remplirait avec un débit de 160 m³/s pour revenir à la côte maximale de 2,50 m IGN durant le mois de juin en début d’hivernage.

Le projet excluait le brûlage au champ des typhaies asséchées à cause des nuisances à l’échelle de la retenue de Diama (fumées, cendres, dioxines, faune), mais annonçait déjà la possibilité de mise en polders du lit majeur, le volume de la retenue n’ayant pas de fonction spécifique, si ce n’est de maintenir un niveau pour les ouvrages de prise.

Assecs temporaires et localisés pour faciliter les travaux

Ces assecs peuvent être envisagés en cas de travaux d’entretien ou d‘infrastructures importants, car les économies peuvent être substantielles, tant en termes de faucardage que de terrassement. Le coût des travaux « en sec » est significativement réduit par rapport à ceux réalisés en eau20.

C’est par exemple le cas du projet d’aménagement avec gain de terres irrigables tels que celui du lac de R’kiz financé par la Banque Islamique de Développement, où les irrigants ont accepté une année de saison sans culture, afin de sécuriser et développer la production ultérieure21.

Lors d’un terrain effectué le mercredi 14 novembre 2018 après un atelier participatif sur la commune de Ronkh, la mission a constaté qu’un adducteur comme le Diawel pouvait être isolé hydrauliquement. Après vérification auprès du service de maintenance de la délégation de Dagana, la SAED nous a confirmé que cette situation correspondait à l’absence de demande en eau exprimée par les usagers agricoles. Cela confirme donc qu’on pourrait envisager un assèchement temporaire pour des opérations de maintenance ou de recalibrage sur certains axes aménagés utilisés seulement pour l’irrigation et le drainage de cultures.

Evaluation multicritères des méthodes d’assèchement saisonnier

Principaux avantages

L’assèchement des berges envahis par le typha réduit beaucoup les coûts de faucardage et de terrassement dans le cas de recalibrages ou d’aménagement de polders.

Principaux inconvénients

Les inconvénients sont les impacts négatifs sur l’agriculture irriguée de contre-saison (sauf retour à des cultures de décrue) et les alimentations en eau potable, notamment les petites, qui sont remises en cause.

20 Référence : Elin Anderson & Ida Morén, Septembre 2013 Comparing water capacity and water usage in the Gorom-Lampsar river system, Senegal Arbetsgruppen för Tropisk Ekologi Upsalla Universitet / Stockholm University / SAED.

21Nous n’avons pas pu avoir de précisions sur les conditions d’indemnisation des populations concernées.

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Pré-requis

Une concertation et la mise en place de mesures compensatoires sont absolument nécessaires pour envisager ces solutions.

Risques et facteurs d’échec

Il faut s’attendre à une faible acceptabilité sociale de ces solutions, particulièrement concernant l’assèchement de la retenue de Diama, qui vont à l’encontre de l’évolution de la gestion du barrage censé permettre la mise à disposition permanente de l’eau dans le delta.

Dans le cas des assèchements localisés pour travaux, l’acceptabilité peut être meilleure si des mesures compensatoires sont négociées.

Pertinence

Ces solutions sont moyennement pertinentes, sauf si elles sont combinées par exemple avec la remise en culture de polders dans le haut delta et une valorisation à grande échelle de l’exploitation des typhaies du bas delta.

Efficacité

L’efficacité de ces solutions est supposée assez bonne si elles sont combinées avec une fauche à grande échelle.

Efficience

L’efficience des moyens mis en œuvre pour ces techniques est moyenne à faible selon le coût des mesures compensatoires.

Pérennité/durabilité

La pérennité de ces opérations est variable. L’assèchement régulier de Diama pourrait permettre de réduire les surfaces en typha après coupe, mais pas de les éliminer. L’assèchement de secteurs limités faciliterait la coupe, mais devrait être répété régulièrement pour avoir un effet. En cas de recours au brûlis, les impacts négatifs en matière de dégagement de gaz à effet de serre et de pollution de l’air seraient importants.

Valorisation

C’est la seule technique de contrôle hydraulique où la coupe envisagée à grande échelle permet d’envisager une valorisation récurrente des typhaies qui occupent une surface importante de la retenue de Diama.

Classement proposé et recommandations

Les parties prenantes à l’OMVS ayant déjà statué sur ces solutions, elles sont non prioritaires pour l’instant. En ce qui concerne l’assèchement de la retenue de Diama, cette solution supposerait des investissements supplémentaires importants et devrait être intégrée à la poursuite d’aménagement de polders, seuils de prise, écluses pour la navigation et déplacements des prises d’eau potable.

En ce qui concerne les assèchements localisés, ils méritent d’être envisagés en cas de travaux d’entretien ou d‘infrastructures importants, car les économies peuvent être substantielles. Ils doivent être mis en balance avec des mesures compensatoires conséquentes, nécessitant une bonne concertation préalable.

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