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Corpus ´ edit´ e et corpus manuscrit

1.2. Apports du corpus manuscrit

Les tentatives ant´erieures d’´elucidation de la pens´ee esth´etique de Solger par le recours `a ses manuscrits ne manquent pourtant pas, en particulier parce qu’`a l’heure o`u la premi`ere contribution `a cette tˆache a vu le jour (il s’agit bien sˆur des Nachgelassene Schriften1

), la pratique de l’´edition de textes posthumes ´etait chose courante2

. Les Nachgelassene Schriften und Briefwechsel ´edit´ees par Tieck et Raumer apportent une quantit´e consid´erable d’informations sur la gen`ese des diff´erents ouvrages de Solger, la maturation de ses id´ees fortes, l’´emergence de probl´ematiques philosophiques, notamment `a travers la correspondance. Mais en comparant les apports des Nachgelassene Schriften aux manuscrits encore conserv´es (qui recoupent en partie les textes des Nachgelassene Schriften), il nous est apparu que cette comparaison elle-mˆeme apportait des ´el´ements d’information sur la gen`ese et sur la r´eception de Solger (plus particuli`erement, sur ce point, pour la p´eriode qui suit imm´ediatement sa mort).

Nous voudrions donc montrer `a pr´esent `a la fois quel type d’informations fournissent les Nachgelassene Schriften, d’une part en elles-mˆemes, et d’autre part par rapport aux manuscrits aujourd’hui conserv´es, afin de d´egager les ´el´ements forts de ce corpus nouveau. Nous tˆacherons ce faisant de ne pas surestimer la pr´ecision et la compl´etude des ´el´ements ainsi fournis, c’est-`a-dire d’en d´eterminer autant que possible les limites, notamment celles qu’impose le cadre de ce travail.

1

Les autres tentatives ´etant, de mani`eres fort diff´erentes, les entreprises de P. Matenko (Matenko, 1933) et de H. Fricke (Fricke, 1972). Lors de sa parution, l’ouvrage de Matenko a b´en´efici´e de critiques positives (plutˆot temp´er´ees sous la plume de Porterfield dans la Germanic Review, 1935/10, plus positives sous celle de Geissendoerfer dans le Journal of English and Germanic philology, 1938/37).

2

Tieck ne s’essayait d’ailleurs pas `a la chose pour la premi`ere fois ; cf. notamment H¨olter, 1989, p. 199 : “Epistel (Briefe ¨uber Shakespeare u. a.), Bios (Kleist, Lenz), Nekrolog (Novalis, Solger) und Enkomion sind als Basistechniken in Europa durchgehend belegt ; in ihnen erweist sich Tieck als Humanist.”

Nous nous pencherons pour commencer sur les Nachgelassene Schriften telles qu’elles sont compos´ees, en pr´ecisant les intentions et les principes ´editoriaux dont elles sont le fruit, ainsi que les grands th`emes qui y sont abord´es. Nous verrons comment le corpus manuscrit conserv´e aujourd’hui peut nous permettre de lire les Nachgelassene Schriftenen ayant conscience de leur structure et de leurs parti-pris. A partir des ´el´ements de ce corpus qui ne sont pas pris en compte dans les Nachgelassene Schriften, nous proposerons ensuite de celles-ci une r´e´ecriture qui aura pour but de compenser les d´es´equilibres inh´erents `a leur composition, ou du moins ceux qui se pr´esentent comme tels dans le cadre que nous proposons ici. Enfin, nous tenterons de d´eceler les lacunes subsistantes du corpus, c’est-`a-dire les ´el´ements qui n’y figurent pas, et dont l’absence implique que nous n’ayons, `a travers les ´el´ements manuscrits, qu’une vision lacunaire de la gen`ese et de la r´eception de la pens´ee et de l’œuvre de Solger. Il s’agira donc pour finir de d´eterminer le sens et la fonction de la relation entre corpus manuscrit et corpus imprim´e, avant de pouvoir, dans les deuxi`eme et troisi`eme parties, en proposer une interpr´etation.

