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CHAPITRE 5 : DISCUSSION GENERALE

5.3 Apports de la recherche

Par apports nous entendons les effets pouvant résulter directement ou indirectement de la production de nouvelles connaissances d’une recherche. Dans cette étude, il s’agissait de faire la synthèse de l’état des connaissances sur les concepts relatifs aux projets collectifs pour les différencier et développer une meilleure compréhension afin de mieux les opérationnaliser. En d’autres termes il s’agissait de contribuer à la compréhension des modalités de réalisation des projets collectifs à partir de huit concepts.

Pour atteindre cet objectif, la question suivante a guidé notre réflexion tout le long de cette recherche : quelle est la différence entre les concepts de coconstruction, cocréation, codéveloppement, co-innovation, collaboration, coopération, coordination et coproduction?

Les clarifications apportées aux significations données à ces concepts par divers auteurs répartis dans le monde offrent des apports théoriques, méthodologique, empirique et pragmatique pour la gestion de projet.

5.3.1 Apport théorique

La mise en évidence des apports de ce mémoire du point de vue théorique nécessite un retour sur l’état des connaissances présentées dans le deuxième chapitre. Nous avons mené cette étude sur la base des concepts qui décrivent les actions collectives que les acteurs d’un collectif peuvent exercer. L’ensemble des concepts de notre cadre théorique ont été investigués via l’analyse des résultats des études empiriques, et d’autres éléments pouvant les enrichir sont apparus.

Notre apport théorique réside sur le faite que ce mémoire met en évidence les termes qui jusqu’ici ont eu valeur de concepts associés aux projets collectifs. Il s’agit de : coconstruction, cocréation, codéveloppement, co-innovation, collaboration, coopération, coordination et coproduction. Chacun des huit concepts analysés présente ses particularités théoriques qui permettent de le distinguer des autres. Alors que certaines particularités sont communes à plusieurs concepts et constituent leurs points de convergence d’autres particularités permettent de distinguer un concept des autres et constituent leurs points de divergence.

Ce mémoire lève toute équivoque sur la traditionnelle synonymie qui existe entre le concept de collaboration et celui de coopération. Alors que la coopération se focalise principalement sur le travail conjoint (Bjork et Virtanen, 2005), les objectifs communs (Turner et Muller, 2004), l’interaction des acteurs (Bjork et Virtanen, 2005), le partage d’intérêts (Dameron, 2005 ; Van Marrenwijk, 2005 ; Hassendorf et Noury, 2011 ; Ortiz- Marcos, 2011), l’intégration organisationnelle (Bresnen et Marshall, 2002 ; Martinsuo et Sariola, 2015) ; et l’éloignement géographique (Gimena et al., 2015) ; la collaboration quant à elle est au cœur même du projet collectif et englobe les particularités de la cooopération et des six autres concepts (coconstruction, cocréation, codéveloppement, co- innovation, coordination et coproduction).

La coconstruction, la cocréation, le codéveloppement, la co-innovation et la coproduction sont des concepts dont la manipulation n’est pas évidente du point de vue théorique par le fait que les significations sont relativement rapprochées dans certains contextes. Face à cette situation, ce mémoire met en évidence les particularités qui permettent de faire la distinction. La coconstruction se focalise principalement sur le travail conjoint (Lindgren et Packendorf, 2007), la relation mutuelle (Schieb-Bienfait et al., 2009) et la participation des acteurs (Schieb-Bienfait et al., 2009) ; la cocréation se focalise principalement sur le travail conjoint (Savolainen et al., 2015; Dick et al., 2015), l’interaction des acteurs (Keng et al., 2010 ; Savolainen et al., 2015) et la création de la valeur (Mele, 2015) ; le codéveloppement se focalise principalement sur les objectifs communs (Savva et Scholtes, 2014), la participation (Appleyard, 2003), le partage

