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Les agents de socialisation peuvent-ils développer l’entrepreneuriat et de l’esprit

Le fait de développer l’entrepreneuriat et l’esprit entrepreneurial génère d’innombrables avantages pour l’économie, la société et l’individu et ce à travers la création d’entreprises, la création de valeur, la création d’emploi, l’innovation et l’épanouissement individuel.

Mais, plusieurs questions méritent d’être élucidées: si l’entrepreneuriat et l’esprit entrepreneurial représentent une forte demande pour les sociétés, comment peut-on les développer? Comment peut-on agir sur les états d’esprit, les attitudes et les sentiments de

73 compétence entrepreneurials ? Quels sont les facteurs à mobiliser et qui sont susceptibles de stimuler cet esprit?

Pour répondre à ces questions, nous procéderons ainsi: nous présenterons l’esprit entrepreneurial comme un fait social dans un premier temps, et dans un second temps, nous montrerons que la socialisation est plus précisément une de ses variantes la socialisation entrepreneuriale pourrait favoriser le développement de cet esprit, et cela à travers le rôle des agents de socialisation (la famille et l’environnement de proximité, la culture, le milieu professionnel et l’éducation et la formation).

1/ L’esprit entrepreneurial comme un fait social20

Bourguiba (2007), en se basant sur les travaux de Kirzner (1985) et Lavoie (1993), a présenté l’esprit d’entreprendre comme un fait social. En effet, Lavoie (1993) apporte une nouvelle vision pour l’appréhension du phénomène entrepreneurial. Selon cet auteur, il ne faut pas envisager l’action comme une rencontre directe avec la réalité objective, car elle s’inscrit toujours dans une grille d’interprétation. Alors, « le fait d’entreprendre est considéré comme une compétition et est assimilée à un processus de découverte sans être un mécanisme prédéterminé. De là, il s’agit d’un processus radicalement social qui dépend du libre jeu des individus sans pour autant s’y réduire. Selon la perspective subjectiviste de Kirzner, l’action humaine est toujours affaire d’interprétation et donc la découverte peut se définir comme un changement d’axe d’interprétation. Elle peut être assimilée à une nouvelle manière de voir les possibilités et les contraintes d’une situation par la mobilisation d’une vivacité d’esprit ». Si l’entrepreneur kirznérien est doté d’une certaine vivacité d’esprit qui suppose une orientation de l’attention, celui Lavoieén qualifie cet esprit de social avant d’être rationnel. En effet, les esprits qu’on peut connaître dans la réalité ne peuvent concevoir moyens et fins que dans et par leurs immersions sociales (Bourguiba, 2007, pp114-115).

Par ailleurs, pour comprendre l’esprit et le comportement des entrepreneurs plusieurs auteurs (Diakite, 2004 p88, Bourguiba, 2007) prônent de prendre en considération le contexte et l’environnement économique, social et culturel dans lesquels se trouvent les entrepreneurs. Dans une autre optique, et pour traiter la relation entre l’individu et son contexte, Diakite (2004 p88), en se référant à Rocher (1969), considère que « l’action sociale est un phénomène

à la fois psychique et social, engageant la conscience individuelle et la conscience collective ». Selon Rocher (1969, p33), « les manières d’agir, de penser et de sentir exercent une pression sur le comportement car l’action la plus personnelle obéit à des règles collectives, acquises par l’éducation du fait de l’appartenance à des entités constituées dont la famille, l’école et la société dans son ensemble. Ainsi, Rocher aboutit à la conclusion suivante : il n’y a pas opposition entre l’individuel et le social. Il faut plutôt parler de continuité et complémentarité dans la mesure où la cohérence et la signification du comportement sont appréciées de l’acteur et de son groupe d’appartenance ».

Alors, nous pouvons déduire que l’esprit entrepreneurial ne peut être appréhendé que par et dans son « immersion sociale ». Il se construit à partir d’un nœud de relations avec une partie individuelle et une partie sociale, une partie contrainte et une partie liberté.

74 2/ La socialisation et l'esprit entrepreneurial

Pour aborder la relation entre l’esprit entrepreneurial et son environnement, nous aurons recours au concept de socialisation. A cette fin, il convient d’abord de clarifier ce que nous entendons par socialisation ensuite, nous définirons le concept socialisation entrepreneuriale enfin nous montrons que les agents de socialisation tels que la famille et l’environnement de proximité, la culture, la religion et l’enseignement pourraient favoriser le développement de l’esprit entrepreneurial.

