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Cartographie de la susceptibilité aux glissements de terrain dans la région de Safi

5.2 Aperçu sur le secteur de l’étude

Le secteur étudié est limité par Bordj Nador au nord et Djorf Lihoudi au sud, avec une superficie approximative de 107 Km2 (Figure 5.2). Il appartient au domaine mésétien du sahel des Doukkala-Abda qui se caractérise par une couverture méso-cénozoïque tabulaire reposant sur un socle primaire plissé et aplanis (Michard, 1976 ; Saaidi, 1988 ; Witam, 1988 ; Ouadia, 1998) (Chapitre 2).

Figure 5.2 - Carte d’inventaire des glissements de terrain au niveau du secteur étudié Dans ce secteur, divers facteurs influencent sur la karstification et agissent généralement en combinaison. Ces facteurs comprennent la lithologie, la tectonique, la géomorphologie et l’hydrogéologie. Le degré de participation dans la karstification diffère d’un agent à l’autre mais la lithologie et l’eau qui est en relation au type de climat restent les agents les plus importants.

La plupart des roches qui affleurent sont favorables à la karstification (Figure 5.3). En effet, les roches calcaires existent dans l’ensemble de la zone étudiée, tandis que les roches gypsifères affleurent au sud et au sud-est (Chapitre 1).

Figure 5.3 - Carte géologique de la zone étudiée (Mazéas, 1967)

Dans ce secteur, les niveaux géologiques susceptibles de subir une karstification intense sont : les calcaires et les gypses du Jurassique Supérieur), le Calcaire de Dridrat de l’Hauterivien, les calcaires détritiques et coquillers du Plioquaternaire (Ferré et Ruhard, 1975). La karstification affecte également la formation du Quaternaire continental, plus particulièrement au niveau des falaises côtières actives qui sont constituées par le calcaire dunaire et par le grès dunaire à ciment calcaire. Ces formations alternent avec des paléosols de faible puissance. Cependant, la formation la plus susceptible aux glissements de terrain reste celle des Argiles brunes. Elle est localisée au niveau des falaises côtières nord et aussi à l’oued Châaba (Figure 5 3). Les formations géologiques du Jurassique et du Crétacé forment le karst profond, alors que les formations plioquaternaires forment le karst superficiel. Les deux karsts sont superposés et communiquent entre eux (Weisrock et Lunski, 1987).

Selon Ferré et Ruhard (1975), la tectonique dans ce secteur est essentiellement d’âge tertiaire et primaire (Chapitre 2). Cette tectonique, manifestée par des plis et des failles, est caractérisée par deux principales directions. Une direction NS hercynienne et une direction NE-SO à EO

formes karstiques (El Gharbaoui, 1987). En effet, la plupart des grandes dépressions fermées ont une origine structurale et sont alignées le long d’accidents majeurs (Dresh, 1975).

De point de vue géomorphologique, une grande partie de la zone d’étude est caractérisée par la présence d’un relief avec une forme ondulatoire qui correspond aux dunes consolidées plioquaternaires ; cette morphologie est caractéristique de la région des Abda (Chapitre 2). Dans le secteur étudié, l’oued Châaba est le seul exutoire majeur vers l’Océan Atlantique, mais il n’est actif que durant les années pluvieuses. En plus, une grande quantité des eaux de surface disparaissent en entreprenant des voies souterraines et réapparaissent sous forme de sources karstiques le long des falaises côtières ou sous le niveau 0 m de la mer (Ferré and Ruhard, 1975 ; Ouadia, 1998).

La côte est uniquement formée par une petite plage sableuse de la ville de Safi et le reste est constitué essentiellement par de nombreuses falaises actives ou mortes. Selon Weisrock (1985), il y a deux principaux types de falaises côtières : les falaises à profil mixte et les falaises à profil sub-vertical (Figures 5.4a et 5.4b). Selon ce même auteur, les mécanismes traditionnels de l’évolution des falaises vives par éboulements et glissements sont actuellement actifs et dangereux, mais ils n’ont que des effets ponctuels.

L’origine des sources karstiques, rencontrées dans ce secteur d’étude, provient de la nappe phréatique du Calcaire des Dridrat au nord et provient également de la nappe profonde du Jurassique supérieur (le Complexe Evaporitique) à l’est et au sud-est.

