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Analyse préliminaire du risque toxicologique encouru par la faune

SYNTHÈSE DU DEVENIR DU GLYPHOSATE DANS L’ENVIRONNEMENT QUÉBÉCOIS (a)

4.2.1 Analyse préliminaire du risque toxicologique encouru par la faune

La présente étude constitue une analyse préliminaire du risque toxicologique encouru par la faune lors des opérations de dégagement de la régénération forestière menées au Québec, à l'aide du glyphosate, à un taux de 1,5 kg i.a./ha. Tel que défini dans les lignes directrices du ministère de l'Environnement du Québec (Mimeault, 1993), l'analyse préliminaire a pour objectif de vérifier l'absence ou l'existence d'un potentiel de risque significatif, dans le but d'orienter la réalisation subséquente d'une analyse détaillée, dans ce dernier cas. Cette analyse consiste essentiellement à identifier les substances susceptibles de causer des effets toxiques, à estimer l'ordre de grandeur de la dose potentielle d'exposition à ces substances, et à vérifier si ce potentiel d'exposition peut entraîner la manifestation d'effets toxiques. En raison des objectifs de

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l'analyse de risque préliminaire, l'approche utilisée pour conduire une telle analyse est celle du

« pire scénario raisonnable ». L'analyse préliminaire du risque ne peut que confirmer l'absence de risque significatif pour une substance donnée. Elle ne peut en aucun cas être retenue comme une caractérisation, même sommaire, du risque associé à une situation donnée, qu'elle tendrait plutôt à surestimer. La méthodologie d'analyse préliminaire du risque toxicologique utilisée dans la présente étude s'appuie sur la méthodologie préconisée par USDA (1988) et Hydro-Québec (1992) lors d'études similaires et, plus récemment, recommandée par US EPA (1992).

La première partie de l'étude (4.2.1.1) porte sur l'identification des groupes biologiques qui sont potentiellement exposés au phytocide. On y retient les micro-organismes et les invertébrés terrestres et aquatiques, de même que les oiseaux, les mammifères terrestres, les amphibiens et les poissons. Parmi les oiseaux, de même que les mammifères terrestres et les amphibiens, on retient plus particulièrement certaines espèces représentatives du milieu forestier québécois.

La deuxième partie de l'étude (4.2.1.2) porte sur l'évaluation des seuils de toxicité du phytocide chez chacun des groupes biologiques et des espèces représentatives retenus précédemment.

Ces seuils de toxicité sont estimés à partir de l'ensemble des données toxicologiques recensées dans la documentation scientifique et présentées à la section 2. Les seuils de toxicité aiguë sont d'abord retenus. Ils seront utilisés pour l'évaluation du risque toxicologique encouru par la faune à court terme, après l'application du phytocide. Le temps de séjour du glyphosate dans certains compartiments environnementaux pouvant cependant atteindre plusieurs mois, les seuils de toxicité chronique sont aussi retenus. Ils seront utilisés pour l'évaluation préliminaire du risque toxicologique encouru par la faune à plus long terme.

La troisième partie (4.2.1.3) porte sur l'évaluation du niveau d'exposition de chacun des groupes biologiques et des espèces représentatives retenus, selon le scénario du pire cas raisonnable.

Cette approche consiste à estimer l'exposition la plus élevée (généralement le 90e percentile) à laquelle un organisme peut être soumis, dans des conditions normales d'opération. Le niveau d'exposition des organismes est fonction des concentrations résiduelles de glyphosate dans chacun des compartiments environnementaux avec lequel l'organisme entre en contact, de même que de certaines caractéristiques physiques et comportementales de l'animal. Les concentrations environnementales de glyphosate retenues sont généralement estimées à partir de mesures effectuées par le MRN, peu de temps après l'application du produit en conditions opérationnelles.

La quatrième partie (4.2.1.4) porte sur l'estimation des risques toxicologiques aigus et chroniques encourus par les groupes biologiques et les espèces potentiellement exposés au phytocide. Ces risques sont estimés en comparant les seuils de toxicité aiguë et chronique au niveau d'exposition propre à chacun des groupes biologiques ou des espèces à l'étude.

Enfin, la cinquième partie (4.2.1.5) porte sur l'évaluation des risques toxicologiques aigus et chroniques estimés précédemment, en fonction des incertitudes qui entourent l'estimation préalable des seuils de toxicité et des niveaux d'exposition.

4.2.1.1 Identification des organismes potentiellement exposés au phytocide

Lors du dégagement de la régénération forestière à l'aide de phytocide, les organismes terrestres et aquatiques vivant sur le site traité ou à proximité de ce site présentent un risque de contamination. Aux fins de la présente étude, ces organismes sont représentés par les groupes biologiques que constituent les micro-organismes et les invertébrés terrestres et aquatiques, de même que les poissons, et par certaines espèces d'oiseaux, de mammifères terrestres et d'amphibiens représentatives du milieu forestier québécois (tableau 20).

La sélection des espèces aviaires, mammifères terrestres et amphibiennes a été faite de façon à couvrir prioritairement les organismes qui semblent être soumis aux plus fortes doses de phytocide, considérant entre autres que celles-ci sont généralement inversement proportionnelles au poids corporel de l'animal. Ainsi, la faune amphibienne est représentée par la grenouille léopard (Rana pipiens), organisme de petite taille. Pour leur part, les espèces qui représentent la faune mammifère terrestre du milieu forestier québécois couvrent une gamme étendue de tailles corporelles. Il s'agit plus particulièrement du lièvre d'Amérique (Lepus americanus), du renard roux (Vulpes vulpes), de l'orignal d'Amérique (Alces alces) et du campagnol à dos roux (Clethrionomys gapperi). De tous les mammifères terrestres considérés par USDA (1988b) lors d'une analyse de risque toxicologique similaire à la présente, ce dernier figure parmi ceux qui sont soumis aux plus fortes doses de glyphosate. Parmi les oiseaux, la crécerelle d'Amérique (Falco spaverius), qui figure parmi ceux qui sont soumis aux plus fortes doses de glyphosate dans l'étude de USDA (1988b), a été retenue. Enfin, la poule et la vache ont été retenues comme espèces animales représentatives du milieu agro-forestier.

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TABLEAU 20

GROUPES BIOLOGIQUES ET ESPÈCES REPRÉSENTATIVES RETENUS