2-1 Définition de la socialisation

Pour mieux comprendre la notion de la socialisation, il est nécessaire de revenir à ses sources qui sont principalement la sociologie et la psychologie. Ces deux sciences s’opposent en ce qui concerne leurs conceptions de la socialisation chacune essaye de la définir selon ses prémisses. Chez les sociologues, la socialisation est un thème central qui permet « d’expliquer

comment les sociétés se maintiennent et se pérennisent en transmettant leurs valeurs et leur culture » (Fabre, 2005). Ainsi, les premiers sociologues (Durkheim, 1930; Weber, 1921), les

anthropologues (Linton, 1936), les fonctionnalistes (Parsons, 1937), bien que présentant des analyses différentes, affirment tous la prééminence de la société sur l’individu (Fabre, 2005). Alors que les psychologues s’intéressent plus particulièrement à l’individu et considèrent la socialisation comme un processus de formation de la personnalité et de développement de l’identité (Piaget, 1965). Pour eux, la socialisation est « issue d’un processus cognitif

individuel, et les phénomènes sociaux ne se comprennent qu’en étudiant les mécanismes psychologiques individuels ». Pour surmonter ce clivage, une approche interactionniste a

conçu la socialisation selon une logique bidimensionnelle et fondée sur l’interaction entre l’individu et la société. (Fabre, 2005)

Par ailleurs, Brim (1966, p 23), a défini la socialisation comme «un processus

d’acquisition par lequel les individus apprennent les connaissances, les compétences et les dispositions qui font d’eux des membres plus ou moins efficaces d’un groupe social».

Mais selon Francq, (1996) « la socialisation ne se résume pas à un simple apprentissage de

répertoire de comportements. Inséparable d’un processus de construction identitaire, elle procède également d’un travail socio-affectif par lequel l’individu donne sens à sa trajectoire, ses activités, ses espaces de référence ».

Pour notre part et à la suite de Paillot (2003, p27), nous définissons la socialisation

« comme un processus discontinu, jamais totalement réussi ni complètement achevé, par lequel un individu apprend et intègre les éléments socio-culturels de son milieu et s'adapte par là à l'environnement social dans lequel il doit s’insérer ».

2-2 Socialisation entrepreneuriale

En entrepreneuriat, la socialisation selon Verstraete (1999), est un dénominateur commun pour aborder la relation entre la dimension cognitive et celle structurelle. Et selon

75 Paillot (2003, p 27), « elle est au carrefour du collectif (production et reproduction des

structures collectives) et de l’individuel (production de soi), du cognitif (acquisition de structures de connaissance) et de l’affectif (constitution de soi) ». Elle s’articule autour d’un

triple logique: d’acquisition; d’intégration et d’adaptation et de positionnement social (Fischer, 1991) qui ce triple logique est présenté ainsi:

1- « Acquisition: elle découle des apprentissages, des modes de pensées, de normes, de valeurs, de codes symboliques, de rôles, de modes d’action individuelle et collective permettant au sujet de se construire une représentation du monde et d’agir sur lui-même.

2- Intégration : ces apprentissages sociaux influencent son système cognitif (connaissances et moyens de connaissances), son identité et/ou les traits de sa personnalité.

3- Adaptation et positionnement social: l’intégration de ces configurations de pratiques, de représentations et d’attitudes contribue non seulement à son adaptation, à son environnement social, mais aussi à la définition et à la reconnaissance de son positionnement dans les différents espaces sociaux qu’il traverse » (Paillot 2003, pp, 27, 28).

Compte tenu de ces éclairages basiques sur la socialisation et de façon précise sur l‘une de ses variantes la socialisation entrepreneuriale, il est légitime d’en parler dans notre recherche dans la mesure où le développement de l’esprit entrepreneurial est une affaire complexe qui ne se joue pas à l’intérieur des consciences et des cognitions des individus mais aussi compte tenu du contexte qui l’entoure. D’ailleurs, Paillot (2003, p28) , a défini la socialisation entrepreneuriale « comme un processus historique d’apprentissage, d’intégration

et de positionnement social par lequel l’individu se prépare à remplir les rôles entrepreneuriales c'est-à-dire des rôles liés à l’imagination, au développement et à la réalisation des visions créatrices et des valeurs et des activités».

