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André et la Bible familiale

Dans le document La cachette de François, Denis Rouleau, ofs (Page 103-107)

100 – Pourquoi crois-tu en lui? demanda le père

13. André et la Bible familiale

C’était le soir. Et ce soir-là, la noirceur, plus noire que d’habitude, créa un senti-ment d’insécurité chez André. Il se sentit abandonné de tous, seul avec lui-même dans ce monde si vaste; il était désemparé.

Ses parents lui demandaient souvent de faire brûler les déchets de la deuxième poubelle dans un gros baril en fer, quelque peu troué pour faire circuler l’air en son inté-rieur. Il était recouvert d’un couvercle en tôle épaisse. La famille prenait une deuxième poubelle pour les déchets qui pouvaient être brûlés afin de diminuer la quantité de dé-chets jetés dans le dépotoir municipal.

Pour faire une sortie, ses parents s’étaient rendus chez les Martin pour parler et passer la soirée avec eux.

Ce soir-là, les parents d’André lui avaient demandé d’aller brûler les déchets de la deuxième poubelle dans le baril en fer dans la cour à l’arrière de la maison. André n’aimait pas cette tâche. Il la haïssait même.

Alors André alla dans le salon chercher la Bible de Jérusalem de ses parents et en la cachant dans ses bras, il la mit parmi les déchets de la deuxième poubelle, sans avoir aucun remords de poser un tel geste.

Que se passait-il avec André? Était-ce une révolte contre ses parents de la part d’André? Était-ce une révolte contre l’autorité? En tous les cas, il semblait s’agir d’une révolte à cause de la gravité du geste posé et du désir de faire le mal.

Le père d’André s’aperçut que la bible familiale n’était plus dans la maison quelques jours après le méfait commis par son propre fils. Il la cherchait partout. Et puis, il pensa à André et à ses méfaits récents. Il demanda à André s’il s’était servi de la bible familiale et dans la réponse d’André, il décela un mensonge par l’hésitation dans la ré-ponse de son fils. Mais il ne pouvait pas sévir à partir de ce fait. Il lui fallait une preuve concrète de la culpabilité d’André.

Il chercha partout la bible familiale et ne la trouva pas. Le soir vint et la deuxième poubelle était pleine, il fallait la faire brûler. Sans le demander à son fils qui semblait ne pas aller bien, le père prit sur lui d’aller faire brûler le contenu de la deuxième poubelle. Arrivé au baril, il regarda à l’intérieur et vit un livre aux couleurs de la bible familiale. C’était la bible qui était là, à demi brûlée. Il sortit ce qui restait de la bible. Il cherchait

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ce qui avait pu se passer avec la bible. Comment elle avait pu être amené dans la pou-belle et comment elle avait pu brûler?

Il décida d’interroger André sur la deuxième poubelle quand André était allé la vider la dernière fois.

– André, quand tu as vidé la deuxième poubelle la dernière fois, as-tu constaté quelque chose d’anormal avec la deuxième poubelle? demanda son père.

– Elle était plus pesante que d’habitude, répondit André pour couvrir tout mensonge qui pourrait suivre sa réponse.

– As-tu pensé à regarder à l’intérieur de la poubelle? demanda son père. – Non, je n’y ai pas pensé, répondit André.

– C’est que notre bible familiale a été brûlée dans le feu de la deuxième poubelle, avoua son père. C’est grave, très grave d’avoir voulu faire disparaître la Parole de Dieu en brû-lant sa Parole qui est contenue dans la bible! C’est une grave offense à Dieu que d’avoir fait brûler la bible.

– As-tu vu quelqu’un entrer dans la maison pendant qu’on n’y était pas? demanda son père.

– C’est très bizarre qu’une bible soit jetée dans la deuxième poubelle et qu’elle soit brû-lée dans cette même poubelle. Cette bible et cette poubelle n’appartiennent qu’à notre famille et à personne d’autre! Qui a pu commettre un tel sacrilège? Qui a pu perpétrer une telle abomination! continua le père.

André éprouva un léger sentiment de peur d’avoir réellement fait le mal et d’avoir fait fâcher son père qui décrivait si bien le méfait qu’il avait commis de sang-froid. An-dré comprenait que c’était mal, très mal et seulement que du mal qu’il avait fait! Il pou-vait se cacher face aux hommes, mais pas de Dieu. Et aucun regret d’aucune sorte ne venait atténuer sa faute face à Dieu.

