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Sept participant(e)s ont pu réaliser la même procédure que lors de la première étape un an plus tard. Les scores cognitifs et thymiques n‟ont pas évolué. Le septième, Benoît, analysé séparément, est passé d‟un stade sévère à très sévère.

Au niveau verbal, les comparaisons à un an montrent que le nombre de mots qu‟il soit rapporté ou non au temps de parole diminue significativement entre les deux passations. Le

159 temps de parole par contre ne diffère pas. Ainsi, même si les scores aux épreuves cognitives ne sont pas significativement différents de ceux de l‟année précédente, les productions verbales diminuent. Même si les épreuves n‟ont pas été choisies dans un but diagnostique ou de suivi, cette « stabilité cognitive » peut poser question notamment au regard de la diminution des performances verbales des participants. Elle va en fait dans le sens de travaux récents qui montrent qu‟un pourcentage important de patients ayant reçu un diagnostic de démence de type Alzheimer présentent une période de stabilité de fonctionnement cognitif avec une perte de moins d‟un point par année au MMSE, cette stabilité durant en moyenne 3 ans et demi (Bozoki, An, Bozoki, & Little, 2009; Tschanz et al., 2011). Ces travaux récents soulignent alors la nécessité d‟études longitudinales de cohorte de patients sur plusieurs années afin de mieux comprendre l‟évolution des troubles. Néanmoins, au regard de notre problématique, malgré cette stabilité du fonctionnement cognitif global, on observe chez les participants du groupe contrôle une atteinte verbale plus importante. La question est alors de savoir ce qu‟il en est pour les gestes liés au discours.

La production gestuelle ne diffère pas entre les deux passations. Malgré une atteinte verbale, les participants présentent le même taux de production de gestes représentationnels. Par contre, on note que la production de gestes non représentationnels marqueurs de discours est plus importante que celle de gestes iconiques. Selon la conception qui pose l‟existence d‟un système de communication global, ces deux types de gestes se différencient par leur degré d‟iconicité. Les gestes iconiques seraient, avec les gestes métaphoriques, les gestes liés au discours dont le degré d‟iconicité est le plus important. Tandis que les gestes non représentationnels marqueurs de discours présente, par définition, un degré d‟iconicité nul. De

plus, les gestes marqueurs de discours, comme tout geste lié au discours, pourraient également avoir un rôle pragmatique en montrant au partenaire sa volonté de s‟exprimer en dépit de difficultés purement lexicales (Bolly & Degand, 2013; Duncan, 1972).Selon la conception

160 selon laquelle la parole et les gestes liés au discours renvoient à deux systèmes de communication séquentiels, les marqueurs de discours seraient traités à un niveau de surface du traitement de l‟information (Butterworth & Hadar, 1989) et sont généralement associés à la prosodie de l‟énoncé. Lorsque l‟on rapporte la production gestuelle à la production verbale, il n‟y a pas de différence de production gestuelle après un délai d‟un an. Or les résultats

concernant les indices verbaux et les indices gestuels « bruts » (c‟est-à-dire non rapportés à la production gestuelle) laissaient attendre un ratio plus important lors de la deuxième passation. Malgré l‟approche longitudinale adoptée qui avait pour objectif d‟estomper au maximum les

différences interindividuelles décrites dans la littérature (Bier et al., 2005; Joanette et al., 1993; Mungas et al., 2010), la variabilité reste importante.

En résumé, les six participant(e)s présentent en moyenne une production verbale amoindrie un an après la première passation. Cependant, le nombre de gestes reste équivalent ce qui laisse entrevoir une évolution différente des productions verbales et gestuelles. Ainsi, malgré une atteinte verbale, la production gestuelle liée au discours pourrait se maintenir jusqu‟à un stade avancé de la maladie et permettre de signifier au partenaire son envie de communiquer. En effet, les gestes liés au discours sont informatifs pour le partenaire (Driskell

& Radtke, 2003). Dans le cas d‟atteinte très sévère, les gestes produits ont un degré d‟iconicité faible, mais peuvent rendre visibles certains aspects du discours, notamment en le désignant du doigt, et/ ou traduire une volonté de s‟exprimer (Duncan, 1972).

