ANNEXE 1 : MÉTHODOLOGIE DE L’ENQUÊTE DE TERRAIN
Cette enquête de terrain exploratoire a été menée du 29 mars 2019 au 1er août 2019 dans le Nord de la France. Les personnes interrogées étaient volontaires, l’échange s’est fait en face à face, toujours dans une pièce fermée et sans présence d’autrui, sauf dans le cas de Maryse.Les entretiens auprès des mères seules
Nous avons interrogé quatre mères seules en entretiens semi‐directifs. Nous avions rencontré l’une d’elles à la salle de sport et l’avons conviée dans un lieu public pour répondre à quelques questions. Ensuite, concernant les trois autres personnes, c’est Marie, que nous avons rencontré en premier, qui a arrangé des créneaux avec ces trois mères seules salariées d’un chantier d’insertion dans lequel elle est CISP. Elles ont d’ailleurs toutes les trois répondu à nos questions sur leur temps de travail, avec bien entendu l’accord de leurs supérieurs.Les entretiens ont duré entre 25 minutes et 1 heure 20 (Tableau 16). Nous avions élaboré un guide d’entretien spécifique pour les mères seules et un autre pour les professionnels de l’insertion. Pour les mères seules, nous nous sommes basés essentiellement sur l’enquête Statistique sur les Ressources et Conditions de vie de l’Insee et sur un questionnaire que nous avions réalisé dans le cadre de notre projet tutoré de Master 257. Nous avons en effet participé, pendant quelques mois, à l’évaluation du projet
« Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée » (TZCLD) sur le territoire de la métropole lilloise. A travers la réalisation et l’administration d’un questionnaire quantitatif en décembre 2018, nous nous sommes intéressés aux ressources monétaires et non monétaires d’une soixante de salariés de La Fabrique de l’emploi ; l’entreprise à but d’emploi créée dans le cadre du projet TZCLD qui permet à des anciens chômeurs de longue durée d’accéder à un emploi en contrat à durée indéterminée (CDI), l’objectif étant de les sortir de leur situation d’exclusion et de pauvreté. Le cœur de notre travail dans le cadre de ce projet de Master 2 était de nous demander si l’accès à un revenu du travail permettait réellement de sortir les individus éloignés de l’emploi de leur situation de pauvreté et d’exclusion.
Nous avons orienté l’entretien premièrement sur une présentation de ces femmes : âge, nombre et âge des enfants, origine sociale, situation matrimoniale, raison de la monoparentalité, mode de résidence des enfants… Nous nous sommes ensuite intéressés à leur formation et à leurs différentes expériences professionnelles, mais aussi leur trajectoire professionnelle et leurs projections. Nous avons abordé ensuite leurs conditions de travail et d’emploi, dans l’emploi actuel mais aussi dans leurs emplois précédents, avec une attention particulière sur le temps de travail (choix de temps partiel, variabilité et flexibilité des horaires). Dans un troisième temps, nous avons orienté l’échange vers la conciliation et les modes de garde choisis pour leur(s) enfant(s). Nous nous sommes enfin intéressés à leurs ressources. Premièrement les ressources monétaires (salaire, aides sociales, problématiques de l’endettement et des retards de paiement). Leur demander les montants des aides qu’elles percevaient nous a permis de créer nos budget‐ types, réalisés grâce à un outil de calcul fourni par Muriel Pucci, qui ont très utiles dans notre développement. Ensuite nous avons abordé la question du logement et des conditions de logement (loyer, logement social, salubrité). Nous nous sommes aussi intéressés aux ressources non monétaires de ces mères seules, en lien avec leur réseau social, familial, amical et professionnel. Nous leur avons par exemple demandé si elles étaient aidées financièrement par leur entourage mais aussi si elles pouvaient recevoir de l’aide lorsqu’elles en avaient besoin (garde des enfants, prêt de voiture…), ce qui nous a permis d’aborder la problématique de l’isolement. Pour terminer, nous les avons questionnées sur leur sentiment face à la pauvreté et le ressenti qu’elles avaient face à cette situation.
Les entretiens auprès des professionnels de l’insertion
Nous avons interrogé quatre travailleurs sociaux en entretiens semi‐directifs. Deux conseillers en insertion sociale et professionnelle et deux éducatrices spécialisées. Nous avons rencontré Marie dans le cadre d’une visite du chantier d’insertion dans lequel elle est CISP. Nous l’avons recontactée pour un entretien et elle nous a ensuite permis d’avoir le contact des trois référents RSA qui sont quant à eux salariés d’un service d’accompagnement, qui fait partie du même organisme que Marie.Les entretiens ont duré entre 30 minutes et 1 heure 20. Nous avions également préparé un guide d’entretien spécifique pour les travailleurs sociaux afin de fluidifier l’échange. Nous avons premièrement voulu en savoir plus sur la structure d’insertion dans laquelle ils travaillent et sur le métier de CISP ou d’éducateur spécialisé (leur formation notamment). Nous leur avons demandé en quoi consistait le travail de référent RSA et en quoi il consistait dans cette structure en particulier. Nous nous sommes ensuite focalisés sur l’accompagnement social et professionnel des mères seules. L’accompagnement social tout d’abord avec la question du logement, de la mobilité, du recouvrement de la pension alimentaire, de l’accès aux soins et à la justice mais aussi la question de l’endettement et des démarches administratives. La deuxième partie de l’entretien était consacrée à l’accompagnement professionnel avec la question de
l’insertion et de l’emploi (Quels emplois les accueillent ? Pourquoi ? Quelles projections ?). Nous nous sommes notamment demandé s’il y avait un accompagnement spécifique des mères seules par rapport aux autres publics accompagnés (à partir des problématiques de la garde des enfants, des horaires de travail, de l’isolement). Enfin, nous avons essayé d’orienter l’échange sur la question de l’orientation de ces mères seules vers certains emplois du secteur tertiaire dans lesquels elles sont surreprésentées et sur la perception des conditions de travail dans ces emplois par ces professionnels.