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2. Historique

2.2. Antigel Festival

Créé en 2011, le Festival Antigel naît de la rencontre entre Éric Linder, Claude Ratzé et Thuy-San Dihn. Les deux premiers se connaissaient déjà de par leurs expériences respectives au sein de La Bâtie. Leur volonté : « un festival de musique et de danse », ne pas « refaire ce qui existait » – d’où l’idée d’implanter la manifestation en hiver, là où l’on s’y attend le moins (Le Temps, 28.01.2017) et de multiplier les lieux d’événements là où normalement les festivals s’implantent sur un espace unique. Très vite, les trois co-fondateurs veulent proposer des spectacles dans les communes, également dans une volonté de casser les codes. Éric Linder explique : « nous faisions ce constat : la Ville de Genève concentre une immense partie de l’offre culturelle ; or il y a une population importante, celle des communes justement, qui ne va pas au

8 Les informations sur le Paléo Festival ont été tirées du site officiel : www.yeah.paleo.ch/fr/histoire

9 RTS Culture, 13.09.2015.

10 RTS Culture, 18.09.2016.

11 Information tirée du dossier de presse 2017.

12 Tribune de Genève, 16.09.2018.

13 RTS Culture, 13.09.2015.

14 RTS Culture, 18.09.2016.

15 Information tirée du dossier de presse 2017.

16 Tribune de Genève, 16.09.2018.

centre. C’est à ces habitants qu’on a voulu s’adresser d’abord en leur présentant des créations sous un jour inédit » (Le Temps, 28.01.2017). S’éloigner du centre de la ville signifiait, symboliquement et physiquement, s’éloigner de la main mise que la Ville de Genève possédait sur bon nombre d’événements et institutions culturels au centre de la ville. Cet aspect sera détaillé dans le chapitre « Tour d’horizon de la politique culturelle genevoise ».

À la fin de l’édition 2014, Claude Ratzé annonce sa démission. Coup de tonnerre pour ses deux partenaires, qui continuent de tenir la maison en duo. « Ni de différend ni de rancœur, assure Éric Linder » (Le Courrier, 19.04.2014). Dès lors, il ne s’agit pas de remplacer Claude Ratzé, mais de trouver une personne apte à prendre en main la programmation danse. Ce sera Prisca Harsh qui sera engagée à ce poste, dès mai 2014.

Sur son budget total, Antigel est sponsorisé à 50% par les communes et l’État de Genève, à 20% par la fondation du festival, les sponsors et les coproductions et à 30%

par les recettes de la billetterie et des bars23. « Nous avons une convention qui nous lie à l’Association des communes genevoises jusqu’en 2019. Cet accord nous assure 400 000 francs auxquels s’ajoute le même montant en provenance du fonds intercommunal », explique Éric Linder (Le Temps, 23.01.2018). Le tableau ci-dessous (figure 10) montre, tout comme celui sur La Bâtie-Festival, de nombreux points de repères concernant les quatre dernières éditions du Festival Antigel :

ANTIGEL 2015 (5e édition) 2016 (6e édition) 2017 (7e édition) 2018 (8e édition)

(CHF) : 1.9 million36 2.12 millions37 2.18 millions38 2.08 millions39 Figure 10 : tableau récapitulatif sur les éditions 2015 à 2018 du Festival Antigel

23 Ces chiffres, récoltés dans le communiqué de presse du 06.12.17, témoignent de la situation de l’édition 2018.

24 Information tirée du communiqué de presse (ci-après CP) du 08.02.2015.

25 Information tirée du CP du 14.02.2016.

26 Information tirée du CP du 19.02.2017.

27 Information tirée du CP du 06.12.2017.

28 Information tirée du CP du 08.02.2015.

29 Information tirée du CP du 14.02.2016.

30 Information tirée du CP du 19.02.2017.

31 Information tirée du CP du 06.12.2017.

32 Information tirée du CP du 08.02.2015.

33 Information tirée du CP du 14.02.2016.

34 Information tirée du CP du 19.02.2017.

35 RTS Culture, 12.02.2018.

36 Tribune de Genève, 08.02.2015.

37 Information tirée du CP du 19.02.2017.

38 Information tirée du CP du 19.02.2017.

39 Information tirée du CP du 06.12.2017.

Le festival propose des événements artistiques classés, selon le programme de l’édition 2018, dans les catégories exposées ci-dessous (figure 11). En nous basant sur ces onglets, nous explorerons la programmation du festival dans son ensemble afin d’appréhender plus en détails les manifestations artistiques proposées :