Seul un des sept participants du groupe longitudinal de départ, Benoît, a réalisé un entretien préliminaire adapté à ses capacités cognitives. Nous lui avons proposé une évaluation similaire à celle des participantes très sévères du deuxième niveau d‟analyse. Les résultats de cette étude de cas montrent que la production verbale diminue entre les deux passations décalées d‟un an. En ce qui concerne les indices gestuels rapportés à la production

161 important lors de la deuxième passation. Ainsi, de la même façon que pour l‟analyse transversale, l‟analyse longitudinale montre que, les gestes déictiques, qui correspondent aux

premiers « outils » de communication à disposition de l‟enfant (Goldin-Meadow & Butcher, 2003; Kita, 2003) et qui, lorsqu‟ils sont associés à la parole, permettent de communiquer de manière plus économique et efficace (Gonseth et al., 2012), peuvent être produits en plus grand nombre avec l‟évolution de la pathologie lors de stades très sévères de la maladie d‟Alzheimer. Ce qui différencie Benoît du reste du groupe longitudinal est qu‟il produit plus

de gestes déictiques par minute de parole que les autres participant(e)s. Cette augmentation de production de gestes déictiques chez Benoît par rapport au groupe longitudinal va dans le sens d‟une compensation possible de l‟atteinte verbale par des gestes liés au discours (Feyereisen,

1997). Nos résultats montrent que cette compensation gestuelle pourrait s‟opérer même à des stades très sévères de la pathologie grâce à des gestes liés au discours. De plus, concernant la production gestuelle rapportée au nombre de mots, on peut observer un taux de production pour l‟ensemble des gestes de Benoît plus important par rapport aux autres participants du

groupe longitudinal qui présentent un stade moins avancé de la pathologie. Cette différence s‟observe en particulier pour les gestes déictiques. Là encore, cette augmentation de production de gestes déictiques va dans le sens d‟une compensation de l‟atteinte verbale qui pourrait s‟observer même à des stades très sévères de la pathologie.

En conclusion, les résultats de ce troisième niveau d‟analyse penchent vers une atteinte différenciée des capacités de communication verbale et gestuelle dans la maladie d‟Alzheimer, et ce, jusqu‟à des stades très sévères de la pathologie. L‟augmentation de la

production de gestes déictiques dans les stades très sévères va dans le sens d‟une compensation de l‟atteinte verbale.

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S

YNTHESE

L‟objectif du travail de thèse était de savoir si l‟on observe une atteinte globale ou

différenciée des capacités de communication verbale et gestuelle au cours de la maladie d‟Alzheimer. Par ailleurs, nous souhaitions étudier le lien entre les capacités de

communication verbales et gestuelles en situation d‟interaction sociale et (1) les caractéristiques thymiques souvent présentées par des personnes souffrant de la maladie d‟Alzheimer ; (2) les compétences verbales en situation de test ; (3) les troubles praxiques en

situation de test.

D‟abord, sur l‟ensemble des niveaux d‟analyse, les résultats ne montrent pas de lien entre les caractéristiques thymiques souvent liées à la maladie d‟Alzheimer, à savoir la

dépression, l‟apathie et l‟anxiété et les productions verbales et gestuelles. Nous nous attendions notamment à observer un lien entre la production verbale et la dépression. En effet, les personnes présentant une dépression parlent moins longtemps et font de plus longues pauses (Schelde & Hertz, 1994). Cependant, au cours de la maladie d‟Alzheimer, les dépressions caractérisées sont rares, les scores aux échelles de dépression étant bien inférieurs à ceux de patients présentant une dépression caractérisée (Derouesné & Lacomblez, 2004). Les scores moyens obtenus avec la GDS relativement faibles29 (M = 3,4 pour les participant(e)s témoins et M = 4,8 pour les participants présentant une maladie d‟Alzheimer à stade modéré à sévère) peuvent expliquer en partie cette absence de lien. Nous nous attendions également à observer un lien entre les productions verbale et gestuelle et l‟apathie. En effet, l‟apathie est responsable d‟un désinvestissement des activités sociales. De plus, au niveau moteur, les personnes apathiques manifestent des difficultés à initier tout acte moteur

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Le score cut-off de la GDS correspondant à une dépression probable est situé autour de 5-6 pour la personne âgée en institution (Marc, Raue, & Bruce, 2008)

163 et à le maintenir dans le temps (Marin, 1990, 1991). La tâche proposée, cognitivement accessible pour des personnes souffrant d‟une maladie d‟Alzheimer a peut-être su susciter un intérêt des participant(e)s permettant un investissement suffisant dans l‟interaction avec l‟expérimentatrice, qui leur était, qui plus est, familière. Par ailleurs, le fait que les gestes liés

au discours sont le plus souvent produits de manière automatique et inconsciente (Phillips, Tunstall, & Channon, 2007) facilitent probablement l‟initiation de cet acte moteur particulier.

