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6.2 Recommandations

6.2.2 Une approche par intervention

Contrairement à l’approche par acteur qui traite plus des contacts à créer, l’approche par intervention aborde plutôt l’implication dans des projets. L’approche par intervention identifie des situations propices au partage des préoccupations du parc ou des façons de les communiquer.

Grâce à l’analyse des plans, il a été remarqué que le développement du tourisme comme secteur d’activité économique était appelé à prendre de l’expansion. Tous les acteurs reconnaissent le fort potentiel de la région à recevoir de la villégiature et des activités de plein air. Ils sont aussi tous du même avis face à l’importance de planifier le territoire en conséquence afin d’assurer la durabilité de la demande, d’éviter les conflits d’usages et de mieux préserver les ressources. Un projet a été lancé en ce sens au mois dernier : le développement de la rivière Saint-Maurice. Le communiqué de presse stipulait que

« [l]a CRÉ et sa CRRNT ont mandaté récemment le Groupe DDM pour produire un outil de référence pour la mise en valeur et le développement harmonieux et durable du corridor de la rivière Saint-Maurice. » (CRÉ de la Mauricie, 2014).

La mise en valeur du Saint-Maurice est alors une opportunité à saisir pour le PNCM d’amener ses préoccupations à même la planification. Plusieurs acteurs de différents milieux se retrouvent autour de la table pour suivre le projet du consultant. L’aménagement d’activités récréatives, d’accès aux rives, de villégiature et des autres formes d’exploitation doivent prendre en compte les contraintes et les attributs écologiques du Saint-Maurice. La diversité des écosystèmes, les différentes strates de végétation qui forment les écosystèmes riverains, les habitats d’espèces vulnérables, le couvert forestier près du cours d’eau et la connectivité doivent être amenées dans l’aménagement afin de réduire l’impact des activités sur l’IÉ. Les différentes utilisations auront aussi comme effet d’accentuer la fragmentation et peuvent agir de porte d’entrée aux espèces exotiques envahissantes en perturbant les écosystèmes. Le corridor touristique constitue une opportunité d’instaurer un corridor biologique le long du St-Maurice. Déjà côtoyer par la faune aquatique et terrestre, les écosystèmes riverains pourront être empruntés par bon nombre d’espèces. De plus, ce corridor se retrouverait dans l’axe nord-sud, justement où un manque de connectivité avec le PNCM est observé. Des corridors de ce genre existent déjà. Par exemple, un projet de corridor sur un tronçon de la rivière Yamaska est porté par la fondation SÉTHY, Nature Action Québec et l’organisme de bassin versant Yamaska (Fondation SÉTHY, 2012). Ce corridor qui rattache des parcelles encore naturelles du territoire

« […] fait également le lien entre deux espaces naturels protégés, le parc national de la Yamaska et le Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin, via le parc linéaire cyclable de la MRC de La Haute-Yamaska […] » (Fondation SÉTHY, 2012).

Ce corridor se réalisera alors que plusieurs terres sont habitées ou sous occupation agricole. Néanmoins, les activités récréatives et la conservation de la nature prennent une place importante dans ce paysage. Le PNCM en collaboration avec le BVSM ou d’un autre allié comme Conservation de la nature Canada pourrait proposer l’insertion du corridor à vocation faunique dans la mise en valeur du Saint-Maurice. Les avantages de garder une IÉ dans les projets touristiques

sont bien compris par les acteurs de planification du territoire puisque chacun a mentionné à quel point la nature était un des attraits les plus importants de la région.

Puisque la connectivité est un des éléments du territoire les moins abordés dans les plans, démontrer son importance pourrait être avantageux. Déjà, ce concept est de plus en plus utilisé dans les mouvements de conservation : que ce soit autour de grandes villes comme la ceinture verte bleue de Montréal, à l’échelle d’une province comme le Green Belt Ontario., ou même sur l’étendu d’une région écologique comme Corridor appalachien. Même les parcs nationaux du réseau québécois commencent à planifier la connectivité entre des parcs de proximité comme le Parc national d’Oka et le Parc national du Mont-Tremblant (Éco-corridors Laurentiens, 2014). Pour l’instant, le besoin d’établir la connectivité en Mauricie semble peut-être moins urgent que dans les régions à haute densité de population. Toutefois, il est préférable d’amener ce concept dans l’aménagement avant que les développements ne commencent. Il est plus facile de le planifier en amont que devoir restaurer des écosystèmes ou tracer un corridor avec des parcelles résiduelles. Bien que le PNCM ne peut initier et gérer à lui seul un projet d’envergure comme celui-ci par manque de ressources et de légitimité, il peut jouer le rôle de catalyseur. Avec l’expertise de Parcs Canada en matière de conservation et de son programme de suivi de l’IÉ, le PNCM peut agir en tant que diffusion de connaissances. En mars dernier, le Parc national d’Oka a tenu un colloque en collaboration avec l’organisme de conservation Éco-corridors Laurentiens qui portait sur la conservation et la connectivité entre le Parc national d’Oka et le Parc national du Mont Tremblant. Réunissant des experts en la matière, les conférences offraient « […] aux participants de l’information relative aux enjeux, aux outils et aux méthodes reliés à la protection et la mise en valeur des milieux naturels » (Éco-corridors Laurentiens, 2014). Les participants provenaient de différents secteurs comme des organisations, des associations, des regroupements citoyens, des propriétaires privés, des élus et des gestionnaires municipaux de la région (ibid.). Le PNCM serait un endroit idéal et son équipe de gestion un acteur crédible pour tenir un évènement de la sorte. En plus d’entreprendre des démarches envers l’objectif du maintien de l’IÉ, ceci rejoindrait le mandat d’éducation de Parcs Canada. Un colloque de ce genre offre des solutions à une problématique trouvée et donne l’opportunité aux acteurs de développer une vision commune de leur région. Cet évènement impliquerait le PNCM dans sa région et démontrerait sa volonté d’être un acteur présent dans la planification du territoire. L’organisation peut être réalisée en partenariat avec d’autres acteurs de la région ou œuvrant pour la conservation ou même avec un centre universitaire.