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« Pour répondre aux objectifs d’un travail de recherche et pour permettre à d’autres

personnes de bien comprendre le travail qui a été fait » il demeure crucial de définir les

concepts clés dans notre étude à savoir l’entrepreneuriat.

Pour cette raison, nous présenterons, dans un premier temps, deux conceptions de l’entrepreneuriat et nous mettrons l’accent sur celle de Fayolle (2003b).

Ces différentes conceptions nous aideront à positionner notre recherche dans le champ de l’entrepreneuriat. Dans un second temps, nous donnerons notre conception de l’entrepreneuriat: l’entrepreneuriat en tant que mentalité et en tant qu’alternative de carrière possible et nous clôturons cette section en identifiant la place de l’esprit entrepreneurial dans le processus entrepreneurial.

1/Définition de l’entrepreneuriat

Entrepreneuriat n.m, (son équivalent en anglais c’est l’entrepreneurship), recommandé par l’Office de la langue française, « fonction d’une personne qui mobilise et gère des

ressources humaines et matérielles pour créer, développer et implanter des entreprises ».

L’entrepreneuriat est un phénomène hétérogène, multiforme possédant plusieurs expressions et trop complexe pour être réduit à une seule et simple définition (Verstraete, 1999). Selon les auteurs et les disciplines, l’entrepreneuriat renvoie à des logiques parfois différentes et il serait vain d’établir un consensus sur sa définition. De ce fait, cette complexité exclut la possibilité d’une délimitation stricte et claire de ses frontières sémantiques (Bull et Williand, 1995).

31 Dans ce qui suit, nous présenterons d’abord, la conception de l’entrepreneuriat selon des paradigmes (Fayolle, Verstraete, 2004), ensuite celle de Fayolle (2003b) et enfin la notre tout en justifiant notre choix.

1-1 Conception de l’entrepreneuriat selon des paradigmes (Fayolle et Verstraete, 2004) Pour contourner la difficulté liée à la définition de ce concept « polysémique », Fayolle et Verstraete (2004) proposent de classer les différentes définitions proposées par les auteurs selon quatre paradigmes.

Ces quatre paradigmes seront présentés dans se qui suit.

1-1-1 Paradigme de l’opportunité

Les auteurs appartenant à ce courant de pensée définissent l’entrepreneuriat comme une recherche d’opportunité et une détection des occasions d’affaires génératrices de valeur: selon Filion(1988), l’entrepreneur est une personne imaginative caractérisée par une capacité à se fixer et à atteindre des buts; cette personne maintient un niveau élevé de sensibilité en vue de déceler des occasions d’affaires possibles. Ainsi, Shane et Venkatarman (2000) définissent l’entrepreneuriat comme étant la capacité à repérer des opportunités d’affaires et à les exploiter. Dans ce cadre, nous pouvons définir une opportunité comme étant une occasion d’affaire génératrice de valeur. Les tenants de ce paradigme associent le plus souvent l’opportunité d’affaire à l’aspect financier ou commercial (Groupe expert de l’UE, 2004). 1-1-2 Paradigme de création d’organisation ou d’émergence organisationnelle

Les auteurs qui s’inscrivent dans ce courant de pensée, définissent l’entrepreneuriat comme étant «la capacité à transformer des rêves en action par la création d’une affaire ou

d’une organisation» (Collins et Moore, 1964). Selon Gartner (1995), l’entrepreneuriat est un

phénomène combinant un individu et une organisation. L’un se définit par rapport à l’autre et vice versa : relation symbiotique entre entrepreneur et organisation.

1-1-3 Paradigme de création de valeur

D’après Gartner, (1995), nous ne pouvons pas définir l’entrepreneuriat sans évoquer la création de valeur. Ces deux notions sont difficilement dissociables: la création de valeur a été empiriquement identifiée comme un thème situé au cœur de l’entrepreneuriat. Appuyant cette même idée, Bruyat (1993), pense que le champ de l’entrepreneuriat s’inscrit dans la relation dialogique, individu/création de valeur: l’individu est une condition sine qua non pour la création de valeur, il détermine les modalités de production, investit tout son avoir et assume toute charge inhérente à son activité, pour générer par conséquent de la valeur.