Starr et Fondas(1992) ont présenté un modèle de socialisation entrepreneuriale en deux phases. La première phase (Anticipory Socialization) renvoie aux prédispositions multiples, aux apprentissages et aux expériences qui précèdent la décision de devenir entrepreneur. La seconde phase (New Entrepreneur Socialization) est la transition qui influence le passage de l'intention entrepreneuriale à la création effective. Cette dernière est influencée par trois facteurs qui s'interpénètrent (les agents socialisants, la structure du contexte et les motivations de l’individu) (Verstraete, 1997; Paillot, 2003).

Notre étude se situe dans la première phase de socialisation entrepreneuriale. Et en nous inspirant de Paillot (2003), La socialisation entrepreneuriale dans notre étude ne désigne- t-elle pas «un processus discontinu » par lequel l’individu (en l’occurrence l’étudiant) pourrait s’approprier des valeurs, des attitudes liées à l’imagination, à l’initiative, à la prise de risque, au goût d’entreprendre? Autrement dit, n’est–elle pas un processus d’intériorisation de la culture entrepreneuriale de la société dont il est membre? Et par conséquent ne pourrait-elle pas aider l’étudiant à construire son identité (Franq, 1996).

Dans ce qui suit nous présenterons le rôle des agents de socialisation dans le développement de l’entrepreneuriat et l’esprit entrepreneurial.

76 3/ Le rôle des agents de socialisation dans la promotion de l’entrepreneuriat et l’esprit entrepreneurial?

Qui peut transmettre les attitudes, les valeurs entrepreneuriales? «Qui peut donner (ou

redonner) un esprit d’entreprendre ou une culture entrepreneuriale? Au niveau d’un individu, de la famille bien évidemment mais aussi du système éducatif, de la société et d’autres milieux reliés à des territoires, des professions et des secteurs d’activités » (Fayolle, 2003,

p38).Confirmant cette même idée, Gasse (2008, p51) considère « l’entrepreneuriat étant

avant tout une mentalité, une façon d’être, un style de vie, il importe de mieux cerner les facteurs du milieu immédiat qui peuvent en influencer l’attraction ou encore mieux, la désirabilité. Les facteurs sociaux et culturels affectent directement la désirabilité perçue d’un comportement donné ou d’une action».

Ces facteurs sont appelés des agents de socialisation ou des espaces de socialisation (Paillot, 2003) ou des processus de socialisation (Verstraete 2006). Grâce à ces processus de socialisation, « l’individu au cours de sa vie et sans que ce soit jamais achevé apprend et

intègre les éléments socioculturels de son milieu et s’adapte à l’environnement dans lequel il doit s’insérer. On est donc en présence d’un effort progressif d’apprentissage, d’intégration et de positionnement personnel dans la société» (Verstraete 2006, p 139).

Alors, comme elle se poursuit tout au long de la vie, la socialisation s’effectue par l’intermédiaire des espaces de socialisations multiples et hétérogènes tels que la famille et l’environnement de proximité, la culture, la religion, les médias, le milieu professionnel, le système scolaire. Ces facteurs de socialisation sont présentés dans la figure (9).

En outre, maintes études (Gasse et D’Amours, 2000; Gasse, 2003) ont montré que l’esprit entrepreneurial peut se développer chez les personnes tant que l’environnement soit facilitateur et valorisant l’entrepreneur. Alors, le milieu est déterminant qu’il s’agisse de la famille ou de façon générale l’environnement de proximité tels que les amis ou les professeurs, la culture ambiante, le milieu professionnel, les médias, etc.

77 Figure 9: Facteurs de socialisation

Source: Gasse (2003)

Dans ce qui suit, nous mettrons l’accent sur l’importance de quelques agents de socialisation (famille, religion, culture, milieu professionnel, éducation) dans la promotion de l’entrepreneuriat et de l’esprit entrepreneurial.

3-1 Famille et environnement de proximité

La famille a été de tout temps le principal agent de socialisation (Vallerand, 1994, p.671). Dans le processus de socialisation, la famille se situe au premier stade de la socialisation. Ainsi, elle est le cadre de la transmission de premiers apprentissages, de principes essentiels et de valeurs de base. Et de ce fait, elle est l’organe clé de construction de la personnalité. Et selon Paillot (2003), en se basant sur les travaux de Berger, Luckmann (1986) et Leclerc-Olive (1997), «les sociologues accordent généralement une primauté à la

socialisation primaire par rapport à celle secondaire, ne serait-ce qu'en raison de l'intensité de la dimension affective qui la caractérise».