1.2.1. Relire les Nachgelassene Schriften

Les ouvrages que nous avons pr´esent´es jusqu’ici sont des ouvrages imprim´es et sign´es par Solger (la traduction de Sophocle (1808), Erwin (1815), la Schlegel-Rezension (1819)). Les Vorlesungen ¨uber ¨Asthetik ont d´ej`a permis d’entrevoir les probl`emes que soul`eve la pr´esence d’un ´editeur tiers dans un ouvrage portant le nom de Solger ; nous voudrions approfondir ce point et mettre en ´evidence les principaux proc´ed´es que l’on peut les observer, dans les Nachgelassene Schriften cette fois.

Pour ce faire, nous aurons recours `a deux corpus manuscrits distincts. Le premier, c’est le corpus manuscrit solg´erien `a proprement parler, compos´e du Nachlaß de Solger ainsi que des ´el´ements fournis par d’autres Nachl¨asse, mais dans lesquels Solger est toujours protagoniste direct, c’est-`a-dire soit auteur (notamment, pour les lettres, exp´editeur), soit destinataire. La seconde cat´egorie de documents ne ressortit pas v´eritablement au corpus solg´erien, puisqu’il s’agit d’´echanges entre tiers, en particulier entre Tieck et Raumer, dans lesquels il est question de l’´elaboration et de la r´eception des Nachgelassene Schriften.

En comparant les informations tir´ees de ces deux corpus `a celles que fournissent les Nachgelassene Schriften, nous voudrions mettre en ´evidence sa composition, ainsi que les travers auxquels celle-ci a ´et´e soumise, afin de permettre au lecteur moderne d’aborder les Nachgelassene Schriften d’un œil plus critique.

Nous pr´esenterons d’abord les Nachgelassene Schriften dans leur ensemble, avant de revenir sur leur gen`ese. Une fois le contexte historique de leur ´elaboration ´eclairci,

nous d´etaillerons la composition de chacun des deux volumes, et d´egagerons les principaux th`emes qui s’y trouvent repr´esent´es. Nous tˆacherons, pour clore sur ce point, de mettre en ´evidence les d´es´equilibres propres `a la composition du premier volume.

Cette premi`ere analyse nous permettra ensuite de proposer des r´e´equilibrages destin´es `a compenser les lacunes des Nachgelassene Schriften que nous aurons ainsi mises en ´evidence.

1.2.1.1. Pr´esentation des Nachgelassene Schriften

Les Nachgelassene Schriften ont ´et´e publi´ees en 1826 chez Brockhaus ; Ludwig Tieck et Friedrich von Raumer en sont les ´editeurs. Ludwig Krause, ami tr`es proche de Solger, avait ´egalement particip´e `a l’´elaboration du recueil, mais ´etait d´ec´ed´e peu avant la parution des deux volumes3

; l’ouvrage ne comporte donc que les noms de Tieck et de Raumer en concurrence avec celui de Solger.4

Le choix de la maison d’´edition Brockhaus tient `a Tieck, qui y avait fait paraˆıtre diff´erents ouvrages5

, et avait d´ej`a des contacts avec l’´editeur. C’est chez ce mˆeme Brockhaus que Tieck et Solger envisageaient de publier leur journal6

: celui-ci connaissait donc, ne serait-ce que vaguement ou partiellement, le contenu de l’ouvrage qu’il allait publier, puisque les Nachgelassene Schriften contiennent de nombreux textes initialement destin´es au journal.7

Chacun des deux volumes se distingue de l’autre par son contenu, comme l’expliquent les ´editeurs d`es les premi`eres lignes :

Le premier volume des textes posthumes de Solger que les ´editeurs pr´esentent au public contient de petits essais et la correspondance avec ses amis ; le

3

Cf. NS, vol. 1, p. XVI : “Bei Herausgabe des zweiten Bandes konnten wir den Rath eines der besten Freunde des Verstorbenen, des Justizraths Krause nicht mehr benutzen, da dieser durch Rechtschaffenheit, Kenntnisse, Scharfsinn und gr¨undliches Urtheil ausgezeichnete Mann, leider auch in seinen besten Jahren dahingerafft wurde.”