En outre, la création de valeur occupe une place déterminante dans la vie de son acteur. Elle influe son activité, ses buts, ses moyens, son statut social, etc. Ainsi, elle modifie même

32 ses caractéristiques (savoir faire, valeurs, attitudes, etc.). Dans ce paradigme, le concept de création de valeur est défini en se référant à des bases classiques des sciences économiques : « la valeur c’est le prix selon lequel l’objet peut être échangé et vendu » (Bruyat, 2001). Mais, les travaux menés actuellement dépassent le sens étroit de valeur à savoir le sens marchand. Ce dernier prend une connotation sociale dans l’entrepreneuriat solidaire « sans

pour autant omettre les obligations financières que ne manquent pas d’exiger les parties prenantes » (Bonder et Rispol, 2003).

1-1-3 Paradigme de l’innovation

« Innovation is the specific instrument of entrepreneurship » (Drucker, 1985): cette phrase témoigne éloquemment que l’entrepreneuriat et l’innovation sont intimement liés puisque la créativité est parfois considérée comme la genèse de l’entrepreneuriat (Brazeal et Herbert, 1999).

Ainsi, Schumpeter a associé l’entrepreneuriat et l’innovation, en évoquant son processus de destruction créative où il y a alternance et succession contenue entre deux phases (innovation et dépression) qui constituent un cercle vicieux. Dans ce propos, être entrepreneur est une fonction temporaire ; l’entrepreneur exécute de nouvelles combinaisons et perd son statut entrepreneurial lorsqu’il se contente de ce qu’il a réalisé (Verstraete, 2003).

Le moteur de ce processus est l’entrepreneur qui détruit l’équilibre économique en produisant de nouvelles combinaisons. La fonction d’innovation est donc importante et fait de l’entrepreneur un vecteur de développement économique. De ce fait, « les entrepreneurs

doivent chercher les sources d’innovation, les changements, identifier les opportunités que les autres acteurs ne voient pas, ils doivent ainsi, connaître, appliquer et maîtriser les outils, les techniques et les principes permettant de mettre en œuvre les innovations avec les meilleurs chances de succès » (Fayolle, 2003 a, p30).

Bien que chaque définition saisisse un aspect particulier de l’entrepreneuriat aucune n’en retranscrivait la totalité (Danjou, 2002). Selon un groupe expert de l’UE (2004), les auteurs s’inscrivant dans l’un ou l’autre paradigme ne rejettent pas nécessairement les autres mais ils peuvent même intégrer dans leur définition de l’entrepreneuriat un ou plusieurs paradigmes.

Nous avons choisi de présenter la conception de l’entrepreneuriat selon ces paradigmes pour deux principales raisons: d’une part, elle offre une vision exhaustive et synthétique de l’entrepreneuriat en proposant de classer les différentes définitions proposées par les auteurs selon quatre paradigmes. D’autre part, elle permet d’apporter des éléments de réponse à la question suivante pourquoi développe-t-on l’entrepreneuriat et l’esprit entrepreneurial? C’est parce que l’entrepreneuriat permet de détecter des opportunités, de créer des entreprises ou des organisations, de générer de la valeur (économique, sociale et individuelle) et d’innover. En l’occurrence, dans notre recherche, nous chercherons à savoir comment développer l’entrepreneuriat et l’esprit entrepreneurial afin de créer de la valeur (économique, sociale et individuelle), d’innover, de repérer des opportunités génératrices de la valeur et de créer des entreprises ou des organisations

33 1-2 Conception de l’entrepreneuriat selon Fayolle (2003)

Nous avons également choisi de présenter la conception de l’entrepreneuriat selon Fayolle (2003b), car c’est une conception générale dans laquelle peut s’inscrire tout travail de recherche.

