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III. Elevage de montagne et gestion sanitaire

III.2. Conduite sanitaire des troupeaux

III.2.2. Appréciation de l’état du troupeau

III.2.2.1. A l’échelle du troupeau : les indicateurs zootechniques

Des indicateurs permettent d’avoir une vue globale de l’état de santé du troupeau afin d’adapter la conduite au mieux.

a. La note d’état corporel

L’évaluation de l’état corporel des ovins grâce à la NEC est un outil simple de la gestion de l’alimentation (annexe 1). Il passe par l’examen de plusieurs points (figure 30), grâce à une observation à distance (figure 31) et par palpation dorsale (figures 32) de 20 % des animaux à des stades différents.

Figure 30 : Notation de l'état corporel : les différents points à examiner (Source : Sagot et Pottier, 2010)

Les attentes ne sont pas les mêmes en fonction du stade physiologique. Par exemple, une perte d’état sur des brebis à l’entretien qui bénéficieront à la descente du phénomène de croissance compensatrice peut être tolérée. En revanche, sur des animaux gravides, l’état ne doit pas se dégrader pendant la saison d’estive afin d’arriver à la période de mise bas dans des conditions optimales. Il faut être particulièrement vigilant notamment en fin de période

76 d’estive sur des animaux en fin de gestation avec des ressources alimentaires qui diminuent (Sagot et Pottier, 2010).

Figure 31 : Evaluation de l'état corporel : examen à distance

(Source : A. Cipière, 2016)

Figure 32 : Evaluation de l'état corporel : palpation dorsale (Source : A. Cipière, 2016)

Des brebis en bon état corporel à la mise à la reproduction et à la mise bas produisent 15 % d’agneaux en plus que des brebis maigres. Tous les critères de productivité sont également améliorés et le taux de mortalité des agneaux est diminué. Lors de l’agnelage, sur des brebis maigres, le taux de mortalité des agneaux est 5 % plus élevé que sur des brebis en état (à taille et poids de portée équivalents), et la vitesse de croissance des agneaux lors du 1er mois d’allaitement est fortement pénalisée. L’état corporel à la lutte et la prise d’état au cours des 40 jours qui suivent sont les deux facteurs majeurs influençant la fertilité et la prolificité. La note d’état à la lutte doit être de 3 minimum, et l’état doit être maintenu pendant les 40 jours suivants. Sur des brebis plus maigres (NEC de 2), de bons résultats peuvent également être obtenus, mais une prise de poids à la lutte est nécessaire. La note d’état à la mise bas doit donc être supérieure ou égale à 3 pour minimiser la mortalité des agneaux et optimiser leur croissance (figure 33) (Valadier et Sagot, 2017).

Les brebis doivent avoir un état corporel suffisant environ un mois avant l’agnelage pour avoir des agneaux suffisamment lourds et qu’elles expriment leur potentiel laitier (Adjou, 2013). L’idéal est donc de descendre les femelles gestantes de l’estive assez tôt afin d’éviter la perte d’état de fin de saison quand la ressource se fait plus rare. L’utilisation de regains ou de prairies de bonne qualité après la descente de l’estive permet une bonne préparation à la mise bas.

77 Figure 33 : Note d'Etat Corporel recommandée aux différents stades physiologiques

(Source : Sagot et Pottier, 2010 ; Adjou, 2013)

b. Les critères de reproduction

D’autres critères peuvent être utilisés (tableau 2) :

- prolificité : la prolificité de l’élevage correspond au nombre de produits nés sur le nombre de femelles qui mettent bas,

- fertilité : la fertilité correspond au nombre de mises bas sur le nombre d’inséminations ou de saillies avérées,

- productivité numérique : la productivité numérique correspond au nombre de produits sevrés sur le nombre de mères. Le nombre de produits considéré est le nombre de nés (vendus ou élevés) auquel est soustrait le nombre de morts (Julien, 2010).

Tableau 2 : Objectifs pour les critères de reproduction

Adultes Antenaises

Prolificité 1,2 à 1,4 pour les races rustiques

Fertilité ≥ 90 % sur 3 cycles ≥ 80 % sur 3 cycles

(Source : SNGTV, 2014)

Ces critères peuvent être utilisés afin de comparer les années d’estive entre elles et de déceler un éventuel problème d’avortement. Les avortements renseignent également sur l’état sanitaire du troupeau. Ils peuvent être dus à des problèmes de conduite (défaut de rationnement, perte de NEC, prolificité élevée, parasitisme non maitrisé) ou à des agents infectieux (chlamydiose, toxoplasmose, salmonellose, fièvre Q, border disease …). Seule l’analyse de laboratoire permet d’établir un diagnostic de certitude. Elle est importante afin

78 d’adapter le traitement mais surtout pour prévenir les contaminations des autres lots et des autres troupeaux durant la période estivale propice aux mélanges de troupeaux. Souvent, les diagnostics de gestation ne sont réalisés qu’à la descente de l’estive. Cela rend difficile l’évaluation des pertes effectives sur l’estive (Daniel, 2012c).

c. La mortalité

En ce qui concerne la mortalité, les causes de pertes en estive peuvent être multiples : maladies, myiases, prédation, chute, foudre … Sur une saison d’estive, l’objectif est d’avoir une mortalité inférieure à 2 % (mortalité de 3 à 4 % sur l’année). Afin de limiter les pertes, les bêtes envoyées en montagne doivent être en état et faire l’objet d’une surveillance régulière tous les 8 à 10 jours environ (Arnaud et Belveze, 2006). Il est intéressant de détecter les mortalités et de retrouver les carcasses. Il faut noter :

- le nombre de brebis mortes : mort isolée ou multiple, - les conditions : endroit accidenté ou non,

- les signes associés : congestion des muqueuses, écume à la bouche, signes d’agitation ante-mortem …

Ces critères permettent de faire la distinction entre un problème isolé (chute, prédation…) ne pouvant pas faire l’objet de prévention et une affection de troupeau (parasitisme, entérotoxémie…) sur laquelle il est possible d’agir.

III.2.2.2. A l’échelle individuelle

Afin d’apprécier l’état d’une bête, il faut en premier lieu réaliser un examen à distance afin de repérer les animaux isolés ou ayant un comportement anormal (couché à l’écart, ne mangeant pas, boiteux, aux oreilles basses), puis un examen général. L’évaluation de la NEC individuelle permet d’apprécier l’état général de l’animal (figure 34). La couleur des muqueuses oculaires (figure 35) et gingivales est révélatrice de la santé des animaux. Une couleur jaune peut orienter vers un problème hépatique alors qu’une pâleur peut indiquer une anémie (en cas de parasitisme par exemple). Si la troisième paupière est rouge, l’état de l’animal est grave et il faut alors intervenir. La température est aussi un indicateur intéressant. Chez l’adulte, elle est d’environ 38,5°C et si elle dépasse 40°C, c’est le témoin d’une infection microbienne ou virale (Daniel, 2011 ; Sagot, 2012).

79 Figure 34 : Evaluation de la Note d’Etat Corporel

(Source : A. Cipière, 2016)

Figure 35 : Examen des muqueuses oculaires (Source : A. Cipière, 2016)

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