d’intérêts (Savva et Scholtes, 2014) et l’intégration organisationnelle (Crespin-Mazet et Ghauri, 2007) ; la co-innovation se focalise principalement sur le travail conjoint (Bossink, 2002), la communication (Midler et al., 2007), la relation mutuelle (Midler et al., 2007) et la participation (Midler et al., 2007) ; la coproduction se focalise principalement sur le travail conjoint (Hsu et al., 2013), la participation (Reardon, 2001 ; Edelenbos et Teisman, 2005 ; Shim et al., 2010), l’interaction des acteurs (Berggren et Soderlund, 2008) et la création des valeurs (Hsu et al., 2010). La participation des acteurs est plus intensive dans la coproduction.

La coordination quant à elle se focalise principalement sur le travail conjoint (Hayward et Zmud, 2001 ; Xu, 2009), la relation mutuelle (Chang et Fang-Ying, 2009 ; Strode et al., 2012), l’harmonisation des tâches (Kotlarsky et al., 2008), l’interaction des acteurs (Massey et al., 2003 ; Jha et Lyer, 2006 ; Ali et Rahmat, 2009 ; Gadet, 2009 ; Jacobsson, 2011 ; Mello et al., 2015) et l’efficacité opérationnelle (Hossain, 2009).

5.3.2 Apport méthodologique

Dans ce travail, nous nous sommes attachés à appréhender et à analyser chacun des concepts associés aux projets collectifs avec pour idée de dresser un tableau exhaustif des caractéristiques de ces concepts. Pour accomplir cette idée, nous avons adopté la rigueur scientifique de la revue systématique de littérature. Il convient de noter que la revue systématique est une approche méthodologique habituellement utilisée dans le domaine des sciences médicales.

Pour illustration, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) de la province du Québec au Canada appréhende la revue systématique comme une approche méthodologique qui permet de repérer, d’évaluer et de synthétiser les preuves scientifiques afin de répondre à une question de recherche de façon systématique et explicite. Cette organisation a mis en place et en œuvre un guide méthodologique sur les normes de production des revues systématiques afin de s’assurer que les revues

systématiques sont conformes aux normes de qualité reconnues à l’échelle internationale et qu’elles sont faites de façon transparente et reproductible.

Notre apport méthodologique réside sur le fait que l’utilisation de la revue systématique en gestion de projet est une démarche porteur. Cette démarche méthodologique présente l’intérêt de pouvoir être généralisable et reproductible sur une suite de recherches dans la conceptualisation des termes en rapport avec les projets collectifs. Si cette approche méthodologique a été utilisée pour huit concepts, elle peut être reproductible sur un nombre supérieur de concepts (9, 10, 11 …n).

5.3.3 Apport empirique

Dans le domaine de la recherche, notre mémoire s’inscrit comme la toute première recherche qui fait la synthèse des connaissances en rapport avec les projets collectifs. Il propose un éclairage sémantique à travers une analyse comparative de huit concepts abordés dans différentes recherches fondamentales et appliquées en gestion de projet.

Notre apport empirique réside sur le fait qu’au-delà de simplement consulter les études, nous avons analysé et confronté les résultats de ces études dont la majorité porte sur les études de cas (76%). L’univers de sens comparés des huit concepts proposé, se présente comme le résumé des études antérieures.

5.3.4 Apport pragmatique

En quoi le travail de mémoire de recherche élaboré peut-il être un outil pour le gestionnaire de projet ? En effet, l’intérêt de ce mémoire n’est pas seulement académique, il est aussi pragmatique parce qu’il considère le côté pratique des choses. Concrètement, nous avons proposé au deuxième chapitre l’univers de sens comparés des concepts relatifs aux projets collectifs. C’est un récapitulatif qui présente les principaux facteurs selon lesquels les projets collectifs s’organisent. Il résulte de l’analyse comparative des résultats des études portant sur huit concepts à savoir : coconstruction, cocréation, codéveloppemnt, co-