4

Nous ne reviendrons pas dans le d´etail sur les relations entre Tieck et Raumer, amis de longue date en d´epit de perspectives parfois divergentes.

5

Cf. Matenko, 1933, p. 572.

6

Cf. lettre de Tieck `a Solger du 22 septembre 1819, in : Matenko, 1933, p. 570, et note 4, p. 572.

7

Il faudra ensuite attendre 1973 pour qu’une deuxi`eme ´edition voie le jour : un reprint `

a l’identique du texte d’origine, auquel n’ont ´et´e ajout´es qu’une table des mati`eres et une postface (cf. Solgers Nachgelassene Schriften und Briefwechsel, herausgegeben von Ludwig Tieck und Friedrich von Raumer, Faksimiledruck nach der Ausgabe von 1826 (2 B¨ande), mit einem Nachwort von Herbert Anton, Lambert Schneider, Deutsche Neudrucke, Reihe : Goethezeit, Heidelberg, 1973).

second volume comprendra les textes et trait´es plus scientifiques.8

Bien que destin´ee `a introduire l’ensemble de l’ouvrage, la pr´eface figurant dans le premier volume des Nachgelassene Schriften s’attache davantage `a justifier de la raison d’ˆetre du premier volume que du second. Les ´editeurs pr´ecisent en effet qu’il s’agit l`a principalement de rappeler de bons souvenirs aux amis9

, de faire connaˆıtre Erwin10, ainsi que de faire prendre conscience au public de l’importance de cet ouvrage en particulier et de la pens´ee de Solger de mani`ere plus g´en´erale11

. C’est tout particuli`erement dans la mesure o`u l’importance d’Erwin et les diff´erents moments de sa gen`ese constituent pour les ´editeurs un champ th´ematique de pr´edilection12

que les Nachgelassene Schriften repr´esentent un bagage essentiel `a l’´etude de la gen`ese et de la r´eception de la pens´ee esth´etique de Solger.

Pour estimer `a leur juste valeur les informations apport´ees par ces textes, il faut connaˆıtre les principes ´editoriaux qui ont pr´esid´e `a leur choix et `a leur composition. On trouve, dans les premi`eres pages des Nachgelassene Schriften, mention des grandes lignes ´editoriales adopt´ees par Tieck et Raumer.

Pour le premier volume d’abord, les ´editeurs pr´ecisent leur parti-pris concernant la qualit´e des textes qu’ils y proposent, car, comme ils l’´ecrivent :

chacun sait que dans les lettres, les expressions ne sont pas toutes pes´ees, des humeurs passag`eres s’expriment, et un juge ´equitable ne manquera pas de voir que ce qui peut sembler dur, et amer, ne manque en fait pas, profond´ement, de douceur et de temp´erance.13

Les ´editeurs affirment ne pas avoir voulu gommer les ´eventuelles faiblesses de style et de composition, ni les mouvements de col`ere ou de d´ecouragement caract´eristiques de la correspondance de Solger. Ce principe est en partie entrav´e par un second

8

Cf. NS, vol. 1, p. V : “Der erste Band des Solger’schen Nachlasses, welchen die Herausgeber dem Publicum vorlegen, enth¨alt kleinere Aufs¨atze und den Briefwechsel mit Freunden ; der zweite wird die mehr wissenschaftlichen Schriften und Abhandlungen in sich begreifen.” 9 Cf. NS, vol. 1, p. V. 10 Cf. NS, vol. 1, p. VI. 11 Cf. NS, vol. 1, p. VI–VII. 12

Cf. NS, vol. 1, p. VI : “Am wenigsten endlich werden sich Freunde der Philosophie oder des Verstorbenen verwundern, daß vorz¨uglich von literarischen Gegenst¨anden, und insbesondere vom “Erwin”, dem wichtigsten Werke des Hingeschiedenen, gesprochen wird. Wir haben gerade die Stellen, welche darauf Bezug haben, am wenigsten abgek¨urzt [...]”.

