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I. L’APPROCHE INTERACTIONNISTE DANS LES SCIENCES DU LANGAGE

5. L’analyse des interactions : un champ de recherche pluridisciplinaire

5.3 L'approche philosophique

Cette réflexion sur les actes de langage est née de la philosophie du langage. Sa fonction fondamental outre de représenter le monde mais d'agir : dire, c'est faire. L'analyse des actes de langage s'est engagée dans les directions suivantes : leur composition, avec la distinction entre le contenu propositionnel et la valeur illocutoire ; la typologie des actes de langage proposée par Searle se fonde sur différents facteurs : le but, l'ajustement entre les mots et le monde, les états psychologiques exprimés et il dégage cinq grandes catégories d'actes : les assertifs, les directifs, les permissifs, les expressifs et les déclaratifs1

Dans le cadre des actes de langage, AUSTIN distingue trois types d'actes accomplis grâce au langage :

1-un acte locutoire : qui correspond au fait de dire, dans le sens de produire de la parole (en articulant et en combinant des sons et mots selon les règles de la grammaire.)

2-un acte illocutoire : que l'on accomplit en disant quelque chose : j'accomplis un acte de

promesse en disant je promets, de question en employant un interrogatif, d'ordre en employant un impératif…etc.

3-un acte perlocutoire : qui correspond à l'effet produit sur l'interlocuteur par l'acte illocutoire .En posant une question : je peux m'attendre, au niveau perlocutoire, à toute une série de réactions possibles : je peux, par exemple, obtenir la réponse demandée, mais aussi une non réponse, une contestation de la part de l'interlocuteur sur mon droit de lui poser la question.

5.4. L'approche linguistique

L'orientation vers l'analyse d'interactions fonctionne par élargissement successif des champs d'intérêt. Dans cette perspective, nous pouvons voir une continuité sans rupture entre différentes approches concernées par les unités supérieures à la phrase. L'énonciation, les études dans ce domaine ont pour objet l'acte de production dont un énoncé est le résultat : son énonciation. Même si l'objet matériel reste l'énoncé, on ne l'aborde plus uniquement pour en

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1Austin distingue cinq catégories fondamentales des actes illocutoires : verdictifs, ex positifs, exerecitifs, comparatifs et permissifs. Ils sont expliqués dans l'ouvrage de SEARLE, John R .Sens et expression. Paris : Minuit, 1979.P.53

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dégager des éléments susceptibles d'éclairer la structure de la langue dans laquelle il est produit, mais on y cherche les traces de son énonciation.

La réflexion sur la relation entre l'énoncé et sa source (énonciateur) se développe dans les théories du dialogisme ou de la polyphonie. Toutes consistent à remettre en cause l'unicité du sujet parlant : l'énoncé n'est plus rapporté simplement à l'individu qui le produit, mais considéré comme un lieu où s'expriment des «voix» énonciatives qui sont plus ou moins prises en charge par le locuteur.

Pour l'interaction verbale, il s'agit de s'intéresser à un type particulier de discours, qui ont pour caractéristique d'être dia-logués, c'est-à-dire échangés, et construits à plusieurs. Tout au long du déroulement d'un échange quelconque. Les différents participants interagissent, c'est-à- dire qu'ils exercent les uns sur les autres un réseau d'influences mutuelles.

Parler c'est échanger et c'est changer en échangeant, l'objectif étant de décrire les règles et les principes qui sous-tendent la fabrication de ces «constructions collectives» car malgré leurs apparences anarchiques, les interactions ne fonctionnent pas «n'importe comment». L'alternance des prises de parole, la gestion des thèmes, la cohérence des répliques, le fonctionnement des rituels, tout cela obéit à des règles enfouies que les spécialistes de l'analyse conversationnelle doivent dégager.