Dans le domaine entrepreneurial, Verstraete et Saporta (2006, p138) ont remarqué que si le thème de l’entreprise familiale n’a pas été approfondi dans la littérature entrepreneuriale, le rôle de la famille au sein du processus entrepreneurial n’a été que rarement abordé comme

78 une question de recherche à part entière. La famille selon ces auteurs, est «un construit à géométrie variable ». Si elle « désigne la présence d’ascendants et de collatéraux plus âgés »,

c'est-à-dire la grande famille, il est plus pertinent de parler de rôle modèle « role models ».En effet, l’école de pensée de «role models» considère que l’exemplarité surtout

lorsqu’elle vient de la famille proche (le père ou la mère) est un facteur prédictif important de l’action entrepreneuriale (Mathews, 1995). C'est-à-dire, le jeune qui a vécu chez sa famille ou auprès de son entourage considère que ses parents sont des modèles de référence et des points de repères alors, il s’efforce à les imiter et à suivre leur chemin.

Dans cette même optique, selon Allard et Ouellette (1995, p503), les parents avec leur niveau d’éducation et leur niveau professionnel, l’entourage et le réseau d’ami(e)s sont des modèles qui influencent les aspirations et les souhaits professionnelles des jeunes. D’ailleurs les amis et surtout ceux qui sont les plus proches, sont souvent les plus consultés lors de la prise de décisions importantes. (Bronfenbrenner, 1977). Dans une veine similaire, pour montrer l’importance des « rols models », (Granger, 2000, p 22) a fait la différence entre l’influence issue de l’enseignement et celle issue de l’éducation familiale: « l’école explique, enseigne.

Elle ne donne pas l’exemple; elle autorise peu l’expérimentation: Alors que se mettre à son compte requiert la force de l’exemple, l’expérimentation; non pour tant le goût du risque, mais sa mesure… ».

Dans le domaine entrepreneurial, plusieurs auteurs ont fait l’unanimité sur l’importance du milieu familial et les rapports qu’entretenait la personne avec ses proches en ce qui concerne la formation de la personnalité et la motivation pour le choix d’une carrière entrepreneuriale. En effet, Hernandez, (1999) considère que l’influence de la famille est déterminante « cela constitue même un des rares points à faire l’unanimité parmi les

chercheurs en entrepreneuriat ». D’ailleurs, Cooper dans son modèle (1979) considère la

famille comme un antécédent qui influence l’entrepreneur. Selon cet auteur, la présence d'un entrepreneur dans la famille ou l’environnement proche d'un individu l’influence et le pousse à lancer son propre affaire: ce sont des «modèles à imiter». D’autant plus, même si les parents n'ont pas réussi dans le monde des affaires, le jeune sait, au moins, que se lancer en affaires est une chose possible et que l’entrepreneuriat est une option de carrière à explorer.

De plus selon Shapero et Sokol (1982), la famille, (surtout les parents) joue un rôle très puissant: elle peut influencer la désirabilité et la faisabilité des actions entrepreneuriales. Scott et Twomey (1988) ont constaté que les personnes dont les parents possèdent (ou ont déjà possédé) une petite entreprise avaient une préférence plus élevée pour le travail indépendant et, à l’inverse, cette préférence est moins importante pour des situations de salariés dans de grandes entreprises. Ainsi, Matthews et Moser (1995 et 1996) ont identifié un lien significatif entre la présence de modèles de référence parentaux entrepreneuriaux et le niveau des intentions entrepreneuriales (Cité par Fayolle et Gailly, 2009, p180).

De même Bandura (1986) dans sa théorie l’apprentissage social, a avancé que les individus développent et consolident leur sentiment d’efficacité personnelle à partir de quatre types de déterminants dont les expériences vicariantes (role models). En effet, selon cet auteur «une

personne développe des attentes d’efficacité personnelle en observant et en comparant ses propres capacités à celles des personnes qui l’entourent (famille, groupe d’amis, proches) considérées comme possédant des caractéristiques similaires aux leurs » (p 364).

Ainsi, le fait de voir ses proches réussir une tâche ou une activité suite à des efforts continus, cela contribue à augmenter le sentiment d’efficacité personnelle de l’observateur ((“If he can

79 do it, then I can too”). Et l’inverse est juste : le fait de les voir échouer suite à un manque d’efforts déployés diminue son sentiment d’efficacité personnelle. A la suite de Bandura, Boyd et Vozikis (1994, p71) ont montré que la présence d’un role models entrepreneurial affectera positivement le niveau (ou le degré) de sentiment d’efficacité de l’individu.