Nos résultats vont dans le sens d‟une production de gestes représentationnels malgré l‟atteinte verbale, en particulier de gestes déictiques qui sont produits de manière plus importante avec l‟évolution de la pathologie, au détriment des autres gestes représentationnels comme les gestes métaphoriques qui sont produits à des stades plus modérés de la maladie. Le changement d‟utilisation de certains types de gestes représentationnels peut être en lien avec un changement d‟objectif de communication comme le suggère Feyereisen et Havard (1999). Cette réduction du panel gestuel représentationnel, chez les participant(e)s témoins comme les participant(e)s Alzheimer, permettrait de diminuer la difficulté à produire des gestes de manière simultanée avec le discours. Dans le cadre d‟un système global de communication, le passage d‟une production de gestes métaphoriques produits à des stades modérés de la pathologie à celle de gestes déictiques à des stades plus sévères va dans le sens d‟une perte d‟iconicité des gestes représentationnels. Ce résultat est cohérent avec la faible production de gestes iconiques au cours de la situation d‟interaction sociale mise en place. Cependant, la nature de la tâche avec un interlocuteur familier pourrait expliquer également ce résultat (McNeill, 1987). De plus, de manière générale, la production de gestes déictiques plus importante avec l‟évolution de la maladie irait également dans le sens d‟un gradient temporel mnésique (Ribot, 1882). En effet, comme déjà souligné, ces gestes apparaissent très tôt au cours du développement en situation de communication, permettant ainsi à l‟enfant de désigner l‟environnement qui l‟entoure (Goldin-Meadow & Butcher, 2003). Ils sont

164 considérés par de nombreux auteurs comme des précurseurs de la communication intentionnelle, en particulier du langage articulé (Cochet & Vauclair, 2010; Liszkowski, 2005; Özçalışkan & Goldin-Meadow, 2005). Ils seraient ainsi plus robustes que les autres gestes liés au discours face à l‟atteinte verbale et ce qui expliquerait qu‟ils soient donc produits préférentiellement avec l‟évolution de la maladie d‟Alzheimer.

Nos résultats vont également dans le sens des rares études réalisées auprès de patients Alzheimer. En effet, comme dans l‟étude de Glosser et al. (1998), les participants Alzheimer à un stade modéré à sévère de la pathologie produisent autant de gestes liés au discours que les participants du groupe contrôle. De même, ces résultats vont dans le sens de ceux observés par Carlomagno, Pandolfi et al. (2005) et les généralisent à des stades très sévères de la pathologie. En effet, les participantes très sévères produisent plus de gestes déictiques que les participant(e)s témoins et que les participant(e)s modérés à sévères. Par contre, contrairement à l‟étude de Glosser, elles ne produisent pas plus de gestes « indéfinis » ou « ambigus ». De

plus, contrairement à cette étude chez les patients Alzheimer, ou encore aux études menées chez des patients aphasiques (Hogrefe et al., 2012; Mol et al., 2013), leur production gestuelle liée au discours ne semble pas dépendre de leurs compétences praxiques.

