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Les approches d’analyse des risques en SST liés aux activités Lean Manufacturing

CHAPITRE 1 REVUE DE LA LITTÉRATURE

1.3 Les approches d’analyse des risques en SST liés aux activités Lean Manufacturing

En vue de comprendre et de maîtriser les risques associés aux activités Lean, il est primordial d’explorer les déterminants des situations critiques de toutes les composantes du système manufacturier. Il serait ainsi possible de mettre en place des modèles voir des techniques et des moyens efficaces pour approcher au plus les mécanismes de dégradation de l’état de santé et de sécurité face à un système de production Lean et les possibilités d’amélioration de tels systèmes.

Plusieurs approches différentes d’analyse ont été tentées au cours des deux dernières décennies dans le but de connaître et de maîtriser les effets d’un changement organisationnel du travail sur la santé et la sécurité des travailleurs, rendant ainsi ce sujet encore plus polémique.

Womack, S. (2007) dans son étude multi-méthodologique sur les risques de LMS dans les

industries Lean avait eu recours à une démarche ergonomique par analyse des éléments à risque dans la constitution du poste de travail et de la tâche réalisée. En mettant l’accent sur l’interface Homme-Machine, l’auteur avait surpassé quelques autres aspects de l’organisation

Lean et s’était appuyé seulement sur ses composantes relatives au poste de travail

(répétitivité, temps de cycle, 5S etc.). Womack, S. (2007) « […] Les facteurs à risque psychologiques au travail n’avait pas été examinés […] », ceci pourrait être lié à l’approche d’analyse utilisée.

St-Vincent, M. et al. (1996) avait introduit une nouvelle approche ergonomique participative

dans le secteur électronique qui comprenait 5 modules visant à initier les travailleurs à une nouvelle pensée critique de leur espace de travail. Cette étude avait conclu sur le fait qu’une telle approche est en mesure de permettre aux utilisateurs du processus de mieux le connaître et de s’y habituer plus rapidement et du coup, mieux maîtriser les risques qui en découlaient sur leur santé et leur sécurité. Cette démarche permet aussi de fournir aux ergonomes une autre vision du risque et des améliorations possibles à travers l’implication des utilisateurs. L’efficacité de cette approche dans cette situation, soutenue par plusieurs autres publications

telles que Noro and Imada (1991) ou Jensen (1994, 2010), pourrait ouvrir le débat sur son apport au sujet des effets des activités d’amélioration continue sur l’état de santé et de sécurité des travailleurs.

Une étude réalisée par l’IRRST portant sur le thème « Problèmes musculosquelettiques et organisation modulaire du travail dans une usine de fabrication de bottes » (Vézina, N., Stock,

S. 1998) avait mis en œuvre une démarche afin d’aller chercher les déterminants pouvant

augmenter les risques de LMS. Cette démarche visait à la fois le poste de travail, le module et l’entreprise de part ses analyses des risques et les recommandations qu’elle proposait, d’où l’efficacité et la durabilité (Vézina et al., 2003) de ses résultats. Conscients de l’« importante variabilité des conditions d’exécution du travail », les auteurs ont adopté deux approches différentes et complémentaires. La première est ergonomique. A travers un processus dynamique de recherche et d’analyse des risques (analyse documentaire, analyse quotidienne des contraintes à chaque poste de travail, bilan quotidien des symptômes, description du déroulement de l’activité et des interactions avec l’environnement), il était possible d’évaluer la situation actuelle et de tirer des recommandations. La deuxième approche était d’ordre épidémiologique. Elle comportait des enquêtes transversales et des collectes de données par questionnaires. Ce deuxième volet avait permis d’impliquer les travailleurs et de valider les résultats de la phase ergonomique.

Les approches épidémiologiques sont les stratégies de recherche les plus fréquentes quand il s’agit d’évaluer les effets des changements organisationnels (notamment le Lean

Manufacturing) sur la santé et la sécurité au travail. Elles ont généralement recours à des

questionnaires et des entrevues tirés de recherches classiques comme Liker (2004), Womack

et al. (1991), Shingo (1986) ou Monden (1983) et recouvrent un ou plusieurs de ces thèmes :

flux tiré/flux poussé, chaîne d’approvisionnement, standards de travail, nivellement des postes de travail, équilibre du travail et rotation contrôle qualité, TPM (Total Productive

Maintenance), SMED (Single Minute Exchange of Die), gestion visuelle et amélioration

continue (Saurin, T.A, Ferreira, C. B. 2009). Dans un contexte pareil, de telles approches sont en mesure d’identifier les risques sur le bien-être du travailleur en dépit de la grande variabilité du système manufacturier. En effet, la complexité du modèle Lean réside dans le

grand nombre de ses paramètres et des interactions qui les lient. Une approche épidémiologique substituerait à une approche déductive impliquant une démarche relativement exigeante. Les études épidémiologiques conduites dans le thème du Lean

Manufacturing, dans la majorité, puisent leurs résultats seulement des questionnaires, des

entretiens et de la littérature (Angelis, 2004; Sepala et Klemola, 2004; Lewchuk et al., 2001;

Landsbergis et al., 1999; Dankbaar, 1997). D’autres études épidémiologiques avaient

recours à des sources plus diversifiées d’information et à des études statistiques complémentaires (Saurin, T. A. et Ferreira, C. F., 2009).

Une approche ergonomique classique permet une évaluation scientifique et détaillée de l’environnement immédiat du travailleur. Toutefois, cette approche, limitée aux postes de travail (Womack, S., 2007; Brenner, et al,. 2004; Adler, et al., 1997), n’est pas toujours en mesure de décrire l’impact des ressources fournies ou du travail demandé pour une implantation Lean dans sa globalité (poste de travail, processus et entreprise). L’approche épidémiologique (par des données objectives ou de perception) est en mesure d’identifier les risques sur la SST en dépit de la grande variabilité du système manufacturier. Cette approche, est néanmoins incapable - à elle seule – de tirer des conclusions sur les effets du Lean Manufacturing sur l’état de santé et de sécurité des travailleurs. De nouvelles approches d’analyse viennent compléter les deux anciennes approches et souligner l’effet des facteurs psychosociaux sur le niveau de bien-être du travailleur. Des études sociologiques (Vézina, N., et al. 2003) et psychologiques (Genaidy et Karwowski, 2003; Bernard, 1997) ont été conduites en vue d’améliorer les conditions de travail physique et psycho-organisationnel des travailleurs.

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