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Les cartes d'aléas inondation, instabilités de terrains et sismiques créées pour le département du Chocó dans les chapitres précédents ont permis une avance certaine dans la connaissance et l'interprétation des phénomènes naturels générateurs de menaces dans le département du Chocó. Elles donnent un aperçu de la situation du département vis à vis de chaque phénomène naturel étudié. Ceci dit, les principaux aléas ont été identifiés, bien localisés et classés par un ordre d'importance. Ce classement est fondé sur l'expérience, la fréquence de l'événement et sur les effets potentiels. Comme nous l'avons précisé, ces cartes constituent un outil de travail nécessaire pour la prise de décisions départementales concernant les plans de développement et l'aménagement du territoire. En utilisant les SIG comme environnement de comparaison des différentes cartes d'aléas par le biais de la juxtaposition des différents plans d'informations, nous pouvons faire une analyse multialéa approfondie du département et ces municipalités.

Le but de ce chapitre est de combler une lacune importante dans le domaine de la cartographie synthétique multi-aléas, afin de présenter quelques recommandations aux autorités et à la population en général pour leur gestion. Les aléas sont habituellement considérés indépendamment les unes des autres. Il est fondamental de disposer d'une vision globale des aléas, de leur association ou croisement, dans des municipalités partiellement et parfois entièrement confrontées à deux ou à trois phénomènes naturels menaçants. L'absence d'une vision multi-aléas satisfaisante peut avoir des conséquences négatives en termes de préparation et prévention.

Nous allons faire deux types d’analyse: la première est une analyse qualitative des aléas présentes dans chaque municipalité du Chocó à partir de la comparaison et juxtaposition des cartes d’aléas crées dans cette recherche. La deuxième analyse est la continuation et complément de la première, elle est faite à partir de la simulation de 4 scénarios hypothétiques pour différentes municipalités du Chocó.

6.1 Analyse qualitative multi-aléas municipale du Chocó.

La première partie de cette analyse comprend une évaluation qualitative des aléas présentes dans chaque municipalité. Elle nous montre les aléas présents dans chaque municipalité du département sous la forme d'un pourcentage des dégâts provoqués par chaque type d'aléa.

La figure 6.1 illustre la carte synthétique multi-aléas du Chocó, elle permet d'avoir une idée sommaire de la situation des aléas naturels dans chaque municipalité ces trente dernières années.

-75°45’W 9°00’N -78°00’W 4°00’N 0 10 20km ANTIOQUIA RIS AR ALD A PA NA MA OC E A N P A C IFI Q U E VALLE AT LA NTIQ UE QUIBDO Medio Atrato Rio Sucio Bojaya Litoral del San Juan Itsmina Sipi Novita Canton de San Pablo Bajo Baudo Medio Baudo San Jose del Palmar Union Tado Bagado Condoto Lloro El Carmen Atrato Alto Baudo Nuqui Bahia Solano Unguia Acandi Jurado Séismes Inondation Glissement Proportion des aléas

Figure 6.1 Carte de l'analyse multi-aléas naturels municipale du Chocó (pour la période

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Il ressort de cette carte que :

1. Les municipalités de Acandi et Unguia, Jurado, Nuqui et Litoral de San Juan, l’Union, n’ont pratiquement pas des problèmes liées aux instabilités de terrain, de manière directe. Mais les aléas sismiques et les inondations restent à un niveau assez important. Dans ce groupe nous pouvons mettre aussi la municipalité de Bojaya, mais le pourcentage des inondations et séismes dans ces municipalités sont beaucoup plus importants que dans le reste du groupe.

2. Les municipalités de Bahia Solano, Bajo Baudó, Rio Sucio, Medio atrato, Quibdó, Tado et Novita, sont dans une situation critique du point de vue de l’occurrence et le pourcentage des aléas inondation, glissements et sismique.

3. Dix-sept municipalités du Chocó, cumulent tous les types d'aléas étudiés (inondation, séismique et glissements) et les 7 restantes cumulent deux types d'aléas. L'aléa sismique étant commun à toutes les municipalités. Mais aucun municipalité ne présente un niveau multialéa que puisse être juge faible.

L’analyse des différents scénarios possibles dans chaque municipalité font l’objet du § 6.2.

6.2 Scénarios hypothétiques d’occurrence simultanée des aléas au

Chocó.

Les scénarios qui nous avons tenu en compte pour la deuxième partie de notre analyse sont: 1. Tremblement de terre et mouvements de terrain: ce scénario considère la possibilité tout à

fait logique de l'occurrence d'un tremblement de terre, qui pourrait générer des mouvements de terrain. En effet, nous pouvons citer quelques exemples qui vont justifier notre scénario 1. Le tremblement de terre du 26 septembre 1970 avec épicentre à Bahia Solano, avec magnitude Ms = 7.0 a provoqué des glissements de terre qui ont détruit complètement la route Bahia Solano-Punta Huina. Le tremblement de terre du 17 octobre 1992 avec épicentre à Murindo, avec magnitude Ms = 6.8 a provoqué des glissements de terrains au nord-est de la municipalité de Rio Sucio, et la liquéfaction de terrains dans les rives du Moyen Atrato, ainsi que dans les rives de la rivière Jiguamiando, notons que quelques villages ont été complément engloutis par les terrains liqueficiés.