En conclusion, nos résultats vont dans le sens d‟une atteinte différenciée des capacités de communication verbale et gestuelle dans la maladie d‟Alzheimer. Le fait que des gestes

liés au discours peuvent encore être produits malgré l‟atteinte de la parole, va dans le sens de l‟existence de deux modes parallèles de communication. En effet, selon la conception d‟un

système de communication global, une atteinte verbale irait de pair avec une atteinte gestuelle. Même si nos résultats suggèrent une perte d‟iconicité des gestes liés au discours, qui pourrait cependant être en lien avec la nature de la tâche, ils montrent que, d‟une part, des gestes représentationnels en particulier déictiques et d‟autre part, des gestes non représentationnels de type marqueurs de discours peuvent être produits jusqu‟à des stades très

165 sévères de la pathologie. Enfin, la production de ces gestes, une fois rapportée à la production verbale, est plus importante chez les participantes à un stade très sévère de la pathologie par rapport aux participant(e)s témoins et aux participant(e)s Alzheimer à stade plus modérés. Même si ce résultat semble dépendre de l‟indice verbal auquel la production gestuelle est

rapportée, l‟augmentation à la fois des gestes déictiques et de gestes marqueurs de discours, au fur et à mesure de l‟évolution de la maladie d‟Alzheimer traduirait une possibilité de compensation de l‟atteinte verbale par des gestes liés au discours, en particulier déictiques. Cette compensation serait le reflet d‟interaction entre la parole et les gestes liés au discours

qui seraient de nature compétitive (Feyereisen, 1997; Feyereisen et al., 2007; Feyereisen & de Lannoy, 1991).

P

ERSPECTIVES THEORIQUES ET CLINIQUES

Perspectives théoriques

Répliquer nos résultats sur un échantillon de participants plus important sera la première étape afin de confirmer ces derniers et l'apport fondamental et clinique qu'ils supportent. Au-delà de cette réplication des résultats, d‟autres perspectives théoriques dans la continuité de nos travaux peuvent être avancées. En effet, après avoir vérifié qu‟au cours de la maladie d‟Alzheimer on observe une atteinte différenciée des capacités de communication

verbale et non verbale, en particulier gestuelle, la première piste pourrait consister à étudier l‟articulation des deux registres, notamment le moment d‟apparition du geste par rapport au

référent lexical manquant par exemple. Une autre perspective pourrait consister à élargir notre problématique à d‟autres comportements non verbaux tels que les expressions faciales

166 patients Alzheimer, une dernière perspective de recherche pourrait se concentrer sur leurs capacités de compréhension face à un interlocuteur émettant, ou non, des comportements non verbaux en situation d‟interaction sociale, notamment en s‟intéressant à leurs stratégies visuo-

spatiales.

Articulation des deux registres

L‟ensemble des résultats de la thèse confortent l‟idée que, quel que soit le stade de sévérité de la maladie d‟Alzheimer et en dépit de l‟atteinte verbale progressive, les gestes liés au discours peuvent être produits dans une situation de communication avec un partenaire. Partant de ce constat, de futurs travaux devront se concentrer sur l‟articulation entre la parole et les gestes liés au discours, en se focalisant notamment sur le moment d‟apparition du geste. Pour les gestes représentationnels par exemple, la question serait de savoir à quel moment le geste apparaît par rapport au référent lexical. Dans la plupart des études, au cours d‟une tâche narrative ou de description d‟images, les gestes liés au discours arrivent en co-occurrence avec la parole (McNeill & Duncan, 2000). Cependant, on peut se demander, en cas de dissociation parole/geste, si cette co-occurrence est affectée. Ainsi, en accord avec les travaux de Krauss et al. (2000), le geste pourrait précéder des phases d‟hésitations ou de recherche du mot, en particulier en cas de manque du mot, fréquent dans la maladie d‟Alzheimer. Mais le geste, en particulier représentationnel, pourrait également remplacer le mot manquant lors d‟une atteinte lexicale plus avancée. Les corpus recueilli pour cette thèse pourraient donc être de nouveau analysés afin d‟envisager de manière plus fine l‟articulation parole/geste en cas d‟atteinte verbale. Ce nouveau niveau d‟analyse permettrait de tester l‟hypothèse avancée par Krauss et al. (2000) ou encore Butterworth et Hadar (1989) selon laquelle les gestes liés au discours faciliteraient l‟accès au référent lexical notamment lors de phases d‟hésitation ou de recherche de mots. Des analyses préliminaires réalisées sur quelques participants montrent

167 que les gestes arrivent en majorité en co-occurrence avec la parole dans des stades modérés de la pathologie. Cependant, avec l‟évolution, lorsque les gestes n‟apparaissent pas en co- occurrence, ils sont produits pendant une pause, comme pour remplacer le mot absent. La question est alors de savoir si ce geste produit pendant une pause permet à l‟interlocuteur de mieux comprendre le message.