innovation, collaboration, coopération, coordination et coproduction. Notre apport pragmatique réside sur le fait que l’univers de sens comparés des « 8CO » donne avec plus de précision de la matière au gestionnaire de projet sur le choix de l’organisation alternative appropriée dans un contexte de projet donné. Il peut être appliqué dans toutes les sphères d’activités. De plus, les processus du PMI tiennent compte des aspects collectifs des projets qu’un gestionnaire de projet en exercice se doit de connaitre. Sur le plan exécutif, la cinquième édition du PMBOK mentionne que : « Le projet est influencé par plusieurs organisations lorsqu’il implique des organismes externes tels que ceux qui font partie d’entreprises en coparticipation ou d’accords de partenariat ». Sur le plan opérationnel, la cinquième édition du PMBOK mentionne que : « Les équipes virtuelles font appel a des outils collaboratifs, tels que les espaces de travail en ligne partagés et les vidéoconférences, pour coordonner leurs activités et échanger des informations au sujet du projet. Une équipe virtuelle peut exister dans n’importe quelle structure organisationnelle ou structure d’équipe. Les équipes virtuelles sont souvent nécessaires pour des projets dans lesquels les ressources sont sur site ou hors site, ou encore les deux, selon les activités de projet. Un chef de projet qui dirige une équipe virtuelle se doit d’accommoder les différences de culture, d’horaires de travail, de fuseaux horaires, de conditions locales et de langue ». Ces recommandations du PMI prétendent qu’une maîtrise des concepts « CO » par le gestionnaire de projet est certainement une solution d’amélioration des pratiques de la gestion de projets collectifs dans un contexte de gestion des relations avec les parties prenantes et le développement durable.

5.4 Limites de la recherche

Les résultats de la présente recherche doivent être interprétés avec prudence pour un principe simple : aucune recherche, aussi scientifique qu’elle soit, n’est parfaite. En effet, certaines limites méthodologiques ont pu être constatées. La première limite est liée à la recherche des études. Nous avons recherché les articles sur la base de 12 expressions. L’échantillon obtenu (104 articles) aurait probablement été plus grand si on s’était servi de plus de 12 mots pour rechercher les études pertinentes. De plus, cette recherche s’est focalisée sur les termes dont le préfixe « co- » est porteur de sens alors qu’il existe d’autres

termes qui traduisent les projets collectifs, par exemple : partenariat, alliance, association … La deuxième limite est liée à l’identification des facteurs déterminants des concepts abordés par les auteurs. En fait, la définition, la description ou l’explication des concepts en rapport avec les projets collectifs par les auteurs présente plusieurs facteurs déterminants. L’identification d’un facteur comme étant « principal » a parfois été fondée sur notre appréciation personnelle. Cette identification peut être différente chez un autre étudiant- chercheur et cela pourrait entrainer des résultats différents. La troisième limite est liée à la difficulté à identifier aisément la méthode de recherche ou l’instrument d’investigation utilisé par le ou les chercheurs dans le cas des études multi méthodes ou multi instruments. La quatrième limite est liée à la portée des résultats. En effet, la portée des résultats est la possibilité de pouvoir généraliser les résultats de cette recherche à d’autres populations ou d’autres contextes de recherche. La particularité de notre recherche réside sur le fait que les données de notre analyse sont issues des études publiées soit en anglais soit français de par le monde. Cependant, il faut reconnaitre que cette recherche conceptuelle où la signification des concepts est fondamentale, repose essentiellement sur les règles linguistiques de l’anglais et du français, lesquelles sont influencées par le latin. Sachant que l’anglais est la langue internationale la plus répandue et la plus utilisée au monde, sachant que les études faites en d’autres langues internationales telles que l’allemand, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le portugais, le russe… n’ont pas toujours été traduites en anglais pour pouvoir atteindre le maximum d’utilisateurs, alors la reconnaissance mondiale des résultats de la présente recherche peut être contestée.

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