13

Cf. NS, vol. 1, p. V–VI : “Nicht minder trugen die Herausgeber Bedenken, das Sch¨arfere, Eigenth¨umliche des Briefwechsels auszustreichen, oder in Schw¨achliches und Unbestimmtes zu verwandeln ; denn Jeder weiß, daß in Briefen die Ausdr¨ucke nicht auf die Goldwaage gelegt werden, Stimmungen des Augenblicks sich geltend machen, und f¨ur den billigen Beurtheiler auch das scheinbar Harte und Bittere innerlich der Milde und M¨aßigung nicht ermangelt.”

principe, qui transparaˆıt tr`es nettement dans les premiers paragraphes de la pr´eface : les ´egards pour les personnes encore vivantes ´evoqu´ees ou concern´ees par l’ouvrage14

. Enfin, les ´editeurs se r´eservent le droit, l`a o`u ils estiment que cela est n´ecessaire, d’ins´erer des ´el´ements biographiques entre les textes de Solger qu’ils ont choisi de faire figurer dans le premier volume15

.

Pour le second volume, les ´editeurs des Nachgelassene Schriften ont davantage but´e sur leur incomp´etence dans l’un ou l’autre domaine dont Solger ´etait lui-mˆeme sp´ecialiste. Sont en effet regroup´es l`a des textes provenant des diff´erents champs d’investigation intellectuelle de Solger, et si, `a n’en pas douter, Tieck a pu sans mal op´erer les choix n´ecessaires parmi les textes philologiques et critiques, et Raumer parmi les textes politiques, en revanche, pour les textes vraiment philosophiques et mythologiques, aucun d’entre eux n’´etait suffisamment connaisseur pour proc´eder au mˆeme travail. Ici donc, les ´editeurs ont eu recours `a l’aide de professionnels :

En ce qui concerne l’ordre adopt´e pour la pr´esentation des trait´es v´eri-tablement philosophiques, Monsieur le Professeur Hegel a donn´e son avis d’expert [. . .]. Enfin, nous remercions Monsieur le Professeur K. O. M¨uller de G¨ottingen qui, en tant qu’ami et ancien auditeur de Solger, a eu la bont´e de r´ediger, d’apr`es les prises de position de celui-ci dans le domaine de la mythologie, un essai tout `a fait instructif, et d’en autoriser la reproduction.16

Ces diff´erents parti-pris ´editoriaux se justifient si l’on consid`ere l’intention qui ´etait celle des ´editeurs, ou plutˆot, le souci qui les a incit´es `a r´ealiser ce volumineux ouvrage. Ils d´ecrivent la disparition de Solger comme un manque scientifique et affectif que leur travail a pour objectif de compenser : c’est notamment en ce sens que nous lisons ce passage saisissant qui figure en plein milieu de l’ultime notice biographique, dans laquelle il est question de la mort de Solger :

Pourquoi ne lui a-t-il pas ´et´e permis d’aller plus loin et de poursuivre, et achever, ses grands projets ? – qui est en droit de poser cette question `a la Providence ? Nous savons seulement que ses amis, mais pas seulement eux : l’Allemagne aussi, et la Science, et mˆeme sans doute l’Europe, ont perdu

14

Cf. notamment NS, vol. 1, p. V : “. . ., daß man zun¨achst die zahlreichen Freunde und Bekannten des Verstorbenen ber¨ucksichtigen mußte. . .”

15

Cf. NS, vol. 1, p. XV : “Zwischen denselben [i. e. kleineren Aufs¨atzen und Briefen] ist das N¨othigste zur Erl¨auterung seines Lebenslaufs eingeschaltet, und am Schlusse des Briefwechsels ¨uber den Hingang unsers Freundes Bericht erstattet.”

