• Aucun résultat trouvé

« Le besoins nutritionnels du nourrisson »

5. Apports en lipides :

Les lipides sont classés en lipides simples et lipides complexes.

La catégorie des lipides simples regroupe les acides gras, le cholestérol, les triglycérides et les phytostérols. Les lipides complexes résultent de l’association d’un lipide simple avec soit un glucide (glycolipide), soit avec un groupement phosphate (phospholipides) [1].

Des recommandations étant déjà bien établies pour le cholestérol, nous nous attacherons à faire le point sur les Acides Gras, certains d’entre eux étant sujet à controverse depuis de nombreuses années. Les triglycérides étant une forme de stockage des acides gras, ils ne seront pas traités[2, 3].

 Structure et classification des Acides Gras naturels

Composés ternaires hydrophobes, constitués d’une chaîne hydrocarbonée terminée à l’une de ses extrémités par un groupement méthyle, et à l’autre extrémité par un groupe carboxyle, conférant à la molécule ses propriétés acides.

Les Acides Gras peuvent être saturés (sans double liaison) ou insaturés (avec une ou plusieurs doubles liaisons), et leur chaîne hydrocarbonée peut être droite ou ramifiée. Les AG ayant un intérêt nutritionnel et dont nous traitons ici ont une chaîne droite[1- 4].

Les propriétés des AG dépendent de :

- La longueur de la chaîne hydrocarbonée : on parle de chaîne courte en dessous de 10 carbones, de chaîne moyenne entre 10 et 12, et de chaîne longue au-delà de 12 carbones.

- Le degré d’insaturation, donc le nombre de doubles liaisons : un AG sans double liaison est dit saturé, alors que ceux ayant une ou plusieurs doubles liaisons sont respectivement qualifiés de mono insaturés ou poly insaturés[1, 2].

- La configuration structurale de la chaîne hydrocarbonée : celle-ci peut être cis ou trans. On notera que les AG naturels, et surtout ceux ayant un intérêt nutritionnel, ont un nombre pair d’atomes de carbone [4].

 Rôles :

Les lipides sont une source essentielle d’énergie, du fait qu’ils sont capables de générer de grandes quantités d’ATP par le biais de la β-oxydation, mais surtout parce qu’ils ont une grande capacité à se déposer dans les tissus pour y constituer des réserves énergétiques importantes. En effet, 90 % de l’énergie stockée pendant les six premiers mois de la vie l’est sous forme de lipides.

Les lipides sont majoritairement stockés dans les adipocytes, qui forment le tissu adipeux. Ce dernier joue un rôle d’isolant thermique du fait de sa présence au niveau sous-cutané, ainsi qu’un rôle endocrine de par sa capacité à sécréter certaines hormones, telles la leptine qui intervient dans la régulation des prises alimentaires. Il est également capable de

transformer certaines molécules, jouant ainsi un rôle, entre autres, dans la fertilité et l’insulino-résistance.

Les lipides jouent de nombreux autres rôles dont certains sont encore mal connus. Citons néanmoins leur responsabilité dans l’absorption des vitamines A, D, E et K, vitamines dites liposolubles.

Chez le nourrisson, une attention particulière est accordée aux lipides ces dernières années. En effet, alors que les recommandations suggèrent qu’ils ne doivent pas représenter plus de 35 % de l’Apport Energétique Total (AET) chez l’adulte, les ANC pour le nourrisson sont aux alentours de 45 à 50 % de l’AET. Cet écart est en partie justifié par la mise en réserve d’énergie au cours de la croissance, mais également par le rôle structural très important des lipides, et particulièrement des AG Poly Insaturés (AGPI).

 Acides Gras Essentiels (AGE ) :

Deux AGPI ne peuvent être synthétisés par l’être humain : l’Acide Linoléique (AL) qui appartient à la série desΩ6, et l’Acide AlphaLinolénique (AAL) qui appartient à la série des Ω3. Ces deux AG, dont découlent deux longues chaînes de synthèses endogènes (cf. Fig2.), doivent être fournis à l’organisme par un apport exogène. On les qualifie donc d’essentiels, ou indispensables. Ils permettent la formation, entre autres, des AGPI à Longue Chaîne (AGPI-LC), dont l’Acide Arachidonique (AAR), l’Acide EicosaPentaénoique (EPA) et l’Acide DocosaHexaénoique (DHA).

