3. Méthode hybride pour le transport turbulent 59
3.2. Application au transport turbulent
Dans le cas du transport de scalaire passif, Gotoh et al. (2012) proposent une
com-paraison de leur méthode hybride avec une méthode entièrement spectrale. La méthode
hybride consiste en la résolution de l’écoulement à l’aide d’une méthode spectrale alors que
le transport du scalaire est résolu par différences finies d’ordre élevé. L’intérêt majeur de
cette approche est que les opérations non locales sur le scalaire, issues des transformées de
Fourier de la méthode spectrale, sont remplacées par des schémas locaux. Cela permet de
limiter les communications lors de l’exploitation d’un grand nombre de cœurs de calcul. Les
différentes échelles physiques présentes dans les cas à nombre de Schmidt élevé permettent
à Gotohet al. de réaliser des simulations en multirésolution. Le fluide est calculé sur 256
3points de grille alors que1 024
3points sont utilisés pour discrétiser le scalaire.
Une réduction du temps de calcul est obtenue à travers ces différentes simulations. En
particulier, les auteurs obtiennent un facteur d’accélération de 1,4 grâce à l’utilisation de
leur méthode hybride au lieu d’une méthode entièrement spectrale. D’autre part, le fait de
réduire le nombre de points de 1 024
3à 256
3pour la résolution du fluide, pour Sc = 50,
leur permet d’obtenir un facteur d’accélération supplémentaire de 3. L’ensemble des calculs
ont été réalisés en utilisant 4 096 cœurs de calcul.
Une limite de cette approche est que le pas de temps reste limité par la résolution
du maillage du scalaire à travers l’expression d’une condition de CFL. Ainsi, lorsque le
problème est résolu en utilisant des grilles résolutions différentes, les auteurs sont limités à
l’utilisation d’un pas de temps dépendant de celle du scalaire.
3.2.2. Méthodes spectrale et semi-Lagrangienne
Une approche similaire a été proposée par Lagaertet al.(2012) et Lagaertet al.(2014).
Les auteurs utilisent une méthode hybride où le fluide est résolu de façon spectrale couplée
à une méthode semi-Lagrangienne pour le transport du scalaire. L’intérêt majeur est de
pouvoir bénéficier de l’avantage des méthodes particulaires dont le pas de temps n’est pas
contraint par une condition aussi restrictive que la condition CFL des méthodes Eulériennes,
dans certains cas. Cela permet à Lagaertet al.de choisir un pas de temps pour le transport
du scalaire dix fois plus grand que celui du fluide. Ainsi, dans le cas d’un grand nombre
de Schmidt, non seulement les résolutions spatiales sont différentes mais les pas de temps
aussi. Cela permet d’atteindre un facteur d’accélération approchant 40 par rapport à une
méthode entièrement spectrale avec une seule résolution, dans le cas Sc = 50 avec 256
3points pour le fluide et 1 024
3points pour le scalaire.
Toutefois, la méthode semi-Lagrangienne utilisée par Lagaert et al. reste d’un ordre
spatial plus faible (ordre 4) que le schéma aux différences finies d’ordre 8 employé par Gotoh
et al.
3.2.3. Méthodes semi-Lagrangiennes et architecture hybride
Dans ce travail, nous reprenons l’idée de Cottet et al. (2009a) pour l’utilisation d’une
méthode hybride. La méthode que nous utilisons exploite les trois niveaux d’hybridation
exposés plus haut : maillages de résolutions différentes pour le scalaire et l’écoulement,
cou-plage de méthodes de natures différentes et utilisation d’architectures matérielles différentes
pour la résolution de l’écoulement et du transport du scalaire. Nous exploitons le caractère
multiéchelle du problème avec une méthode hybride en résolution dans laquelle le scalaire
transporté est résolu de manière plus fine que la vorticité. L’écoulement est résolu par une
méthode semi-Lagrangienne pour le transport de la vorticité, avec des différences finies pour
le terme d’étirement et une diffusion spectrale. Nous calculons le champ de vitesse à
par-tir de la vorticité à l’aide d’un solveur spectral pour l’équation de Poisson. Le scalaire est
également transporté par une méthode semi-Lagrangienne avec une diffusion en différences
finies. Enfin au niveau matériel, le fluide sera résolu sur une architecture multicœurs CPU
classique et nous tirons parti de la puissance de calcul disponible dans les cartes graphiques
pour résoudre le transport du scalaire.
Comme toutes les résolutions en temps sont effectuées par méthode semi-Lagrangienne,
cela nous permet de choisir de grands pas de temps contraints uniquement par la condition
de CFL Lagrangienne qui fait intervenir le gradient du champ de vitesse et non la taille de la
grille. D’autre part, comme nous l’avons vu en section 2.2, la méthode d’ordre élevé conduit
à l’utilisation de formules de remaillage d’une forte complexité arithmétique. En effet, le
remaillage d’une particule nécessite l’évaluation de polynômes de degré relativement élevés
en chacun des nombreux point du support. Cette complexité est maîtrisée par l’utilisation
de cartes graphiques. L’intérêt de cette approche est de pouvoir accélérer, à l’aide des GPU,
la partie la plus intensive du code dont la résolution pourra être réalisée en même temps
que l’écoulement par l’utilisation de matériels différents pour chaque partie. D’un point
de vue pratique, lors de l’exploitation de machines de calcul, il est d’usage de réserver les
cartes graphiques par nœuds complets ce qui, sur la plupart des machines, donne accès à un
nombre de cœurs CPU bien plus grand que le nombre de GPU. L’objectif d’une exploitation
efficace des ressources est envisageable à travers une utilisation simultanée des GPU et des
cœurs CPU pour résoudre respectivement le transport du scalaire et le fluide.
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons vu comment une méthode hybride permet d’exploiter les
forces des différentes méthodes en fonction des caractéristiques du problème à résoudre.
Ainsi, la méthode que nous utiliserons par la suite combine la méthode semi-Lagrangienne
exposée dans le chapitre 2 avec des méthodes de grille classiques, différences fines et
spec-trales. L’idée principale de cette méthode est de profiter à la fois de la puissance de calcul
développée par les cartes graphiques et de l’algorithme de splitting dimensionnel pour
réali-ser des simulations d’ordre élevé pour le transport du scalaire. Les résultats de cette méthode
seront présentés dans le chapitre 6.
4.
Développement d’un code
Dans le document
Couplage de modèles, algorithmes multi-échelles et calcul hybride
(Page 74-78)