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4 Le BIM pour l’exploitation et la maintenance

4.3 Usages du BIM pour l’exploitation et la maintenance

4.3.2 Les applications remarquables

En compléments des usages standards développés ci-dessus, la maquette numérique et la gestion de configuration peuvent être couplées par une architecture logicielle de type modèle- vue-contrôleur (MVC). Ce type d’organisation logicielle permet le développement de modules et applications complémentaires pour l’usage des données déjà structurées.

Le modèle-vue-contrôleur est une architecture logicielle destinée aux interfaces graphiques lancée en 1978 et composée de trois types de modules :

 Un modèle qui contient les données à afficher ainsi que de la logique en rapport avec les données : validation, lecture et enregistrement ;

 Une vue qui contient la présentation de l'interface graphique (maquette numérique, arborescence de configuration) ainsi que la logique nécessaire pour afficher les données provenant du modèle ;

 Un contrôleur qui contient la logique concernant les actions effectuées par l'utilisateur et modifie les données du modèle et de la vue.

Figure 38 - Schéma d'un MVC

En se basant sur le retour d’expérience du département des services électriques et mécaniques de Hong Kong, il est désormais réaliste d’envisager un système BIM-Exploitation/

Maintenance, sous forme d’application mobile intégrée, permettant d'accéder aux informations hétérogènes d'actifs tels que : des photos, des attributs, des relations logiques entre les équipements, l’historique de la maintenance, les vues en direct de systèmes de caméra surveillance, des données de détection en temps réel par des capteurs ad-hoc sans fil, ainsi que des informations de localisation. La plateforme outils de l’EMSD, mise en service en 2017 se présente sous la forme suivante :

Figure 39 - Illustration des applications mobiles disponibles en intervention

Ainsi, parmi les usages novateurs certains semblent particulièrement adaptés au contexte du Grand Paris Express :

 Le scanner RFID (de l'anglais radio frequency identification) pour identifier immédiatement et automatiquement l’objet dans le modèle de données par le biais d’une simple étiquette collée sur l’objet.

Figure 40 - Schéma de principe d'un scanner RFID

 L’usage de la réalité augmentée pour les déplacements d’un agent. Ce mode de navigation permet un gain significatif sur le temps de déplacement nécessaire pour localiser un équipement spécifique dans des locaux.

Figure 41 - Déplacement pédestre en réalité augmentée - insidernavigation 2018

 La réalité augmentée peut également être développée pour assister les techniciens dans les opérations de maintenance. Les notices techniques d’assemblage sont alors visuellement représentées sur l’équipement à maintenir pour assister au mieux l’opérateur.

Figure 42 - Maintenance assistée en réalité augmentée - Arts-et-metiers.fr 2017

 Les données des ouvrages maintenus peuvent être actualisées au fur et à mesure des interventions grâce à la GMAO intégrée à l’application mobile. Les informations sont donc mises à jour et partagées en temps réel entre tous les acteurs.

 Des capteurs et détecteurs géolocalisés sont désormais aptes à transmettre des informations en temps réel : température, énergie, acoustique, vibration, images des caméras ad hoc. Il est également possible d’équiper des objets mobiles pour en faciliter leur localisation et limiter les vols (élévateurs, tablette d’information en gare, matériel d’entretien, …). Des applications, désormais fonctionnelles, permettent de visualiser et localiser de l’information captées par des objets connectés. Toutes les données enregistrées serviront à réaliser des analyses big data ultérieures (contrôle des flux voyageurs, optimisation énergétique des ouvrages, …). Ce point particulier sera développé au chapitre §6.

Figure 43 – Visualisation temps réel des informations du bâtiment - Dasher 360 2018

Efficience comparée du processus traditionnel et du processus avec plateforme mobile BIM :

Pour une intervention de maintenance sur un équipement on peut éditer une représentation graphique et logique de type BPMN (Business Process Model and Notation) afin d’en décrire les processus. Nous allons donc effectuer un comparatif des interventions de maintenance entre un processus traditionnel et un processus avec plateforme mobile BIM pour mettre en évidence la simplification des échanges, l’unification et la mise à disposition des données sur un serveur commun pour tous les acteurs.

Pour l’organisation traditionnelle d’une intervention de maintenance, on note, a minima, quatre échanges de mails, trois pièces jointes et chaque intervenant dispose de son propre serveur :

Figure 44 - BPMN - Intervention maintenance - Processus traditionnel En annexe 2 pour la lisibilité au format A3

Pour l’organisation d’une intervention de maintenance avec plateforme mobile BIM, on note, aucun envoi d’information et la donnée est centralisée sur un serveur commun :

Figure 45 - BPMN - Intervention maintenance - Processus plateforme BIM En annexe 3 pour la lisibilité au format A3

Ci-dessous le descriptif de sept étapes clés pour lesquels on constate une perte de temps significative en processus traditionnel :

Ci-après, l’optimisation des mêmes sept étapes clés avec une plateforme mobile BIM :

Figure 47 - Organisation des interventions de maintenance avec une plateforme mobile BIM

La Société du Grand Paris a mis en place tous les éléments permettant le déploiement de ce type d’application pour l’exploitation et la maintenance de son réseau de transport. Seules les puces RFID ne sont pas en cours d’étude au sein de la Société du Grand Paris. Ce type de retour d’expérience pourrait en encourager l’adoption pour développer une application centralisée : Maquette numérique / Gestion de configuration / GED / Scanner RFID

Lors de propos recueillis en septembre 2017 par les cahiers-techniques-batiment.fr, Cécile Sémery directrice de la maitrise d’ouvrage et des politiques patrimoniales de l’Union Sociale pour l’Habitat affirme que : « Les gestionnaires de patrimoine qui disposeront d’une base patrimoniale graphique établie à partir de la maquette numérique, dans laquelle seront injectées les données issues de l’instrumentation, auront peut-être plus de latitude pour développer un panel de services relatifs non seulement à la gestion technique du bâtiment, mais aussi à un meilleur accompagnement des occupants. »

Tout s’oriente aujourd’hui pour que, de façon similaire au développement des applications mobiles pour smartphone qui a commencé avec quelques applications sommaires, le développement des applications possibles du BIM se fasse à l’usage en fonction des besoins identifiés par les utilisateurs une fois que la base de données et la représentation graphique leurs auront été fournies. Il est impossible d’anticiper dès aujourd’hui toutes les applications possibles du BIM pour l’exploitation et la maintenance du Grand Paris Express.

Le BIM est donc performant pour l’exploitation maintenance d’un patrimoine dès lors que le maître d’ouvrage aura défini une stratégie de gestion patrimoniale et que cette dernière aura été intégrée le plus en amont possible du projet.