D’autant plus, elle est intéressante pour notre recherche puisqu’elle met l’accent sur l’état d’esprit et présente l’entrepreneuriat en tant que domaine d’éducation et d’enseignement.

En effet, Fayolle (2003) inscrit l’entrepreneuriat dans des registres et des dimensions. Ainsi, il présente les différentes problématiques soulevées par l’entrepreneuriat.

1-2-1 Registres et dimensions de l’entrepreneuriat

Pour Fayolle (2003b), le concept d’entrepreneuriat est relié à trois registres différents et touche deux dimensions. Les trois registres sont l’état d’esprit, les comportements, les situations. Et les deux dimensions de l’action sont organisées ainsi la dimension individuelle et la dimension collective. De ce fait, l’entrepreneuriat peut s’adresser à un individu, à une équipe et à une entreprise.

Les trois registres

L’état d’esprit: pour un individu, nous allons parler d’esprit d’entrepreneur. Et en ce qui concerne une entreprise ou un groupe, nous évoquons sa culture entrepreneuriale. Or comment « peut-on caractériser l’état d’esprit de cet individu ? » C’est à travers des valeurs telles que la prise de risque, les attitudes, les motivations. Ces valeurs peuvent être innées ou acquises. C’est la famille, le milieu social et l’école qui permettent de les transmettre. Pour une entreprise, ces valeurs émanent généralement du fondateur ou du dirigeant; « elles

peuvent résulter aussi des actions de formations et des opérations planifiées» (Fayolle,

2003b).

Les comportements

Les comportements individuels et collectifs tournent autour de la prise de risque, la détection des opportunités, la résolution des problèmes de management et le travail en équipe. Les comportements, d’une certaine façon, peuvent être vus comme des manifestations concrètes et tangibles de l’état d’esprit. Ils s’avèrent utiles pour l’activité entrepreneuriale. Les situations

Les situations entrepreneuriales peuvent concerner la création d’entreprise ex nihilo (en reproduisant, en imitant ou en innovant): c’est la forme la plus pure d’entrepreneuriat, la reprise d’entreprise ou d’activité saine ou en difficulté par des individus indépendants ou par des entreprises, la création d’entreprises en franchise, la création d’activités: développement

34 de produits nouveaux, direction du centre de profit dans des entreprises existantes et essaimage.

Disposant de ces éclairages basiques et ces tentatives de définitions, nous constatons que ce terme entrepreneuriat n’a pas réussi à réunir un consensus quant à sa définition voire que « le seul consensus envisageable dans sa délimitation sémantique et conceptuelle est

justement de reconnaître qu’il ne peut y avoir de consensus » (Verstraete, 2001).

Et fait, l’abondance de ces définitions peut s’expliquer par la jeunesse du domaine de l’entrepreneuriat : c’est une discipline prépragmatique en quête d’identité selon l’expression de Carsrud et Johnson (1989). De plus, c’est un phénomène qui ne se laisse pas facilement saisir car il est « mouvant et instable par essence » (Verstraete, 1999).

Hernandez (2004) incite à croire que la pluralité des visions associées à cette théorie peut être utile pour analyser un phénomène aussi complexe que l’entrepreneuriat.

Alors, en absence d’une définition scientifique acceptée par tous, il est de responsabilité de chaque chercheur d’établir clairement ce qu’il entend par ce terme quand il l’utilise (Bygrave et Hofer 1991). Toutefois, un des avantages d’une définition est d’essayer de répondre aux objectifs d’un travail et de permettre à d’autres personnes de bien comprendre le travail qui a été fait (Fayolle, 2003b).

1-2-2 Problématiques relevées par l’entrepreneuriat

Pour Fayolle (2003b), une définition doit relever d’une problématique particulière. Il distingue trois problématiques génériques dans le champ de l’entrepreneuriat:

- L’entrepreneuriat en tant que phénomène économique et social ; - L’entrepreneuriat en tant que phénomène de recherche ;

- L’entrepreneuriat en tant que phénomène d’enseignement7.