16

Cf. NS, vol. 1, p. XVI : “F¨ur die angenommene Reihefolge der eigentlich philosophischen Abhandlungen, stimmte Herr Professor Hegel als Sachverst¨andiger [. . .]. Herrn Professor K. O. M¨uller in G¨ottingen endlich m¨ussen wir ¨offentlich danken, daß er als Freund und ehemaliger Zuh¨orer Solger’s die G¨ute gehabt hat, ¨uber dessen mythologische Ansichten einen belehrenden Aufsatz zu entwerfen und dessen Abdruck zu erlauben.”

beaucoup en le perdant ; nous savons seulement que la somme de ce que nous avons perdu n’est pas quantifiable.17

Ainsi, sans en pr´eciser exactement les modalit´es, les ´editeurs sugg`erent que le travail auquel ils ont proc´ed´e, consiste en une mise en valeur de la gen`ese de l’œuvre esth´etique de Solger, mais d´etermin´ee en large partie par un souci de post´erit´e, c’est-`

a-dire par une repr´esentation tout `a fait personnelle de l’œuvre de Solger et de sa r´eception. Ce sont pr´ecis´ement ces modalit´es que nous voudrions ´elucider. Pour ce faire, nous nous pencherons d’abord sur le discours non officiel des ´editeurs eux-mˆemes sur ce th`eme, et notamment sur les lignes de conduite adopt´ees par Tieck `a Raumer en vue de la relecture des textes s´electionn´es.

1.2.1.2. La gen`ese des Nachgelassene Schriften Le Nachlaß de Tieck18

contient cinquante-cinq lettres de Tieck `a Raumer datant de la p´eriode 1815–1846 ; un certain nombre d’entre elles, datant de la p´eriode 1821– 1828, ´evoquent avec plus ou moins de d´etails les progr`es de la mise sur pied des Nachgelassene Schriften, et mettent notamment en ´evidence le rˆole pr´epond´erant jou´e par Tieck. C’est lui, en effet, qui proc`ede `a la premi`ere mise en forme des documents (apr`es une phase de collection commune19

), comme en t´emoigne d’abord sa lettre `a Raumer du 6 d´ecembre 1822 :

Je m’occupe des papiers de Solger. D’ici huit jours sans doute la premi`ere cargaison importante. Regardez le tout encore une fois pour voir ce que vous voulez supprimer. J’ai pr´ef´er´e faire copier trop de choses plutˆot que pas assez.20

17

Cf. NS, vol. 1, p. 779 : “Warum er nicht fortschreiten und seine großen Entw¨urfe verfolgen und ausf¨uhren durfte ?– wer darf der Vorsehung diese Frage vorlegen ? Wir wissen nur, daß nicht bloß seine Freunde, sondern Deutschland, die Wissenschaft, ja ohne Zweifel Europa an ihm verloren haben, und soviel, daß sich die Summe des Verlustes nicht in Rechnung bringen l¨aßt.”

18

Conserv´e par la section des manuscrits de la Staatsbibliothek zu Berlin–Preussischer Kulturbesitz.

19

Cf. lettre de Tieck `a Raumer de novembre 1821, p. 214 (verso) du Nachlaß Tieck.

20

Cf. lettre de Tieck `a Raumer du 6 d´ecembre 1822, p. 219 du Nachlaß Tieck : “Mit Solgers Pap.[ieren] bin ich besch¨aftigt. Gewiß in 8 Tagen die Erste bedeutende Ladung. Gehn Sie dann noch einmal durch, was Sie weglassen m¨ochten. Ich habe lieber zu viel als zu wenig abschreiben lassen.” Cf. aussi sur ce th`eme, la lettre de Tieck `a Raumer du 27 novembre 1823, p. 228 du Nachlaß Tieck : “Was Sie mit Solgers Papieren u[nd] Briefen anordnen, wird immer das Richtige sein, was Sie weglassen wollen, ist gewiß zu billigen, denn Sie erinnern sich, daß ich gleich erkl¨arte, ich h¨atte lieber zu viel, als zu wenig abschreiben lassen wollen, weil wir darin leichter wegstreichen, als das Vergessene wieder entsuchen k¨onnen.” ; sur la coordination du travail entre les deux hommes, cf. aussi lettre de Tieck `a Raumer du 15 septembre 1823, pp. 222 verso et 223 du Nachlaß Tieck.