Registre émotionnel

Des recherches pourraient s‟intéresser à d‟autres comportements non verbaux qui peuvent être produits au cours d‟une interaction sociale avec un partenaire, en particulier aux

expressions faciales émotionnelles. De manière générale, les émotions seraient maintenues dans la maladie d‟Alzheimer, même si les patients ne sont plus en mesure de rappeler l‟évènement les ayant suscité (Guzmán-Vélez, Feinstein, & Tranel, 2014). Plus

spécifiquement, les expressions faciales émotionnelles ont un rôle social important. Combinées à la direction du regard, elles permettent d‟estimer les intentions et l‟état émotionnel de l‟interlocuteur (Krolak-Salmon, Hénaff, Bertrand, Vighetto, & Maugière,

2006). Dans le cadre de la maladie d‟Alzheimer, des problèmes d‟identification du visage du partenaire tels que des fausses reconnaissances, des mauvaises identifications, ou des erreurs d‟interprétation peuvent induire d‟importants troubles du comportement. Les études

concernant les capacités de production de personnes présentant une maladie d‟Alzheimer sont plus sporadiques. Cependant, elles ont été réalisées dans un contexte de vie quotidienne (Asplund, Jansson, & Norberg, 1995; Magai, Cohen, Gomberg, Malatesta, & Culver, 1996). Les résultats de ces études vont dans le sens d‟une préservation de la production faciale

émotionnelle, même à un stade avancé de la maladie (Magai et al., 1996). Les patients seraient toujours en mesure de pouvoir exprimer différentes émotions comme la joie, la colère, ou le dégoût. Il serait intéressant de pouvoir mesurer la production des expressions

168 faciales dans une situation de communication interpersonnelle. Il serait intéressant de voir si cette expressivité émotionnelle des personnes présentant une maladie d‟Alzheimer peut se maintenir notamment en dépit de l‟évolution de la pathologie.

Capacités de compréhension des signaux non verbaux du partenaire

Toujours dans le cadre de situations d‟interaction sociale, un autre champ d‟investigations pourrait concerner la perception et la compréhension de signaux non verbaux émis par le partenaire. Pour l‟instant, ce champ de recherche renvoie principalement à la reconnaissance d‟expressions faciales émotionnelles statiques en dehors de tout contexte d‟interaction sociale (voir pour revue Chaby & Narme, 2009; Schiaratura, 2008). Il pourrait

être intéressant par le biais de mesures oculomotrices telles que des lunettes eye-tracking de mesurer les zones d‟intérêt de la personne Alzheimer en situation d‟interaction avec un

partenaire, procédure déjà utilisée chez des patients autistes face à des expressions faciales émotionnelles (Harms, Martin, & Wallace, 2010). En effet, l‟identification d‟une expression faciale émotionnelle fait appel à des capacités d‟exploration visuo-spatiale (Prkachin, 2003). Au cours du vieillissement, ces capacités visuo-spatiales seraient perturbées dans le cadre de l‟identification d'un visage. Les personnes âgées sans trouble cognitif feraient plus de

fixations et plus de transitions entre les différents traits faciaux que les adultes plus jeunes. Par ailleurs, leur exploration du visage se concentre plus sur les zones inférieures (nez, bouche), exploration qui induit une moins bonne reconnaissance du visage (Firestone, Turk- Browne, & Ryan, 2007). Cependant ce type de tâche n‟a pas encore été proposé à des personnes présentant une maladie d‟Alzheimer. La compréhension d‟un message, appuyé ou

non par des expressions faciales émotionnelles, pourrait être mises en lien avec ces zones d‟exploration ou d‟intérêt.

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Perspectives d’applications cliniques

L‟une des perspectives de recherche clinique possible sur la base des résultats de la thèse serait d‟envisager des groupes de stimulation cognitive centrés sur la communication

non verbale. De manière générale, les groupes de stimulation cognitive sont reconnus pour être un apport complémentaire aux différentes thérapeutiques médicamenteuses proposées aux patients Alzheimer (Chapman, Weiner, Rackley, Hynan, & Zientz, 2004). Les études montrent que cette combinaison peut améliorer l‟efficience cognitive globale et notamment

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