« Ces trois niveaux s’interpénètrent et s’enrichissent mutuellement : les connaissances

produites par la recherche pouvant être enseignées et pouvant résoudre des questions au niveau sociétal et ce qui se passe au niveau de la société la perception qu’elle a d’un phénomène n’est pas sans effet sur l’enseignement et le développement ou non d’un corps d’enseignement » (Fayolle, 2005).

- L’entrepreneuriat en tant que phénomène économique et social s’intéresse à des effets et à des résultats de l’activité entrepreneuriale tels que (innovation, création d’emplois, etc.).

- L’entrepreneuriat en tant que phénomène de recherche s’intéresse à des comportements individuels et/ou organisationnels adoptés dans un processus de découverte et d’exploitation d’opportunités.

- L’entrepreneuriat en tant que phénomène d’enseignement devrait être focalisé sur des cours spécifiques et des connaissances utiles pour entreprendre et basé sur des comportements bien déterminés.

Nous présentons ci-dessous un tableau synthétique résumant les différents angles de vue de l’entrepreneuriat.

7 Dans le chapitre V, nous mettrons l’accent sur l’enseignement de l’entrepreneuriat (qui se situe au cœur de

35 Tableau 8 : L’entrepreneuriat vu sous plusieurs angles

Angle de vue de l’entrepreneuri at Apport Auteurs Approche

- Contexte: les différentes approches : économique, culturelle,

sociologique, anthropologique et l’écologie des populations ont étudié le rôle de l’entrepreneur dans le développement économique ainsi elles ont traité les conditions (socioculturelles) favorables au développement de l’entrepreneuriat. Weber (1930); Hamper et Rowel, (1952) ; Chandler (1962); Firth, (1964) ; Barth (1967); Glass (1967); Mc Clelland (1969); Kilby, (1971); Shapero et Sokol, (1982); Pennings (1982); Low Mac Million (1988); Gasse, 1988 Béchard (1996); Stevenson et Jarllio (1990); Hernandez (1991); Filion (1999); Boutillier et Uzunidis, (1999), etc.

- Acteurs: l’approche psychologique et démographique a essayé

de décrire les caractéristiques ainsi que le profil type de l’entrepreneur.

- Activité et processus: les théories des organisations et les

théories managériales ont traité le comportement entrepreneurial.

Paradigme

Paradigme de l’opportunité:

l’entrepreneuriat est une recherche d’opportunité génératrice de valeur.

Collins et Moore (1964) ; Drucker (1985); Filion(1988); Gartner, (1990); Bruyat (1994); Brazeal et Herbert (1999); Shane et Vankatarman (2000); Bruyat (2001); Verstraete (2003,2004), Fayolle et Verstraete (2004) etc.

Paradigme de création de valeur: l’entrepreneuriat est une relation

dialogique entre l’individu et la création de valeur.

Paradigme de l’émergence organisationnelle: l’entrepreneuriat est

un phénomène combinant un individu et une organisation.

Paradigme de l’innovation: selon ce paradigme, l’innovation est un

instrument spécifique de l’entrepreneuriat » (Traduction)

Registre et

dimensions - Etat d’esprit: étudier l’état d’esprit (pour l’individu) et la

culture entrepreneuriale (pour le groupe)

- Comportements: étudier les comportements entrepreneurials

individuels et collectifs.

- Situations : traiter les différentes situations entrepreneuriales

(création d’entreprise, reprise d’entreprise, franchise et essaimage, etc.)

Fayolle (2003b)

Problématique - L’entrepreneuriat est un phénomène économique qui

s’intéresse à des effets et à des résultats de l’activité entrepreneuriale tels que (innovation, création d’emplois, etc.).

Fayolle (2003b)

- L’entrepreneuriat est un phénomène d’enseignement qui

devra être focalisé sur des cours spécifiques et des connaissances utiles pour entreprendre et basé sur des comportements bien déterminés.

- L’entrepreneuriat est un phénomène de recherche qui

s’intéresse à des comportements individuels et/ou organisationnels adoptés dans un processus de découverte et d’exploitation d’opportunités.

