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A bien y regarder, il semble que le nombre d’œuvres artistiques créées ou installées pour le Voyage ne soit pas si impressionnant que cela, pour un évènement dont le sous-titre est « La ville renversée par l’art ». Bien sûr les œuvres d’Estuaire font partie du parcours, mais elles sont volontairement exclues ici, car la biennale Estuaire n’est en rien une initiative du Voyage à Nantes, mais une récupération. Néanmoins on dégagera deux projets artistiques, qui ont marqué la ville de façon différente : Mont Royale(e) et l’exposition Sans cimaise sans pantalon.

Hors les murs

L’exposition Sans cimaise sans pantalon était une exposition organisée par le Musée des Beaux-Arts dans le cadre du Voyage à Nantes 2012. C’était une promenade dans la ville à la découverte d’œuvres du Musée, fermé actuellement pour travaux. L’initiative est celle de Blandine Chavanne et Jean de Loisy (directeur du Palais de Tokyo - Paris) qui ont proposé à Alain Séchas de sélectionner des œuvres dans les collections du Musée, pour les exposer hors les murs, dans la ville. Et le résultat était plutôt intéressant, en permettant au plus grand nombre de personnes (principalement celles qui ont le moins accès aux musées) de découvrir des œuvres, dans des lieux inhabituels, aussi bien pour les œuvres que pour les visiteurs. C’est là un des points forts de l’évènement, celui de découvrir des lieux insolites à l’initiative de l’art.

C’est ainsi que sept lieux du patrimoine nantais (plus un à Paris) ont été choisis pour l’accueil des

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Sans cimaise sans pantalon au Palais de Justice © Dalbera

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œuvres: la Chapelle de l’Immaculée, le passage Sainte- Croix, l’immeuble NGE, le Muséum d’Histoire Naturelle, le Palais de justice, la maison régionale de l’architecture, le Musée Jules Verne et le Palais de Tokyo à Paris. Le fait d’exposer une des œuvres à Paris a permis de donner au Musée une véritable vitrine sur la capitale et de donner plus d’envergure à ce grand équipement culturel en France (sixième musée de France dans la catégorie Beaux-Arts en terme de fréquentation2).

Ainsi, Alain Séchas a lui aussi créé son propre parcours dans la ville. Au fil de sept étapes, il a donné au visiteur le plaisir de la découverte d’un lieu, d’une œuvre et d’imaginer les liens qui existeraient entre les œuvres et les lieux. C’est ainsi que fut exposé une autruche de Maurizio Cattelan au Muséum d’Histoire Naturelle ou des peintures de Nicolas Brenet ou Claude-Marie Dubufe sur le thème de la morale et du péché au Palais de Justice.

Cette exposition constitue surement un des apports artistique majeur du Voyage, puisque la possibilité était offerte au plus grand nombre de voir une partie des collections du Musée, inaccessibles en partie, puisque conservées dans les réserves (et d’autant plus que le musée est actuellement fermé pour travaux). Occasion de voir des œuvres, mais aussi de découvrir des lieux intimes, loin des grandes foules habituelles, et ainsi de tenter de réenchanter la ville, notion si chère à Jean Blaise.

Escalade royale

Mont Royal(e) est une proposition de l’agence Block Architectes, sur la Place Royale, dans le cadre de l’exposition Playground organisée par LU. Cette œuvre prend place dans un lieu très emblématique de la ville, conçu en 1790 par l’architecte Mathurin Crucy, détruit pendant la seconde guerre mondiale et reconstruit à l’identique après guerre. La place est reconnue pour ses façades ordonnancées qui l’entourent, mais aussi pour sa fontaine, placée en son centre et édifiée en 1865. Elle constitue un lieu majeur de la ville, lieu de rendez-vous, de rassemblements spontanés, de départs de différentes manifestations et de déambulations.

Ce n’est pas la première fois que la Place Royale se fait terre d’accueil d’une œuvre, puisqu’en 2007 déjà, lors de la première édition d’Estuaire, une œuvre de Tatzu Nishi était venue se greffer à la fontaine. L’artiste était venu installer une chambre d’hôtel sur la fontaine, la statue en son sommet devenant un élément central de la chambre.

Cette fois aussi, les architectes nantais ont décidé de jouer avec la fontaine, en venant l’englober complètement d’une montagne verte fl uo, devenant également un mur d’escalade à ses heures perdues.

Pendant deux mois, la place s’est vue dotée d’une drôle de forme géométrique, à l’allure joyeuse, inspirée parait-il du Mont Gerbier, d’où la Loire tire sa source. L’œuvre allie un aspect ludique en proposant aux visiteurs de s’essayer à l’escalade, le temps d’une montée jusqu’au sommet, tout en proposant une nouvelle lecture de la place et de la fontaine.

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Intérieur de Mont Royal(e) par Block Architectes © Céline Mont Royal(e) par Block Architectes © Camille Sablé

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Là encore, c’est en donnant une nouvelle vision d’un lieu emblématique que l’œuvre participe à la fabrique de l’urbain. Le Mont Royal(e) permet d’appréhender la place comme si on la parcourait la première fois.

Tout d’abord, en descendant la rue Crébillon, on aperçoit cette forme verte qui attire le regard. La fontaine a disparu, on s’interroge. Puis, après notre entrée sur la place, on fait le tour de la sculpture, non plus celle qui dominait jusqu’alors la fontaine, mais cette montagne verte pomme faite de plaques de bois et de prises d’escalade. Première interrogation, où est la fontaine, a t’elle été enlevée ? Pourtant, on croit entendre venir depuis l’intérieur de la montagne un léger bruissement d’eau. SI l’on continue de faire le tour, se dessine une ouverture permettant l’accès au cœur de la sculpture. Une fois l’entrée passée, une mise au point s’impose, il faut s’habituer à l’obscurité. Les yeux toujours embués de soleil, on se focalise sur les sens restants, l’ouïe, et on entend l’eau courir sur la fontaine d’une façon nouvelle. Une musique aquatique résonne à l’intérieur de l’objet tandis que notre odorat se focalise sur l’odeur de chlore qui aromatise l’espace. Une déambulation permet de faire le tour de la sculpture originelle, et l’on redécouvre la fontaine dans un enchevêtrement d’échafaudage supportant la montagne. Une lumière délicate fi ltre au travers des plaques de bois perforées et vient chatouiller la fontaine. Nous sommes dans une toute autre ambiance, non seulement notre point de vue sur la fontaine est différent, mais l’air ambiant chloré et lumineux dans lequel on évolue lui donne une tout autre allure. L’installation lui donnerait presque des

notes arabisantes, baignée de la sorte de rais lumineux fendants l’espace, au travers d’un léger brouillard que l’on pourrait presque apercevoir.

Cette installation a permis à la place et à la fontaine de se doter d’une image différente, le temps de l’évènement, mais qui devrait rester dans l’imaginaire collectif et ainsi enrichir l’image qu’elles dégagent d’elles même.

Ce que l’on retiendra

Ce que l’on retiendra de ce Voyage à Nantes, plus que des œuvres ou des installations particulières, ce sont des souvenirs ou des émotions ressenties sur le moment, par la découverte, sous le prisme de l’art de lieux privilégiés ou inconnus. En se baladant dans la ville, des images vont nous revenir en tête comme des flashback, et l’on apercevra des enfants escaladant la fontaine Royale, une œuvre se glisser dans la multitude de poteaux du Palais de Justice ou des bigoudènes confectionner des crêpes dans les Halles Alstom, mais ce ne sera pas la réalité, seulement de vagues souvenirs d’interventions artistiques passées, impalpables et insaisissables. des expériences

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