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Pour chaque espèce, j’ai placé des micros dans et à proximité des nids de façon à pouvoir enregistrer la communication entre le mâle et la femelle. Ces enregistrements ont pu être accompagnés d’observations visuelles et/ou d’enregistrements vidéo à l’intérieur du nid. Pour chaque espèce mon étude s’est faite en deux temps. Parce que très peu de choses étaient connues sur la communication des couples au nid, j’ai observé sur le terrain dans quels contextes cette communication avait lieu et comment elle différait d’un contexte à un autre. J’ai également fait une étude expérimentale pour chaque espèce (sur le terrain pour la mésange charbonnière et en volière pour le diamant mandarin) afin de déterminer plus précisément les fonctions possibles de cette communication.

I.7.b. Les couples de diamants mandarins communiquent-ils pour se partager le temps d’incubation ?

A part dans le cas de la recherche d’un emplacement pour faire un nid (Zann, 1996), la communication au nid entre le mâle et la femelle diamants mandarins n’a été décrite que très récemment. Elie et al. (2010), ont décrit deux types d’échanges vocaux : les « meetings » et les « sentinels ». Les « meetings » ont lieu lorsqu’un oiseau retrouve son partenaire dans le nid, par exemple en apportant des matériaux de construction. L’oiseau qui est revenu pourra alors soit repartir, soit relever son partenaire au nid et prendre son tour d’incubation. Les « sentinels » ont lieu, quant à eux, avec un oiseau à l’intérieur du nid et l’autre à l’extérieur. Ce dernier semble alors vigilant à la présence de potentiels prédateurs (la prédation des nids naturels est responsable de l’échec de plus de 60% des nichées chez cette espèce et les adultes comme les poussins peuvent être touchés ; Zann, 1996; Griffith, Pryke, & Mariette, 2008). La proportion de « meetings » est plus importante pendant la construction du nid et la ponte, puis diminue progressivement en faveur des « sentinels » au cours de la reproduction. Les cris les plus utilisés pendant ces échanges sont les « tets », les « whines » (Fig. 5D) et les cris de distance. Les « tets » sont plus utilisés par l’oiseau qui se trouve en dehors du nid au début de l’échange alors que les « whines » sont plus utilisés par celui qui se trouvait dans le nid.

Dans cette thèse j’ai d’abord enregistré des couples en milieu naturel de façon à comparer les différents types d’échanges vocaux produits pendant l’incubation. J’ai pu observer que les oiseaux

29 faisaient bien des duos de « sentinel » et j’ai distingué les « meetings » en relèves et en simples visites (Chapitre 1). Les diamants mandarins ont la particularité d’être très coordonnés pendant l’incubation en se partageant de façon parfaitement équitable le temps passé dans le nid (El-Wailly, 1966; Delesalle, 1986; Zann & Rossetto, 1991; Gorman et al., 2005; Gilby et al., 2013). J’ai donc testé si les différents duos observés pouvaient avoir un rôle dans cette coordination en indiquant à quel moment la relève devait se faire. De plus, j’ai testé expérimentalement cette hypothèse dans un deuxième temps en retardant le retour du mâle au nid en volière. J’ai étudié l’impact de ce retard sur la communication du couple pendant la relève mais également l’impact de cette communication sur le temps que chaque oiseau va passer dans le nid par la suite (Chapitre 2).

I.7.c. Les femelles de mésanges charbonnières indiquent-elles leur besoins en nourriture à leur partenaire lorsqu’elles doivent rester au nid pour incuber les œufs ?

Chez la mésange charbonnière, c’est la femelle qui passe du temps dans le nid pour couver les œufs et plus tard les jeunes poussins (Hinde, 1952). Dès les années 1986-1987, Mace, remarquait que le pic de chant des mâles durant le chorus de l’aube a lieu pendant la ponte, alors que les couples et les territoires sont déjà bien établis (Mace, 1987). De plus, le mâle diminue fortement la fréquence à laquelle il chante juste après l’émergence de la femelle qui a passé la nuit dans le nid (Mace, 1986). Ces observations indiquent que le chant ne semble pas avoir seulement un rôle dans la défense du territoire et l’attraction de nouvelles partenaires mais doit être adressé en partie à la femelle. Ces observations sont confirmées plus tard par une étude montrant que les femelles sortent de leur nid en réponse à un playback de chant de leur mâle pendant l’incubation (Lind et al., 1996). De plus, les femelles peuvent répondre à leur mâle depuis l’intérieur du nid (Gorissen et al., 2004; Gorissen & Eens, 2005) et les mâles ajuster leur réponse en chantant plus près du nid si les femelles mettent plus de temps à répondre (Halfwerk, Bot, & Slabbekoorn, 2012).

Dans cette thèse, j’ai observé que cette communication avait lieu dans différents contextes, en partie liés au nourrissage de la femelle par le mâle (Chapitre 3). Chez certaines espèces, ces nourrissages peuvent jouer un rôle important sur la qualité de l’incubation en permettant aux femelles de passer plus de temps dans le nid (Lyon & Montgomerie, 1985; Lifjeld & Slagsvold, 1986; Hałupka, 1994; Klatt et al., 2008; Lloyd et al., 2009; Stein et al., 2009; Matysioková et al., 2011; Moore & Rohwer, 2012; Matysiokova & Remes, 2014). J’ai dans un deuxième temps testé si la femelle pouvait utiliser ces échanges vocaux pour communiquer son niveau de faim à son mâle (Chapitre 4). J’ai dans ce but enregistré des couples dans deux conditions pendant l’incubation : une condition dans laquelle la femelle disposait de nourriture à volonté dans le nid et une situation contrôle sans apport en nourriture.

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Chapitre 1

Vocal duets at the nest in the wild zebra finch: mates signal when