À douze ans, André vivait une situation extrêmement grave face à Dieu.

Le père avait essayé de faire avouer à André la faute qu’il avait commise, sans l’accuser directement. Son père était convaincu qu’André avait perpétré ce méfait, mais il n’avait aucune preuve.

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– André, si c’est toi qui as commis ce délit, dis-le-moi pour que je puisse t’aider à le ré-parer. Tu t’éviteras ainsi une peine éternelle en enfer avec le diable, car c’est très grave, l’offense que tu as commise envers Dieu et envers sa Parole.

– Mais ce n’est pas moi qui l’ai fait! reprit André.

– Cette faute t’enverra en enfer, dans la géhenne comme Jésus l’appelle. Si tu as commis ce méfait comme je le pense, ce n’est pas moi qui vais te punir, mais ce sera Dieu qui te rejettera pour L’avoir rejeté toi-même. Je t’en prie, le-moi que c’est toi! Je ne te dis-puterai pas, mais je t’aiderai à te sortir de la misère spirituelle dans laquelle tu t’es enga-gé.

André préférait s’enfoncer dans le mal que de s’en libérer. Il nia complètement sa culpabilité dans cette affaire.

Aussi Marcel Dubé prit une décision très importante. Corriger l’esprit d’André qui est souvent dans l’erreur malicieuse. Il semble choisir le mal au lieu du bien pour agir. Cela doit être corriger. Il lui expliquera cela plus tard.

André n’allait vraiment pas bien. Ses parents s’inquiétaient certes de ses étourde-ries, mais brûler la bible familiale, c’était incompréhensible pour eux. Ils ne savaient plus que faire avec leur fils, André. Une discussion solide entre le père et le fils s’imposait d’urgence selon le prêtre auquel les parents avaient demandé conseils.

Il fit venir André devant lui, il lui dit:

– Es-tu heureux André? Dis-moi si tu es heureux ou si tu ne l’es pas? Réponds-moi, An-dré!

Aucun son ne sortit de la bouche d’André. Il regardait son père avec défiance, et c’était peu dire.

– Si tu n’obéis pas, vu tes nombreux méfaits, et tes désobéissances sans fin, tu te retrou-veras dans une école de réforme où la discipline est extrêmement sévère et les gardes ne font pas dans la douceur, mais dans la rigueur de la sévérité de leurs actions pour élever un enfant qui n’écoute plus ses parents. Tu seras traité comme tu traites tes gardes. Qu’est-ce que tu choisis?

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L’ultimatum de Marcel suffira-t-il à faire plier l’orgueil d’André? Et à lui faire comprendre qu’il doit obéir à ses parents pour être heureux

André ne broncha pas d’un cheveu.

– J’attends toujours ta réponse André. Ne me laisse pas une bonne raison d’aller te me-ner à l’école de réforme, car tu vas le regretter si je t’y emmène.

André ne réagissait pas le moins du monde.

Son père eut une idée. Il demandera qu’un médecin l’examine pour voir s’il était normal, s’il pouvait entendre et répondre à des questions ou s’il était vraiment malade. Il appela son médecin de famille et lui expliqua le problème. Le médecin accepta de faire une visite chez lui pour laisser son fils dans un environnement familier.

Le médecin l’examina totalement. Il diagnostiqua une surdité totale aux deux oreilles. Il en avertit le père immédiatement qui regretta énormément les paroles dures qu’il avait dites à son fils. Marcel Dubé se mit à aimer son fils comme il ne l’avait ja-mais aimé auparavant.

François retourna à l’église vers 3 h 25. En arrivant, il attendit l’arrivée de Mon-sieur Théodore. À 3h 30 tapant, MonMon-sieur Théodore arriva et il ouvrit la porte de l’église en disant à François:

– Si tu t’en vas prier au jubé, fais une prière pour moi, veux-tu, François?

– Certainement, Monsieur Théodore, vous pouvez compter sur moi pour prier pour vous, répondit François.

François passa devant Monsieur Théodore qui retenait la porte ouverte. En pas-sant, il lui dit:

– À tantôt, Monsieur Théodore.

– À tantôt François, répondit Théodore.

François grimpa rapidement l’escalier menant au jubé. Rendu en haut de l’escalier, il alla rejoindre la grande statue de Jésus et s’assit près d’elle, toujours essouf-flé.

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