Mais d'après Kerbrat-Orecchioni : « Ces règles ne sont pas universelles : elles varient sensiblement d'une société à l'autre - ainsi du reste qu'à l'intérieur d'une même société, selon l'âge, le sexe, l'origine sociale ou géographique des interlocuteurs ; mais on admettra que quelle que soit l'ampleur de ces variations à une même «communauté linguistique», il est malgré tout possible de dégager certaines tendances moyennes propres à telle ou telle de ces communautés, et de jeter les bases d'une approche contrcontrastive du fonctionnement des conversations»1

Nous comparons les comportements communicatifs des «communautés discursives» c’est-à-dire des ensembles de locuteurs qui possèdent en commun une langue au moins (pour notre travail, le français et aussi un même stock de «ressources communicatives» qui doivent être en grande partie similaires non seulement leur «compétence linguistique» mais aussi leur

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«compétence communicative» : «où les savoirs linguistiques et socioculturels se trouvent inextricablement mêlés.»1

Nous admettons qu'il existe en sein de ces communautés discursives des tendances générales communes qui transcendent les variations internes et nous admettons que «tout est relatif»'. La technique de base consiste tout simplement à décrire, à partir d'observations empiriques systématiques et contrôlées, certains fonctionnements propres à la conversation du programme radiophonique algérien , et à les comparer aux fonctionnements équivalents qui s'observent dans le corpus français..

5.5. L’analyse conversationnelle

l’analyse conversationnelle s’inspire de l’ethnométhodologie2 , un courant inauguré par les travaux de HARVEY Sacks au sein du programme éthnométhodologique de HAROLD Garfinkel et ancré dans la sociologie américaine des années soixante a eu depuis sa naissance des retentissements interdisciplinaire importants , notamment dans les sciences sociales , les sciences de la communications et les sciences du langage

Dans les sciences du langage, les ethnométhodologues considèrent que l’analyse conversationnelle est une phase importante pour le dévoilement des coulisses de la conversation et les son fonctionnement, puisque elle prend la conversation dans son état authentique et spontanée. Leur intérêt majeur est de savoir comment les partenaires d’une conversation arrivent-ils à co-construire une conversation et comment cette dernière s’organise. Face à cette conception, le principe fondamental de l’analyse conversationnelle consiste à observer et décrire toute interaction sociale : «la séquentialisation, c’est-à-dire de l’ordre co-élaboré par les participants pour l’accomplissement de leurs actes »3 ,

Ce principe a fondé la méthode empirique et inductive de l’AC il est basé sur l’enregistrement et la transcription ; son objet devient alors d’examiner les structures formelles et les étapes du déroulement de la conversation : étapes d’ouverture et de clôture ,

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KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine. La conversation Op.Cit.P.68

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Le terme même d'éthnométhodologie a été crée par HAROLD Garfinkel en 1967 pour désigner les méthodes par lesquelles les membres d'une société accomplissent de façon ordonnée et reconnaissable les activités sociales dans lesquelles ils sont engagés.

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tour de parole , la paire adjacente , l’organisation séquentielle , le topic , les marqueurs ……etc.

Cela nous mène à dire que l’organisation des différents phénomènes est accomplie interactionnellement. La conversation malgré l’impression que l’on peut parfois intuitivement en avoir n’est pas chaotique , au contraire elle est systématiquement et méthodiquement accomplie par des partenaires engagés dans un travail constant de coordination et de coopération :

. « les détails de la conversation montrent qu’elle est ordonnée. Elle n’est pas chaotique, mais elle ne relève pas non plus d’un ordre exogène, imposé ou déterminé par l’extérieur (par exemple par l’intériorisation de normes, de règles ou de principes moraux, comme le voudraient de nombreux modèles sociologiques). Son ordre est systématiquement et méthodiquement accompli par les locuteurs engagés dans un travail de coordination, de synchronisation, d’ajustement constant de leurs perspectives. Autrement dit, il est maintenu de façon localement située et endogène par les procédures (les méthodes) des interactants »1

la description de cette organisation se fonde sur la prise en considération de la dimension séquentielle. l’AC ne traite pas de formes isolées, mais se penche sur les tour de parole dans leur environnement séquentiel. parmi les séquences qui ont fait l’objet des conversationna listes la séquence d’ouverture et la séquence de clôture, elles sont fondamentales dans la mesure où elles assurent la délimitation de la conversation, en en faisant d’elles un phénomène dominant , encadrant la conversation . Donc dans notre recherche, nous jugeons fondamental de les mobiliser pour l’analyse du corpus