En Italie, développer l’esprit d’entreprendre est l’affaire de la famille. Le jeune a souvent l’exemple d’un membre de sa famille qui s’est mis à son compte. Ce pays compte encore des myriades d’entreprises artisanales et familiales (OCDE, 2001). D’autant plus que ces jeunes ne trouvent pas des difficultés lorsqu’ils se lancent dans le monde des affaires puisque la démarche entrepreneuriale sera déjà familière et donc perçue comme possible. Ainsi Tounès (2003) à la suite de Julien (1994, p. 203) et Raijman (2001, p. 396) a confirmé que le "réseau primaire des connaissances" de l'individu (la famille, les amis, les connaissances scolaires et professionnelles) prépare souvent le terrain à une carrière entrepreneuriale. Verzat et Bachelet (2005) quant à eux ont montré l’influence d’autres personnes telles que les enseignants, le groupe d’amis, les professionnels rencontrés au cours de stages ou de conférences à l’école, sur les orientations professionnelles et le désir d’entreprendre (Frugier et Bousnane, 2007). De même, Lakhel et al (2006) ont évoqué l’importance de «background parental» en entrepreneuriat. Selon ces auteurs, «les parents sont considérés comme les premiers éducateurs et des modèles pour leurs enfants. L’éducation que les parents inculquent à leurs enfants est durable et les enfants se rappellent toute leurs vies (un parent qui pendant le processus éducationnel de son enfant l’oriente vers un métier entreprenant aura de fortes chances d’atteindre son objectif ».

En outre, selon Verstraete (2006), «plusieurs associations statistiques ont été maintes

fois relevées entre la propension d’entreprendre et la présence d’entrepreneur dans le milieu familiale ou le cercle rapproché des populations étudiées ». Fayolle (2009), en faisant recours

aux travaux de Matthews et Moser (1995) et Scott et Twomey (1988), confirme cette idée: plusieurs études empiriques ont trouvé une corrélation entre le rôle des proches comme modèles à imiter et la préférence pour une carrière entrepreneuriale (cité par Fayolle et Gailly, 2009). En effet, maintes études réalisées dans différents secteurs, aux Etats-Unis et à travers le monde, ont montré qu’entre 50% à 72% des fondateurs de sociétés (médecins, chefs d’entreprises, artistes, avocats, agriculteurs) ont un parent qui donne une grande importance à leur indépendance (Esposito et Zumello, 2003).

Ainsi, Belaid (2004) a étudié les antécédents et les caractéristiques d’un environnement propice au développement de l’entrepreneuriat à travers des réunions de groupe semi- structurées, avec des jeunes chefs d’entreprises appartenant à la Cellule des Jeunes membres de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (I.A.C.E) en Tunsie. Le principal apport de son étude montre l’importance de l’éducation donnée par les parents: elle a un effet primordial dans l’éveil d’un esprit créatif et a fortiori celui d’entrepreneur. D’ailleurs, les entretiens menés font ressortir un certain nombre de valeurs communes, inculquées par les parents au cours de l’éducation de leurs enfants, et qui semblent stimuler la créativité et de la réussite sociale: l’indépendance, la responsabilisation, la capacité de prendre des décisions, en assumant les conséquences, l’ouverture vers d’autres cultures. Reix (2006) quant à lui a cherché à identifier ce qui amène un individu à s’engager dans une carrière entrepreneuriale dans une société française pourtant dominée par le salariat. A cet effet, il a mené une enquête moyennant une cinquantaine d’entretiens avec des entrepreneurs aquitains, réalisés selon la

80 méthode des récits de vie. Les résultats ont montré qu’il y a différentes logiques d’action qu’ils mobilisent pour justifier leur engagement dans une carrière entrepreneuriale: dont notamment le rôle du modèle familiale dans la transmission d’une éducation qui valorise des valeurs telles que la créativité, la prise d’initiatives, l’autonomie et l’indépendance.

En outre, plusieurs études empiriques ont été menées auptrés d’une population estudiantine montrant l’importance de role models comme un antécédent qui influence les perceptions, les croyances et les attitudes des étudiants envers l’entrepreneuriat.

D’ailleurs, Tremblay et Gasse (2007) ont élaboré une enquête auprés de 509 étudiants qui a pour but d’étudier l’impact des antécédents sur les croyances, perceptions et intentions des étudiants universitaires face à l’entrepreneuriat. Parmi les résultats trouvés, c’est que les

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