2. Inondation plus tremblement de terre: ce scénario suppose l'occurrence d'un tremblement de terre dans des zones inondées, soit un tremblement de terre qui aurait lieu pendant un période de pluies torrentielles (2a) ou bien un tremblement de terre qui aurait lieu lors d'une grande crue (2b). Le scénario 2a, est peut être considéré normal, étant donné que las municipalités de Rio Sucio et Bojaya supportent des inondations périodiques assez longues. Le cas peut être illustré lors des tremblements de terre de septembre 1993 au moyen Atrato, qui se sont produits lors que Bojaya et Riosucio étaient inondés.

3. Glissement plus inondation et/ou laves torrentielles: ce scénario prévoit l'occurrence d'un glissement de terre qui pourrait engendrer des laves torrentielles, comme celles de l'Andagueda en octobre 1994. Les fortes pluies qui sont tombées dans tout le département du Chocó en octobre de 1994, on provoqué le débordement des trois grandes fleuves du département et de quelques affluents. L'Andagueda affluent de l'Atrato a provoqué les

dégâts les plus considérables dans tout le département, en incluant les pertes de vies humaines. Un glissement de terrain qui a eu lieu à l'aval de cette rivière en pleine forêt a provoqué une embâcle de la rivière, laquelle sur l'effet des fortes pluies continuelles de plus d'une semaine a provoqué des laves torrentielles qui ont arraché des villages entiers de ses fondations.

4. Tremblement de terre qui cause glissement et inondation: ce dernier scénario est le plus critique, quoi qu’il n'est pas le moins probable, ici nous considérons un enchaînement d'événements qui commence avec un tremblement de terre, qui induits un des mouvements de terrains a l'aval d'une rivière torrentielle type Andagueda, Tamana ou Sipi. Ce scénario peut avoir lieu si nous avons un tremblement de terre avec épicentre dans la faille "de los Saltos ou del Baudó" dans la serranía del Baudó, qui peut provoquer des glissements de terrain qui peuvent provoquer des inondations torrentielles de la rivière Sipi.

6.3 Discussion et recommandations

Par le SIG et étant donné que les cartes créées pour le département du Chocó font partie d'une base de données géoréférée élaborée dans cette recherche, nous pouvons visualiser les zones sensibles à l'occurrence de différents scénarios décrits et, de cette façon, nous pouvons aussi prendre les mesures préventives nécessaires.

La réduction des dégâts causés par des catastrophes naturelles peut se faire si l'on tient compte des deux aspects principaux qui interviennent dans la catastrophe: l’aléa et les enjeux. Nous ne pouvons pas agir sur le phénomène, mais nous pouvons par contre prendre des mesures pour réduire les effets de ces phénomènes sur les biens et les personnes. Il existe en Colombie la Direction Nationale pour la Prévention et l'Attention de Desastres-DNPAD, légalement très bien structurée. Mais à l'heure actuelle, la DNPAD s'occupe surtout d'intervention, négligeant complètement la phase de PREVENTION.

En Colombie, le facteur risque est parti intégrale des plans de développement départementaux et municipaux, mais seulement de façon "théorique". Il faut donc réduire le fossé existant entre la réglementation et l'application. Les cartes d'aléas créées pour le Chocó constituent déjà un premier pas pour traiter ce problème.

La très faible place occupée par la prévention rend indispensable le développement des vrais plans de préparation (d'abords les plans de préparation pour les aléas individuels, comment par exemple, les plans de préparations en cas d'inondations, en cas des séismes, etc.). Chaque municipalité devrait établir un plan de préparation pour chaque type d'aléa présent. Ces plans devraient faciliter leur combinaison en cas d'occurrence simultanée de phénomènes menaçants. Ils doivent faire partie intégrale de la politique générale de prévention, laquelle doit aussi être partie intégrale de la politique de développement et management du territoire.

Citons un exemple concret: Pour toute nouvelle construction, il faut obtenir un permis de construction, acquis à l'office de planification municipale. Pour donner le permis, la mairie doit tenir compte de la situation des terrains, du point de vue sismique (faire appliquer le NSR-98), de point de vue des glissements de terrain et aussi tenir compte de l'aléa inondation. Ceci exige la mise en place de codes de construction pour les zones inondables (distance

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minima des rives, hauteurs d'eaux, etc.) de la même façon avec ceux qui existent en Colombie par les séismes (NSR-98).

Prenons l'exemple de Quibdó, pour faire une l'analyse quantitative multi-aléas de la capitale du département:

¾ Du point de vue de l'aléa sismique, les PGA calculés sont de 0,40 g, assez élevés . Ils situent cette ville dans une zone d'aléa élevé.

¾ Du point de vue des inondations, l'aléa est aussi élevé et la hauteur d'eau calculée pour la rive gauche de l'Atrato, pour la crue de 50 ans est de 1 mètre.

¾ Du coté instabilités de terrains, on est dans une zone d'aléa faible, quoi qu'on ne puisse éliminer la possibilité d'occurrence des petits glissements de terrains dans des collines des quartiers San Judas, Yesquita et Esmeralda.

L'insuffisance des données disponibles pour d'autres municipalités rend difficile l'évaluation détaillée d'autres municipalités, en ce qui concerne la vulnérabilité et le risque. Une analyse détaillée de la capitale du Chocó face aux aléas inondation et sismique, suivie de l'évaluation de la vulnérabilité afin de produire des cartes des risques, font l'objet des chapitres 7 et 8 respectivement.

CHAPITRE 7: ZONAGE DES SECTEURS

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