36 2/ Notre conception de l’entrepreneuriat

Dans ce qui suit, nous présenterons les différents angles de vue de notre conception de l’entrepreneuriat. Ainsi, nous appréhendons l’entrepreneuriat en tant que mentalité, en tant qu’alternative de carrière possible et en tant que domaine d’éducation et d’enseignement. 2-1 Angles de vue de notre conception de l’entrepreneuriat

A la lumière de la pluralité de définitions, de conceptions, d’approches, de paradigmes et modèles qui ont tenté d’appréhender l’entrepreneuriat, nous pouvons positionner notre recherche ainsi:

Tableau 9: Angles de vue de notre conception de l’entrepreneuriat Angles de

vue

Positionnement de notre recherche

Approche

-Contexte: nous tenterons d’étudier les facteurs favorables au développement de l’esprit entrepreneurial au sein de l’université tunisienne.

-Acteurs: nous essayerons de décrire quelles sont les composantes de l’esprit entrepreneurial (attitudes et sentiment de compétence) de l’étudiant.

-Activité et processus: notre étude se situe très en amont du processus entrepreneurial avant même l’étape de l’intention..

Paradigme

Paradigme de l’opportunité: la recherche d’opportunité génératrice de valeur pourrait être un

des résultats de développement de l’entrepreneuriat et de l’esprit entrepreneurial.

Paradigme de création de valeur: le développement de l’entrepreneuriat et de l’esprit

entrepreneurial pourrait conduire à la création de valeur (économique, sociale, et individuelle) (Léger -Jarniou, 2000).

Paradigme de l’émergence organisationnelle: la création d’entreprise pourrait être une des

principales conséquences de développement de l’entrepreneuriat et l’esprit entrepreneurial.

Paradigme de l’innovation: l’innovation est une des conséquences de développement de

l’esprit entrepreneurial. Registre et

dimensions -Etat d’esprit: étudier l’état d’esprit (pour l’étudiant) dans un niveau individuel et la culture entrepreneuriale (pour l’université) dans un niveau collectif.

Problématique - Nous proposons de développer une approche contingente c’est-à-dire une conception de l’entrepreneuriat en rapport avec une problématique d’éducation et d’enseignement.

En outre, favoriser l’entrepreneuriat, selon Emin (2003), nécessite de trouver des solutions à trois axes :

37 • Contribuer à l’amélioration des dispositifs d’aide à la création en vue de favoriser le

processus de création.

• Soutenir et accompagner les jeunes entreprises dans leurs phases de démarrage en vue de leur assurer une grande survie.

Notre recherche s’inscrit dans le premier axe. De plus, elle est bidimensionnelle dans la mesure où elle vise à comprendre et à représenter le phénomène entrepreneurial selon deux nivaux préconisés par Verstraete(2003)8.

Un niveau cognitif, affectif et conatif correspond à l’esprit de l’entrepreneur (en l’occurrence l’étudiant) et tout ce qui intervient à « forger » son architecture mentale (connaissances, attitudes, perceptions, sentiments, croyances, intentions, etc.) et à le conduire à choisir une orientation entrepreneuriale.

Un niveau structural correspond aux différents contextes et facteurs stimulant l’esprit entrepreneurial. Nous nous intéressons plus précisément à une structure de socialisation particulière à savoir l’université.

2-2 L’entrepreneuriat est une mentalité

Dans notre recherche, nous pouvons reprendre les définitions de l’entrepreneuriat fournies par:

- Fortin(1986) qui définit l’entrepreneuriat comme "une mentalité, une attitude qui

pousse un individu, seul ou avec d'autres, à lancer une nouvelle activité et à prendre les moyens pour réaliser un désir ou un rêve".

- Kanter (1984) qui définit à son tour l'entrepreneuriat comme "un esprit, un état d'âme

associé à une manière intégrative d'approcher les problèmes et la prise de décision. Cette attitude se caractérise par la volonté de cheminer dans des sentiers non défrichés, par la volonté d'endosser une logique qui n'a pas encore fait ses preuves, par la volonté de combiner des idées et des concepts qui n'ont pas encore été apprivoisés et finalement par la volonté de concevoir et d'accepter le changement comme une opportunité d'évaluer les possibilités.»