Nous ne reviendrons pas sur les effets cardioprotecteurs de ces deux séries d’AGPI, qui ont été largement démontrés chez l’adulte. Chez le nourrisson, les AGPI présentent un grand intérêt dans le développement des facultés cognitives et visuelles.

Figure 2: Métabolisme des AGE DGLA : acide dihomogammalinolénïque

DHA : acide docosahexaénoïque EPA : acide eicosapentaénoïque

 Acides Gras Polyinsaturés

Les acides gras polyinsaturés (AGPI) se sont vus accordé leur premier effet bénéfique durant les années 70, lorsque des études ont été menées à partir d’électrorétinogrammes réalisés chez des rats [17],puis chez des enfants nourris au sein et chez des enfants nourris avec des préparations infantiles à base de lait de vache. Les résultats sont sans appel : les enfants nourris au sein ont un développement rétinien plus rapide. La notion d’oméga 3 est alors introduite. Les investigations continuent, et en 1980, Clandinin et al. démontrent une forte augmentation de la quantité d’AGPI-LC au niveau cérébral pendant le troisième trimestre de la grossesse, à raison de 15 mg/semaine pour les AGPI de la série des Ω3[18]. Cette augmentation laisse supposer qu’ils y tiennent une place structurale importante, d’autant plus que cette accrétion se poursuit durant les premiers mois de la vie, période de développement cérébral intense [3,19].

Depuis, les études se multiplient afin de démontrer l’importance d’un ajout d’AGE et d’AGPI-LC dans les préparations pour nourrisson [19, 20-2]. Cet ajout est tout à fait justifié dans les cas des AGE, du fait de l’incapacité de l’être humain à les synthétiser. Ainsi, toutes les préparations pour nourrisson (comme nous le verrons par la suite) doivent contenir des matières grasses d’origine végétale, assurant un apport suffisant en AL et en AAL.

La question reste cependant en suspens pour les AGPI-LC. On sait que les désaturases du nourrisson, qui permettant d’obtenir les AGPI à partir des AGE, ne sont pas totalement fonctionnelles [3], mais on ne sait pas si la fraction de désaturases actives suffit à assurer un apport suffisant au nourrisson. C’est pourquoi une supplémentation en AGPI-LC des séries n- 3 et n-6 est désormais autorisée dans les préparations pour nourrisson, mais n’est pas obligatoire.

La question actuelle est donc de savoir si l’ajout d’AGPI-LC dans les laits infantiles constitue un bénéfice sanitaire pour les nourrissons ou un bénéfice économique pour les fabricants. La plupart des études se penchent sur le développement cognitif et/ou rétinien en comparant les résultats de groupes supplémentés en AGPI avec ceux de groupes nourris au

sein ou nourris au biberon non-supplémentés. Les résultats ne sont cependant pas catégoriques, bien que des études récentes tendent à montrer un réel bénéfice d’une supplémentation en AGPI chez l’enfant non-allaité, accordant d’ailleurs une importance particulière à l’acide docosahexaénoïque[19,20,21]. Rappelons cependant que le DHA, l’EPA et l’AAR interagissent fortement entre eux, et qu’un apport en DHA seul pourrait déstabiliser la balance et entraîner des effets délétères par manque des deux autres.

Les ANC variant grandement selon les ouvrages consultés, l’Afssa a publié en mars 2010 de nouvelles recommandations relatives aux AGPI, reprises dans le Tableau IV.

Tableau IV: Apports nutritionnels conseillés pour les acides gras insaturés et polyinsaturés ANC

Série n-6

AL 2,7 % de l’AET

AAR 0,5 % des AGT

Série n-3

AAL 0,45 % de l’AET

DHA 0,32% des AGT

EPA < ANC en DHA

6. Apports en minéraux et oligoéléments :