Figure 5.4a - Falaise côtière à profil mixte

1 : Ecoulement de débris, 2 : L’extrême nord de la plage de la ville de Safi, a : Le sommet du Complexe Evaporitique, b : Les Dolomies Jaunes, c : Le Calcaire inférieur, d : Les Argiles Brunes, e : Le Calcaire des

5.3 Matériels et méthodes

Les principales couches de données nécessaires à l'évaluation et à la cartographie de la susceptibilité aux glissements de terrain sont les données d'inventaire des glissements de terrain et les facteurs environnementaux ou de prédisposition aux glissements de terrain (van Westen et al., 2008).

Données d'inventaire des glissements de terrain

L'inventaire des glissements de terrain est la première étape dans tout projet de cartographie des glissements de terrain destiné à fournir une évaluation de la susceptibilité, de l’aléa ou du risque (Cardinali et al., 2002, 2006; Guzzetti et al., 2005; 2006; 2012; van Westen et al., 2008). C'est sans doute le plus important ensemble de données dans tout le processus d'évaluation et il influence fortement sur la qualité des résultats finaux (Jiménez-Perálvarez et al., 2009).

Il existe une variété de méthodes pour l'acquisition des informations sur les glissements de terrain et par conséquent la réalisation d’une carte d'inventaire (Guzzetti et al., 2006 ; van Westen et al., 2008). Dans ce travail, une carte d’inventaire des glissements de terrain a été préparée en s’appuyant sur deux méthodes : la cartographie géomorphologique sur le terrain et l’interprétation visuelle des photographies aériennes.

Cartographie géomorphologique sur le terrain

Cette méthode consiste en une cartographie in situ des glissements de terrain (Brunsden, 1985 ; Guzzetti et al., 2012). En effet, elle est basée sur l'exploration géomorphologique des zones susceptibles aux glissements de terrain et en particulier les zones karstiques, où les glissements de terrain sont survenus. Ces mouvements de terrain ont été identifiés, photographiés, décrits et pointés par GPS (Annexe B). En outre, cette méthode a permis d’identifier les facteurs de prédisposition, de déclenchement et d’aggravation des différents types de glissements de terrain.

La classification des glissements de terrain adoptée dans cette étude est celle de Varnes, 1978 ; UNESCO-WP / WLI, 1993 ; Cruden et Varnes, 1996 ; Cruden et Couture, 2011. La collecte des données sur le terrain a été faite en utilisant des fiches (Annexe B). Ces dernières ont été réalisées sous Excel pour tous les types de glissements de terrain identifiés ; l'ensemble de ces fiches constituent une base de données actualisée. Un travail de terrain a été également mené

pour vérifier et valider l’inventaire préparé en utilisant d'autres techniques qui sont principalement basées sur l'interprétation de photographies aériennes (Brunsden, 1985 ; Guzzetti et al, 2000, 2012).

Interprétation visuelle de photographies aériennes

A cause de la grande extension de la zone d'étude et de l'existence des falaises côtières abruptes, la méthode de cartographie des glissements sur le terrain devient moins précise par rapport à la cartographie en utilisant soit les photographies aériennes ou les images satellites (Guzzetti et al., 2012). Ainsi, le secteur intéressé par la cartographie est une partie de la zone d’étude, entre Bordj Nador à 7 km au nord de la ville de Safi et Djorf Lihoudi à 15 km vers le sud. En effet, un ensemble de 18 photographies aériennes verticales panchromatiques et en couleurs à moyenne échelle couvrant l’ensemble de cette zone a été utilisé (Chapitre 3).

Facteurs de prédisposition pour le secteur étudiée

La sélection des facteurs environnementaux, ou de prédisposition, qui ont été utilisés dans l'évaluation de la susceptibilité, dépend du type de glissement de terrain, de la nature du terrain et de la disponibilité des données et des ressources existantes (van Westen et al., 2008). Dans ce chapitre, les facteurs de prédisposition choisis sont : l’élévation, l’angle des pentes, la direction des pentes qui sont dérivées à partir du modèle numérique du terrain, et la lithologie (Chapitre 3).

Évaluation et cartographie de la susceptibilité aux glissements de terrain Méthode d'analyse par GMM

Selon Jiménez-Perálvarez et al. (2009), la susceptibilité aux glissements de terrain peut être évaluée en délimitant les unités de terrain différemment sujettes aux glissements de terrain. D'après les mêmes auteurs la méthode GMM a été appliquée avec succès dans différents contextes géologiques et dans différents pays. Elle est fondée sur le calcul de trois matrices : (1) la matrice de la surface totale de la zone d'étude (TSM), (2) la matrice des glissements de terrain (LM), et (3) la matrice de la susceptibilité (SM) (Figure 5.5).

Etape 1 : (TSM) a été calculée en faisant toutes les combinaisons possibles entre les classes de