Nous avons retenu ces définitions car elles présentent l’entrepreneuriat comme un état d’esprit et comme une mentalité.

2-3 L’entrepreneuriat est une alternative de carrière

Avant de situer notre recherche par rapport aux travaux menés sur la carrière entrepreneuriale, il convient d’abord de définir ce que nous entendons par carrière. Ensuite, nous présenterons les différentes approches épistémologiques de l’étude de la carrière et les modèles de carrières les plus dominants afin de pouvoir mieux y situer notre étude.

8

Pour comprendre le phénomène entrepreneurial Verstraete (2003) a présenté trois niveaux : un niveau cognitif (C) qui correspond à l’état cognitif de l’entrepreneur, un niveau structural qui correspond aux contextes et aux environnements poussant l’individu à agir et un niveau praxéologique (P) qui intègre les actions fondamentales entreprises par l’entrepreneur.

38 2-3-1 Positionnement de notre recherche par rapport à l’étude de la carrière

Dans ce qui suit, nous allons définir dans un premier lieu la notion de la carrière. Et dans un second lieu, nous aborderons les différentes formes d carrières afin de pouvoir positionner notre recherche.

2-3-1-1 La carrière: voie où l’on s’engage

La carrière est un parcours professionnel. L’origine du mot carrière est latin « carus » c'est-à-dire « voie où l’on s’engage ». Selon Arthur, Hall et Lawrence, (1996), le terme carrière est utilisé pour désigner et qualifier the « evolving sequence of a person’s work

experiences over time ».

Par ailleurs, la carrière représente à la fois un phénomène organisationnel et un processus de développement individuel (Gunz, 1989). Cette dualité a amené les auteurs à étudier la carrière selon trois conceptions méthodologiques selon que l’on se situe dans un niveau individuel ou organisationnel ou en combinant les deux (Culié, 2007).

-La conception des économistes néo-institutionnalistes développée à partir des années 1960, considère que les contextes sociétaux et organisationnels sont à l’origine des carrières.

- La conception des psychologues développée à partir de la fin des années 1950, considère que la carrière est essentiellement l’affaire des individus, dont elle s’attache à étudier les ancres, les motivations et le développement d’une identité de carrière.

-La conception interactionniste développée9 et initiée par les sociologues de l’Ecole de Chicago à partir des années 1930, considère la carrière comme un processus qui résulte des interactions entre l’individu et son milieu professionnel.

2-3-1-2 Les formes de carrières

Kanter (1989) et Cadin (2005) ont proposé une typologie de carrière composée de trois formes de carrière (voir tableau 10): bureaucratique, professionnelle et entrepreneuriale.

Ces trois formes sont définies ainsi:

Tableau10: Les formes de carrière d’après Kanter (1989) et Cadin (2005)

Formes de carrière Bureaucratique Professionnelle Entrepreneuriale Principe organisateur Avancement Réputation Développement Ressource clé Position hiérarchique Expertise Création de valeur Évaluation Hiérarchique Par les pairs Vote des clients

Moteur Sécurité Développement de la

compétence

Croissance

Source : Pralong (2007)

9

Schein(1978), « un psychologue interactionniste, a distingué entre la carrière externe et la carrière interne: la

carrière externe se rapporte « aux étapes et aux rôles formels définis par les politiques organisationnelles et les concepts sociétaux de ce qu’un individu peut attendre de sa vie professionnelle alors que la carrière interne se définit comme la perception qu’a l’individu de la direction prise dans sa vie professionnelle» (cité par Culié,

2007).

39 • La forme bureaucratique est une survivance des carrières traditionnelles et organisationnelles (Pralong, 2007). Elle est définie comme « une succession d’emplois

reliés entre eux, organisés selon une hiérarchie de prestige, que les individus

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