Figure 11 : onglets du programme d’Antigel 2018

Si la catégorie « MUSIQUE » est explicite, celle intitulée « SPECTACLE » l’est moins40. Cette dernière regroupe plusieurs types de manifestations artistiques tels que des spectacles de danse, de théâtre, de lectures, de comédie-musicale. Très souvent, ces spectacles sont éclectiques, hybrides. Cette hybridation artistique est démontrée, dans le programme, par des mots-clés résumant chaque événement. On retrouve notamment les expressions ou mots suivants : « lecture musicale » ; « dance ancestrale » ; « objet théâtral dansé non identifié » ; « rituel magique » ; « portrait » ;

« déambulation » ; rencontre éclectique » ; « racine » ; « seule-en-scène » ;

« loufoque » ; « installation participative » ; « expérimentation ». Cette liste, non-exhaustive, nous paraissait pertinente à exposer car elle prouve la diversité de la programmation. Sous l’onglet « spectacle » se dévoile donc une multitude de propositions, chacune comportant plusieurs approches artistiques.

La catégorie « MADE IN ANTIGEL », proposée depuis 2011, invite le public à vivre des expériences inédites, insolites, totalement créées pour et par le festival dans des lieux souvent incongrus. Les quatre projets de l’édition 2018 reflètent bien la nature des « Made in ». Le premier projet, « Botanica », proposait un parcours entre science-fiction et expédition au cœur des Jardins Botaniques, transformés pour l’occasion en un décor de planète distante. Avec « Les Foudres du Salève », le public pouvait observer un travelling géant lors d’une performance au pied du Salève, vers les carrières de ce dernier. « Archi Trip » proposait un parcours au sein de l’École En-Sauvy à Lancy afin de rendre hommage à l’architecte en danse et en lumière. Enfin, le dernier projet de la cuvée 2018, intitulé « Duels au Fort L’Écluse », investissait les murailles françaises du Fort avec des duels artistiques, amenant ainsi l’art dans un endroit inhabituel. En bref, les « Made in » amènent l’art là où l’on ne s’y attend pas et forcent le public à sortir de ses zones de confort, à explorer les manifestations toujours plus loin afin de créer des souvenirs toujours plus marquants. Pour le festival, ces projets faits-maison, réelles marques de fabrique, marquent clairement une volonté d’investir un maximum de lieux à Genève et dans ses alentours. Ils permettent

40 Notons tout de même qu’au niveau de sa programmation musicale, Antigel est éclectique. Folk, rock, pop, chanson française, musique classique ou encore électro, peu de styles sont laissés au dépourvu.

également de créer des liens supplémentaires avec des endroits ou des institutions qui ne seraient habituellement pas liés à un événement culturel, comme par exemple les SIG ou encore les piscines et les écoles.

Quant au « GRAND CENTRAL », Antigel le décrit comme un « centre culturel éphémère ». Lieu de clubbing du festival, il retrouvait en 2018 sa place à Pont-Rouge, tout comme en 2015 et 2017. En 2016, le festival avait investi le Quartier de l’Étang à Vernier et en 2014, le lieu central se situait à La Gravière. Outre la programmation de club pensée en collaboration avec le Motel Campo41, le Grand Central proposait en 2018 un espace plus tranquille pour se détendre ainsi qu’un restaurant panoramique.

De plus, l’endroit a accueilli des résidences d’artistes étrangers ainsi que deux soirées spéciales intitulées « AFRICA WHAT’S UP », détaillées dans la catégorie éponyme.

En bref, ce lieu de rassemblement, à l’inverse peut-être des événements « Made in », veut regrouper au sein d’un même endroit tous les festivaliers d’Antigel. Les amateurs de clubbing peuvent y passer toute la nuit, tandis que ceux en quête de détente trouveront leur bonheur dans les autres espaces, dont le restaurant.

Le sport a également sa place à Antigel, preuve de l’éclectisme du festival. Course à pied, roller, cyclisme, yoga, de nombreux événements étaient proposés en 2018 pour les amateurs d’activité physique, toujours bien sûr dans des environnements assurant aux festivaliers l’agréabilité du moment pour récupérer de leurs efforts. Le yoga était notamment accompagné d’un brunch, et la ballade en vélo proposait un parcours relaxant au bord de l’Aire. Autre invention pour allier sport et détente : le

« Nightswimming psychédélique », événement de 2016 qui proposait de nager au son d’un DJ installé au bord de la piscine. Finalement, le grand événement sportif du festival est la Antigel Run, course à pied proposée depuis 2016 (800 participants en 201642, 1300 participants en 201743, 1100 en 201844). Le festival arrive à rassembler plus d’un millier de personnes lors d’une période peu propice à la course à pied (à cause des températures hivernales). Une quatrième édition est d’ores et déjà prévue pour le 26 janvier 2019.

2.3. Tour d’horizon de la politique culturelle genevoise