Tieck envoie effectivement `a Raumer, le 6 octobre 1823, un nombre consid´erable de lettres et d’extraits de journaux destin´es `a ˆetre tri´es en vue de l’´edition du volume de correspondance et journaux ; dans la lettre qui accompagne son lourd paquet, Tieck propose ´egalement un plan pr´evisionnel du volume de textes philosophiques21

. L’envoi s’adresse `a Raumer ainsi qu’`a Krause :

Vous deux, mes amis, avez d´esormais droit de vie et de mort, concernant les passages que vous ˆetes d’accord pour rayer ou pour garder de cˆot´e ; le texte aura alors une triple caution.22

C’est dans cette lettre que Tieck, bien que pr´etendant laisser Raumer et Krause libres dans leurs choix, leur expose les principes ´editoriaux auxquels il entend ob´eir dans l’ensemble du projet, et sur lesquels il d´esire attirer leur attention23

. Tout d’abord, Tieck milite pour mettre en valeur les œuvres ´edit´ees de Solger, au prix mˆeme d’une certaine lourdeur ou faiblesse de la composition :

1) Il y a des r´ep´etitions, que je suis parfaitement conscient d’avoir laiss´ees comme telles ; en particulier concernant Erwin et les Entretiens philosophiques, elles me semblaient presque n´ecessaires, car chaque fois, mˆeme s’il r´ecapitule des choses d´ej`a dites, Solger apporte quelque chose de nouveau sur ces travaux remarquables [. . .]. Dans ces cas-l`a, les r´ep´etitions ne peuvent qu’avoir un effet positif, puisqu’elles en facilitent la compr´ehension. – Mais des r´ep´etitions telles que celles qu’il y a dans les lettres `a son fr`ere, on peut peut-ˆetre les abr´eger, ou les supprimer, mais il y en a peu [. . .].24

21

Cf. lettre de Tieck `a Raumer du 6 d´ecembre 1823, p. 224 dans le Nachlaß Tieck “Im Ersten Band wird also erscheinen : 1) die Rechtslehre, 2) die philosophischen Briefe, 3) ¨

uber die Mythologie, 4) die Rezension ¨uber Schlegels Werk, so wie die H¨alfte der Vorrede zum Sofokles, imgleichen ein kleinerer Aufsatz im Pantheon (die Recension ¨uber Werner wird wohl verlohren gegangen sein), dazu m¨ußte wohl der Aufsatz ¨uber die Wahlverwandtschaften kommen, vom dem hier gesprochen wurde, u[nd] 5) einige metrische Uebersetzungen, die ebenfalls im Pantheon stehn, denen ich hier noch einige abgeschrieben beilege f¨ur den Ersten Band.” (cf. annexes). L’ordre entre les deux volumes sera finalement invers´e (cf. infra).

22

Cf. lettre de Tieck `a Raumer du 6 octobre 1823 : “Sie beide Freunde sollen also nun das Recht ¨uber Leben und Tod haben, d. h. wor¨uber Sie beide einig sind, daß es ausgestrichen und zur¨uckgelegt werde, dabei soll es alsdann drei Bewandten haben.” (cf. annexes).

23

Cf. lettre de Tieck `a Raumer du 6 octobre 1823 : “Nun mache ich Sie auf Folgendes aufmerksam, um Ihre Gem¨uther neben der Gerechtigkeit zu der eben so n¨othigen Milde zu

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